Nous sommes arrivées à Silan qui était toujours le premier point d’ancrage des aventuriers à la surface. Eeri trépignait d’impatience de retourner à Pyr. Certains des légionnaires recrutés y étaient déjà. Après m’avoir entièrement équipé, elle a apposé un écusson des Légions Fyros sur l’armure qu’elle m’avait offerte sans vraiment me demander mon avis. J’aurais pu refuser mais je ne l’ai pas fait. Elle m’avait formée durant toutes ces années pour çà et je n’avais pas l’intention de la laisser réaliser son rêve de renaissance des légions fyros et de reconquêtes des territoires perdus d’Atys sans moi.

Elle m’a présentée à un nouveau légionnaire, un mâle fyros magnifique aux cheveux blonds roux : Ywan. Je suis tombé sous le charme tout de suite. Il était souriant, aimable et toujours prêt à rire. Eeri est partie pour Pyr nous laissant seuls avec un petit sourire en coin. Se doutait elle qu’Ywan me plaisait déjà ? En tout cas, j’étais heureuse de ne pas être seule pour mon apprentissage de la vie à la surface d’Atys.

Avec Ywan, nous avons découvert avec surprise que ma cousine Kyshala et son oncle Morandy se connaissaient. Ayant lu le cube d’ambre de Kyshala, je savais qu’ils avaient entretenu une relation d’une grande complicité. Peut-être aurait elle dérivée jusqu’à de l’amour si les kitines leurs en avaient laissé le temps ? Mais je n’ai pas osé en parler à Ywan. Nous nous sommes rendus aussi compte que nous faisions les mêmes rêves à leur propos : ils étaient enfermés dans une pièce sombre et appelaient quelqu’un. Pour Ywan, le nom que semblait appeler Morandy était celui de Kyshala. Tout ceci nous paraissait tellement étrange, mais que pouvions nous faire?

Nous avons commencé notre apprentissage auprès des instructeurs mais à vrai dire sans grande assiduité. Libérés de la pression des officiers légionnaires tous partis à Pyr, nous en profitions souvent pour paresser sous un champignon en parlant de choses et d’autres. Parfois, nous nous promenions montant sur les promontoires les plus hauts pour profiter de la vue. J’étais assez fière quand je lui ai fait découvrir la jungle de Silan qu’il ne connaissait pas. Il est vrai que le passage pour s’y rendre était difficilement visible et qu’il fallait savoir nager. C’est là que nous avons découvert nos premières kitines. Nous les avons massacrées avec beaucoup de plaisir comme une vengeance que nous offrions à Kyshala et Morandy.

Les jours ont passé. Nous passions tout notre temps ensemble. Ils nous arrivaient même parfois de nous endormir dans les bras l’un de l’autre comme deux enfants en manque d’affection. Pourtant, j’avais parfois l’impression d’imposer ma présence à Ywan. Je le laissais parfois seul pour ne pas qu’il me trouve trop envahissante ou collante mais il finissait toujours pas me réclamer pour ma plus grande joie. Ayant pris un peu d’avance sur lui en artisanat, je lui ai demandé un jour qu’elle était son arme préférée. Il m’a déclaré aimer combattre avec une pique. Je me suis alors empressée de trouver le plan de fabrication de cette arme auprès de l’instructeur et les meilleurs matériaux sur le marché. J’ai fabriqué pour lui ma première pique. Elle n’était pas très jolie, un peu cabossée par endroit mais elle était assez efficace pour taquiner des créatures. Quand je l’ai offerte à Ywan, il a paru très heureux. Il a même montré sa pique fièrement à un homin avec lequel il avait sympathisé.

Eeri a fini par nous contacter pour nous demander quand nous allions venir à Pyr. Nous lui manquions disait-elle. A vrai dire, elle me manquait à moi aussi. Mais il nous restait une dernière chose à faire sur Silan : vaincre le kirosta qui se terrait au fond de la jungle. C’était comme un rite de passage. Ceux qui avaient terrassé le kirosta étaient près à quitter Silan. Nous savions qu’à deux nous aurions un peu de mal à y parvenir. Aussi, nous nous sommes alliés à d’autres homins, empressés comme nous de vaincre la Bête. Nous y sommes parvenu sans vraiment trop de mal même si j’ai eu une frayeur quand j’ai vu Ywan s’effondrer. J’ai repensé à Kyshala qui n’avait plus eu de sève pour sauver Morandy quand ils ont été transpercés par cette kitine… J’ai chassé ces idées noires de ma tête et je l’ai soigné en espérant que jamais je ne vivrais ce qu’elle avait vécu lors de ce jour funeste. Le kirosta a fini par s’effondrer sous les coups.

Ywan et moi, nous nous sommes souris : nous étions prêt à partir pour Pyr.

« »