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Les légions fyros

Un jour, Oudline m’a fait remarquer qu’il portait désormais le même écusson que Naacre. Il s’agissait de l’écusson d’une guilde : Les légions fyros. Il m’a expliqué qu’il avait obtenu tout récemment la citoyenneté fyros après avoir accomplis une série de missions que les responsables de mon peuple, lui avait demandé de réaliser. En tant que matis, il avait eu bien plus à prouver qu’un simple fyros.

Cette étape était une condition obligatoire pour entrer au sein de la guilde de sa cousine Naacre. Il m’a demandé presque timidement, si j’allais le rejoindre. Les légions fyros étaient une guilde militaire entièrement dévouée à la défense du territoire fyros. J’étais dubitative… Entrer dans une organisation militaire ne me plaisait pas vraiment. Il a insisté, s’inquiétant de ma protection quand il n’était pas là. Son côté protecteur était touchant et j’ai fini par accepter.

C’est là bas que j’ai rencontré pour la première fois Glorf, Dinomir, Morandy et Eeri. Tous trois étaient fyros comme moi. Glorf était le chef de la guilde. Il était du genre bourru. Dans les combats, il préférait je crois « foncer dans le tas » avec sa hache à deux mains. Plus réservé, Dinomir était quand à lui un grand magicien aussi bien dans la magie curative que destructrice. Morandy était quand à lui beaucoup plus discret que les autres mais comme tous les membres de la guilde, il était toujours près à aller au combat. Quand à Eeri, elle était à la fois magicienne et combattante. Nous nous sommes tout de suite entendue. Elle était toujours prête à partir en expédition, au combat ou à la taverne de Pyr. Nous nous entraînions souvent ensemble : moi j’avais besoin de m’améliorer en combat et elle en magie.

Quand Oudline n’était pas là occupé à d’autres activités, je passais la plupart de mon temps avec elle. Est ce que c’est cette affection que j’avais pour Eeri, qui a fait peur à Oudline? Il savait qu’il m’était arrivé d’avoir des liaisons avec des homines. Un soir alors que nous étions à la taverne, nous y avons croisé Eeri. Celle-ci voulait me faire goûter à toutes sortes d’alcool comme de la bière de shooki. Oudline désapprouvait déclarant qu’elle allait me pervertir. J’ai secoué la tête stupéfaite. Celui-ci me connaissait donc bien mal. Comment pouvait il affirmer cela ? Me croyait il si naïve ? Sans doute était ce de ma faute : je ne lui avais jusqu’ici, montré qu’un aspect de ma personnalité : le côté naïf et doux. Pourtant, il m’arrivait d’être aussi agressive qu’un gingo et aussi piquante qu’une slaveni.

Oudline a fini par vouloir aller se coucher mais je ne l’ai pas suivi, je voulais rester encore un peu et puis j’étais agacée par l’impression qu’il ne me voyait que comme une douce zoraï un peu sotte. Comme il s’étonnait que je ne le suive pas, j’ai dit en plaisantant que Eeri et moi, nous allions faire des choses innommables dés qu’il aurait le dos tourné. Et Eeri a bien sûr renchéri pendant que Oudline quittait la taverne en nous souhaitant une bonne nuit. Tout ceci n’était que plaisanterie. J’ai d’ailleurs quitté moi aussi la taverne peu de temps après. Mais, je crois que cet incident l’avait bien plus blessé que je ne l’imaginais.

Quelques jours plus tard, la guilde a organisé une expédition pour Thesos, une ville fyros perdue dans le désert. Quand je suis arrivée, toute la guilde était rassemblée à la taverne de Pyr. Oudline était déjà là. Nous sommes partis très vite. La route était longue et dangereuse. Je savais que la guilde organisait surtout cette expédition pour moi afin que je puisse accéder au téléporteur de Thesos, pour ainsi par la suite, pouvoir me rendre plus facilement dans cette ville. Ils étaient là pour m’escorter et me guider aux travers des dangers qui allaient jalonner la route.

C’est avec pas mal d’appréhension que je les ai suivi. J’étais plutôt maladroite ne sachant pas trop me comporter lors des combats : devais je fuir ? ou devais je tenter d’aider avec mes faibles compétences aux risques de prendre un coup et d’obliger les soigneurs à me relever les détournant des combattants? J’ai préféré la deuxième solution même si je n’étais pas fière quand une créature finissait par se retourner contre moi et me mettait à terre en un coup…

Nous avons fini par arriver à Thesos. Terres très excentrées de tout, entourées de zones peuplées de créatures dangereuses et agressives : varynx et ocyx en tête. Mais, elle avait l’avantage d’avoir une superbe taverne au dessus de l’eau. C’est là que nous avons fait une halte. Oudline a commencé à me faire remarquer que je ne l’avais pas embrassé. Je trouvais la remarque un peu déplacée dans ce contexte d’expédition. Je lui ai répondu que j’étais plutôt réticente en général à exprimer mon affection en public et qu’en l’occurence nous n’avions pas eu le temps de nous retrouver seul avant le départ. C’est là qu’il a commencé à dire qu’il n’aimait pas beaucoup être en groupe et préférait de beaucoup être seul avec moi. Je ne sais pourquoi j’ai ressenti cette petite reflexion comme un étau qui se refermait sur moi. J’avais l’impression qu’il ne me voulait qu’à lui et que çà le dérangeait que j’apprécie d’être avec d’autres personnes que lui…

Glorf a alors proposé de continuer pour rejoindre Zora la capitale Zoraï. Oudline a alors déclaré qu’il allait s’arrêter ici, qu’il était trop fatigué pour continuer. Dinomir s’est arrêté là aussi. J’hésitais : si je poursuivais la route avec la guilde j’avais peur que Oudline ne le prenne comme un rejet mais j’avais vraiment très envie de continuer et découvrir le pays jungle. Je me suis finalement dit qu’il allait bien falloir qu’il s’habitue à mon besoin de liberté et de découverte si il voulait rester avec moi. J’ai annoncé que je continuais la route.

Glorf et Eeri semblaient heureux de me voir continuer avec eux mais j’ai vu Oudline tiquer. Il a commencer à me dire que Eeri était un homin manqué et qu’elle avait parfois des véritables attitudes d’homins… Je ne comprenais pas… et alors? qu’est çà avait à voir avec l’expédition? Il n’a pas vraiment répondu et s’est éloigné en me souhaitant une bonne nuit.

J’ai haussé les épaules et je me suis mise en route avec Eeri et Glorf. Je ne me souviens absolument pas de la route que nous avons prise… Je sais que plus d’une fois, il a fallu sprinter pour passer aux travers de groupes de créatures qui trouvaient la viande d’homins à leur goût. Glorf faisait ce qu’il pouvait pour nous protéger mais il a été plus d’une fois débordé. Mais après bien des résurrections, Zora était en vue.

Drôle de ville… aucune porte, aucune ruelle… une ville complètement ouverte difficile à défendre contre des invasions. Mais, on m’a expliqué que c’était volontaire. Cette façon de construire était du au massacre qu’il y avait eu dans l’ancienne capitale Zoran pendant le Grand Essaim. Des milliers de zoraïs étaient morts piétinés poussés par la panique que provoquait l’arrivée des armées de Kitins et par des portes trop étroites…

Je me suis endormie sur place épuisée et légèrement tracassée par les réactions qui me semblaient étranges d’Oudline.

Expéditions

Les rumeurs du retour des kitines ont fait revenir d’anciens légionnaires : Lurtz, Sylve, Rizel, Reen…
Tous semblaient vouloir être là pour combattre la menace. La guilde a alors organisé des expéditions vers la capitale matis Yrkanis et celle des trykers Fairhaven. C’était aussi l’occasion pour moi d’accéder à de nouveaux téléporteurs.

Il ne me reste que quelques images éparses de ses expéditions où il a fallu me ressusciter de nombreuses fois lorsque nous traversions les zones dangereuses et ceci malgré l’attention constante que mes compagnons avaient pour moi. Dinomir et Morandy, deux grands magiciens de notre groupe avaient l’oeil mais difficile pour eux de me faire tenir debout quand un seul petit coup d’une créature me mettait à terre.

C’est durant ces expéditions que j’ai appris les bases du combat. Même moi avec mes faibles compétences, je pouvais être utile. La première ligne au contact des créatures rassemblait les guerriers armés, que nous appelions les « tanks ». La deuxième ligne était composée des mages offensifs et des grands mages soigneurs. Ces derniers que l’on appelait « heal », étaient chargés de soigner les combattants de la première ligne, voir de les ressusciter si jamais ils tombaient. Quand à la dernière ligne, celle où je me trouvais, elle était chargée du soin aux mages en lançant des dons de sève, leur permettant de continuer à lancer leurs sorts magiques.

Le plus drôle a été l’arrivée à Yrkanis où Lurtz voulait aller « casser du matis ». Il s’est élancé sa hache à deux mains levée en compagnie de Glorf traversant la ville en hurlant à tout va « Force et gloire »! C’était le cri de ralliement de notre guilde. Malheureusement pour lui (ou heureusement), aucun matis n’est venu le défier pour sa plus grande déception. Nous avons même pu aller jusqu’au trône de leur dirigeant sans que personne ne nous arrête. Il n’était pas là et il n’y avait personne. Nous nous sommes donc amusés à nous installer sur le trône mimant les attitudes d’un roi matis.

Le voyage vers Fairhaven, la capitale tryker, a été plus mouvementé. Cette fois nous avons pu nous rendre compte que les rumeurs annonçant le retour des kitines étaient véridiques. Nous avons trouvé sur une île isolée non loin de la ville, un trou d’où sortaient des kitines des profondeurs. Les bêtes étaient immenses et me donnaient froid dans le dos. Je me souviens encore du crépitement que leur pattes faisaient en touchant le sol. Nous n’avons pas engagé le combat, restant dans l’eau qu’elles semblaient craindre. Puis, nous sommes arrivées à Fairhaven, une ville magnifique, construite au dessus de l’eau comme la plupart des villes trykers.

Je suis restée longtemps là bas même après le départ de mes compagnons légionnaires. J’ai même visité tout ce qui m’était accessible en compagnie d’une petite tryker Lyouna qui débarquait de Silan. L’avantage du pays des lacs étaient justement la proximité de l’eau qui nous permettait de nous enfuir sans avoir combattre, la plupart des créatures l’évitant.

Pendant ces expéditions, le soir parfois, j’entendais les récits que les anciens légionnaires nous racontaient autour d’un feu de camp. Celui qui m’a le plus marquée, je dois dire, est celui de la route de l’eau. Il s’agissait d’un échange entre les trykers et les fyros. Les premiers offrant de l’eau tellement présente dans leur pays aux seconds vivants dans le désert en échange de matières premières. Les mektoubs devaient transporter la cargaison énorme. D’après ce que j’ai compris, il n’était pas possible de les faire passer par les téléporteurs à cause de leurs griffes. Tout le trajet se faisait donc à pied sous escorte armée jusqu’au dent.

Je rêvais souvent après çà que moi aussi un jour, je ferais une route de l’eau.

La folie des téléporteurs

Je ne sais pourquoi mais soudain les téléporteurs nous ont été disponibles sans que nous ayons besoin d’acheter des pactes auprès des Kamis ou de la Karavan. Je suppose que ceux-ci sentant venir la menace facilitaient les déplacements des homins pour la surveillance de l’invasion kitins.

Ça a été l’occasion pour moi de découvrir des recoins d’Atys qui normalement m’étaient inaccessibles sans escorte. J’ai souvent visité seule les différentes destinations avec plus ou moins de succès. Il y avait parfois de mauvaises surprises comme de se retrouver au milieu d’un groupe de varynx ou de kitines.
Parfois, on rencontrait des personnages singuliers. Certains étaient antipathiques comme cette furie qui avait installé des explosifs un peu partout autour de sa maison ou cette autre qui avait dressé des varynx pour attaquer ceux qui l’approchait trop.

Une fois avec Eeri, nous sommes tombées par hasard dans un endroit complètement inconnu, sans doute dû à une panne de téléporteur. Un fyros étrange et un peu étonnée de nous voir là, nous a accueilli. Il s’appelait Mawa. Cela faisait des années qu’il habitait seul ici dans ce qu’il semblait être les terres anciennes. Il s’était retrouvé seul après que tous les autres homins aient fait le voyage vers les nouvelles terres. Il avait été oublié… J’étais émue par son histoire pourtant il ne semblait pas trop souffrir de la solitude. Il nous a fait visiter fièrement son « pays » et son « lac privé ». J’avais peur pour lui la moindre bestiole agressive lui infligeait de graves blessures. Sans nos soins, il aurait sans doute succombé mais çà ne semblait pas le tracasser. Il courrait partout parcourant ses terres qu’il voulait nous faire découvrir. Au moment de partir, nous lui avons proposé de venir avec nous. Il a refusé. Je crois qu’il s’était habitué à sa solitude. D’ailleurs, sans doute se serait il senti complètement perdu et agressé parmi autant d’homins. Nous l’avons donc laissé sur ses terres en sachant qu’il était fort probable que plus jamais nous ne pourrions à nouveau le rejoindre.

Grâce aux téléporteurs, Glorf nous a proposé une expédition dans la kitinière… Je n’étais pas particulièrement chaude. Allez directement dans le nid des kitines, c’était courir au suicide selon moi. Mais il affirmait qu’il y avait des endroits sécurisés où on ne risquait rien. Après tout, j’étais curieuse : je me suis téléportée près de lui. Dinomir nous a rejoint également. Glorf nous a montré la salle de la reine : une immense grotte dont on distinguait à peine les parois. Glorf affirmait que la reine kitine prenait toute la place. Je n’osais imaginer la taille de la bête… Mais là, la grotte était vide. Où était la reine?

Tout çà était plutôt inquiétant. D’autres légionnaires ont fini par nous rejoindre. Nous avons eu envie d’aller taquiner les kitines qui étaient encore là… Mal nous en a pris, enfin surtout en ce qui me concernait. Je ne sais combien fois j’ai succombé. Mais à chaque fois, Morandy ou Dinomir me relevaient. Nous sommes retournés à Pyr, l’esprit préoccupé : les kitines étaient sorties de leur nid. Cela ne présageait rien de bon…

Une angoisse sourde me taraudait : est ce qu’un deuxième grand essaim était en préparation ? J’essayais d’oublier tout çà continuant mes balades à travers Atys avec une préférence pour le désert fyros mais aussi le pays tryker. J’ai trouvé une île déserte où j’ai passé souvent mes nuits après avoir regardé le coucher de soleil.

Là bas, j’étais loin de toute l’agitation de la ville et la beauté du paysage me redonnait courage et espoir dans l’avenir.

Morandy

J’ai apprécié Morandy, dés la première fois où je l’ai rencontré. J’aimais son caractère doux et mesuré et surtout l’attention et la générosité qu’il avait constamment envers les autres. Je ne pensais pas au début qu’il m’appréciait. Je m’imaginais un peu trop délurée pour quelqu’un d’aussi pondéré que lui. Mais je me trompais.

J’ai commencé à remarquer qu’il faisait constamment attention à moi, restant à mes côtés la plupart du temps lors de nos expéditions. Je pensais qu’avec sa générosité, il ne faisait çà que pour protéger la plus faible de la troupe. C’était d’ailleurs sans doute le cas au début. Mais au fil des jours, une douce amitié est née entre nous.

Je me souviens de ce concours de combat auquel il m’avait gentiment conviée, m’expliquant où il se situait. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs des combattants mais c’est ce jour là, je ne sais pourquoi, que j’ai remarqué le beau mâle fyros qu’il était. Sans doute parce que j’étais un peu en retrait derrière lui et que je ne me gênais pas pour observer à loisir sa musculature puissante. J’ai finalement secoué là tête en me disant que je n’étais pas là pour çà mais pour regarder les combats. C’est pendant que j’avais détourné le regard qu’il s’est éclipsé.

Le concours avait fini par l’ennuyer et il était parti en compagnie de Guyzmo pour une expédition vers les primes racines. J’étais un peu déçue qu’il ne m’ait pas invitée mais après tout, je comprenais : j’étais une charge pour des combattants plutôt qu’une aide. Je me suis alors rendue dans le hall de notre guilde. Morandy m’avait demandé de regarder si je trouvais une arme et une armure à ma convenance. Malheureusement, il n’y avait rien qui pouvait m’aller… Dépitée, j’ai fini par annoncer sur les ondes de la guilde que j’allais me saouler à la taverne avant d’aller rouler sous la table.

Morandy a réagi immédiatement semblant inquiet à ma grande surprise. En fait, il n’était pas encore parti en expédition ayant rencontré une ancienne connaissance. Il m’a déclaré qu’il serait heureux que je les rejoigne si j’en avait envie. Je me suis précipitée ne finissant pas le verre de bière de shooki que j’avais commencé. Heureusement que Eeri n’avait pas vu çà, sinon elle m’aurait copieusement sermonnée pour ce crime!

Elle était là quand je suis arrivée d’ailleurs. Nous sommes partis presque immédiatement. Notre petite troupe cherchait à trouver le nommé des yelks. Mais nous avons été décimés par une patrouille de kitines qui est revenue à la charge à plusieurs reprises. Nous nous en sommes sortis que grâce à l’intervention d’une matis. C’était un peu honteux pour des légionnaires fyros.

Quelques jours plus tard, Morandy m’a demandé si j’avais finalement trouvé mon bonheur dans le hall de la guilde. Je lui ai avoué que ce n’était pas le cas. Il m’a réprimandée pour ne pas lui avoir dit plus tôt. Mais de mon côté, je ne voulais déranger personne. Il a secoué la tête déclarant qu’il allait me faire lui-même une armure. Il a pris mes mesures me faisant essayer différents types pour que je choisisse la forme qui me convenait le mieux. J’ai opté pour une armure moyenne de type fyros sauf pour le pantalon dont la coupe ne me plaisait pas. J’ai choisi le short tryker que j’avais appris à apprécier après que l’instructeur de récolte de Silan m’en ait offert un.

Je pensais que çà allait être tout mais Morandy m’a demandée de choisir la couleur de mon armure. Je l’ai regardé surprise : je pouvais vraiment ? Il m’a souri amusé de ma naïveté. J’ai osé à peine dire que j’aimais le rouge et le bleu, et que l’une des deux couleurs m’iraient très bien. Il m’a demandé de préciser : quelles parties rouges et quelles parties bleus? Je l’ai regardé à nouveau un peu interloquée : çà aussi je pouvais choisir? J’ai alors recommencé quelques essayages sur des armures de bases alternant les teintes même si aucune n’étaient rouges ou bleues. Je me rendais soudain compte que peut-être j’exagérais de profiter de la gentillesse de Morandy : le rouge et le bleu étaient des teintes assez rares, les couleurs les plus courantes étant le vert et le brun. Mais celui-ci attendait ma réponse, j’ai donc choisi du rouge pour le gilet et le short et le reste en bleu. Morandy est alors parti très vite pour récolter ce qu’il lui manquait pour réaliser mon armure. J’ai demandé timidement, si je pouvais aider à quelque chose, sachant très bien que mes faibles compétences ne pourraient lui être d’aucune aide. Il m’a déclaré qu’il allait se débrouiller.

Il est revenu peu de temps après avec mon armure magnifique entre les mains. Elle étaient encore plus belle que ce que je ne m’étais imaginée. Le bleu et le rouge étaient rehaussés par de jolies formes arrondies oranges.

Je ne l’ai plus jamais quitté sauf pour la nettoyer consciencieusement tous les soirs.

Une autre fois Morandy m’a demandé si il y avait des lieux inconnus où je voulais aller mais comme je lui ai fait remarqué, si il s’agissait de lieux inconnus je pouvais difficilement lui dire que je voulais m’y rendre. Il a approuvé ma déclaration en riant. J’ai ensuite ajouté que grâce au pouvoir de l’atrium qui nous donnait accès à tous les téléporteurs, il y avait beaucoup de lieux que je connaissais déjà. Il semblait déçu. J’ai compris que peut-être il souhaitait que nous nous promenions ensembles… Je me suis alors rattrapée en déclarant que beaucoup d’endroits me restaient inconnus parce que tout simplement des créatures agressives m’empêchaient d’aller beaucoup plus loin que l’endroit où j’avais été téléportée. Il a retrouvé le sourire me proposant de découvrir des endroits qu’il appréciait particulièrement.

Je l’ai suivi heureuse pour une fois de n’être qu’avec lui. Il m’a d’abord conduite dans le désert matis. Nous n’étions que tous les deux pour traverser les zones dangereuses non sécurisés et je dois dire que je n’étais pas très rassurée. Je ne voulais pas que par ma faute et mon inexpérience nous nous retrouvions tous les deux morts sans personne pour nous sauver. Mais Morandy était rassurant affirmant que j’étais une bonne soigneuse… La confiance qu’il avait en moi me rassérénait et me donnait envie de me surpasser pour lui. Il s’en est même voulu à un moment de me demander autant d’efforts pour le soigner. Il est vrai qu’il ne lui suffisait que d’un sort pour me remettre d’aplomb alors que j’étais obligée de les multiplier pour faire disparaître ses blessures. Cette fois c’est moi qui l’ai rassuré, affirmant que j’adorais lancer des sorts. Je n’ai pas osé ajouter surtout si c’était lui qui était l’objet de mes soins.

Nous avons fini par arriver dans un endroit magnifique appelé, les sources cachées, où trois cascades se jetaient dans un gouffre rempli d’eau.

J’en suis restée sans voix pendant de longues minutes. Morandy ne disait rien me laissant apprécier. Revenue de mon état semi-rêveur, j’ai pris plusieurs luciogrammes pour qu’il me reste des souvenirs de ce lieu si magique, si jamais je ne pouvais y retourner.

Puis, Morandy m’a proposée de continuer. Il voulait me montrer sa piscine privée. Elle était située dans les nexus, je crois. Apparemment, tout comme moi, il aimait nager et être loin de tout. Là bas, nous nous sommes amusés comme des enfants : faisant la course d’un bout à l’autre de « sa piscine ». Je crois qu’il me laissait gagner volontairement. Je riais.

A un moment, il a glissé sur une pierre un peu plus moussue que les autres et m’a donné un coup en tentant de se rattraper. J’ai fait mine de me défendre et je me suis mise en garde. Nous avons alors commencé une petite bagarre de gosses mal élevés. Je me suis finalement arrêtée quand je me suis rendue compte qu’il ne répondait plus à mes coups. Je lui ai souri. Le temps s’est arrêté un instant pendant que nous nous regardions en silence. J’aurais du sans doute à ce moment là, faire ce qui m’avait traversé l’esprit : me jeter dans ses bras et l’embrasser tendrement sur la joue. Mais une fois de plus, je n’ai pas osé…

Nous sommes rentrés sur Pyr. Il m’a offert un bâton en forme de sucre d’orge que j’ai adoré. Il pouvait même servir d’arme. J’ai failli lui sauter au cou pour le remercier mais une fois de plus quelque chose m’a retenue. Nous sommes ensuite aller voir un feu d’artifice. Étrange scène : toute l’hominité semblait être réunie là comme si il s’agissait des derniers jours heureux avant l’arrivée des kitines.

Nous étions l’un à côté de l’autre. Parfois mon bras effleurait le sien provoquant un frisson le long de mon échine. Je m’imaginais lui prendre la main mais ce n’était qu’un rêve. Trop de fois brûlée par les flammes de l’amour, je n’osais plus faire le premier pas.

Nous sommes ensuite retournés sur Pyr. Il m’a offert des dappers pour que je m’achète un appartement… A quoi bon lui ai je dis? Avec l’invasion kitine en cours, je prenais le risque qu’il soit détruit et puis j’avais toujours préféré dormir au milieu du désert. Il m’a avoué que lui aussi et qu’il dormait rarement dans le sien mais il avait l’avantage de lui permettre de stocker ses biens. J’ai fini par accepter. Il m’a montré son immeuble, c’était également celui d’Eeri que nous avons croisé à ce moment là. J’ai acheté mon appartement et je les ai invités tous les deux à venir « chez moi ».

Puis, j’ai demandé à Morandy si il voulait nous montrer le sien. Il a accepté. Eeri et moi, nous nous sommes un peu moquées de sa méthode de rangement : presque tous ses bibelots étaient à terre. Il y en a d’ailleurs un qui m’a fait beaucoup rire : c’était un yubo avec de drôles de cornes sur la tête affublé d’un chapeau rouge. Eeri est retournée dans son appartement nous laissant seuls.

J’ai demandé timidement à Morandy si je pouvais dormir chez lui n’ayant encore aucun meuble chez moi. Il a accepté avec un sourire. Nous nous sommes endormis ainsi l’un près de l’autre comme des amis sans nous toucher.

Je me sentais bien et rassurée près de lui. J’ai basculé rapidement dans de doux rêves en me demandant ce que l’avenir nous réserverait : resterions nous à jamais des amis ou est ce que nous passerions le cap un jour qui nous mènerait à la douce chaleur de l’amour?

Exode

Ca y était! Les grands de ce monde l’avaient décidé. L’hominité allait devoir fuir devant la menace de l’invasion de kitines que l’on appelait désormais le deuxième Grand Essaim. Les barrières installées par les Kamis et la Karavane ne suffiraient pas à endiguer le flot des créatures. Les kitines étaient déjà là aux portes de Pyr tentant de percer la défense. Tous les peuples avaient réussi à s’entendre. Seule la faction du clans des maraudeurs avait refusé de fuir préférant lutter contre l’invasion.

Tous les homins devaient se retrouver à Pyr, où le chemin de l’exode, nous mènerait à l’oasis secrète des Kamis. De là, un « arc-en-ciel » devrait nous transporter jusqu’aux anciennes terres. Pour le moment, il fallait participer à l’effort en aidant au rapatriement des mektoubs de ceux qui le souhaitaient vers Pyr.

Sylve avait trois mektoubs à rapatrier de Dyron vers Pyr. Nous allions l’escorter ainsi que tous ceux qui avait laissé leurs montures là bas. Finalement, moi aussi, j’allais un peu faire ma route de l’eau… Même si j’aurais préféré d’autres circonstances. La route s’est assez bien déroulée. J’ai juste été blessée par une goari alors que j’étais en queue de peloton. Heureusement, Eeri et Sylve m’ont vue en difficulté et sont revenues sur leurs pas en appelant les autres à l’aide. Ce petit incident m’a fait comprendre bien malgré moi que la position la plus sécurisée était au milieu de la troupe et non à ses extrémités.

Quelques jours plus tard, c’était l’heure du départ. Glorf nous a fait un discours :
« Légionnaires ! Ce soir nous ne connaîtrons pas la peur !
Légionnaires ! Ce soir nous ne connaîtrons pas la crainte !
Légionnaires ! Ce soir notre bras sera puissant !
Légionnaires ! Ce soir nous ne faillirons pas !
Légionnaires ! Ce soir nous connaîtrons l’espoir !
Légionnaires ! Ce soir nous nous battons pour tout ce que nous avons toujours défendu !
Légionnaires ! Ce soir nous nous battrons comme un seul homin face à ces insectes !
Légionnaires ! Ce soir nous montrerons à l’écorce la puissance du sharük !
Légionnaires ! Notre nom ne sera pas oublié !
Légionnaires ! Que la flamme des Légions brûle à tout jamais dans le désert et que nous ne soyons pas qu’un nom dans un manuel d’histoire
Force et Gloire Légionnaires ! »

Ce discours qui avait galvanisé les autres légionnaires m’a fait froid dans le dos. « Nous ne connaîtrons pas la peur »? j’étais terrifiée. « Notre bras sera puissant! » ? Je savais que j’étais la plus faible du groupe et que j’étais incapable de faire ne serait ce qu’une égratignure à une kitine… Il me restait l’espoir… l’espoir de voir cet arc-en-ciel et que tous mes amis soient là avec moi pour le prendre.

Je me suis laissée entraîner à l’entrée de Pyr. J’étais impressionnée par le si grand nombre d’homins présents… Moi qui détestait la foule j’étais servie. Je cherchais Morandy et Eeri du regard. Ils étaient là non loin de moi. Il fallait que je reste près d’eux coûte que coûte. Nous avons formé des équipes, j’étais dans celle de Morandy et Eeri dans celle de Glorf.

J’ai sorti Ganesh de son étable. Je me sentais perdue dans ce brouhaha incessant. Puis les premiers rangs ont commencé à se mettre en mouvement. J’ai suivi. Je n’avais de toutes façons pas le choix poussée par la foule derrière moi. J’essayais de rester au contact de Morandy et puis je l’ai perdu de vue. J’ai cherché Eeri du regard. Elle non plus n’était plus là. Le convois s’est soudain arrêté.

Puis j’ai entendu Glorf beugler de le rejoindre pour ne pas laisser l’empereur Fyros sans garde rapprochée. J’ai compris que la longue file des exilés avait été séparée en deux. J’étais devant avec la première tandis que Glorf et les autres étaient restés en arrière. Que devais je faire? Les rejoindre au risque de traverser une longue zone sans aucune protection ou rester à les attendre? Ne les voyant pas arriver, j’ai tenté le tout pour le tout en retournant en arrière. Au moins, si je devais mourir, je serais moins loin d’eux…

C’est au détour d’une dune que j’ai failli entrer en collision avec l’Empereur Fyros lui-même : Dexton. Les légionnaires l’entouraient. J’ai poussé un soupire de soulagement : ils étaient tous là. Nous avons rejoint le deuxième convois, le dépassant même pour aller en première ligne sous l’impulsion de l’Empereur. La première partie du voyage dans les dunes s’est déroulé sans vraiment de problème. Les pauvres bestioles qui tentaient de s’attaquer à la marée homine étaient laminées. Mais nous savions que le plus dur rester à venir : la traversée du couloir brûlé.

Nous les avons vu devant nous elles étaient là bloquant le passage vers l’oasis Kami, semblant nous attendre. Un énorme rassemblement de kitines menaçantes. Il n’y a pas eu de réflexion. A quoi bon? C’était le seul passage. Avec un courage désespéré, l’hominité a chargé droit devant, fonçant dans la masse compacte de dards, de pinces et de mandibules acérées. Cette fois, je suis restée au contact des autres légionnaires, leur lançant continuellement des dons de sèves ou de vies. Je faisais de mon mieux pour être leur soutient et non pas une charge. J’essayais de rester non loin de la paroi de la falaise, évitant ainsi de me faire surprendre par l’arrière. Et puis j’ai entendu l’annonce : l’Empereur Dexton était tombé. Il gisait mort. C’était la stupéfaction. Pourquoi n’arrivions nous plus à le ressusciter malgré tous nos essais?

C’est quand j’ai regardé autour de moi que j’ai compris… De l’immense foule du début, il ne restait plus que la moitié. Les corps homins gisaient tout autours de ceux qui étaient encore debout. La terre brûlée se gorgeant de leur sang. L’horrible vue des kitines dévorant les nôtres était insoutenable. Le bruit de leurs mandibules broyant leurs os m’a donné la nausée. Les résurrections n’étaient plus possibles, les kamis avaient été débordés par les si nombreuses morts en si peu de temps… Ils n’arrivaient plus à régénérer la graine de vie des homins.

Et puis Glorf est passé de la stupeur à la rage s’enfonçant dans les troupes ennemies, comme inconscient du danger. Lui qui avait été si proche de son Empereur ne pouvait supporter sa mort. Nous n’avions d’autres choix que de le suivre pour ne pas qu’il succombe lui aussi ouvrant ainsi un chemin aux travers des kitines.

Nous étions presque en vue de l’oasis quand une masse jaunâtre s’est précipitée sur moi. Un troupeau de shalahs sans doute paniqués avait foncé droit devant, piétinant tout sur leur passage, pour échapper aux combats que se livraient les homins et les kitines. Mes os se sont brisés sous leur masse. J’ai senti mon esprit s’échapper de mon corps… Je le voyais comme si mon esprit était suspendu au-dessus de lui. Est ce que j’allais mourir moi aussi comme l’Empereur Dexton et tous les autres? j’ai été envahie par la panique, attendant que quelqu’un m’offre un peu de sa vie…

Et puis Morandy est arrivé. Il m’a relevée. Je l’ai remercié par un sourire et j’ai regardé autour de moi. Je n’étais pas la seule à être tombée sous la charge des shalahs. Eeri se relevait elle aussi difficilement. Et puis, j’ai vu Ganesh… Il avait été piétiné, le mektoub de Eeri également. Nous les regardions toutes deux un peu abasourdies. Je me souviens qu’Eeri a demandé si il était possible de redonner vie à son mektoub. La réponse était négative. Je m’en voulais. Pourquoi l’avais je pris avec moi, alors que ce voyage était si dangereux. J’aurais du lui rendre sa liberté à Pyr… Au moins, il serait encore en vie.

Mais, il fallait continuer, le passage au travers des kitines se refermaient. Nous devions soutenir les combattants encore et encore. L’épuisement faisait ressentir ses effets. Je n’arrivais plus à suivre ne sachant plus à qui je devais offrir ma séve ou ma vie. Alors, je me suis concentrée sur les deux seules personnes que je ne voulais pas perdre : Eeri et Morandy.

Et puis, j’ai entendu Sylve crier « à l’oasis, à l’oasis!!! ». L’entrée était là à quelques pas. J’ai vu Eeri passer la barrière de pierres. J’ai souri un peu tristement, elle au moins était sauve. J’ai cherché Morandy. J’avais cru qu’il me suivait. Il n’était pas là… Je suis revenue sur mes pas en courant en l’appelant d’une voix angoissée : « Morandy! ». Il a crié lui aussi mon nom me permettant de le distinguer dans la masse des kitines qui l’entourait. Il était sur le point de défaillir. Mais il était loin, il a fallu que je m’approche au plus près des monstrueux insectes pour offrir de ma vie encore et encore…

J’entendais les cris d’appels à la retraite mais il était hors de question que je laisse Morandy. Quel sens aurait ma vie ensuite si je l’abandonnais au milieu des kitines? J’offrais ma vie et ma sève pour lui sans penser à autre chose que le sauver. Et puis, il est apparu réussissant à sortir de la masse. Je lui ai souri rassurée. Il m’a rendu mon sourire. Et puis son expression s’est soudain changée en peur et il a couru vers moi. De quoi avait il peur? Puis, j’ai compris qu’il regardait derrière moi. Je n’ai pas eu le temps de me retourner. Morandy m’avait poussée sur le côté mais j’ai senti le dard de la créature me transpercer le flanc, laissant une partie de son poison. Je suis tombée à genoux. Morandy avait lancé sa lance en avant prenant tous les risques transperçant lui aussi la kitine de part en part mais la bête avait déjà ressorti son dard de mon corps pour le lancer vers celui de son attaquant, l’enfonçant profondément dans son ventre avant de s’effondrer.

Morandy est tombé en arrière près de moi. Je me suis traînée près de lui. Tout n’était que brouillard, le poison envahissait mon sang. Mais, je voulais être à ses côtés. Est ce que quelqu’un était encore là pour nous sauver? Les kitines s’étaient détournées de nous poursuivant les derniers homins qui s’enfuyaient vers l’oasis. Je savais que Eeri était sauvée, Sylve également… Mais tous les autres? Où étaient Glorf, Dinomir, Rizel et Reen? Où était Lurtz qui était sorti de sa retraite pour combattre? Il n’y avait plus que nous ici, d’autres blessés qui gémissaient de douleur et tous ses morts. Je ne voulais pas entendre encore une fois l’horrible son que faisait les mandibules qui broyaient les os des homins, ni entendre les hurlements de ceux qui étaient dévorés vivants…

J’ai capté le regard de Morandy m’enfermant dans une bulle où il n’y avait plus que nous deux. Nous nous sommes pris la main matérialisant ainsi pour la première fois physiquement le lien qui nous unissait. Sa main était si douce et si chaude… Pourquoi n’avais je pas osé la prendre dans la mienne avant? Nous nous sommes souris. Nous savions tous les deux que nous allions mourir, le poison nous envahissait irrésistiblement. Sa blessure était bien plus profonde que la mienne… il allait mourir avant moi… Je serrais sa main, je ne voulais pas qu’il me laisse. Il semblait comprendre mon angoisse même si aucun mot n’avait été échangé. Il a embrassé ma main et m’a dit dans un murmure qu’il m’aimait. Je n’arrivais pas à répondre : ma gorge était bien trop nouée pour çà. Je n’ai réussi qu’à lui offrir un sourire retenant mes larmes de douleurs. Je ne voulais pas que la dernière image qu’il voit soit celle d’une homine en pleurs.

Ses yeux se sont fermés, sa main s’est faite flasque dans la mienne, mes larmes ont commencé à couler le long de mes joues. Je me suis allongée près de lui, me blottissant contre son cou. J’espère juste que je serais morte quand les kitines reviendront…

Deux vœux exaucés

Le lendemain Jalindra n’est pas partie pour son voyage. Un petit contre-temps dont elle n’a pas voulu me parler l’en a empêché. Du coup, elle est venue avec moi à la réunion de la N’ASA. La pauvre, comme toutes les réunions, celle-ci était assez ennuyeuse. Je la voyais piquer du nez. Je lui ai proposé plusieurs fois d’aller se coucher et que je la rejoindrai sur l’île de Kyshala mais elle refusait de me laisser seule, elle voulais m’entendre parler. Je devais faire part des mon enquête sur les termitières. Mais la réunion durait pendant des heures et Jalindra a fini par poser sa tête sur mon épaule. Je la retenais contre moi appréciant son contact. La réunion s’est terminée sans que j’ai à prendre la parole.

Nous nous sommes allongées sous mon écorce sur l’île de Kyshala. Elle s’est blottie contre moi. Elle m’a remerciée de lui avoir fait rencontré Na Djaï’tal : « Je voulais te remercier de m’avoir présenté ton ami hier. Il a l’air très doux et assez exceptionnel. Vous semblez très liés tous les trois avec Anyume. Ça me touche d’autant plus que tu me l’ais présenté. ». Je lui ai embrassé la joue tendrement. Elle m’a parlé ensuite de son voyage en me rappelant de ne pas m’inquiéter. J’ai dit en plaisantant que j’irais me saouler dans une taverne en attendant son retour mais çà l’a inquiété : « Fais juste attention, dans les tavernes, y’a pas toujours du beau monde! ». Je lui ai rappelé que j’avais été légionnaire et que les tavernes je connaissais. Je lui ai caressé tendrement le dos : « Mais je ferais attention… promis. C’est moi qui vais m’inquiéter pour toi… ». Elle a souri : « Mais non, il n’y a aucune raison… je fais juste le tour d’Atys et je reviens! ». Je pensais à Anyume et Eeri qui étaient partie et ne donnaient plus aucune nouvelle, ni l’une ni l’autre : « Non… aucune raison… ». J’ai soupiré. Elle avait vu mon changement d’humeur : « Je ne suis pas Ayume ou Eeri… si un jour je parts très loin, je t’emmènerais! Les souffrances ne sont pas vouées à recommencer éternellement! Je suis incapable de laisser des gens derrière moi.. je suis toujours la dernière à partir. ». Je l’ai regardée troublée par sa déclaration. J’ai pris sa main et je l’ai portée à mes lèvres : « Merci… ». Mais, j’ai eu peur que mon geste tendre provoque sa désapprobation alors je me suis blottie dans son cou pour ne pas voir son regard. Elle m’a dit doucement : « Ne te cache pas… Si un jour tu as un geste maladroit, je t’en parlerais… mais je ne te jugerais jamais. ». Je me suis redressée pour la regarder. Elle m’a souri : « Allez il est temps de dormir ma belle! ». Je lui ai murmuré : « Que ta nuit soit peuplée de doux rêves et que l’écorce soit douce sous tes pas lors de ton voyage! ». Elle m’a pris dans ses bras en me berçant doucement. Je me suis endormie très vite contre elle.

Le lendemain, elle était partie. Comme elle me l’avais promis, elle m’a envoyé un izam : « Coucou ma belle, Juste pour te dire que je me mets en route, je n’ai pas voulu te réveiller. Tu trouveras tes pactes sous un caillou sous la 2ième racine. Essaye de me pas t’enfuir la nuit prochaine! Fais attention à toi. Je reviens vite. Jali. ».

Quelques jours plus tard, elle était de retour. J’étais à ce moment là en pleine discussion avec Kaaon et Zo’ro Argh sur la possibilité pour les Hoodos de devenir ou plutôt redevenir Talalochi d’Avendale. A peine arrivée, elle m’a serrée dans ses bras provoquant un emballement de mon cœur. Je lui ai rendu son étreinte troublée devant cette démonstration d’affection en public. Elle semblait enjouée et disait avoir une surprise pour moi mais elle ne voulait rien dire devant les deux homins. Nous avons donc trouvé une excuse pour nous éclipser et nous retrouver sur l’île de Kyshala.

Nous nous sommes installées sur la butte. Il y avait un magnifique coucher de soleil : « C’est beau… ces couleurs… çà mérite qu’on boive un verre pour fêter çà! « . J’ai sorti une bouteille de bière de shooki que je gardais toujours au frais dans l’eau des lacs et j’ai commencé à nous servir : « Bière de Shooki! Ça te dit? ». Elle avait toujours son magnifique sourire : « Oui parfait! Y’a beaucoup à fêter ce soir! ». Je l’ai regardé amusée de la voir si enjouée : « Ha bon? Il faut que je ramène d’autres bouteilles? ». Elle souriait toujours semblant ronger son frein : « Pour l’instant ça ira… une à la fois! ». J’ai bu doucement mon verre sans cesser de la regarder, ne pouvant pas m’empêcher de la trouver magnifique : « Alors? Qu’est ce qui rend si lumineuse ma belle brune? ».

Elle a posé son verre et m’a serrée contre elle en regardant le ciel : « Tu te souviens quand on a fait un vœu? ». Je l’ai regardée me souvenant de ce moment où nous regardions les étoiles filantes main dans la main : « Oui… moi aussi j’en ai fait un ce soir là… ». Je voulais que ma jolie brune retrouve l’amour. Elle me souriait : « Peut-être était-ce le même… En tout cas… le mien s’est réalisé! ». Je suis restée un instant perplexe : avait elle vraiment trouvé l’amour durant son voyage ? ou peut-être que Na Djaï’tal et elle s’étaient retrouvés? C’est alors que j’ai vu une larme d’émotion couler le long de sa joue alors qu’elle arborait un magnifique sourire. J’ai essuyé tendrement la larme avec un doigt caressant : « Hééééé… ». Elle a fouillé dans son sac : « Mais il n’était pas pour moi ce vœu… j’ai quelque chose pour toi… c’est un lucio pris hier sur Silan… ». Elle m’a tendu le luciogramme. Je l’ai regardé sans comprendre où elle voulait en venir.

Et puis j’ai compris… la surprise m’a fait sursauter. Au milieu du luciogramme, on voyait Kyshala… J’ai secoué la tête : « Mais… c’est impossible… Eeri m’a dit qu’elle était morte… ». Sa voix était douce comme pour tenter d’apaiser le tourbillon d’émotions dans lequel j’étais plongée : « Elle l’a surement cru aussi… Je suis partie pour mettre des avis de recherche partout sur l’écorce, je ne voulais pas t’en parler car je n’y croyais pas vraiment… Ta cousine est pas mal secouée… mais elle est vivante. ». Je n’osais pas y croire, je me disais que peut-être quelqu’un avait trouvé un vieux luciogramme juste pour avoir une récompense : « Tu es sûre que le lucio a été pris hier? ». Elle semblait si sûre d’elle, je suppose qu’elle avait déjà fait toutes les vérifications pour ne pas me donner de faux espoirs : « Oui, c’est une réfugiée de Silan qui me l’a envoyé. ».

Et puis, le torrent d’émotions m’a emportée, j’ai suffoqué avant d’éclater en sanglots. Elle m’a pris dans ses bras, me berçant doucement prononçant des mots apaisants tandis que je me blottissais contre elle : « Ça va aller… laisse tes émotions sortir tu en as besoin… ». J’essayais de m’arrêter mais mes pleurs ne cessaient de reprendre de plus belle. Elle essuyait mes larmes en me serrant contre elle. J’ai fini par dire d’une voix saccadée par les sanglots : « Mais… comment? Et pourquoi elle ne m’a pas dit qu’elle était vivante? ». Elle m’a expliquée d’une voix douce : « Elle est en état de choc.. elle ne se souvient pas vraiment… Apparemment sa graine de vie a été perdue. Elle est revenu il n’y a que quelques jours… ». Je ne comprenais pas : « Perdue? Quelques jours? Mais çà fait presque dix ans… « . Elle continuait de m’expliquer : « Je pense que cela mettra encore du temps avant d’avoir toutes les réponses… Elle se rappelle de toi.. quand tu avais une dizaine d’années… ». J’écarquillais les yeux tandis que des larmes silencieuses continuaient de couler le long de mes joues : « Elle a perdu la mémoire? ». Elle a haussé les épaules : « Oui, je pense surtout qu’elle a peur de se souvenir… de l’exode… Mais, Steena et Moharii, ceux qui l’ont trouvée veillent sur elle. Elle s’est rappelé d’un homin… des kittins… ». Je l’ai regardée surprise : « Un homin? Qui ? ». Elle a recherché dans ses messages : « Je ne suis plus sûre du nom… Morandy? ». A nouveau, j’ai écarquillé les yeux : « Oui… C’est çà… Alors c’est vraiment elle… ». Personne n’aurait pu inventer ce nom sans connaître la vie intime de ma cousine. C’était elle, le doute n’était plus permis. Je me suis remise à pleurer.

Elle m’a serrée très fort contre elle : « Comme quoi l’espoir… ce n’est pas toujours mauvais… ». Elle s’est mise à rire doucement : « Je suis désolée, je ne voulais pas te faire pleurer! ». Je riais et je pleurais en même temps. Elle a déposé un baiser sur mon front. J’ai embrassé sa joue puis l’autre, puis son front très délicatement puis je l’ai serrée contre moi. Elle a demandé : « C’était ton vœu? ». J’ai caressé tendrement sa joue : « Non… mon vœu te concerne toi ma belle… et j’espère qu’il se réalisera parce que tu le mérites. ». Elle a souri : « Pour l’instant, j’ai tout ce que je souhaite… ». J’ai demandé doucement : « Vraiment tout? ». Elle m’a regardée : « Oh.. y’en à toujours à rajouter! mais là, je suis heureuse d’avoir pu te rendre heureuse. Je n’aurais jamais espéré pouvoir t’apporter une telle nouvelle. ».

Je suis restée un instant dans mes pensées… Tout se bousculait dans ma tête : je devais aller voir Kyshala mais est ce qu’elle me reconnaîtrait? Elle avait quitté une petite fille presque adolescente et depuis j’étais devenue adulte. Est ce qu’elle m’aimerait toujours? Cette dernière interrogation a fait rire Jalindra : « Comme si elle pouvait ne pas t’aimer! tu es trop attachante pour ça! Tu sais, je ne fais pas ce genre de voyage fou pour tout le monde ! ». Je l’ai regardée surprise et troublée par ses paroles : « Pourquoi l’as tu fait pour moi ma belle brune? pourquoi as tu pris ce risque? ». Je plongeais mes yeux dans les siens : est ce qu’elle ressentait autre chose que de l’amitié pour moi ? Elle a répondu simplement : « Parce qu’il y avait un infime espoir que ça marche et que ce qui te rend heureuse me rend heureuse! ». Puis, elle s’est mise à rire : « Et le risque majeur était d’attraper des ampoules! ». J’avais l’impression qu’elle ne me disait pas tout mais j’ai préféré plaisanter avec elle : « Je sens que je vais devoir te masser les pieds du coup ? ». Elle a ri : « Je te passerais ma crème! ».

J’étais à nouveau prise par l’émotion et je me suis blottie contre elle comme une enfant. Elle m’a enlacée : « Je suis juste désolée qu’Eeri ne soit pas avec toi pour ce moment. ». J’étais perturbée : elle soufflait à la fois le chaud et le froid. Elle avait des gestes et des paroles bien plus tendres que ceux que pourraient avoir une simple amie, puis l’instant d’après elle me rappelait que j’avais déjà une amante. Nous avons donc parler d’Eeri et sur la façon de la prévenir de la découverte de Kyshala. A vrai dire, je ne savais pas vraiment comment lui dire : lui écrire un izam me paraissait trop impersonnel mais en même temps elle était loin et sans doute pas près de revenir.

J’ai secoué la tête : « On se connait depuis tellement peu… Et déjà, tu apaises une de mes plus grande douleur. ». Elle a souri : « Y’a une fyrette qui m’a dit un jour.. quand on se comprend, c’est tout de suite ou jamais! ». C’était moi qui lui avait dit ces paroles. Elle a ajouté : « Et puis, je n’y suis pas vraiment pour grand chose… on a eu énormément de chance… ». Je lui ai pris la main et je l’ai serré doucement : « Elle doit être bien cette fyrette, tu me la présenteras? ». Elle a continué amusée : « C’est la meilleure! ». J’ai souri : « Impossible… Tu parles d’Eeri alors? ou de toi ? ». Elle a pris mon visage entre ses mains : « Tu sais que tu as le droit d’être aimée et respectée autant que les autres, hein? ». Je plongeais mes yeux dans les siens, troublée : « Toi aussi… ». Elle a souri : « Je n’ai pas été déçue par des personnes moi… ». Je cherchais à comprendre ce qu’elle me disait : « Tu parles d’Anyume et d’Eeri ? Tu crois qu’elles m’ont déçue? ». Elle a secoué la tête : « Je ne sais pas… mais tu te sous-estimes je trouve. Tu as peur de ne pas être aimée… ». J’ai acquiescé : « Oui… c’est vrai… et surtout… d’être abandonnée… ». Elle m’a serrée dans ses bras : « Je pense qu’on a déjà du te le dire, mais je ne sais pas comment le dire autrement… Je serais là! ». Je me laissais aller dans ses bras réconfortants : « Tu es là… On ne s’est pratiquement pas quitter depuis qu’on se connait… Et à chaque fois tu me préviens de tes absences. Tu ne peux pas savoir à quel point c’est rassurant… rassurant pour moi, la petite Shaa aux pieds nus. ». Elle a dit doucement : « Je ne veux pas te faire de mal. Et puis, tu me manques quand tu n’es pas là! Tu sais je ne suis pas si altruiste… Si je suis là, c’est que ça me fait du bien! ».. J’ai murmuré : « Toi aussi… tu me manques… et moi j’aimerai tellement te rendre ce que tu me donnes chaque jour… et ce que tu m’as offert aujourd’hui… ». Elle a chuchoté : « Tu m’apportes beaucoup aussi… ».

J’ai caressé tendrement son dos avec un petit air taquin : « Alors comme çà je te manque quand je ne suis pas là ? ». Elle a haussé les épaules : « Bah oui… tu en doutais? Ma carapace est si épaisse? ». J’ai fait mine de regarder son dos : « T’as pas de carapace! ». Elle a ri : « Beta! ». J’ai ri avec elle. Puis, elle a repris plus sérieusement : « Je sais que je ne suis pas énormément démonstrative… ». J’ai poursuivi sa phrase : « Et moi… sans doute trop parfois… ». Elle a secoué la tête en souriant : « Je ne trouve pas. Ça rajoute à ton charme. ». J’ai eu un petit air taquin : « Mon charme? ». Elle a souri amusée : « Oui, tu sais, avec le côté attachante! ». Je me souvenais des paroles qu’avait eu une fois à mon propos mon grand bleu : « Na Djaï’tal m’a dit une fois que j’étais charmeuse mais que je ne m’en rendais pas compte… enfin je suis charmante avec certaines personnes… et je peux être une peste avec d’autre… ». Elle a approuvé : « Ha mais charmante ne veut pas dire naïve! Tu es spontanée je dirais moi. Et moi aussi je peux être dure comme une carapace de kitines. ». Je l’ai regardé : « Encore nos ressemblances… Il y a des homins à qui je donnerai tout pour qu’ils soient heureux et d’autres pour lesquels, je ne lèverais pas le petit doigt. Et toi… tu fais partie de la première catégorie ». Elle a rougi. Je lui ai caressé la joue attendrie par sa réaction.

Elle a eu un regard plus dur : « Si un jour quelqu’un te cherche des noises… tu verras mon autre facette ! ». Je l’ai regardé un peu surprise : « Le seul être dangereux qui m’ait menacée… c’est Alric… un sève noire. Un des amants d’Anyume… ». Elle a froncé les sourcils : « Humm… elle avait des fréquentations douteuses… Je ne peux pas dire qu’elle ait mauvais gout puisqu’elle t’avait choisi mais bon… ». Et voilà… elle avait une fois de plus provoquer un emballement de mon cœur. Je me suis mise à rougir et çà l’a fait rire : « T’es mignonne quand tu rougis! Je vais te faire rougir souvent moi, j’adore! ». J’ai râlé : « D’abord toi aussi tu as rougi tout à l’heure… et toi aussi… tu es très belle quand tu rougis! ». Elle a secoué la tête : « Tu veux faire un concours? ». J’ai levé les bras au ciel en signe de victoire : « J’ai gagné mon tatouage est rouge! ». Elle a râlé : « Je vais aller voir le tatoueur moi… ».

J’ai passé un doigt caressant sur son tatouage en forme de larme : « Tu sais qu’Eeri avait le même tatouage que toi avant? comme un tatouage qui pleure… et puis elle l’a changé. Elle se refusait à aimer quelqu’un… ». Elle a demandé : « On se ressemble un peu aussi ? ». Il est vrai qu’elles avaient certains points communs : « Eeri et toi? Oui, vous vous ressemblez… mais… tu as plus de cheveux! ». Nous avons ri ensembles. Elle a ajouté : « Et c’est normal le coté protecteur, c’est que l’on tient toutes les deux à toi! Tu es une guérisseuse de cœur… ». Je lui ai caressé tendrement le dos : « J’essaie juste… de rendre heureux ceux auxquels je tiens avec mes petits moyens de fyrette perturbée! ». Elle a souri : « Tu as réussi a faire revenir une ermite endurcie dans la civilisation. ». J’ai protesté en l’attirant doucement contre moi : « Çà tu l’as fait seule… c’est toi qui est venue à la guilde Hoodo. ». Elle s’est blottie dans mes bras : « Oui mais si je ne t’avais pas croisée… je sais que j’aurais fini par repartir… J’ai déjà essayé de revenir… mais tout était si vain… J’ai même rejoint une guilde… mais ils ne pensaient qu’à chasser… La chasse, c’était ma survie dans le désert… ». Je l’ai caressé tendrement : « Au moins je sers un peu à quelque chose… Je suis tellement heureuse d’avoir réussi à te retenir même involontairement… ». Elle a continué : « J’ai même failli abandonner avant de postuler… ». J’ai déposé un baiser tendre sur son front en lui caressant la joue : « Quelle perte pour Atys, les hoodos… et pour moi… heureusement que tu ne l’as pas fait… ».

Elle a souri : « Si tu avais été avec moi dans le désert, je ne serais peut-être jamais revenue ! ». Je l’ai fixée un peu déstabilisée me demandant ce que je devais penser de cette déclaration. J’ai fini par lui murmurer : « Et … si je t’avais trouvée dans le désert… je n’aurais eu qu’une envie rester avec toi… ». Elle a rougi et je me suis moquée doucement : « Tu vois, toi aussi tu rougis… ». Elle s’est cachée dans mon cou : « Bah oui mais.. hein! ». Je lui ai chuchoté à l’oreille : « Tu es tellement… je ne trouve même pas les mots… ». J’ai soupiré en la serrant fort contre moi. Elle a murmuré : « Je vais virer à l’écarlate… ». J’ai souri : « Tu n’en seras que plus belle… ». Elle a râlé : « Mais… ». J’ai souri : « Mais quoi ? ». Elle semblait perdue : « Je ne sais pas… ». Je l’ai caressée doucement : « N’ai pas peur… ». Elle a murmuré : « Moi qui ne voulait plus m’attacher… ». J’ai souri un peu tristement : « J’ai essayé çà… çà ne marche pas… ».

Elle a soupiré : « Je ne sais pas quoi dire non plus. ». J’ai embrassé sa joue très délicatement : « Tu n’as rien à dire… juste profiter des caresses tendres de ta petite Shaaky. ». Elle semblait toujours aussi perdue : « Je ne veux pas te faire de mal… ». Je la tenais toujours serrée contre moi : « Oui… je sais… tu préfères les homins… ». Elle a dit dans un souffle : « Oui, je crois… ». J’ai soupiré : « Çà n’empêche pas d’avoir droit à des câlins d’une petite chauve. ». Elle a souri : « Je m’y habitue tellement vite… ». Je l’ai bercé doucement : « Profite, elle en a plein à donner… et gratuitement en plus. ». Elle était troublée : « Toute cette tendresse que tu donnes spontanément… ». J’ai desserré les bras : « Je peux arrêter si çà te trouble trop… ». Elle a secoué la tête : « Non, je suis une droguée maintenant… ». J’ai ri en resserrant mes bras autour d’elle. Elle a murmuré : « C’est juste… incroyable. ». Je voulais la taquiner un peu pour détendre l’atmosphère : « Tu ne pensais pas trouver çà agréable venant d’une homine? ou tu trouves incroyable que je sois capable de tendresse? ». Mais elle est restée sérieuse : « Non, je trouve incroyable que ce soit aussi fort… ». J’en ai été troublée : « Oui… c’est très fort… ».

Elle semblait émue : « Il y a peu j’étais dans le désert… et j’ai l’impression d’une autre vie. Je vais devoir enlever mon tatouage ». J’ai passé un doigt caressant sur son tatouage en forme de larme : « Il est beau pourtant ce tatouage… comme un rappel qu’on a souffert. ». Elle a souri : « Je ne pense pas l’oublier un jour. Mais il faut apprendre à vivre avec le passé. Et là… je n’ai pas envie de pleurer. Cette nouvelle vie me plait plus que je n’aurais pu l’imaginer. ». Je l’ai serrée contre moi et j’ai murmuré : « Et moi… je dois dire… que tu embellis la mienne… plus que tu ne peux l’imaginer. ».

J’ai embrassé son front. Elle semblait ne plus savoir où elle était : « Je suis perdue… ». J’ai demandé en souriant : « Pourquoi ma belle? J’ai des petits cailloux pour retrouver ta route si tu veux? ». Elle a ri : « J’ai pas de route moi… C’est un tourbillon d’émotions… Je ne sais pas… ». J’ai souri : « Si c’est un tourbillon, je peux essayer de t’apprendre à nager. ». Elle a alors fait mine de boire la tasse. J’ai ri en lui demandant, si elle cherchait à ce que je lui fasse du bouche à bouche. C’était une plaisanterie mais en même temps, j’espérais que sa réaction aller m’éclairer sur ce qu’elle voulait réellement. Elle a ri : « hmm faudrait que je ne m’étouffe pas pour ça! ». J’ai pris sa réponse pour un « non »… J’ai encaissé. Pourtant, J’ai continué à plaisanter : « Ha oui ? Donc il faut que je te prenne par les pieds et que je te vide de ton eau ». Je l’ai prise par les pieds et j’ai commencé à la soulever. Elle a grogné : « Heyy! Je vais vomir. ». Je l’ai reposée en riant : « Alors il faut te mettre en position latérale de sécurité… il parait que çà s’appelle comme çà! ». Je l’ai allongée sur le côté et je me suis mise tout contre son dos : « Çà va mieux? ». Elle a hésité à répondre alors j’ai embrassé son épaule puis très délicatement sa nuque : « Et là? c’est mieux? ». Elle ne m’avait pas repoussée ou montrée un quelconque signe de rejet.

Elle a même fermé les yeux semblant apprécier ses tendres baisers : « Oui… un peu… ». J’ai fait mine de râler : « Un peu seulement? ». Elle a répondu pendant que je la tournais doucement vers moi : « T’as du me casser une côte en me soulevant. ». J’ai haussé les sourcils en passant une main douce sur ses côtes : « Là? ». Elle a acquiescé : « Oui… j’ai mal! ». J’ai commencé à la caresser. Je la sentais frissonner contre moi. Elle avait l’air soudain intimidée.

Je lui ai murmuré : « Comment veux tu que je ne succombe pas… si tu m’encourages… ». Elle a essayé de reprendre son ton de plaisanterie : « Je ne le fais pas exprès… Je le jure! ». Mais je sentais qu’elle était bien plus troublée qu’elle ne le laissait paraître. J’ai déposé un léger baiser dans son cou. Elle ne me repoussait toujours pas…

Je me suis enhardie un peu et j’ai embrassé sa joue tout près du coin de ses lèvres. Je suis partie à la recherche de son regard : allait-elle me dire d’arrêter? Elle m’a enlacée presque hésitante en me murmurant : « Je ne contrôle plus rien… ». Ma respiration était devenue saccadée : « Et moi plus grand chose… ». J’ai approché doucement mes lèvres des siennes, lui laissant la possibilité de détourner son visage, si elle ne voulait pas que j’aille plus loin… Mais elle m’a attirée un peu plus contre elle. J’ai goûté ses lèvres délicatement dans un doux baiser.

Je me suis écartée très vite ayant peur d’être allée trop loin. Mais, elle s’est approchée de moi venant chercher mes lèvres. Je ne me suis pas faite prier pour les lui offrir, l’emportant dans un baiser bien plus sensuel que le premier.

Je me suis écartée légèrement posant mon front sur le sien. Je n’ai pas pu m’empêcher de murmurer : « Wahou… ». Elle a murmuré : « Je suis un peu… maladroite, je suis désolée… ». Je l’ai regardée éberluée : « Mais non… tu es parfaite… tu es… ». J’ai, à nouveau, embrassé ses lèvres. Elle a souri en me caressant la joue : « Finalement pas si intéressée par les homins? ». J’ai souri : « On dirait… Dire que je retiens mes gestes depuis des jours… parce que j’avais peur… de te troubler. ». Elle semblait toujours un peu perdue : « Je suis perdue depuis des jours aussi… c’est tellement… comment tu dis? Wahou! ». J’ai ri en la serrant contre moi : « Oui… Wahou! ». Elle m’a caressée le dos : « Une guérisseuse.. quand je le dis… ».

Puis, je me suis souvenue : « Ha… au fait… mon vœu s’est réalisé! Je voulais que tu retrouves quelqu’un qui t’aime et que tu aimes… Je ne m’imaginais pas que çà aurait pu être moi… ». Elle m’a regardée un peu surprise et attendrie : « C’est la journée des miracles… ». J’ai approuvé : « Oui des vœux exaucés. ». Elle a souri : « Tu es trop attachante… ». Je me suis blottie dans son cou : « Toi aussi… trop… ».

Elle a soudain demandé : « Mais… Eeri… ça ne va pas…? ». Je n’ai pas bougé de son cou : « Je ne sais pas… ». Elle semblait inquiète : « Je ne veux pas que ça vous fasse du mal… mais je ne veux pas arrêter. ». J’ai secoué la tête : « Tu lui ressembles vraiment… Elle m’a dit la même chose à propos d’Anyume… mais toi… tu as… un petit quelque chose en plus… ». Je me suis arrêtée un instant avec un sourire taquin aux lèvres : « Des cheveux!!! ». Elle a éclaté de rire.

La nuit était déjà bien avancée alors j’ai demandé : « Je crois qu’on devrait dormir un peu non? La journée… a été très riche en émotion… ». Elle a souri : « Oui, bizarrement, je n’ai pas vu le temps passer… Je me demande pourquoi… ». J’ai ri. Puis, je me suis penchée sur elle pour goûter ses lèvres en la caressant tendrement. Elle m’a serrée fort dans ses bras : « Cette nuit tu ne t’échapperas pas. ». J’ai souri en me blottissant tout contre elle : « Je n’en ai pas l’intention… Par contre, j’ai bien l’intention de rester prisonnière de tes bras longtemps… ». Elle a fermé les yeux se laissant bercer par ma respiration. Je lui ai murmuré : « Dors bien ma belle… ». Elle a répondu dans un chuchotement : « Bonne nuit ma fée… si douce… ». Je me suis endormie en la serrant dans mes bras avec un sourire aux lèvres.

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