J’entendais Eeri m’appeler. Est ce que c’était un rêve? J’ai tenté d’ouvrir les yeux mais je ne voyais rien… Il y avait une ombre qui me murmurait : « Shaakya… ». J’ai tendu la main. Puis, une voix inquiète encore : « Shaakya, c’est moi!! réveille toi!! ». Est ce que c’était Eeri? Est ce qu’elle était vraiment là? A nouveau, j’ai tenté d’ouvrir les yeux. L’ombre m’a pris la tête et m’a caressé le front : « Shaakya!!! C’est moi… Je t’ai trouvée… Tout va bien maintenant. ». Je reconnaissais les caresses de mon amante : c’était Eeri. J’ai souri.
Elle m’a serrée très doucement contre elle en me caressant le visage. J’ai murmuré : « Je savais que tu me chercherais… ». Elle a souri puis s’est mise à pleurer : « J’étais si inquiète… ». Je voulais la réconforter. J’ai tendu ma main vers son visage mais mon bras était si lourd… Elle a pris ma main pour la poser sur sa joue. Ça me faisait tellement de bien de sentir sa peau. Mais elle était inquiète : « Nous ne pouvons pas rester ici! ».
J’avais soif. Elle m’a fait boire doucement en me nettoyant doucement le visage avec un petit morceau de tissu humide. J’ai souri : « J’avais tes gourdes d’eau… et ton fromage. ». Elle me tenait toujours contre elle : « Je vais te faire sortir d’ici… Nadjaï’tal n’est pas loin, il a du retourner au camp. ». J’ai demandé : « Il me cherche aussi? ». Elle a répondu : « Oui… Et Anyumé aussi. Nous étions tous trois morts d’inquiétude… ». Je m’en voulais : « Je suis désolée… j’ai fait un cauchemar… ». Elle m’a serrée contre elle : « Ce n’est pas grave, ce n’est rien. L’important c’est que tu sois là, avec moi… ».
La douleur de mon bras s’est réveillée : « J’ai mal… ». Elle a regardé mon bras en écharpe retenue par les morceaux de l’armure zoraï qu’elle m’avait offerte. Ça m’a soudain fait pleurer : « J’ai dû déchirer l’armure que tu m’avais offerte. Je la gardais tout le temps… ». Elle a passé une main douce sur mes larmes : « Ce n’est pas grave, Shaakya, l’armure… ». Mais, je sanglotais toujours comme une enfant : « Si… c’était… c’était un cadeau de toi… ». Elle avait la gorge nouée : « Imagine cette armure sans Shaakya pour la porter… Tu es là, c’est le principal… Je te ferai un autre cadeau. ». Elle m’a embrassée doucement. J’essayais de me blottir contre elle mais chaque mouvement était une douleur. A nouveau, ces nausées…
Elle regardait autour d’elle : « Je dois te sortir d’ici. ». Je sentais son inquiétude et je m’en voulais de l’avoir mise en danger avec moi : « Je suis désolée… d’être aussi stupide… à chaque fois… ». Elle ne m’a pas laissé finir ma phrase et m’a embrassée. J’ai tenté de me lever en grimaçant : « J’ai du mal à marcher… ». Elle a déclaré : « Je m’en doute… Je vais te porter! ». Je me suis moqué gentiment d’elle : « Je suis trop grande pour toi maintenant! ». Elle a souri : « Mais je suis très très forte. Nadjaï’tal me l’a dit hier! ». J’ai souri : « Oui. Tu l’es! ». Elle s’est levée et a regardé autour de nous : « Nous devons éviter le kipucka… ». Elle s’est penchée et m’a soulevée très doucement en chuchotant : « Allons-y! ». Elle a commencé à courir puis s’est arrêté brutalement : « Il es là! ». Malgré sa douceur, la douleur m’a terrassée. Je me suis évanouie. Elle a chuchoté : « Comment vas tu? ». Voyant mon état, elle m’a posée au sol pour me passer un peu d’eau sur mon visage. Je me suis réveillée. Le kipucka s’est éloigné. Elle m’a repris dans ses bras et s’est remise à courir. Elle ralentissait quand elle me voyait trop pâlir même si le kipucka n’était pas loin. Parfois, elle s’arrêtait pour me soulager et reprendre son souffle.
Nous sommes enfin arrivées près de l’entrée. Elle m’a allongée sur le sol : « Nous sommes hors de danger ici. ». Elle regardait mon bras avec inquiétude. J’ai demandé avec angoisse : « Je vais devenir… infirme? ». Elle a serré les dents : « Reste calme, ça va aller! ». Sa réponse ne m’a pas rassurée du tout : « Tu m’aimeras toujours? ». Elle a sorti un ambre de protection, une outre d’eau et une petite trousse de guérisseur sans me répondre. Je la regardais les yeux fiévreux. Elle a posé l’ambre de protection sur ma poitrine et m’a passé un peu d’eau sur le front : « Ça va aller! ». J’ai presque crié toujours aussi angoissée : « Tu m’aimeras toujours? ». Elle s’est penchée et m’a murmurée à l’oreille : « Je t’aimerai toujours Shaakya… ». Elle s’est redressée et a ouvert sa trousse de soin : « Et je vais sauver ton bras! ». Je me suis sentie rassurée et je l’ai regardée faire.
Elle a commencé à appliquer tout doucement une crème en partant de l’épaule. J’essayais de ne pas crier. Elle m’a dit doucement : « Ton épaule est déboîtée… Je dois essayer de te la remettre en place… ». Je l’ai regardée angoissée : « Je vais m’évanouir… je te préviens… ». Elle a passé une main caressante sur mon front : « Non tu ne vas pas t’évanouir. ». J’ai demandé : « Peut-être qu’il vaudrait mieux non? ». Elle n’a pas répondu. Elle a sorti une bouteille d’essence d’ocyx et l’a posée au sol, puis un morceau de parchemin qu’elle a plié : « Mords là dedans! ». J’ai obéi. Elle a sorti ses amplificateurs magiques : « Je vais être aussi douce que possible, mais tu sentiras que ça va mieux tout de suite après. ». J’ai acquiescé avec un regard inquiet. Elle a appuyé doucement sur ma clavicule pour me maintenir au sol en prenant mon bras. J’ai commencé à gémir sous la douleur. Je la voyais prendre de grande inspiration, le cœur battant. Elle a pris doucement mon bras contre elle. Je la regardais éperdue mordant dans le parchemin pour étouffer mes cris, espérant qu’elle en finirait vite. Elle semblait hésiter puis soudain elle a tiré sur mon bras d’un coup sec en le faisant pivoter légèrement. J’ai hurlé de douleur. Elle a relâché mon bras pour prendre ses amplificateurs magiques et me lancer une série de soins.
Des larmes de douleurs coulaient le long de mes joues. Je tremblais. Elle a passé une main sur mon front : « C’est fini… c’est fini… Bois un peu d’eau. ». Elle m’a aidé à boire en me maintenant la tête. J’ai murmuré : « Merci. ». Elle a pris un petit chiffon imbibé d’essence d’ocyx : « Ça va piquer un peu. ». Elle a passé le chiffon sur toutes mes petites blessures qui parsemaient mon corps. Je sifflais entre mes dents de douleurs. Elle a chuchoté : « Comment va ton bras? ». Je me suis blottie contre elle : « Mieux je crois… ». Ma belle chauve suait à grosses gouttes. Elle a pris une gorgée d’essence d’ocyx : « La douleur devrait se calmer. ». J’ai passé doucement un doigt le long des gouttes de sueur de ma belle. Elle me caressait doucement le front : « Tu es très courageuse. ». J’ai eu un petit sourire reprenant notre petit jeu : « Toi plus! ». Elle a souri semblant rassurée.
Elle m’a portée dehors au camp ranger espérant y trouver Na Djaï’tal mais il n’était pas là : « Ça va aller Shaakya, on rentre à la maison! ». Je la regardait les yeux fiévreux sans vraiment la comprendre. Elle avait retrouvé mes pactes de téléportation près du trou où j’étais tombée. Elle m’a tendue le pacte de Thesos : « Je t’aide à le déchirer. Je déchire le mien en même temps, et je te retrouve là bas. ».
Au téléporteur de Thesos, elle m’a repris dans ses bras et m’a portée jusqu’au camp. Arrivée là bas, elle m’a reposée sur une couverture. Anyume était là. Elle a crié de joie : « Shaakya !!! Eeri !!! Vous… vous êtes en vie… ». Elle semblait sous le choc entre le rire et les larmes. Puis tout est devenu brumeux. Je me suis évanouie.
Je me suis éveillée à nouveau. J’ai tenté d’ouvrir les yeux mais habituée à l’obscurité de la kitinière, le soleil m’éblouissait. J’ai senti qu’Anyume me prenait la main osant à peine me toucher. Eeri m’a passée un chiffon humide sur le visage puis elle a tendu la main vers Anyume. Celle-ci lui a pris la main en s’approchant : « Je… je croyais que vous ne reviendriez jamais… ». J’ai murmuré en tentant de lui toucher le visage : « Anyume? ». Elle a soudain éclaté en sanglots. J’ai essayé de me redresser en grimaçant : « Je suis là… ». Eeri m’a aidée : « Si tu sens la douleur, c’est que ton bras est encore vaillant ». J’ai eu un petit rire mi-amusé, mi-amer : « Youpi… ».
Anyume a passé doucement ses doigts sur ma joue : « Tu es là… Où est-ce que tu est allée te mettre ? On t’a cherché si longtemps… ». J’ai effleuré la sienne en soupirant : « Je… je suis partie chercher Kyshala je suppose… J’ai fait un cauchemar… je suis désolée… de vous avoir causé de l’angoisse… ». Anyume hoquetait : « Désolée ? Désolée ??? J’ai cru que je ne te reverrais jamais ! Je m’en moque que tu sois désolée ! Tu es en vie! C’est tout ce qui compte! ». Elle m’a serrée doucement contre elle. Eeri m’a grondé gentiment : « Tu ne dois pas être désolée. Mais ça ne veut pas dire que tu dois recommencer! ».
Nous avons plaisanté ensuite sur le fait qu’il fallait m’attacher. J’ai expliqué comment j’avais réussi à m’en sortir en frottant des larves sur moi. D’ailleurs, je me rendais compte que j’étais répugnante avec mon odeur empestant la kitine et ma peau recouverte de la poussière noire des galeries de la kitinière. Eeri a commencé à me nettoyer doucement.
J’ai alors remarqué que le visage d’Anyume était couvert de bleus. J’ai essayé de demander malgré le mal de tête qui commençait à m’enserrer de son étau : « C’est quoi çà ? ». Anyume a répondu en se frottant la joue : « Eeri, Na Djaï’tal et moi on t’a cherché sur toute l’Ecorce… Geyos a même fouillé les Primes quand il a cru qu’Eeri avait aussi disparu ! Bref, l’Ecorce, c’est dangereux… Attends de voir les cicatrices de Na Djai’tal… j’ai eu la bonne part, quasi pas de kitins… ». J’ai senti qu’elle essayait de noyer le poisson : « Qui t’as fait çà ? J’ai assez traîné dans les bars pour savoir que c’est un coup de poing! ». A vrai dire, je n’en savais rien. Je tentais de prêcher le faux pour avoir le vrai. Elle n’a rien répondu sur le moment puis elle a lancé : « C’était pas un coup de poing ! ». Elle avait donc bien été frappée. J’ai demandé malgrè mon mal de tête : « Une baffe peut-être? ». Elle a fini par acquiescé : « Oi… Une sacré baffe. ». J’imaginais Alric en train de la frapper. La tête a commencé à me tourner. Eeri sentant sans doute ma détresse, me disait doucement : « Shaakya, calme toi… C’est fini… ».
La lumière du désert qui m’éblouissait ne faisait qu’accentuer mon mal de tête. Avant même que j’indique que la lumière me faisait mal, Eeri avait posé une étoffe afin de me faire de l’ombre. Comment ma belle chauve avait-elle su? Étions-nous à ce point liée qu’elle sentait mon mal-être avant même que l’exprime? Je l’ai remercié en lui serrant doucement la main. Mais ma pâleur les a inquiétées toutes les deux. Anyume a dégluti avec angoisse : « Eeri, on… on peut pas faire quelque chose ? ». Eeri a suggéré : « On peut l’emmener dans un lieu plus clos peut-être? ». Anyume a proposé : « Le bar de Thesos? ». Eeri a acquiescé : « Ou dans la tour? ». Anyume a eu une voix paniquée : « Nani ! pas la tour !!! ». J’ai grogné en me tenant les tempes douloureuses : « Non…. je veux rester là… au camp…. ». Eeri m’a caressée doucement : « D’accord Shaakya… On reste là… ». Mais le ton de panique d’Anyume m’avait surprise : « Qu’est ce qu’il y a dans la tour? ». Mais elles ne m’écoutaient pas discutant de savoir ce qu’elles allaient me donner pour calmer ma douleur : alcool? drogue?
Je me suis soudain énervée : « Pourquoi tu ne réponds jamais à mes questions? ». Anyume a baissé la tête honteuse : « J’ai vu… heu, un maraudeur… l’autre jour à la forteresse… Je ne veux pas qu’on tombe sur eux. Tu sors tout juste des kitins, c’est pas pour aller voir les maraudeurs. ». J’ai acquiescé. Je n’avais de toutes façons plus la force d’insister même si je sentais qu’elle ne me disait pas tout. Eeri a caressé doucement le bras d’Anyume comme pour l’apaiser : « En effet, ne prenons pas le risque de les croiser. ». J’ai regardé surprise le geste tendre qu’elles partageaient en me demandant si il s’était passé quelque chose entre elles deux pendant mon absence. Le mal de tête s’est amplifié me laissant là avec mes questionnements.
Je ne sais plus bien ce qu’il s’est passé ensuite… J’avais l’impression d’être toujours dans la kitinière… Il fallait que je mange… j’ai attrapé mon sac, cherchant des gâteaux secs. J’entendais un bourdonnement sourd… J’ai senti une caresse sur ma nuque. J’ai regardé devant moi un peu perdue. J’entendais les voix d’Eeri et d’Anyume mais je ne les voyais pas : « Eeri tu es là? ». Elle a répondu doucement : « Oui je suis là… ». J’ai demandé ensuite : « Tu es là aussi Anyume? ». Elle a répondu, elle ausi : « Oi Shaakya, nous sommes là… Tu es en sécurité maintenant… ». Eeri a ajouté : « On ne te quitte pas, Shaakya… Nad devrait arriver. ». Est ce que j’étais en train de rêver? Où était la réalité? Est ce que j’avais rêvé avoir été sauvée? Où est ce que je rêvais d’être retournée dans la kitinière? Si nous étions dans la kitinière, il fallait que je les prévienne : « Faites attention aux kitines : elles mangent les homins… ». J’ai cru voir ma cousine : « Kyshala? ». Encore ce bourdonnement….
Et puis un linge humide sur mon front, j’ai regardé devant moi les yeux exorbités qui faisait çà ? Je ne voyais pas… Quelqu’un a passé un bras autour de mes épaules. J’ai regardé dans la direction du « quelqu’un » avec des yeux hallucinés. Puis, j’ai recommencé à distinguer un visage. J’ai passé un doigt sur les lèvres : « Anyume? ». Elle a souri : « Oi… ». Puis, j’ai regardé le visage au bout du bras qui me passait un linge humide sur le front. J’ai touché doucement les lèvres : « Eeri ? ». Elle ne répondait pas. Est ce que c’était vraiment elle? J’ai tenté de m’approcher. Elle s’est penchée vers moi. J’ai caressé doucement le visage. Elle a déposé un baiser sur ma joue… et soudain j’ai vu une larme qui perlait de ses yeux.
J’ai émergé de l’état second dans lequel j’étais : « Eeri! ». Je l’ai serrée contre moi malgré la douleur. Elle a éclaté en sanglots : « J’ai eu si peur… ». Je lui ai murmuré : « Ne pleure pas… moi aussi j’ai eu peur… ». Anyume nous a rejoint pour nous enlacer toutes les deux. Elle pleurait en silence. J’ai caressé doucement le dos d’Anyume en embrassant le front d’Eeri : « Je suis désolée… j’ai des absences… ». Puis, j’ai ajouté en riant : « J’ai pris un coup sur la tête aussi! ». Eeri a caressé de la main les cheveux d’Anyume : « Ce n’est pas grave, Shaakya. ». Encore un geste tendre envers Anyume… Est ce ma disparition qui les avait rapprochées?
J’ai alors lancé d’un ton comique : « J’ai faim!!! ». Ce qui a eu le dont de faire cesser leurs pleurs, elles se sont mises à rire en farfouillant dans leur sac. Anyume a sorti plein de choses : un saucisson de bodoc et du pain, du fromage, des oeufs dur d’izam… Mais elle devait trouver que ce n’était pas assez. Elle a couru à la taverne de Pecus pour aller chercher autre chose à manger et à boire malgré nos protestations. J’ai profité de son absence pour embrassé tendrement Eeri : « Merci ma belle chauve. Tes lèvres m’ont manquée… Tes bras aussi… tout en fait! ». Elle a murmuré : « Moi aussi, tu ne peux pas t’imaginer à quel point. ». Anyume est revenue les bras chargés de victuailles et de bouteilles : « Pour la boisson, j’ai demandé à Pecus des trucs que vous aimeriez. Faut fêter ça ! ». J’ai commencé à dévorer tout ce qu’il se présentait mais j’ai refusé la bière de shooki. J’avais un tel mal de tête que l’alcool ne me semblait pas une bonne idée. Anyume m’a donné un peu de son jus de baies au poivre.
J’ai caressé leurs joues à toutes les deux. J’avais une terrible envie de les embrasser. J’ai hésité un peu et puis je me suis penchée sur Anyume et j’ai goûté ses lèvres. Puis, je me suis approchée d’Eeri et je l’ai embrassée. Toutes deux ont frissonné. J’ai souri : « Je n’ai pas pu résister. ». Anyume a gloussé. Eeri a souri puis a chuchoté : « Shaakya… ». Je l’ai interrogé du regard mais elle ne voulait rien dire finalement. Je lui ai tapoté le crâne : « Parle petite chauve! ». Elle a dit en riant : « Non je voulais te demander comment allait ton bras!! ». Puis elle a ajouté en chuchotant : « Et tu as eu raison de ne pas résister. ». J’ai souri et je lui ai offert un baiser terriblement sensuel qu’il l’a fait rougir tandis que que sa peau frémissait. J’ai offert le même baiser à Anyume. Celle-ci est devenue aussi rouge qu’un izam de la jungle. J’ai ri : « Vous êtes aussi rouge que mon tatouage? ». Eeri a ri doucement : « Petite profiteuse va… ». J’ai eu un petit air innocent : « Tu trouves ? ». Anyume nous regardait bouche bée ce qui a provoqué un petit rire d’Eeri : « Nous sommes bien là… comme deux igaras qui ont trouvé un oeuf d’izam dans leur nid… ».
J’étais fatiguée : « Vous croyez qu’on peut… dormir toutes les trois ensembles ce soir? ». Anyume a demandé : « Dormir, hein ? ». J’ai éclaté de rire. Elle a rougi. J’ai été taquine : « Pourquoi tu souhaites autre chose? ». Eeri a ri nerveusement. Anyume a répondu doucement : « Peut-être pas ce soir… ». Puis, elle s’est empourprée se rendant compte de ce qu’elle était en train de dire : « Enfin, je veux dire… ». Eeri a déposé un baiser sur ma joue : « Shaakya, tu as besoin de dormir et c’est tout. ». Anyume a hoché vigoureusement la tête : « Oi ! Tu as besoin de dormir ! ». Je me tenais les côtes tellement je riais en grimaçant en même temps de douleur : « Je ne suis pas en état de faire un quelconque mouvement acrobatique! ». Mais Anyume et Eeri pensaient vraiment que je voulaient faire autre chose que dormir… Eeri a dit à Anyume : « Il y a quelque temps, nous avons parlé de toi toutes les deux… Et j’avais très peur de… ma réaction dans une telle situation. Et j’ai finalement l’impression que tu es plus gênée que moi… ». Anyume s’est frottée la nuque : « Disons que je ne m’attendais pas à ça… Et puis, je ne te connais pas tant que ça Eeri… je t’aime bien, mais je te connais peu encore. ». Eeri s’est mise à rire : « Tu ne vois pas que Shaakya nous mène par le bout du nez? ». Anyume a acquiescé : « Oi, elle se débrouille très bien ! ». Puis elle m’a regardée d’un air pensif avec un petit sourire en coin.
J’ai soupiré et j’ai finalement redemandé : « On peut alors ? juste dormir toutes les trois? On l’a déjà fait je vous rappelle… et je promets de ne caresser personne… enfin… Je vais essayer. ». Elles ont acquiescé toutes les deux. Je me suis allongée difficilement en grimaçant. Je me demandais comment elles avaient pu penser que je pouvais leur proposer autre chose que dormir alors que je souffrais le martyr à chaque mouvement… J’ai pris doucement leurs mains et je me suis endormie.
La nuit a été agitée. Les cauchemars m’ont repris. Je me suis tournée et retournée comme si je me débattais en gémissant sous la douleur. Je rêvais qu’on me faisait du mal alors que ce sont mes propres mouvements qui martyrisaient mon corps douloureux. Je me suis redressée soudain brusquement en hurlant de terreur et de douleur, les yeux exorbités, une sueur glacée perlant sur mon corps, le cœur battant à tout rompre.
Anyume et Eeri ont été réveillées en sursaut. Elles m’ont caressée, rassurée : leurs mains et leurs voix étaient si douces. Les cauchemars se sont éloignés. Je me suis mise à pleurer en silence, les larmes coulant le long de mes joues. Mes amantes les ont essuyées tendrement en me parlant très doucement. Je ne comprenais pas tout ce qu’elles me disaient, toujours dans un état semi-comateux mais je ressentais l’amour et l’émotion qu’elles m’offraient. J’ai fini par me rendormir apaisée par leur présence.