Je suis arrivée dans le camp de réfugiés de Silan. C’est à cet endroit qu’on accueille les réfugiés comme moi. C’est un endroit plus sécurisé qu’ailleurs où l’on nous forme à survivre avant de nous laisser définitivement partir à l’aventure rejoindre notre ville de rattachement.

C’est Chiang le Fort, un zoraï qui m’a tout d’abord accueilli. Il m’a envoyé directement voir une zoraï qui semblait dormir debout constamment : Unoirrin Cepao. Quand elle se réveillait, elle avait au moins l’avantage de savoir exactement où je pouvais trouver les meilleurs entraîneurs de la région.

J’ai alors rencontré Guilan Guiter. Quand Unoirrin Cepao m’avait parlé d’un entraîneur au combat, je m’attendais à rencontrer un homin. Guilan Guiter était en fait une fyros. Elle m’a appris les bases du combat.

A sa demande, j’ai alors tué mes premiers yubos allaitants. Au début, j’avais une certaine appréhension. J’aimais bien ces petites bestioles attendrissantes et aboyantes qui parfois se dressaient sur leurs pattes arrières pour mieux vous regarder. Mais, je savais que si je ne m’endurcissais pas, j’aurais du mal à survivre ici. Il s’agissait sans doute d’un test que me faisait passer Guilan Guiter. Je suppose que peut-être déjà là certains échouaient et retournaient dans les profondeurs…

Je me souviens de Zakarta, une petite triker blonde complètement perdue qui m’avait demandé si j’avais des bottes pour elle. J’ai essayé de lui montrer comment trouver les ingrédients en chassant des yubos pour avoir les peaux. Je lui ai indiqué l’entraîneur d’artisans qui lui apprendrait comment fabriquer ses premières bottes elle même. J’ai vu à son regard qu’elle était complètement dépassée par ce qu’il lui arrivait. Elle s’est soudain mise à pleurer. Je l’ai prise maladroitement entre mes bras essayant de la réconforter. Je lui ai dit que je l’aiderai qu’il ne fallait pas qu’elle s’inquiète. Elle s’est soudain sentie un peu mieux, retrouvant le sourire. C’est du moins ce qu’il me semblait. Elle m’a ensuite dit qu’elle se sentait fatiguée. Je l’ai laissée se reposer dans un coin protégé du camps de base. Je ne l’ai jamais revue. Est-elle retournée dans les profondeurs?

Quand à moi, j’ai continué à progresser. Les missions se sont enchaînées. Je devais tuer des créatures de plus en plus dangereuses. J’apprenais en plus du combat, la magie, l’artisanat et la récolte en parallèle. La magie enseignée par Nomis Merclao était passionnante. Il m’apprenait à choisir le sort le plus efficace contre les différentes créatures et comment améliorer mes sorts.

Au fil du temps, je devenais de plus en plus aguerrie. Mais dés que je me sentais trop sûre de moi, Atys me rappelait que je n’étais pas grand chose et que le danger était là guettant la moindre faute. Heureusement pour les homins imprudents comme moi, les pouvoirs des Kamis et de la Karavan, les ramènent à la vie.

Je me souviens d’un épisode surprenant alors que je m’entraînais contre des mektoubs sauvages. Ces créatures étranges avec une petite trompe, marchant la plupart du temps sur leurs quatres pattes mais parfois se redressant sur leur pattes arrières, servaient d’animaux de bat, une fois domestiqués. Ils n’avaient pas de sabots mais des sortes de grandes mains à gros doigts qu’ils utilisaient parfois pour frapper ceux qui s’en prenaient à eux.

J’étais en train de me reposer en soignant mes blessures après avoir tué quelques uns d’entre eux pour m’entraîner au combat et récupérer quelques matières premières, quand plusieurs mektoubs se sont approchés de moi, en me regardant. J’ai eu un instant de frayeur. Je savais qu’ils avaient parfois tendance à se défendre en groupe contre les prédateurs. Et j’en étais un… mais j’étais tellement mal en point que j’aurais eu du mal à résister à leur groupe. Je n’ai pas bougé, restant assise calmement, espérant qu’ils allaient continuer leur chemin. Ils m’ont finalement entourée me coupant toute retraite. L’un d’eux s’est alors approché de moi. Je fermais les yeux espérant toujours qu’ils ne seraient plus là quand je les rouvrirai. Et j’ai senti la « main » du mektoub sur ma tête comme une douce caresse. J’ai ouvert les yeux. Il me regardait d’un air doux et placide. J’avais l’impression qu’ils s’inquiétaient pour moi et qu’ils m’avaient entourée ainsi pour me protéger de la vue des torbaks qui rodaient non loin de là. Ils sont ensuite partis tranquillement quand je me suis sentie mieux.

A compter de ce jour, j’ai eu extrêmement de mal à tuer à nouveau des mektoubs. Les autres se moquaient de moi et de ma répugnance mais ce que j’avais vécu ce jour là, m’avait marqué à jamais.

Je commençais tout juste à oser m’enfoncer un peu plus dans les coins reculés de Silan quand j’ai rencontré Kyam, une zoraï aventurière comme moi. Elle m’a appris énormément mais surtout nous avons beaucoup ri ensemble. Elle avait un côté délirant tellement surprenant chez cette grande zoraï toute bleue, alors que son peuple est parfois si distant et méprisant envers les races « inférieures » que sont les autres peuples homins pour eux. J’adorais me moquer d’elle et de son masque. J’affirmais en riant que c’était parce qu’elle cachait derrière une trompe de mektoub. Mais je savais que porter ce masque était une sorte de rite de passage à l’age adulte chez les zoraïs, un don que leur avait fait les Kamis. Mais elle ne se vexait jamais prenant tout cela toujours avec beaucoup d’humour.

Je l’ai perdu de vue quand j’ai rejoint Pyr la ville des Fyros, mon peuple. Elle me manque…

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