Jour 20 Illumen – Fingelien 382
Après avoir passé des heures à errer sans but, quand je n’ai plus eu de larmes à verser, j’ai pensé à la douce et à la robe que je lui avais commandé. J’ai été voir la couturière Llariarith qui me l’a donnée. Elle était magnifique.
J’ai couru au campement. La douce était là comme à son habitude. Mais elle était entourée de tout un tas de gens. Je ne voulais pas lui offrir mon cadeau devant cette assemblée. Je lui ai proposé de nous promener à Trépont. Je l’ai conduit au bord de la mer dans un endroit isolé. Je lui ai offert la robe gauchement me sentant un peu stupide.
J’ai cessé de respirer le temps qu’elle ouvre le paquet. Elle a trouvé la robe magnifique. Elle s’est dénudée devant moi en se cachant à peine pour l’essayer. J’en avais le souffle coupé. Je devais avoir l’air particulièrement stupide… Elle a fait quelques mouvements de danses, les rubans volaient autour d’elle : elle était magnifique. Elle m’a remerciée et a déposé un baiser sur ma joue. J’en ai frémi de plaisir.
Nous avons discuté ensuite de choses et d’autres… Elle voulait savoir ce que j’aimais chez « ma sombre ». Je lui ai donc dit que je n’étais plus sûre de l’aimer après ce qu’il s’était passé. Elle a tenté de trouver des arguments pour expliquer l’attitude de Kharya : elle avait sans doute besoin de se retrouver seule elle aussi après avoir été si proche de moi pendant ces derniers jours. J’étais dubitative… Personnellement, je supposais qu’elle avait surtout eu besoin de rejoindre son mâle. Mais à vrai dire, je n’en savais rien…
Mais il y avait aussi autre chose… J’étais tombé amoureuse de la douce mais je savais qu’elle ne pouvait rien pour moi. Elle me l’avait dit et répété : elle ne m’aimait pas. Après que je lui ai fait cet aveu, la douce est partie comme si elle fuyait ma présence.
Je sentais mon coeur se déchirer. Je pensais à Kharya… si elle apprenait que j’avais des sentiments pour Illy… j’avais peur de sa jalousie. J’avais peur qu’elle fasse du mal à la douce. J’ai soudain été submergée par un sentiment de culpabilité. Je repensais à Keros mort à cause de la jalousie d’une femelle sombre avec laquelle j’avais joué. Mes souvenirs ont commencé à tourbillonner en moi sans que je puisse les contrôler. Je crois que j’ai les envoyé sans le vouloir à la douce. Je l’ai entendu chanter une mélodie apaisante. J’ai repris conscience mais mes jambes étaient flageolantes, je me retenais au mur de la caverne du dépôt de Starenlith. La douce m’a rejoint en me prenant les mains et en continuant à chanter. Je me suis calmée doucement.
La douce disait qu’elle n’aimait pas me voir ainsi. J’allais mieux : elle m’avait fait du bien. Je l’ai embrassé tendrement sur la joue en lui serrant les mains.