Jour 1 Kamarien – Fingelien 383
J’attendais à Morcraven, l’ouverture de notre nouvelle Naralik. Cela faisait plusieurs jours que j’avais cette angoisse sourde en moi. Je n’arrivais plus à m’en débarrasser. Je tentais de cacher mon état à Kharya en me réfugiant auprès de Eryann. Mais ma femelle n’était pas dupe…

Elle est soudain arrivée près de moi et m’a demandée comment j’allais. J’ai tenté de lui dire que j’allais bien mais elle a bien vu que je mentais. J’ai fini par lui avouer toutes mes angoisses : Bahar, Kely, Eryann et elle… J’avais peur qu’elle n’est pas abandonnée l’idée de disparaître. Elle m’a regardée : elle comptait toujours partir, elle voulait revoir son fils. Mon coeur s’est déchiré. J’ai planté mes ongles dans les paumes de mes mains pour tenter de remplacer l’horrible douleur morale par une douleur physique. Je retenais mes larmes, je n’arrivais plus à parler.

Je ne voyais plus l’ouverture de Naralik comme une joie mais comme la première étape vers le départ des îlots de ma sombre. Kharya quand à elle était sollicitée de toutes parts. Le nain architecte Perdur appelait les sombres et tous ceux qui le souhaitaient à rejoindre la bannière de Naralik au sud de Morcraven. J’ai du être la dernière sombre qui était au dépôt à rejoindre Naralik. Perdur montrait les nouveaux aménagements pensés par Kharya pendant que je restais à l’écart la suivant des yeux ayant peur qu’elle disparaisse à chaque instant.

Tout le monde est enfin entré dans la taverne. Les nains beuglaient en tous sens réclamant de la bière et chantant des chansons à boire mais je ne les entendais pas. Mes yeux restaient fixés sur elle pendant que je trouvais un coin retiré de la taverne, tentant de passer inaperçue. Mais Sorn, notre Bailli s’est étonné de mon retrait de la fête. Il pensait que les aménagements ne me plaisaient. Mais ce n’était pas le cas.

DarkCat s’est aussi inquiété de mon silence, tentant de m’offrir du réconfort. Il me parlait, m’offrant un verre. Mais je l’écoutais à peine. Je suivais chaque mouvement que faisait Kharya, écoutant chacune de ses paroles. Elle accueillait une nouvelle sombre Deshra qui allait remplacer Ardur et vendrait des livres sur les minéraux dans la forge. Elle était timide et effacée. Elle me ressemblait à mon arrivée sur les îlots. Et Kharya comme à son habitude, se faisait protectrice comme elle l’était toujours avec ses jeunes soeurs. J’aimais ce côté d’elle. Elle pouvait paraître si froide et distante et tout d’un coup elle devenait douce et pouvait vous prendre dans ses bras. Plus je la regardais, plus je me rendais compte à quel point j’étais amoureuse d’elle et à quel point son départ me serait douloureux.

Plus la soirée passait, plus je restais prostrée dans mon coin, buvant à peine le jus de myrtilles que m’avait offert DarkCat. Kharya s’est soudain approchée de moi et m’a pris discrètement la main dans la sienne sous la table. Je crois qu’elle avait vu depuis le début mon état mais qu’elle n’avait rien pu faire trop prise par les demandes de toutes sortes suite à cette ouverture. Pourtant, dés qu’elle a eu un petit moment, c’est vers moi qu’elle est venue. J’ai tenté de lui expliquer mon état : j’avais peur qu’elle disparaisse à chaque instant. Elle m’a proposé de sortir un peu. J’ai accepté, espérant être un peu seule avec elle. Mais Naralik était envahie par les curieux.

Nous sommes allées dans la salle de notre peuple. Elle était merveilleusement aménagée avec de magnifiques tapis rouge sang. Dans le fond, il y avait des bains. La plupart des sombres étaient là profitant du bain heureux d’avoir une salle sécurisée qui n’était plus constamment sous le feu des embuscades des gobelins. Mes frères et soeurs étaient heureux et Kharya se réjouissait de les voir ainsi.

Nous n’avons pas pu prolonger le bain, Véreux avait décidé de s’inviter et de lancer ses créatures sur Naralik. L’attaque fut violente mais brève. Nous avons réussi à repousser l’invasion.

Peu après, Kharya m’a proposé d’inaugurer la chambre de prestige avec elle. J’ai accepté bien sûr je ne voulais pas la quitter. C’était un chambre de la taverne assez simple mais avec un grand lit. Il y avait une rose sombre sur la commode. Elle m’a entraînée doucement sur le lit. Elle s’en voulait d’avoir provoquer un tel choc chez moi. Mais, je ne lui en voulais pas puisqu’elle m’avait dit la vérité. Je me suis blottie contre elle, épuisée. Je lui ai fait promettre de me dire quand elle déciderait de partir. Je me suis endormie dans ses bras pendant qu’elle me berçait doucement.

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