Jour 29 Kamarien – Fingelien 383
Ma mère dit souvent à Kharya qu’elle est la passion et moi la tendresse. Je n’aime pas qu’elle dise çà : comme si je n’avais pas de passion en moi. Elle est en moi tout comme en elle. J’essaie juste de la distiller à petite dose pour ne pas qu’elle explose comme avec ma mère.
Si Kharya savait le temps que je passe près d’elle à la regarder dormir, à la caresser tendrement en goûtant sa peau en l’effleurant à peine pour ne pas la réveiller. Le désir monte irrésistiblement en moi. Et quand il devient trop pressant, je n’ose la sortir de son sommeil pour l’apaiser. Je préfère m’éloigner un peu en attendant son réveil et lui montrer mon amour autrement : en allant lui cueillir une rose sombre ou en lui préparant son petit déjeuner.
Parfois, elle me reproche gentiment de ne pas être près d’elle quand elle se lève. Je n’ose pas lui dire à quel point le désir que j’avais d’elle était trop prenant et que je n’ai pas osé la réveiller. Je ne veux pas qu’elle subisse les assauts continuels de deux sombres et s’en sente oppressée. Ma mère est déjà bien assez exigeante avec elle sur ce point, réclamant continuellement de l’attention.
Du coup, j’essaie de rester effacée, ne réclamant pas les caresses dont je rêve qu’elle me donne. Je me contente de la prendre par la main, de m’installer à ses côtés pour travailler frôlant son corps, de l’embrasser tendrement quand nous sommes seules et de m’endormir dans ces bras me délectant de son odeur et de la douceur de sa peau en essayant d’oublier le feu du désir qui couve en moi.
J’espère qu’à cause de çà, elle ne me trouve pas trop timorée, pas assez entreprenante avec elle. J’essaie juste de lui apporter ce que ma mère ne lui offre pas toujours : de l’attention, de l’écoute, de l’amour tendre…