Je suis allé retrouver TeShjlï’Thïa avec l’idée de lui proposer un jeu. Elle était toujours à Irinveron s’entrainant dans l’eau. Je me demandais ce qui pouvait bien la pousser à faire une activité aussi improductive. Elle veut apporter à son corps la force, l’endurance et l’agilité dans le but d’être fière d’elle même. Mais pourquoi par la danse, ça reste inexpliqué pour moi, elle pourrait tout aussi bien chasser, mais elle refuse de tuer, elle n’aime pas ça. Je ne vois pas bien comment elle peut s’en sortir dans l’environnement des Landes avec un tel état d’esprit. Pourtant elle est là. Mais vit elle ? Ou ne fait-elle que survivre ? Rien de ce que je peux lui faire ou lui dire l’atteint, tout glisse sur elle, jamais une réaction. Les seuls moments où elle se lâche un peu sont dans nos ébats, là je peux mesurer le potentiel de vie, de passion qui se trouve en elle.
Par le biais du jeu, je pensais réveiller une étincelle d’intérêt, un soubresaut d’envie, une amorce de désir. Quelle ne fut pas ma déception de la voir refuser parce que l’enjeu ne l’intéressait pas !
Aucune imagination ces femmes. Entre elle qui ne voit aucune curiosité à explorer cette voie et Thyss qui n’y voit que l’opportunité de me faire miner.
Ces femmes sont décidément décevantes.
J’ai forgé un moment, puis finalement je suis parti chasser. Je n’avais plus d’envie de discuter, je ne voyais même plus ce que je faisais là. Je n’avais plus d’idée pour éveiller chez elle une étincelle de passion. Je suis pourtant revenu et resté, je ne me l’explique toujours pas.
Des galdurs sont arrivés, au moment où j’envisageais de plier mes affaires et d’aller voir ailleurs, TeShjlï’Thïa me demandait si je connaissais un endroit plus isolé.
Tellement différent, et en même temps si semblables. J’étais pourtant décidé à partir seul, mais sous le coup de sa demande, je n’ai pas réfléchi et je lui ai parlé du dépôt de Nargraw Nord.
J’y suis arrivé avant elle, elle a pris le temps de dire au revoir au galdurs, moi je suis parti sans rien dire.
Quand elle est arrivée, elle a regardé le dépôt, ce dernier lui a donné l’envie de danser, et elle m’a demandé les deux épées de feu. Je l’ai interrogée sur sa motivation, la colère et la frustration étaient ses moteurs apparemment. Ce n’était pas loin de ce que je ressentais. Encore une fois tout en étant si éloigné l’un de l’autre, nous éprouvions la même chose. Je n’ai pas eu le temps de lui demander ce qui lui avait donné ces ressentis, mais de toutes les façons elle ne m’aurait pas répondu, j’en suis sûr. Elle a fait sa danse, avec mes épées et des essences aquatiques. Le mélange du feu et de l’eau provoqua un brouillard dans lequel elle se mouvait. Je finis par ne plus bien distinguer de ce qui était elle et de ce qui ne l’était pas.
Cela faisait écho à la confusion qui m’envahissait. Encore une fois, je voyais un lien entre nous. Mais cela n’avait rien à voir avec la colère et la frustration dont elle avait parlé. Ca m’a laissé pensif un moment, puis las j’allais partir me reposer. Elle me proposa sa compagnie, je ne savais pas trop ce que je voulais à vrai dire. J’avais bien envie d’elle mais je ne reconnaissais pas cette envie.
Mes pas nous ont emmené dans la maison que Kely et Khaena s’étaient choisi dans cette région. Fut-ce pour cette raison que notre étreinte ne ressemblât pas aux premières ? Je ne sais pas. Je pris le temps de découvrir son corps. Assis, enlacés, intimement imbriqués l’un dans l’autre, j’ondulais doucement du bassin, le désir nous prenait lentement . Je l’obligeai à me regarder alors que le désir l’emportait. Je voulais voir la passion, l’envie, le désir sur son visage, dans ses yeux, qu’elle me livre cette partie d’elle, qu’elle dissimule si souvent.
Je suis resté dormir enlacé à elle. Je voulais partir, mais je n’y arrivais pas. Quand je me suis réveillé, c’était elle qui était partie, me laissant un petit mot. Elle avait besoin de solitude. Sans le savoir elle répondait aussi à mon besoin.
La différence c’est que moi je n’aurais pas laissé de petit mot.