Polgarath a adopté Seliane à ma grande stupéfaction. Nous étions au dépôt de Naralik. La Haute Prêtresse rencontrait Seliane pour la première fois et voyant ses cheveux roux, me demanda si elle était ma fille. J’ai répondu par la négative en lui précisant que par contre j’avais adopté le mâle à côté, alak. Elle trouva que c’était une drôle d’idée d’adopter. Quand je lui ai rappelé que c’était de cette façon qu’Ange_Noir était devenue ma fille, elle vint près de moi me demander en chuchotant comme il fallait faire. Je lui ai expliqué qu’elle devait lui donner son sang et l’accepter comme fille, tout simplement. Après avoir donné à Seliane du matériel de Nécromancie, elle l’a emmené avec elle et nous avons pu entendre sur les ondes la déclaration d’adoption.

Je m’inquiète pour cette petite. Polgarath est rude, trop à mon goût. Je crains que Seliane ne fuit à cause d’elle, bien que je sais que depuis qu’Alak est devenu mon fils, je ne la ménage déjà pas. Je veux qu’elle devienne une fière sombre, solide, je ne veux pas regretter de lui céder mon fils lors d’une Union. Nous avons trop peu de femelles de cette valeur. Elles restent dans l’ombre, silencieuses. Les mâles ont toute liberté de prendre les responsabilités. Imposer des femelles aux postes ? Cela n’a jamais fonctionné. Les mâles sont plus intéressés qu’elles. La volonté d’accomplir sa tâche donne de meilleurs résultats que de souffrir de s’en acquitter par devoir. Mulvaar me dit que je dois parler à nos sœurs. Que nous ne pouvons pas continuer avec des mâles au pouvoir. Il a raison mais j’aimerai tellement les voir prendre de l’assurance et venir me dire en face les problèmes. Je n’ai jamais punit une femelle pour être venu me parler quel que soit le sujet, agréable ou non.

Le Culte devait donner un nouvel élan à notre peuple. Je reste convaincue que Polgarath n’a pas prit en compte notre évolution. Elle l’a reprit là où elle l’avait laissé quand Sathia est partie. Elle ne sert que la Destruction alors que ma ligne a toujours été Création. C’est peut être l’une des raisons du si peu de candidats à la formation à la prêtrise de l’Ordre. Je suis revenue à la foi mais mes convictions n’ont pas changé. Je n’ai pas eu l’occasion d’aborder ce sujet lorsque nous nous sommes entretenues à propos de mon Union. Je dois le faire à la prochaine occasion.

Un mois plus tôt, Polgarath avait annoncé qu’il faudrait l’accord du peuple pour que Mulvaar passe les épreuves. Quand nous avons discuté, cette nuit ci dans le Temple, elle semblait ne pas être satisfaite de cette solution. Mettre ma décision au jugement de ceux qui me sont subordonnés la dérangeait. Alors je lui ai expliqué ce qui était arrivé à Mulvaar. Les signes que j’y avais vu. Je voulais lui prouver que ce n’était pas une Union basée uniquement sur des sentiments ni demandé sur un coup d’hormones. Elle a semblé intéressé par la potion de dévotion et les rituels que j’avais pratiqués pour apaiser les convulsions de Mulvaar dans l’ancien temple. Elle est arrivé à la même conclusion que moi, que Lith était favorable à notre couple. Elle décida qu’elle entrerait en transe prochainement pour obtenir confirmation de la Déesse.

Après que je sois sortie du Temple, je suis allée rejoindre Eryann au Val. Durant tout mon entretien avec Polgarath, il n’avait cessé de me parler en télépathie. Je lui ai parlé de ma dernière discussion avec cette nouvelle Khaena. Il a finit par comprendre qu’elle était bien dans cet état, qu’elle avait accepté et que finalement, elle ne le regrettait pas. Eryann a fait un trait sur la recherche d’un moyen de séparer les deux esprits pour retrouver son Isil. Par contre, quand je lui ai dit qu’elle avait rompu avec Bahar, il a été triste et inquiet, disant que jamais Isil n’aurait voulu l’abandonner. Je lui ai donc répété ce qu’elle m’avait dit : elle était indifférente à toute personne sur qui Killya et Khaena n’était pas en accord. Il a accusé le coup mais a cependant décidé d’aller voir la bleue du continent. Je lui ai fait un plan et je lui ai donné le nom du capitaine de navire avec qui voyageait Khaena. J’ai bien peur qu’il se perde, n’étant jamais allé dans une ville du continent. Mais je ne peux pas l’accompagner et il ne le souhaite pas de toute façon.

J’ai de la peine pour lui. Il se leurre en disant qu’il ne souffre pas mais qu’il doit apprendre à accepter cette séparation. Je lui ai souhaité bon courage et il m’a salué en m’attribuant le surnom d’Amya. Cela signifie la Mère dans sa langue. Cela correspond à mon côté calme et protecteur mais c’est étrange de se faire appeler ainsi par un pâle. Je crois qu’il se rattache aux derniers souvenirs de Khaena en gardant ce lien avec moi, comme en voulant aller voir Bahar. Je me demande s’il s’en remettra un jour.

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