Je me souviens de notre rupture définitive. Celle où on sait que plus rien ne sera comme avant.
J’avais demandé à Feydreyah du temps de réflexion. Elle me l’a laissé. J’en étais même rendu à me demander si cela l’avait touchée vraiment. Elle parlait aux uns et aux autres, blaguant même parfois. Quand je l’entendais rire, je sentais mon coeur qui se délitait. Le temps s’écoulait et je devenais de plus en plus méchant, tenant des propos acerbes. Je faisais de nombreux cauchemars, le coeur envahit de ma propre colère. La prévenance d’Illy me maintenait à flot mais je sentais que je pouvais déraper très vite.
Elle a fini par demander qu’on se voit.
Nous nous sommes retrouvés à Tarsengaard. J’avais maigri et je ne m’occupais plus de moi.
Je lisais dans son regard le jugement qu’elle portait sur mon allure.
Elle commença à me dire que c’était justement ce elle ne voulait plus. Elle avait trop l’impression que je ne vivais qu’à travers elle, et c’était un poids pour elle, que ce n’était plus de l’amour. Elle avait été bénéfique pour moi à une époque, mais que ce n’était plus le cas. Il suffisait de voir ce que j’étais devenu.
Elle ne respirait qu’à travers moi, puis un jour, sans savoir pourquoi elle a su respirer autrement, sans moi, en voyageant, en découvrant, en se mettant au service des autres.
Oui, elle avait regardé ailleurs, mais je m’étais mis à mal l’aimer. Qu’elle était revenue uniquement pour que j’arrête de me faire du mal.
C’était dur d’entendre tout cela. C’est comme si nous nous étions trompés depuis le début. Etait-ce possible à ce point ?
Je ne savais vraiment plus.
Ce que je compris, c’est que nous deux ce n’était plus possible. Elle avait un désir de liberté et moi je l’emprisonnais par cet amour que je lui portais. Il était trop lourd, trop responsabilisant, trop culpabilisant.
Elle ne m’aimait plus comme un amant.
Elle m’aimait comme un frère, comme un ami.
Elle était un ange qui voulait voler de ses propres ailes.
Elle ne voulait plus être ma compagne.
Pour moi c’était inconcevable de la voir telle qu’elle me le demandait.
Nous nous sommes quittés, une page se tournait. C’était sur, plus rien ne serait comme avant.
Je ne savais pas aimer.