Jour 22 Elfist – Fingelien 381
La nuit suivant l’histoire de Polgarath, Kely a fait d’horribles cauchemars, il subissait les sévices de Polgarath et de La Sombre. Quand il me les a raconté, j’ai tenté de le rassurer : je n’étais pas comme çà. Il le savait mais il pensait que ma mère en était tout à fait capable. C’est alors qu’elle a voulu intervenir et je l’ai laissé prendre la parole.
Elle a affirmé qu’elle n’aurait pas agi ainsi. Premièrement, elle n’était pas partageuse et elle savait très bien s’occuper d’un mâle seule. Deuxièmement si Polgarath le touchait, elle la tuerai. Et troisièmement, son instrument privilégié était le couteau et non le fouet. Elle a dit cette dernière phrase en riant amusée de sa plaisanterie. Mais Kely était furieux. Il se souvenait de la scéance de torture que lui avait fait subire La Sombre avec son propre couteau. Cette expérience douloureuse était gravée en lui au fer rouge.
Elle a essayé de lui dire qu’elle n’avait jamais fait de mal à mon père. Mais Kely rageur continuait en lui disant qu’elle aurait dû essayer. J’ai soudain senti ma mère s’effondrer, sa douleur émotionnelle était insupportable. Ses pensées tourbillonaient. Elle pensait à son mâle Keros, à leurs étreintes, à sa mort… Elle se rendait compte que Kely ne lui ferait jamais confiance malgré tous les efforts qu’elle pourrait faire et qu’elle ne pourrait jamais faire de lui un ami. Elle n’aurait sans doute d’ailleurs jamais plus d’amis à qui se confier ou même d’amants… J’ai senti qu’elle renonçait, qu’elle ne voulait plus lutter… que la mort, valait mieux que cette vie qui n’en était pas une… Elle s’est recroquevillée en moi et m’a laissé reprendre le contrôle de mon corps.
J’en voulais à Kely de l’avoir blessée si profondément mais je comprenais aussi sa colère. Je crois qu’il ne se rend pas compte à quel point il est difficile pour ma mère et moi de cloisonner nos émotions dans ce corps que nous partageons. Quand elle est blessée, je ressents sa douleur intensément et inversement. Kely semblait lui aussi pris par des émotions contradictoires, il s’est excusé en se blottissant contre moi. Il m’a demandé si La Sombre souffrait. Que pouvais je lui dire? Oui elle souffrait… évidement… terriblement… Je ne souhaite à personne de vivre ce qu’elle vit. Kely m’a proposé de la laisser sortir quand il n’était pas là. J’y avais déjà songé…
Je crois qu’il est urgent que je lui laisse un peu de liberté, surtout après ce qu’il s’est passé aujourd’hui.