Jour 10 Mundia – Fingelien 383
Ma mère voulait que je vois Kharya. Elle était inquiète. Elle avait rarement vu Kharya pleurer et là les pleurs avaient duré et sa nuit avait été particulièrement agitée. Ma mère ne savait pas comment l’aider et était dévorée par l’inquiétude.
J’ai rejoint l’Ilharess au dépot de Nargraw Nord. L’inquiétude de ma mère m’avait gagnée. Je me demandais dans quel état j’allais la retrouver. Mais elle allait plutôt bien. J’ai essayé de la faire parler de ce qu’il s’était passé la veille mais elle était agacée. J’étais sur le point de repartir pour la laisser tranquille quand finalement, elle a accepté de se confier.
Elle disait lutter entre la raison et la passion. Sa raison lui disait de ne pas reproduire les mêmes erreurs et s’éloigner de Killya et sa passion lui réclamait sa femelle. Cette lutte interne l’épuisait. Elle ne voulait plus faire souffrir ceux qu’elle aimait et se sentait responsable par son attitude parfois distante qui provoquait de la douleur chez eux. Pourtant, elle avait besoin parfois de cet isolement.
J’ai alors essayé de lui faire comprendre que ceux qui l’aimaient devaient l’accepter telle qu’elle était. Et si cela était douloureux pour eux, elle n’en était pas responsable. Cette souffrance leur appartenait et c’était à eux d’apprendre à la gérer. Je lui ai donné comme exemple ceux qui l’aimaient en secret et qui souffrait de son indifférence. Je pensais bien sûr à moi en parlant ainsi. Je ne sais pas si elle a fait le rapprochement. Je lui ai aussi parlé de ma mère qui prenait son besoin d’isolement pour un rejet.
L’Ilharess a semblé réfléchir. Elle trouvait mes paroles sages mais elle se sentait toujours coupable. Elle m’a pris soudain les mains en souriant me demandant de parler de moi. J’ai été surprise et heureuse de ce contact si proche et si tendre. Je lui ai parlé de mon angoisse de perdre Kely, de sa lettre qui ressemblait à une lettre d’adieux. J’étais prête à tout pour mon mâle bleu même à me séparer de lui si il en était plus heureux. Elle pensait que Kely devait trouver lui même les raisons de ses accès de colère. Son mois d’isolement lui permettrait sans doute d’aller mieux.
Je ne sais plus bien ensuite de quoi nous avons parlé mais j’étais heureuse des confidences que nous nous faisions mutuellement. Je caressais de temps en temps ses mains qu’elle avait toujours dans les miennes. Elle n’avait aucune réaction de rejet. Elle m’a soudain affirmé que son dos s’était à nouveau tendu à cause de sa nuit agitée. Je lui ai bien sûr proposé de la masser.
Nous sommes allés dans la petite maison où nous nous dormons souvent avec Kely. Elle la connaissait : ma mère l’y avait déjà conduite une fois. Elle s’est déshabillée et s’est installée sur le ventre. Je ne pouvais m’empêcher d’admirer son corps nu mais je n’ai pas osé me déshabiller… après tout, je n’étais là que pour la masser… même si mon coeur battait à tout rompre et sentait qu’elle ne m’avait pas attirée là que pour un massage.
J’ai sorti l’huile parfumée à la rose sombre que j’avais préparé pour elle. Elle a semblé apprécier cette attention et j’ai commencé mon massage. Parfois, mon corps frôlait le sien et je sentais le désir me gagner. Mon massage devenait caresses. Kharya m’a laissé faire.
Je lui ai alors avoué dans un murmure qu’il m’arrivait de me réveiller près d’elle et que j’avais beaucoup de mal à me séparer de son corps. Elle a souri en me demandant de lui montrer ce que je faisais quand çà arrivait. Le trouble me gagnait… Je savais ce qui allait se passer. Je le redoutais et l’espérais.
Je me suis dénudée en expliquant que ma mère et elle dormaient nues l’une contre l’autre. Elle m’a laissé faire acquiesçant doucement. Je me suis mise contre son dos en l’enveloppant de mes bras. Elle a posé ses mains sur les miennes entrecroisant ses doigts dans les miens. Mon coeur battait à tout rompre. J’ai embrassé très délicatement sa nuque puis enhardie son épaule.
Elle s’est tournée vers moi en souriant. Elle a commencé à me caresser et je lui rendais la pareil. C’était doux et tendre. Nous hésitions toutes deux à aller plus loin mais le désir que je lisais dans ses yeux et celui qu’elle devait lire dans les miens à fait le reste. Nous nous sommes offertes l’une à l’autre dans une étreinte d’une rare délicatesse. J’étais parfois peu assurée dans mes gestes mais sa voix douce et ses caresses, qui ne cessaient de m’encourager, m’ont libérée petit à petit.
J’espère ne pas avoir été une amante trop inexpérimentée pour elle… Je n’ai pas osé lui demander. Je crois que comparée à ma mère, je dois lui paraître bien maladroite. Je me suis endormie contre elle.
A mon réveil, elle était toujours là, caressante. Nous avons à nouveau beaucoup parlé de nous. Elle s’inquiétait de me faire souffrir. Je tentais de la rassurer : j’avais d’autres amants. Je me demandais d’ailleurs comment j’en étais arrivé à en avoir autant… Elle me parlait de son expérience à multiplier les amants. Elle voulait que je fasse attention à toujours prendre soin d’eux. Elle ne voulait pas être privilégiée par rapport aux autres. Elle disait qu’il était parfois très dure à supporter de décevoir un de ses amants pour aller avec un autre. Elle craignait que je souffre comme elle avait souffert parfois.
Je savais qu’elle avait raison. Je me sentais parfois débordée par tout l’amour que tous m’offraient. Et, je ne savais plus parfois avec qui je devais passer la nuit sans en blesser aucun. Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait mais je sais que j’aime parler avec Kharya et j’aime être son amante.
Je l’ai embrassé voluptueusement avant de lui proposer de voir ma mère. Elle a accepté, heureuse que je lui propose. Je l’ai laissé tandis que mon coeur bondissait de joie de la voir sourire largement à nouveau.