Mon repos a été troublé de mauvais rêves. Véreux est venu me voir en renouvellant sa déclaration de faire de moi sa concubine. Il a dit que « C’est pour bientôt ». C’est Vulgor qui lui a dit que sa visite me ferait plaisir. Je crois qu’il va tellement souffrir lors de son interrogatoire qu’il sera incapable de pouvoir répondre si je ne retrouve pas mon calme d’ici là.
J’ai rêvé d’une cérémonie de mariage. J’étais aux côtés de Nevros devant la pierre de Narleyka, ma main droite posée sur sa main gauche, nos poignets liés par une cordelette d’argent. Le Féal Nati nous faisait face lisant un vieux grimoire. Les hordes de monstres gardaient les portes du fort aux renards pour empêcher les aventuriers d’interrompre le rituel qui me rendrait féconde à l’engeance féale. Je ne luttais pas, la menace de détruire mon peuple m’obligeant à plier à leur volonté. J’entendais les sombres se battre, périr et revenir sans relâche pour me sauver. Je sentais la douleur de Mulvaar, son désespoir, sa haine et sa rage.
Puis le rêve s’est troublé et un nouveau s’est formé. J’étais en train de donner naissance à l’enfant de Nevros. Un monstre hideux qui me déchira les entrailles. Couvert d’écailles noires comme les ténèbres, des yeux verts perçants un souffle fétide et brûlant, des ailes en peau immenses couvrant les rayonnements du soleil et des lunes. J’entendais le rire de Nevros, sa jubilation de voir son petit trésor faire ses premiers pas et se tourner vers moi pour calciner sa mère mortelle.
Je me suis réveillée en sursaut, en sueur et frissonnante. Mulvaar était là comme il l’avait promis. Je me suis blottie contre lui, respirant son odeur pour me calmer.