Cela fait longtemps que je n’ai pas ouvert ce journal. J’étais sur le point de quitter les ilots sans être certaine de pouvoir y revenir. Finalement, j’ai pu retrouver Arahda et Os’. Mon mâle était d’ailleurs bien mal en point, blessé par une lame empoisonnée en fuyant le clan Rahâl. Ils avaient trouvé refuge aux abords du village Galdur où était né mon fils. Os’ avait voulu se mettre en marge du village pour que le don empathique d’Arahda ne crée pas de trouble.
Apparemment, cette mauvaise utilisation était la cause des troubles dans le clan qui les avait accueillis. Il s’est mis à influencer les sombres qui savaient le moins maîtriser leurs émotions pour les monter les uns contre les autres. La Matriarche ne tarda pas à être pointée du doigt comme responsable des actes de son pupille. Os’ a préféré fuir avec l’enfant que de risquer qu’Arahda soit exécuté pour avoir causé une guerre interne.
Quand je me suis retrouvée en face de mon fils, dans cette grotte isolée, j’ai d’abord ressentit une certaine appréhension. Il a tout de suite deviné à mon regard qui j’étais et qu’il ne pourrait pas jouer avec moi. Puis, j’ai ressentit de l’inquiétude et j’ai compris que son père n’allait pas bien. Arahda ne parle pas, je ne l’ai pas entendu prononcer un seul son. J’ai passé plusieurs jours à mettre au point diverses potions d’antidote pour baisser la fièvre et enrailler les effets du poison.
Os’ a finit par s’en sortir et a reprit des forces peu à peu. Je lui ai parlé des événements majeurs pour les sombres de Draïa mais aussi ceux de ma vie personnelle. Savoir que j’ai des amants l’a toujours peiné mais il l’acceptait. Apprendre que je souhaitais m’Unir l’a quelque peu ébranlé. Moi qui avait toujours rejeté cette idée. Mais voir que j’étais venue à son appel l’a rassuré sur l’importance que mon fils et lui ont pour moi.
Je n’ai rien eu besoin d’expliquer à Arahda. Il lui a suffit de lire en moi pour comprendre même s’il a semblé un peu triste quand je lui ai dit que je devais repartir. Je lui ai promis que quand il serait en âge de traverser la mer intérieure, il pourrait venir me rejoindre. J’ai donc repris la route, les laissant vivre tranquillement ici, faisant promettre à mon fils de n’utiliser ses dons que sur ses ennemis et pas sur ceux qui lui apportent de l’aide.
Je n’ai pas eu l’occasion de discuter beaucoup de cela en revenant. Notamment parce que je dû tout de suite me remettre à mon travail de Chambellan. Comme je le craignais, une grave crise avait éclaté en mon absence sur Séridia. Les Sombres n’étaient pas dans le coeur du conflit mais les tourments accablaient les Sinans.
Alak et Mulvaar se sont inquiétés de savoir si j’avais retrouvé ceux que j’étais parti secourir mais n’ont pas semblé vouloir plus de détails. Quand à Khaena, j’étais heureuse de l’avoir vu revenir pour le peuple avant que je parte, heureuse de pouvoir à nouveau échanger avec elle. J’aime lui parler, il y a certaines choses pour lesquelles elle est plus réceptive et de meilleurs conseils, plus rassurante, que peut l’être mon Sombre.
Mais finalement, elle a gardé l’espoir que cette envie de communiquer était un signe que je lui portais encore le même amour passionné. Elle est pour moi une Soeur proche, j’aurais aimé garder des liens privilégiés avec elle mais pas de plaisir physique. Elle ne l’a pas accepté et dernièrement, elle m’a lancé que me parler était une souffrance. Alors, je me suis tu. Elle ne m’a plus reparlé depuis et a fuit ma présence.
Aurais-je du la retenir ? Non, je ne le crois pas. A quoi bon lui faire penser qu’il y aurait encore de l’amour ou céder à ses avances juste pour la garder près de moi sans pour autant lui offrir tout ce qu’elle attend de moi ? Je suis le mal qui la ronge, le mieux que je puisse faire, c’est la laisser s’éloigner de ma toile. Au final, mâle ou femelle, tous, je les détruis. Je n’arrive plus à m’en vouloir. Mulvaar sera le dernier, qu’il survive ou non.