L’opportunité s’est trouvée lors d’une demande sur le marché dans le courant du fingelien 378. Le sinan Nogusta dont j’avais déjà pu apprécier les compétences en matière d’art sombre, cherchait un coursier contre rémunération.
J’ai pris alors contact avec lui, et j’ai négocié la course non pas contre des lumens mais contre un cours sur l’art ultime comme il l’appelle. J’étais décidé puisque je n’arrivais pas à oublier cette pratique, puisqu’elle faisait partie de moi, de la contrôler.
Il était temps d’inverser les choses.
Il a été plus que surpris, il a accepté non sans un certain plaisir de voir un bleu lui faire ce type de requête. Il n’avait pas le temps de le faire dans la foulée des achats, nous avons donc convenu de nous retrouver un peu plus tard. Je me demandais s’il allait honorer le contrat.
Il l’a honoré.
Il m’a effectivement recontacté quelques heures après. Nous nous sommes donné rendez-vous à Galein’th Aseyis pour partir ensuite dans une contrée hostile.
J’avoue avoir craint une embuscade. Nous sommes allés dans le désert de Taharadji, dans un endroit particulier.
J’étais sur le qui vive, mais tout s’est bien passé.
Nous nous sommes installés et il m’a demandé ce que je connaissais de l’art ultime. Il a écouté, réprimant de temps en temps un sourire. Je n’ai rien caché de mes faiblesses. J’étais justement là pour y remédier.
Il m’a expliqué à son tour ce qu’il voyait dans cet art. J’ai écouté attentif, j’ai entendu un autre discours que celui que j’avais eu l’habitude d’entendre petit. J’ai commencé à me réconcilier avec ce grand-père sur qui j’avais rejeté toute la faute. J’ai compris qu’il ait pu être attiré intellectuellement par cet art. Seul ce qu’en font les hommes, humains, bleus ou autres sans conscience en fait un art décrié.
Il a ensuite sondé ma capacité. Il a décelé en moi une qualité peu commune qui fait les grands nécromants, mais il n’a pas caché que j’avais du travail devant moi pour l’exprimer pleinement ; Il a bien voulu m’accepter alors comme élève.
J’ai juré alors de suivre son enseignement sans rien divulguer à mon tour, je me suis lié à lui dans un pacte de discrétion mutuel.
Ainsi débuta mon apprentissage. Je dois dire qu’il m’apprit ce qu’il fallait pour maîtriser cet art et petit à petit j’ai renforcé mon esprit.
Je n’en ai jamais parlé à quiconque.
Son départ des îlots m’a un peu dérouté mais le bagage qu’il m’avait donné était suffisant pour que je puisse continuer à rester le maître sur ma vie.