Le soir même de la mort de Khalara et Kendza, même si je n’en avais aucune envie, je me devais d’accomplir mon devoir de servant auprès des femelles qui m’avaient réclamé pour la nuit… Mais la femelle responsable de mon « emploi du temps » m’a envoyée directement rejoindre la Jaliless Sentahya. Celle-ci m’avait réclamée pour la nuit utilisant son autorité pour prendre les rendez-vous destinés à d’autres femelles.

Je me demandais ce qu’elle me voulait. Je l’avais déjà servi une fois : son mâle avait été tué lors du massacre du clan et elle avait eu besoin du réconfort d’un servant comme beaucoup d’autres. Depuis, elle ne m’avait plus réclamé. Mais, ce jour-là, j’avais surpris son regard quand j’avais tenu Kendza agonisante entre mes bras. Pourquoi avait elle ressenti le besoin de me solliciter? Est ce qu’il y avait un rapport avec le geste que j’avais eu pour Kendza?

Je me suis rendu dans sa chambre. Elle m’attendait. Elle ne montrait aucune expression visible : « Masse moi, servant! ». Le ton était autoritaire. J’ai obéi sans y trouver le plaisir habituel que j’éprouvais à toucher le corps d’une femelle. Je ne pouvais m’empêcher de penser à Khalara et Kendza… J’ai continué mécaniquement, finissant par lui donner le plaisir qu’elle était venue chercher, du moins c’est ce que je supposais.

Elle a commenté ma prestation : « tu m’as habitué à mieux, servant! ». Puis, elle a ajouté avec un air faussement amusé : « Un problème? ». Je l’ai regardé me demandant où elle voulait en venir. Cherchait elle à provoquer ma colère? Je n’ai rien répondu crispant les mâchoires et me murant dans le silence. Elle s’est mise à rire : « Ne me dis pas que toi, un servant, tu étais tombé amoureux de celle qui était censée te former? ». Je détestais son rire et le mépris qu’elle affichait mais je retenais ma rage.

Elle a continué : « Ce qui m’étonne le plus, c’est que Kendza ait pu tomber aussi bas… ». Elle n’a pas pu continuer. Je m’étais jeté sur elle la prenant à la gorge cherchant à l’étouffer : elle pouvait dire ce qu’elle voulait de moi mais elle ne pouvait pas dire de mal de Kendza. Je serrais sa gorge le regard meurtrier. Elle ne luttait pas, ne montrant aucune peur. Sans doute que si elle l’avait fait, je l’aurais tuée telle une proie qui se débat et dont le prédateur abrège les souffrances pour avoir la paix.

J’ai fini par me rendre compte de ce que je faisais : j’étais en train d’attenter à la vie d’une femelle sombre et jaliless de surcroît. J’ai relâché l’étreinte, tombant à ses pieds, un genoux à terre, la tête baissée affichant ainsi le geste de soumission du mâle sombre attendant la sentence d’une femelle. Elle est restée silencieuse pendant de longues secondes. Je savais que je méritais la mort ou au minimum de longues séances de tortures mais çà m’était égale : plus personne ne m’attendait désormais…

Puis, j’ai senti sa main dans mes cheveux : une tendre caresse. J’ai relevé la tête surpris toujours à un genoux à terre devant elle. Elle avait un petit sourire triste, sa voix était douce : « Tu n’es pas le seul à avoir perdu quelqu’un de cher, Yloken. Nombreux sont ceux qui ont souffert des erreurs de jugement de l’Ilharess ». Je me suis relevé en la prenant dans mes bras cherchant ses lèvres. Elle a posé un doigt sur les miennes en me murmurant à l’oreille : « il n’y a que mon mâle qui a le droit d’y goûter ». Mais, j’ai continué à la caresser, sa tendresse me rappelait Amahya et j’avais tellement besoin de réconfort. Je l’ai porté jusqu’au lit lui offrant une douce étreinte à laquelle elle répondait avec chaleur.

C’est elle qui m’a finalement donné du plaisir. Je me suis laissé emporter, ne me méfiant pas… J’ai compris trop tard qu’elle était en train de m’asservir. Kendza m’avait pourtant déjà mis en garde contre cette technique que connaissent les femelles sombres. Cela leur permettait de s’assurer de la fidélité d’un mâle. Mais elles utilisaient rarement cette technique car le mâle asservi n’était plus que l’ombre de lui-même. Il devenait hagard complètement dépendant de la femelle, la suivant partout comme un chien obéissant. La plupart du temps, elles n’utilisaient cette technique que sur des esclaves pâlots. Toutefois, il arrivait qu’un mâle sombre tombe entre leurs griffes. En général, il était la victime d’une bataille entre deux femelles qui se disputaient ses faveurs. L’une des deux finissait par l’asservir pour l’avoir à sa botte. Mais, le mâle n’avait plus rien à voir avec ce qu’elle avait connu et elle finissait par s’en lasser. Le mâle asservi délaissé finissait par mourir incapable de supporter l’abandon de la femelle qui l’avait asservi.

Pourquoi Sentahya tentait elle de m’asservir? J’ai essayé de lutter mais elle m’avait attaché les mains au bord du lit sans que je me rende compte. Elle continuait ses caresses qui me procurait un plaisir que je n’avais jamais connu auparavant. Elle me susurrait d’une voix sensuelle avec comme de la tristesse de la voix : « laisse toi faire Yloken… ». J’essayais de lutter pour ne pas succomber mais je ne suis qu’un mâle sombre… et c’était tellement enivrant… Sans doute, que si je n’avais pas été aussi perturbé par la mort de Khalara et Kendza, j’aurais pu résister…

J’ai du crier mon plaisir comme je n’avais jamais crié auparavant. Je tremblais regardant Senthaya avec des yeux perdus. Elle me caressait la joue tendrement toujours avec ce regard triste : « pardonne moi Yloken mais il faut que je m’assure que tu feras ce que je te demanderais et que jamais tu ne me trahiras… ». J’ai eu la force de demander : « Pourquoi? ». « Parce que tu es celui qui va permettre à notre peuple de revivre… tu vas tuer l’Ilharess qui est en train de le détruire à petit feu. Elle a oublié qu’elle était là pour servir son peuple et non pour s’en servir… »

Et elle a recommencé, encore une fois, voulant s’assurer de mon total asservissement. La dernière fois, elle m’a détaché, je n’étais plus à sa merci physiquement mais je l’étais totalement psychologiquement. Elle m’a demandé de lui offrir du plaisir : « donne moi le maximum de ce que tu peux m’offrir! ». J’ai obéi… espérant que je la contenterai assez pour qu’elle m’offre à nouveau la « récompense » dont je ne pouvais déjà plus me passer.

Est ce qu’un mâle sombre peut asservir une femelle? Je ne sais pas mais je crois que Sentahya ne s’attendait pas aux plaisirs que je lui ai donné ce jour-là… Ses cris de plaisirs résonnaient en moi comme autant d’incitation à la contenter encore plus. Je n’ai arrêté qu’à l’aube incapable d’en faire plus pendant qu’elle m’offrait ma « récompense »…