Categorie: Journaux d’Atys


Kyshala

Je me nomme Kyshala. Je suis une Fyros.

Mon peuple s’était réfugié dans les profondeurs d’Atys à la suite de ce que l’on a appelé le Grand Essaim. Il s’agissait d’une invasion de kitins, de gros insectes géants, qui détruisaient tout sur leur passage. Les quatre peuples homins qui vivaient jusque là séparés, les Fyros, les Zoraïs, les Trykers et les Matis, ont du apprendre à vivre ensemble dans les terres anciennes.

Les années ont passé et petit à petit les premiers courageux ont rejoint la surface. Ils ont commencé à sécuriser certains territoires. Mais tout était à refaire et à reconstruire : les villes, les routes. Enfant, je regardais avec envie, les plus aventureux partir vers le nouveau monde. Tous savaient que même si les territoires étaient « sécurisés », le danger était toujours présent.

Devenue adulte, je me suis décidée à rejoindre moi aussi la surface. J’avais besoin de voir autre chose et de réaliser mon rêve d’enfance.

J’ai préparé mon sac. Puis, j’ai embrassé mes parents et ma petite cousine Shaakya. Je savais que je ne les reverrais pas avant longtemps et peut-être même jamais…

Je suis partie le coeur à la fois douloureux et en même temps empressée de découvrir ce nouveau monde qui m’avait tant fait rêvé.

Silan

Je suis arrivée dans le camp de réfugiés de Silan. C’est à cet endroit qu’on accueille les réfugiés comme moi. C’est un endroit plus sécurisé qu’ailleurs où l’on nous forme à survivre avant de nous laisser définitivement partir à l’aventure rejoindre notre ville de rattachement.

C’est Chiang le Fort, un zoraï qui m’a tout d’abord accueilli. Il m’a envoyé directement voir une zoraï qui semblait dormir debout constamment : Unoirrin Cepao. Quand elle se réveillait, elle avait au moins l’avantage de savoir exactement où je pouvais trouver les meilleurs entraîneurs de la région.

J’ai alors rencontré Guilan Guiter. Quand Unoirrin Cepao m’avait parlé d’un entraîneur au combat, je m’attendais à rencontrer un homin. Guilan Guiter était en fait une fyros. Elle m’a appris les bases du combat.

A sa demande, j’ai alors tué mes premiers yubos allaitants. Au début, j’avais une certaine appréhension. J’aimais bien ces petites bestioles attendrissantes et aboyantes qui parfois se dressaient sur leurs pattes arrières pour mieux vous regarder. Mais, je savais que si je ne m’endurcissais pas, j’aurais du mal à survivre ici. Il s’agissait sans doute d’un test que me faisait passer Guilan Guiter. Je suppose que peut-être déjà là certains échouaient et retournaient dans les profondeurs…

Je me souviens de Zakarta, une petite triker blonde complètement perdue qui m’avait demandé si j’avais des bottes pour elle. J’ai essayé de lui montrer comment trouver les ingrédients en chassant des yubos pour avoir les peaux. Je lui ai indiqué l’entraîneur d’artisans qui lui apprendrait comment fabriquer ses premières bottes elle même. J’ai vu à son regard qu’elle était complètement dépassée par ce qu’il lui arrivait. Elle s’est soudain mise à pleurer. Je l’ai prise maladroitement entre mes bras essayant de la réconforter. Je lui ai dit que je l’aiderai qu’il ne fallait pas qu’elle s’inquiète. Elle s’est soudain sentie un peu mieux, retrouvant le sourire. C’est du moins ce qu’il me semblait. Elle m’a ensuite dit qu’elle se sentait fatiguée. Je l’ai laissée se reposer dans un coin protégé du camps de base. Je ne l’ai jamais revue. Est-elle retournée dans les profondeurs?

Quand à moi, j’ai continué à progresser. Les missions se sont enchaînées. Je devais tuer des créatures de plus en plus dangereuses. J’apprenais en plus du combat, la magie, l’artisanat et la récolte en parallèle. La magie enseignée par Nomis Merclao était passionnante. Il m’apprenait à choisir le sort le plus efficace contre les différentes créatures et comment améliorer mes sorts.

Au fil du temps, je devenais de plus en plus aguerrie. Mais dés que je me sentais trop sûre de moi, Atys me rappelait que je n’étais pas grand chose et que le danger était là guettant la moindre faute. Heureusement pour les homins imprudents comme moi, les pouvoirs des Kamis et de la Karavan, les ramènent à la vie.

Je me souviens d’un épisode surprenant alors que je m’entraînais contre des mektoubs sauvages. Ces créatures étranges avec une petite trompe, marchant la plupart du temps sur leurs quatres pattes mais parfois se redressant sur leur pattes arrières, servaient d’animaux de bat, une fois domestiqués. Ils n’avaient pas de sabots mais des sortes de grandes mains à gros doigts qu’ils utilisaient parfois pour frapper ceux qui s’en prenaient à eux.

J’étais en train de me reposer en soignant mes blessures après avoir tué quelques uns d’entre eux pour m’entraîner au combat et récupérer quelques matières premières, quand plusieurs mektoubs se sont approchés de moi, en me regardant. J’ai eu un instant de frayeur. Je savais qu’ils avaient parfois tendance à se défendre en groupe contre les prédateurs. Et j’en étais un… mais j’étais tellement mal en point que j’aurais eu du mal à résister à leur groupe. Je n’ai pas bougé, restant assise calmement, espérant qu’ils allaient continuer leur chemin. Ils m’ont finalement entourée me coupant toute retraite. L’un d’eux s’est alors approché de moi. Je fermais les yeux espérant toujours qu’ils ne seraient plus là quand je les rouvrirai. Et j’ai senti la « main » du mektoub sur ma tête comme une douce caresse. J’ai ouvert les yeux. Il me regardait d’un air doux et placide. J’avais l’impression qu’ils s’inquiétaient pour moi et qu’ils m’avaient entourée ainsi pour me protéger de la vue des torbaks qui rodaient non loin de là. Ils sont ensuite partis tranquillement quand je me suis sentie mieux.

A compter de ce jour, j’ai eu extrêmement de mal à tuer à nouveau des mektoubs. Les autres se moquaient de moi et de ma répugnance mais ce que j’avais vécu ce jour là, m’avait marqué à jamais.

Je commençais tout juste à oser m’enfoncer un peu plus dans les coins reculés de Silan quand j’ai rencontré Kyam, une zoraï aventurière comme moi. Elle m’a appris énormément mais surtout nous avons beaucoup ri ensemble. Elle avait un côté délirant tellement surprenant chez cette grande zoraï toute bleue, alors que son peuple est parfois si distant et méprisant envers les races « inférieures » que sont les autres peuples homins pour eux. J’adorais me moquer d’elle et de son masque. J’affirmais en riant que c’était parce qu’elle cachait derrière une trompe de mektoub. Mais je savais que porter ce masque était une sorte de rite de passage à l’age adulte chez les zoraïs, un don que leur avait fait les Kamis. Mais elle ne se vexait jamais prenant tout cela toujours avec beaucoup d’humour.

Je l’ai perdu de vue quand j’ai rejoint Pyr la ville des Fyros, mon peuple. Elle me manque…

Oudline

C’est sur Silan que j’ai rencontré Oudline, un matis. Au début, j’ai surtout entendu les allusions que lui lançaient la plupart des aventuriers. Oudline semblait aimer les homines et était connu pour cette tendance à vouloir les charmer. D’ailleurs, à ce moment là, on le taquinait souvent parce qu’il passait son temps derrière les jupes de Judiine.

Toutefois, j’aimais assez son humour et malgré la méfiance que m’inspirait naturellement les matis, je sentais qu’il était différent des autres. Il n’était pas prétentieux et imbu de lui-même comme peuvent l’être les autres membres de son peuple et il y avait une douceur surprenante dans son regard émeraude.

Au début, j’ai été un peu vexée quand il m’a appelée pour la première fois « Kysh » rappelant ainsi, avec ce surnom, un plat que certains cuisinaient. Sur le moment, je n’ai pas vraiment su comment réagir puis j’ai trouvé ma petite vengeance. Puisqu’il me donnait un surnom ridicule, je lui en donnerais un moi aussi. Quand, je l’ai appelé pour la première fois « Doudouline » sur les ondes communes, beaucoup ont ri. Oudline quand à lui, l’a assez bien pris. Il m’a avoué par la suite qu’il ne m’avait affublée de ce surnom ridicule que pour attirer mon attention. Il avait réussi.

Les jours ont passé. Une drôle d’amitié a commencé à naître entre nous. Oudline était toujours présent. Il connaissait bien mieux Silan que moi et savait toujours comment me dépanner et m’aider. Je me doutais que lui ne voyait pas de l’amitié entre nous mais cherchait à me séduire. Mais le croyant avec Judiine, je ne répondais pas à ses avances. Et puis, j’étais réticente à vivre une nouvelle histoire d’amour avec quelqu’un après avoir vécu une série de liaisons qui s’étaient toutes terminées très mal…

Mais, un jour, il m’a annoncé son départ pour la ville. Je pensais qu’il allait se rendre à Yrkanis, la ville matis. Mais, il comptait aller vivre à Pyr, la ville fyros. J’étais stupéfaite : pourquoi un matis irait vivre parmi les fyros ? Il m’a avoué que la plupart de ces amis y étaient et surtout que sa cousine fyros, Naacre vivait là bas depuis longtemps. Comment un matis pouvait il avoir une cousine fyros? Ils s’étaient en fait découvert une lignée commune. Durant une guerre, leurs ancêtres communs avaient eu une liaison… Décidément Oudline était un matis très spécial…

Il m’a alors demandé si je voulais l’accompagner avec Judiine et un autre homin. Étonnée, j’ai préféré lui dire que je ne me sentais pas encore prête mais que je viendrais lui dire au revoir au téléporteur. Il semblait déçu et a tenté de trouver mille arguments pour me faire venir. Mais, c’est en fait Judiine qui m’a convaincue. Elle m’a affirmé que contrairement à ce que je pensais, elle n’était pas l’amante de Oudline. Mais surtout, il était bien plus facile de découvrir la ville si on y allait en groupe d’amis.

Je pensais à Kyam… Cela faisait plusieurs jours que je ne l’avais pas croisée. Nous avions parfois parlé de notre départ pour « la ville ». Il m’avait semblé à ce moment là, qu’elle aurait voulu que je vienne avec elle à Zora, la ville de son peuple. Mais ces derniers temps, elle était de plus en plus souvent avec Kalondu, un zoraï comme elle. J’osais de moins en moins m’immiscer entre eux, supposant peut-être à tord qu’ils avaient envie d’être seuls.

Je réfléchissais à tout çà tandis que Oudline retardait son départ pour avoir ma réponse. Il semblait énormément tenir à ma venue. Et Judiine insistait pour que je vienne, affirmant que Oudline tenait beaucoup à moi. J’ai finalement accepté de partir avec eux. J’ai vu le visage d’Oudline s’illuminer.

Tout s’est alors précipité, comme si il avait peur que je change d’avis. Nous sommes partis très vite pour Pyr. Naacre était là, semblant nous attendre. Elle a commencé à nous offrir de quoi survivre. Elle nous a donné des dappers que j’ai voulu refuser mais elle a insisté affirmant qu’elle était « riche ».

Une des premières choses que j’ai acheté est un mektoub de monte. Il avait l’avantage outre de pouvoir me transporter plus vite, de porter une partie des pauvres richesses que j’avais pu accumuler jusqu’ici. Je lui ai donné le nom de Ganesh. La première fois que je l’ai monté, le pauvre a du être surpris par mon inexpérience et il est parti au grand galop droit devant lui. J’entendais Oudline me crier des conseils que je ne comprenais pas, tandis que j’étais ballottée en tout sens, incapable de le maîtriser.

Accrochée comme je le pouvais à l’encolure de Ganesh, je voyais arriver le bord d’une falaise droit devant. J’ai fermé les yeux m’attendant au pire. Heureusement, Ganesh s’est arrêté juste à temps manquant de me faire basculer dans le vide. Oudline est arrivé en courant suivi de Naacre, le regard inquiet. Je tremblais de peur incapable de bouger. Ganesh était dans le même état. Nous n’osions plus faire un seul mouvement. Nous apercevions en contrebas des créatures des plus agressives, qui attendaient que nous tombions pour leur servir de steaks de mektoub et d’homine.

J’essayais de me calmer sentant que mon angoisse ne faisait que démultiplier celle de Ganesh. Oudline a bien compris la situation. Il a parlé calmement très doucement. Il m’a conseillé de descendre de mon mektoub, puis de lui demander de me suivre. J’ai eu du mal à descendre mais la voix de Oudline était rassurante. J’ai fini par y arriver. J’ai pris les rênes de Ganesh en le tirant très légèrement avec une voix douce. Il a obéi et nous avons fini par rejoindre Oudline qui a poussé un soupir de soulagement. Il nous avait sauvés. Je l’ai remercié et je suis finalement remontée sur Ganesh pour le conduire à l’étable, afin qu’il se remette de ses émotions.

Cet incident a commencé à provoquer un trouble chez moi… Oudline était sans doute bien plus que le simple charmeur d’homines que j’avais toujours cru qu’il était.

Et c’est après une journée épuisante d’entrainement que j’ai accepté de le suivre au jacuzzi de Pyr. Je savais bien ce qu’il allait se passer. Mais après tout, cela faisait longtemps que je n’avais pas eu droit au réconfort des bras de quelqu’un. Nous nous sommes lavés mutuellement. Puis, un massage qui s’est transformé en caresses sensuelles. Je me suis inquiétée, nous risquions d’être surpris. Le jacuzzi était un lieu public très apprécié dans le pays désertique fyros.

Oudline a alors demandé les clés de l’appartement de Naacre qui nous les a données avec un petit sourire aux lèvres. Les nuits qui ont suivi, ont été merveilleuses, à la fois torrides et pleines de tendresse, comme si nos corps s’attendaient depuis longtemps et s’étaient enfin trouvés.

Les légions fyros

Un jour, Oudline m’a fait remarquer qu’il portait désormais le même écusson que Naacre. Il s’agissait de l’écusson d’une guilde : Les légions fyros. Il m’a expliqué qu’il avait obtenu tout récemment la citoyenneté fyros après avoir accomplis une série de missions que les responsables de mon peuple, lui avait demandé de réaliser. En tant que matis, il avait eu bien plus à prouver qu’un simple fyros.

Cette étape était une condition obligatoire pour entrer au sein de la guilde de sa cousine Naacre. Il m’a demandé presque timidement, si j’allais le rejoindre. Les légions fyros étaient une guilde militaire entièrement dévouée à la défense du territoire fyros. J’étais dubitative… Entrer dans une organisation militaire ne me plaisait pas vraiment. Il a insisté, s’inquiétant de ma protection quand il n’était pas là. Son côté protecteur était touchant et j’ai fini par accepter.

C’est là bas que j’ai rencontré pour la première fois Glorf, Dinomir, Morandy et Eeri. Tous trois étaient fyros comme moi. Glorf était le chef de la guilde. Il était du genre bourru. Dans les combats, il préférait je crois « foncer dans le tas » avec sa hache à deux mains. Plus réservé, Dinomir était quand à lui un grand magicien aussi bien dans la magie curative que destructrice. Morandy était quand à lui beaucoup plus discret que les autres mais comme tous les membres de la guilde, il était toujours près à aller au combat. Quand à Eeri, elle était à la fois magicienne et combattante. Nous nous sommes tout de suite entendue. Elle était toujours prête à partir en expédition, au combat ou à la taverne de Pyr. Nous nous entraînions souvent ensemble : moi j’avais besoin de m’améliorer en combat et elle en magie.

Quand Oudline n’était pas là occupé à d’autres activités, je passais la plupart de mon temps avec elle. Est ce que c’est cette affection que j’avais pour Eeri, qui a fait peur à Oudline? Il savait qu’il m’était arrivé d’avoir des liaisons avec des homines. Un soir alors que nous étions à la taverne, nous y avons croisé Eeri. Celle-ci voulait me faire goûter à toutes sortes d’alcool comme de la bière de shooki. Oudline désapprouvait déclarant qu’elle allait me pervertir. J’ai secoué la tête stupéfaite. Celui-ci me connaissait donc bien mal. Comment pouvait il affirmer cela ? Me croyait il si naïve ? Sans doute était ce de ma faute : je ne lui avais jusqu’ici, montré qu’un aspect de ma personnalité : le côté naïf et doux. Pourtant, il m’arrivait d’être aussi agressive qu’un gingo et aussi piquante qu’une slaveni.

Oudline a fini par vouloir aller se coucher mais je ne l’ai pas suivi, je voulais rester encore un peu et puis j’étais agacée par l’impression qu’il ne me voyait que comme une douce zoraï un peu sotte. Comme il s’étonnait que je ne le suive pas, j’ai dit en plaisantant que Eeri et moi, nous allions faire des choses innommables dés qu’il aurait le dos tourné. Et Eeri a bien sûr renchéri pendant que Oudline quittait la taverne en nous souhaitant une bonne nuit. Tout ceci n’était que plaisanterie. J’ai d’ailleurs quitté moi aussi la taverne peu de temps après. Mais, je crois que cet incident l’avait bien plus blessé que je ne l’imaginais.

Quelques jours plus tard, la guilde a organisé une expédition pour Thesos, une ville fyros perdue dans le désert. Quand je suis arrivée, toute la guilde était rassemblée à la taverne de Pyr. Oudline était déjà là. Nous sommes partis très vite. La route était longue et dangereuse. Je savais que la guilde organisait surtout cette expédition pour moi afin que je puisse accéder au téléporteur de Thesos, pour ainsi par la suite, pouvoir me rendre plus facilement dans cette ville. Ils étaient là pour m’escorter et me guider aux travers des dangers qui allaient jalonner la route.

C’est avec pas mal d’appréhension que je les ai suivi. J’étais plutôt maladroite ne sachant pas trop me comporter lors des combats : devais je fuir ? ou devais je tenter d’aider avec mes faibles compétences aux risques de prendre un coup et d’obliger les soigneurs à me relever les détournant des combattants? J’ai préféré la deuxième solution même si je n’étais pas fière quand une créature finissait par se retourner contre moi et me mettait à terre en un coup…

Nous avons fini par arriver à Thesos. Terres très excentrées de tout, entourées de zones peuplées de créatures dangereuses et agressives : varynx et ocyx en tête. Mais, elle avait l’avantage d’avoir une superbe taverne au dessus de l’eau. C’est là que nous avons fait une halte. Oudline a commencé à me faire remarquer que je ne l’avais pas embrassé. Je trouvais la remarque un peu déplacée dans ce contexte d’expédition. Je lui ai répondu que j’étais plutôt réticente en général à exprimer mon affection en public et qu’en l’occurence nous n’avions pas eu le temps de nous retrouver seul avant le départ. C’est là qu’il a commencé à dire qu’il n’aimait pas beaucoup être en groupe et préférait de beaucoup être seul avec moi. Je ne sais pourquoi j’ai ressenti cette petite reflexion comme un étau qui se refermait sur moi. J’avais l’impression qu’il ne me voulait qu’à lui et que çà le dérangeait que j’apprécie d’être avec d’autres personnes que lui…

Glorf a alors proposé de continuer pour rejoindre Zora la capitale Zoraï. Oudline a alors déclaré qu’il allait s’arrêter ici, qu’il était trop fatigué pour continuer. Dinomir s’est arrêté là aussi. J’hésitais : si je poursuivais la route avec la guilde j’avais peur que Oudline ne le prenne comme un rejet mais j’avais vraiment très envie de continuer et découvrir le pays jungle. Je me suis finalement dit qu’il allait bien falloir qu’il s’habitue à mon besoin de liberté et de découverte si il voulait rester avec moi. J’ai annoncé que je continuais la route.

Glorf et Eeri semblaient heureux de me voir continuer avec eux mais j’ai vu Oudline tiquer. Il a commencer à me dire que Eeri était un homin manqué et qu’elle avait parfois des véritables attitudes d’homins… Je ne comprenais pas… et alors? qu’est çà avait à voir avec l’expédition? Il n’a pas vraiment répondu et s’est éloigné en me souhaitant une bonne nuit.

J’ai haussé les épaules et je me suis mise en route avec Eeri et Glorf. Je ne me souviens absolument pas de la route que nous avons prise… Je sais que plus d’une fois, il a fallu sprinter pour passer aux travers de groupes de créatures qui trouvaient la viande d’homins à leur goût. Glorf faisait ce qu’il pouvait pour nous protéger mais il a été plus d’une fois débordé. Mais après bien des résurrections, Zora était en vue.

Drôle de ville… aucune porte, aucune ruelle… une ville complètement ouverte difficile à défendre contre des invasions. Mais, on m’a expliqué que c’était volontaire. Cette façon de construire était du au massacre qu’il y avait eu dans l’ancienne capitale Zoran pendant le Grand Essaim. Des milliers de zoraïs étaient morts piétinés poussés par la panique que provoquait l’arrivée des armées de Kitins et par des portes trop étroites…

Je me suis endormie sur place épuisée et légèrement tracassée par les réactions qui me semblaient étranges d’Oudline.

Rupture

A mon réveil, je repensais à ce qu’il s’était passé la veille. J’avais une impression de malaise. Oudline était il jaloux d’Eeri ? Voulait il m’enchaîner à lui ? Je détestais çà.

Je suis finalement restée plusieurs jours sans chercher à le voir ou à le contacter. C’est finalement lui qui a rompu le silence qu’il y avait entre nous. J’ai répondu à son bonjour sans vraiment d’enthousiasme. Hypersensible comme il est, il l’a tout de suite senti. Il m’a alors reproché de ne pas avoir l’air très heureuse de l’entendre.

Que devais je lui répondre? Lui mentir et laisser ce malaise entre nous pour ne pas le blesser ou lui dire la vérité sur ce que je ressentais? J’ai finalement opté pour la deuxième solution. Après tout, il m’avait déclaré dés les premières jours de notre liaison qui ne fallait laisser aucun malentendu entre nous.

J’ai donc commencé à lui avouer que je n’avais pas beaucoup aimé sa « petite crise de jalousie » avec Eeri. Je n’ai pas eu le temps de continuer et d’approfondir, il s’est mis dans une colère violente, déclarant que nous allions arrêter là et que désormais chacun vivrait sa vie de son côté…

J’étais stupéfaite. Lui qui, il y a quelques jours encore, me déclarait que j’étais « l’homine de sa vie », qu’il voulait que nous habitions dans un appartement commun et qui avait même suggéré que nous ayons un petit homin, provoquait soudain notre rupture à notre première dispute… J’avais toujours trouvé bien trop prématuré toutes ses déclarations, moi qui avait été déjà brûlée plusieurs fois par mes différentes liaisons, mais il avait une telle fraîcheur et une telle naïveté dans son amour que j’avais eu envie d’y croire.

Je n’ai pas cherché à le retenir. A quoi bon? Je me rendais compte que sa passion était bien trop violente par rapport à ce que je pouvais supporter. J’aurais tenté de raccrocher les morceaux, ils se seraient brisés à nouveau plus tard. J’étais amère d’avoir encore cru en une histoire déjà morte alors qu’elle venait tout juste de naître. Je savais que les jours qui allaient suivre seraient particulièrement difficiles sans ses conseils et sans la protection de Naacre mais je m’étais longtemps débrouillée seule sur Silan avant de le rencontrer. Il suffisait de recommencer ici. Mais il est vrai que maintenant, je regrettais d’avoir quitter Silan pour lui, laissant Kyam derrière moi.

Je ne sais si cette rupture l’a blessé au point de le rendre agressif mais les jours qui ont suivi, m’ont plutôt conforté dans l’idée que notre rupture n’était finalement pas une si mauvaise chose. Des rumeurs, de plus en plus insistantes, indiquaient que des kitines faisaient leur apparition un peu partout. Oudline s’est mis à crier qu’il fallait fuir, ne plus rester ici que nous allions tous mourir… Glorf a tenté de le convaincre que même si ces rumeurs s’avéraient vraies, il resterait jusqu’au bout quoiqu’il advienne. Quand, j’ai indiqué que j’étais d’accord avec notre chef de guilde, Oudline a eu des paroles amères : « et bien sûr vous avez le même avis… ». Il a finalement déclaré qu’il quittait la guilde préférant ne pas saper l’ambiance trop optimiste qui y régnait. Naacre l’a suivi de peu, approuvant les paroles de son cousin.

Je me demande encore si notre rupture n’a pas provoquée celle qu’il a eu avec les légions fyros… possible… peut-être qu’il préférait ne plus m’y croiser…

Expéditions

Les rumeurs du retour des kitines ont fait revenir d’anciens légionnaires : Lurtz, Sylve, Rizel, Reen…
Tous semblaient vouloir être là pour combattre la menace. La guilde a alors organisé des expéditions vers la capitale matis Yrkanis et celle des trykers Fairhaven. C’était aussi l’occasion pour moi d’accéder à de nouveaux téléporteurs.

Il ne me reste que quelques images éparses de ses expéditions où il a fallu me ressusciter de nombreuses fois lorsque nous traversions les zones dangereuses et ceci malgré l’attention constante que mes compagnons avaient pour moi. Dinomir et Morandy, deux grands magiciens de notre groupe avaient l’oeil mais difficile pour eux de me faire tenir debout quand un seul petit coup d’une créature me mettait à terre.

C’est durant ces expéditions que j’ai appris les bases du combat. Même moi avec mes faibles compétences, je pouvais être utile. La première ligne au contact des créatures rassemblait les guerriers armés, que nous appelions les « tanks ». La deuxième ligne était composée des mages offensifs et des grands mages soigneurs. Ces derniers que l’on appelait « heal », étaient chargés de soigner les combattants de la première ligne, voir de les ressusciter si jamais ils tombaient. Quand à la dernière ligne, celle où je me trouvais, elle était chargée du soin aux mages en lançant des dons de sève, leur permettant de continuer à lancer leurs sorts magiques.

Le plus drôle a été l’arrivée à Yrkanis où Lurtz voulait aller « casser du matis ». Il s’est élancé sa hache à deux mains levée en compagnie de Glorf traversant la ville en hurlant à tout va « Force et gloire »! C’était le cri de ralliement de notre guilde. Malheureusement pour lui (ou heureusement), aucun matis n’est venu le défier pour sa plus grande déception. Nous avons même pu aller jusqu’au trône de leur dirigeant sans que personne ne nous arrête. Il n’était pas là et il n’y avait personne. Nous nous sommes donc amusés à nous installer sur le trône mimant les attitudes d’un roi matis.

Le voyage vers Fairhaven, la capitale tryker, a été plus mouvementé. Cette fois nous avons pu nous rendre compte que les rumeurs annonçant le retour des kitines étaient véridiques. Nous avons trouvé sur une île isolée non loin de la ville, un trou d’où sortaient des kitines des profondeurs. Les bêtes étaient immenses et me donnaient froid dans le dos. Je me souviens encore du crépitement que leur pattes faisaient en touchant le sol. Nous n’avons pas engagé le combat, restant dans l’eau qu’elles semblaient craindre. Puis, nous sommes arrivées à Fairhaven, une ville magnifique, construite au dessus de l’eau comme la plupart des villes trykers.

Je suis restée longtemps là bas même après le départ de mes compagnons légionnaires. J’ai même visité tout ce qui m’était accessible en compagnie d’une petite tryker Lyouna qui débarquait de Silan. L’avantage du pays des lacs étaient justement la proximité de l’eau qui nous permettait de nous enfuir sans avoir combattre, la plupart des créatures l’évitant.

Pendant ces expéditions, le soir parfois, j’entendais les récits que les anciens légionnaires nous racontaient autour d’un feu de camp. Celui qui m’a le plus marquée, je dois dire, est celui de la route de l’eau. Il s’agissait d’un échange entre les trykers et les fyros. Les premiers offrant de l’eau tellement présente dans leur pays aux seconds vivants dans le désert en échange de matières premières. Les mektoubs devaient transporter la cargaison énorme. D’après ce que j’ai compris, il n’était pas possible de les faire passer par les téléporteurs à cause de leurs griffes. Tout le trajet se faisait donc à pied sous escorte armée jusqu’au dent.

Je rêvais souvent après çà que moi aussi un jour, je ferais une route de l’eau.

Le concours de beauté de Miss et Mister Atys

Eeri m’avait invitée à venir assister au concours de beauté de Miss et Mister Atys. Je dois dire qu’au début je ne voyais pas vraiment l’intérêt mais Eeri m’a convaincue en me disant que le but était de se moquer des matis qui ne manqueraient pas de participer tellement ils étaient obnubilés par leur apparence.

Ça n’a pas manqué. Ils étaient là en nombre. La plupart étaient imbus d’eux mêmes persuadés qu’ils étaient les plus beaux. Nous ne manquions pas de nous moquer allègrement d’eux sur les ondes télépathiques de la guilde. C’était d’ailleurs assez comique de voir ses « aristocrates » incapables d’aligner une phrase sans faire d’énormes fautes de langage. La plus comique a été celle qui se prenait pour je ne sais qui et qui regardait d’un air supérieur les spectateurs, les menaçant si ils osaient se moquer d’elle. Eeri et moi nous avons éclaté de rire sur nos ondes de guilde après avoir feint un bâillement suite à cette intervention.

Il n’y en a eu qu’une seule qui a attiré mon attention, Angeline, je crois qu’elle s’appelait. Contrairement aux autres, elle était douce, presque timide, osant à peine parler. C’est la seule qui semblait ouvertes aux autres. Elle a d’ailleurs salué dans les quatre langues d’Atys tous ceux qui étaient présents avec parfois un accent qui était assez touchant. Je suis finalement partie m’ennuyant de voir ce défilé de bellâtres.

J’aurais sans doute du rester car la suite a été des plus comiques. Eeri et Glorf ayant décidé de défiler ensembles eux aussi. C’est Eeri qui a raconté cela dans notre réfectoire de légion. Ils se sont avancés tous deux en petite tenue portant le slip rouge de la légion. Glorf a commencé par un discours où il affirmait que Eeri et lui avaient décidé de ne pas concourir certains qu’ils étaient de gagner, tellement ils étaient des canons de beauté et d’intelligence rehaussés par leur magnifique « slibard rouge ».

Puis, il a commencé à chanter une chanson accompagné par Eeri à la guitare qui restera je crois à la postérité!!!

« Mon beau slibaaard, roi des slibaaards
que j’aimeuuuh, ta rougeeeeureeeeeuh
Quand par l’été, fyretteuuuh et tryketteuuuuuh
Sont dépouillés de leurs attraiiiiits
Mon beau slibaaaard, roi des slibaaaarrds
Tu deviens tout duuuuuur !

Toi que le désert apporta chez nouuus,
Au saiint anniverssaire,
Jolis slibaaaards, comme ils sont douuux,
Et tes bouboules, et tes joujouuuuuux !
Toi que le déert apporta chez nouuuus,
par ton ancêtre le calbaaaar

Mon beau slibaaard tes rougeuuux piqueeeeets,
Et leur fidèles poiiiiiils
Sur les fyrettes ne mentent jamaiiiis,
De la dureté et de l’amouuuuuur
Mon beau slibaaaaards, tes rougeuux piqueeeets,
m’offrent la force et la beautééééé »

Je crois que les juges en sont restés éberlués, tandis que les spectateurs éclataient de rire.

Je ne sais qui a finalement gagné à ce concours, çà ne m’intéressait pas vraiment mais pour moi Eeri et Glorf auraient mérité de devenir Miss et Mister Atys, rien que pour le spectacle qu’ils avaient donné. Il me reste en tout cas de cette manifestation, des souvenirs de rires partagés avec Eeri et Glorf et surtout les magnifiques feux d’artifices qui ont suivi la dernière journée de présentation.

Les premiers que je voyais… j’en ai encore les yeux émerveillés.

La folie des téléporteurs

Je ne sais pourquoi mais soudain les téléporteurs nous ont été disponibles sans que nous ayons besoin d’acheter des pactes auprès des Kamis ou de la Karavan. Je suppose que ceux-ci sentant venir la menace facilitaient les déplacements des homins pour la surveillance de l’invasion kitins.

Ça a été l’occasion pour moi de découvrir des recoins d’Atys qui normalement m’étaient inaccessibles sans escorte. J’ai souvent visité seule les différentes destinations avec plus ou moins de succès. Il y avait parfois de mauvaises surprises comme de se retrouver au milieu d’un groupe de varynx ou de kitines.
Parfois, on rencontrait des personnages singuliers. Certains étaient antipathiques comme cette furie qui avait installé des explosifs un peu partout autour de sa maison ou cette autre qui avait dressé des varynx pour attaquer ceux qui l’approchait trop.

Une fois avec Eeri, nous sommes tombées par hasard dans un endroit complètement inconnu, sans doute dû à une panne de téléporteur. Un fyros étrange et un peu étonnée de nous voir là, nous a accueilli. Il s’appelait Mawa. Cela faisait des années qu’il habitait seul ici dans ce qu’il semblait être les terres anciennes. Il s’était retrouvé seul après que tous les autres homins aient fait le voyage vers les nouvelles terres. Il avait été oublié… J’étais émue par son histoire pourtant il ne semblait pas trop souffrir de la solitude. Il nous a fait visiter fièrement son « pays » et son « lac privé ». J’avais peur pour lui la moindre bestiole agressive lui infligeait de graves blessures. Sans nos soins, il aurait sans doute succombé mais çà ne semblait pas le tracasser. Il courrait partout parcourant ses terres qu’il voulait nous faire découvrir. Au moment de partir, nous lui avons proposé de venir avec nous. Il a refusé. Je crois qu’il s’était habitué à sa solitude. D’ailleurs, sans doute se serait il senti complètement perdu et agressé parmi autant d’homins. Nous l’avons donc laissé sur ses terres en sachant qu’il était fort probable que plus jamais nous ne pourrions à nouveau le rejoindre.

Grâce aux téléporteurs, Glorf nous a proposé une expédition dans la kitinière… Je n’étais pas particulièrement chaude. Allez directement dans le nid des kitines, c’était courir au suicide selon moi. Mais il affirmait qu’il y avait des endroits sécurisés où on ne risquait rien. Après tout, j’étais curieuse : je me suis téléportée près de lui. Dinomir nous a rejoint également. Glorf nous a montré la salle de la reine : une immense grotte dont on distinguait à peine les parois. Glorf affirmait que la reine kitine prenait toute la place. Je n’osais imaginer la taille de la bête… Mais là, la grotte était vide. Où était la reine?

Tout çà était plutôt inquiétant. D’autres légionnaires ont fini par nous rejoindre. Nous avons eu envie d’aller taquiner les kitines qui étaient encore là… Mal nous en a pris, enfin surtout en ce qui me concernait. Je ne sais combien fois j’ai succombé. Mais à chaque fois, Morandy ou Dinomir me relevaient. Nous sommes retournés à Pyr, l’esprit préoccupé : les kitines étaient sorties de leur nid. Cela ne présageait rien de bon…

Une angoisse sourde me taraudait : est ce qu’un deuxième grand essaim était en préparation ? J’essayais d’oublier tout çà continuant mes balades à travers Atys avec une préférence pour le désert fyros mais aussi le pays tryker. J’ai trouvé une île déserte où j’ai passé souvent mes nuits après avoir regardé le coucher de soleil.

Là bas, j’étais loin de toute l’agitation de la ville et la beauté du paysage me redonnait courage et espoir dans l’avenir.

Ganesh

La menace de l’invasion kitine se précisait. Les Kamis et la Karavan avait fait installer des barrières de protection autour des capitales de chaque peuple, afin de retarder l’invasion.

J’ai fait tout le tour de celles de Pyr avec Ganesh mon mektoub apprenant ainsi à mieux le maîtriser et développant avec lui une certaine complicité.

Je me suis lancée ensuite dans de longues équipées avec lui. J’essayais de suivre la route que devait emprunter les participants à une course à travers le désert. Le départ et l’arrivée se situait à Pyr en passant par l’ensemble des différentes régions du pays fyros. Je voulais me rendre compte de la difficulté. Je n’ai pas été déçue…

De Pyr, j’ai rejoint l’oasis d’Oflovak sans rencontrer vraiment de problèmes. Mais je n’ai pas osé me rendre jusqu’à Dyron. Je me souvenais de la difficulté que j’avais eu à traverser avec les autres membres de la guilde et cette fois j’étais seule avec mon mektoub. Finalement de l’oasis d’Oflovak, je me suis décidée à descendre sur Thesos en empruntant le couloir brûlé en compagnie d’un matis nommé Chonchon qui faisait des repérages pour la course.

Heureusement pour moi, Ganesh courrait vite et il arrivait la plupart du temps à échapper aux créatures agressives. Malheureusement, en voulant échapper à des cuttlers, j’ai atterri en plein milieu d’un groupe de varynx. Ils n’ont eu aucun mal à m’arrêter, me blessant mortellement. Avant de m’évanouir, j’ai eu le temps de voir Ganesh qui donnait de grands coups de griffes aux varynx qui s’approchaient trop de moi. Sylve a tenté de venir à mon secoure ainsi que Chonchon. Mais tous deux ont du fuir. Je n’étais vraiment pas tombée où il fallait. Comme on le disait dans la légion en riant : « il faut toujours mourir dans un endroit sécurisé! ».

J’ai fini par ressusciter à Pyr mais Ganesh était resté au milieu des varynx. Je voulais aller le récupérer avant qu’il ne se fasse dévorer. Chonchon et Sylve m’affirmaient que c’était impossible que je n’y arriverai jamais. Le matis a même proposé de m’acheter un nouveau mektoub… Je l’ai laissé parler. Je voulais sauver Ganesh coûte que coûte, lui qui avait tenté de me défendre alors que je rendais mon dernier souffle. Je savais que cela allait être particulièrement difficile. Nous avions tenté une fois avec la guilde de récupérer le mektoub d’un nouveau légionnaire : Guyzmo. Nous n’avions jamais réussi tombant les uns après les autres sous les attaques des créatures. Cette fois, j’étais seule mais je voulais essayer quand même.

De Thesos, j’ai cherché un passage. J’ai vu mon mektoub du haut d’une falaise mais impossible de le rejoindre, la paroi était trop abrupte. J’ai fini par voir au fond du gouffre un téléporteur de la Karavan. J’ai réussi à m’y faire téléporter. Il ne me restait plus qu’à échapper aux regards des créatures pour rejoindre Ganesh.

Je rampais parmi les herbes le long de falaise. Quand un varynx se dirigeait vers moi, je ne bougeais plus et il finissait par s’éloigner. Finalement, j’ai réussi à m’approcher à quelques mètres de Ganesh. J’ai tenté de l’appeler mais il ne répondait pas à mes sollicitations. J’ai du me lever et m’avancer un peu plus pour qu’il me rejoigne. Je suis montée rapidement sur son dos et j’ai lancé une téléportation à Pyr pendant que je voyais les varynx accourir se rendant compte que leurs proies, leurs échappaient.

Arrivée à Pyr, j’étais heureuse : j’avais sauvé Ganesh!

Morandy

J’ai apprécié Morandy, dés la première fois où je l’ai rencontré. J’aimais son caractère doux et mesuré et surtout l’attention et la générosité qu’il avait constamment envers les autres. Je ne pensais pas au début qu’il m’appréciait. Je m’imaginais un peu trop délurée pour quelqu’un d’aussi pondéré que lui. Mais je me trompais.

J’ai commencé à remarquer qu’il faisait constamment attention à moi, restant à mes côtés la plupart du temps lors de nos expéditions. Je pensais qu’avec sa générosité, il ne faisait çà que pour protéger la plus faible de la troupe. C’était d’ailleurs sans doute le cas au début. Mais au fil des jours, une douce amitié est née entre nous.

Je me souviens de ce concours de combat auquel il m’avait gentiment conviée, m’expliquant où il se situait. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs des combattants mais c’est ce jour là, je ne sais pourquoi, que j’ai remarqué le beau mâle fyros qu’il était. Sans doute parce que j’étais un peu en retrait derrière lui et que je ne me gênais pas pour observer à loisir sa musculature puissante. J’ai finalement secoué là tête en me disant que je n’étais pas là pour çà mais pour regarder les combats. C’est pendant que j’avais détourné le regard qu’il s’est éclipsé.

Le concours avait fini par l’ennuyer et il était parti en compagnie de Guyzmo pour une expédition vers les primes racines. J’étais un peu déçue qu’il ne m’ait pas invitée mais après tout, je comprenais : j’étais une charge pour des combattants plutôt qu’une aide. Je me suis alors rendue dans le hall de notre guilde. Morandy m’avait demandé de regarder si je trouvais une arme et une armure à ma convenance. Malheureusement, il n’y avait rien qui pouvait m’aller… Dépitée, j’ai fini par annoncer sur les ondes de la guilde que j’allais me saouler à la taverne avant d’aller rouler sous la table.

Morandy a réagi immédiatement semblant inquiet à ma grande surprise. En fait, il n’était pas encore parti en expédition ayant rencontré une ancienne connaissance. Il m’a déclaré qu’il serait heureux que je les rejoigne si j’en avait envie. Je me suis précipitée ne finissant pas le verre de bière de shooki que j’avais commencé. Heureusement que Eeri n’avait pas vu çà, sinon elle m’aurait copieusement sermonnée pour ce crime!

Elle était là quand je suis arrivée d’ailleurs. Nous sommes partis presque immédiatement. Notre petite troupe cherchait à trouver le nommé des yelks. Mais nous avons été décimés par une patrouille de kitines qui est revenue à la charge à plusieurs reprises. Nous nous en sommes sortis que grâce à l’intervention d’une matis. C’était un peu honteux pour des légionnaires fyros.

Quelques jours plus tard, Morandy m’a demandé si j’avais finalement trouvé mon bonheur dans le hall de la guilde. Je lui ai avoué que ce n’était pas le cas. Il m’a réprimandée pour ne pas lui avoir dit plus tôt. Mais de mon côté, je ne voulais déranger personne. Il a secoué la tête déclarant qu’il allait me faire lui-même une armure. Il a pris mes mesures me faisant essayer différents types pour que je choisisse la forme qui me convenait le mieux. J’ai opté pour une armure moyenne de type fyros sauf pour le pantalon dont la coupe ne me plaisait pas. J’ai choisi le short tryker que j’avais appris à apprécier après que l’instructeur de récolte de Silan m’en ait offert un.

Je pensais que çà allait être tout mais Morandy m’a demandée de choisir la couleur de mon armure. Je l’ai regardé surprise : je pouvais vraiment ? Il m’a souri amusé de ma naïveté. J’ai osé à peine dire que j’aimais le rouge et le bleu, et que l’une des deux couleurs m’iraient très bien. Il m’a demandé de préciser : quelles parties rouges et quelles parties bleus? Je l’ai regardé à nouveau un peu interloquée : çà aussi je pouvais choisir? J’ai alors recommencé quelques essayages sur des armures de bases alternant les teintes même si aucune n’étaient rouges ou bleues. Je me rendais soudain compte que peut-être j’exagérais de profiter de la gentillesse de Morandy : le rouge et le bleu étaient des teintes assez rares, les couleurs les plus courantes étant le vert et le brun. Mais celui-ci attendait ma réponse, j’ai donc choisi du rouge pour le gilet et le short et le reste en bleu. Morandy est alors parti très vite pour récolter ce qu’il lui manquait pour réaliser mon armure. J’ai demandé timidement, si je pouvais aider à quelque chose, sachant très bien que mes faibles compétences ne pourraient lui être d’aucune aide. Il m’a déclaré qu’il allait se débrouiller.

Il est revenu peu de temps après avec mon armure magnifique entre les mains. Elle étaient encore plus belle que ce que je ne m’étais imaginée. Le bleu et le rouge étaient rehaussés par de jolies formes arrondies oranges.

Je ne l’ai plus jamais quitté sauf pour la nettoyer consciencieusement tous les soirs.

Une autre fois Morandy m’a demandé si il y avait des lieux inconnus où je voulais aller mais comme je lui ai fait remarqué, si il s’agissait de lieux inconnus je pouvais difficilement lui dire que je voulais m’y rendre. Il a approuvé ma déclaration en riant. J’ai ensuite ajouté que grâce au pouvoir de l’atrium qui nous donnait accès à tous les téléporteurs, il y avait beaucoup de lieux que je connaissais déjà. Il semblait déçu. J’ai compris que peut-être il souhaitait que nous nous promenions ensembles… Je me suis alors rattrapée en déclarant que beaucoup d’endroits me restaient inconnus parce que tout simplement des créatures agressives m’empêchaient d’aller beaucoup plus loin que l’endroit où j’avais été téléportée. Il a retrouvé le sourire me proposant de découvrir des endroits qu’il appréciait particulièrement.

Je l’ai suivi heureuse pour une fois de n’être qu’avec lui. Il m’a d’abord conduite dans le désert matis. Nous n’étions que tous les deux pour traverser les zones dangereuses non sécurisés et je dois dire que je n’étais pas très rassurée. Je ne voulais pas que par ma faute et mon inexpérience nous nous retrouvions tous les deux morts sans personne pour nous sauver. Mais Morandy était rassurant affirmant que j’étais une bonne soigneuse… La confiance qu’il avait en moi me rassérénait et me donnait envie de me surpasser pour lui. Il s’en est même voulu à un moment de me demander autant d’efforts pour le soigner. Il est vrai qu’il ne lui suffisait que d’un sort pour me remettre d’aplomb alors que j’étais obligée de les multiplier pour faire disparaître ses blessures. Cette fois c’est moi qui l’ai rassuré, affirmant que j’adorais lancer des sorts. Je n’ai pas osé ajouter surtout si c’était lui qui était l’objet de mes soins.

Nous avons fini par arriver dans un endroit magnifique appelé, les sources cachées, où trois cascades se jetaient dans un gouffre rempli d’eau.

J’en suis restée sans voix pendant de longues minutes. Morandy ne disait rien me laissant apprécier. Revenue de mon état semi-rêveur, j’ai pris plusieurs luciogrammes pour qu’il me reste des souvenirs de ce lieu si magique, si jamais je ne pouvais y retourner.

Puis, Morandy m’a proposée de continuer. Il voulait me montrer sa piscine privée. Elle était située dans les nexus, je crois. Apparemment, tout comme moi, il aimait nager et être loin de tout. Là bas, nous nous sommes amusés comme des enfants : faisant la course d’un bout à l’autre de « sa piscine ». Je crois qu’il me laissait gagner volontairement. Je riais.

A un moment, il a glissé sur une pierre un peu plus moussue que les autres et m’a donné un coup en tentant de se rattraper. J’ai fait mine de me défendre et je me suis mise en garde. Nous avons alors commencé une petite bagarre de gosses mal élevés. Je me suis finalement arrêtée quand je me suis rendue compte qu’il ne répondait plus à mes coups. Je lui ai souri. Le temps s’est arrêté un instant pendant que nous nous regardions en silence. J’aurais du sans doute à ce moment là, faire ce qui m’avait traversé l’esprit : me jeter dans ses bras et l’embrasser tendrement sur la joue. Mais une fois de plus, je n’ai pas osé…

Nous sommes rentrés sur Pyr. Il m’a offert un bâton en forme de sucre d’orge que j’ai adoré. Il pouvait même servir d’arme. J’ai failli lui sauter au cou pour le remercier mais une fois de plus quelque chose m’a retenue. Nous sommes ensuite aller voir un feu d’artifice. Étrange scène : toute l’hominité semblait être réunie là comme si il s’agissait des derniers jours heureux avant l’arrivée des kitines.

Nous étions l’un à côté de l’autre. Parfois mon bras effleurait le sien provoquant un frisson le long de mon échine. Je m’imaginais lui prendre la main mais ce n’était qu’un rêve. Trop de fois brûlée par les flammes de l’amour, je n’osais plus faire le premier pas.

Nous sommes ensuite retournés sur Pyr. Il m’a offert des dappers pour que je m’achète un appartement… A quoi bon lui ai je dis? Avec l’invasion kitine en cours, je prenais le risque qu’il soit détruit et puis j’avais toujours préféré dormir au milieu du désert. Il m’a avoué que lui aussi et qu’il dormait rarement dans le sien mais il avait l’avantage de lui permettre de stocker ses biens. J’ai fini par accepter. Il m’a montré son immeuble, c’était également celui d’Eeri que nous avons croisé à ce moment là. J’ai acheté mon appartement et je les ai invités tous les deux à venir « chez moi ».

Puis, j’ai demandé à Morandy si il voulait nous montrer le sien. Il a accepté. Eeri et moi, nous nous sommes un peu moquées de sa méthode de rangement : presque tous ses bibelots étaient à terre. Il y en a d’ailleurs un qui m’a fait beaucoup rire : c’était un yubo avec de drôles de cornes sur la tête affublé d’un chapeau rouge. Eeri est retournée dans son appartement nous laissant seuls.

J’ai demandé timidement à Morandy si je pouvais dormir chez lui n’ayant encore aucun meuble chez moi. Il a accepté avec un sourire. Nous nous sommes endormis ainsi l’un près de l’autre comme des amis sans nous toucher.

Je me sentais bien et rassurée près de lui. J’ai basculé rapidement dans de doux rêves en me demandant ce que l’avenir nous réserverait : resterions nous à jamais des amis ou est ce que nous passerions le cap un jour qui nous mènerait à la douce chaleur de l’amour?

Powered by WordPress | Theme: Motion by 85ideas.