Jour 20 Nuona – Fingelien 384
J’ai reçu une nouvelle lettre. Cette fois, elle venait d’Eryann. Je ne l’avais pas revu depuis que les esprits de Khaena et Killya avaient fusionnés. J’avais juste eu une brève conversation avec lui où je ne l’avais pas ménagé. J’étais à ce moment là encore dans un état de colère froide avec un coeur entouré d’une gangue de glace.

Je crois que sa lettre était une sorte de lettre d’adieu. Il a tenu à en écrire une partie destinée à son « Isil ». Sans doute, espérait il la réveiller en moi? Mais çà n’a pas été le cas… J’ai quand même essayé de lui répondre.

« Eryann,

La Khaena que vous avez connu n’existe plus… Je ne vous ai pas menti… Je suis ce mélange des deux.

Quand à Bahar, je ne l’ai pas abandonnée. J’ai fait en sorte qu’elle ne manque de rien. Je lui ai même écrit une lettre. Mais, elle n’a jamais répondu. Je suppose qu’elle s’est fait une raison et qu’elle préfère garder l’image de celles qu’elle avait aimées et ne pas rencontrer la « chose » que je suis devenue.

Quand à votre lettre à Khaena, vous n’avez rien à regretter. Son coeur était tellement accaparé par son amour pour Kharya qu’elle n’arrivait plus à vous offrir ce que vous méritiez. Kharya a préféré Mulvaar et n’a pas fait un seul geste pour tenter de la sauver ou de les sauver pour séparer les deux esprits fusionnés…

Comme quoi, à quoi bon aimer puisque vous finissez par être abandonnée par ceux que vous aimez le plus au monde : Kely, Kharya, Bahar… Auriez vous été le prochain? Peut-être que les landes sont ainsi et qu’elles finissent par tout corrompre même l’amour.

Voilà pourquoi, je préfère quitter les îlots et découvrir un autre monde. J’y ai rencontré quelqu’un avec qui j’espère vivre ce que je n’ai pu vivre ici.

Je reviens parfois pour certaines de mes jeunes soeurs mais il me reste un goût amer et je n’arrive pas à y rester très longtemps.

Que Fenryos, le dieu loup des égarés et des oubliés veille sur vous.

Celle qui n’est plus ni Khaena, ni Killya. »

Je me rends compte que ma lettre était bien sombre… Parfois, j’ai des regrets : je m’en veux d’avoir abandonné mon peuple. Mais à vrai dire, est ce que je suis encore capable de lui apporter quelque chose? J’ai l’impression d’avoir tout donné pour au final tout perdre…
Je n’ai plus l’envie ni la force de continuer.

Sans doute qu’avec le temps, les blessures s’effaceront et que l’envie reviendra…

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