Jour 23 Elavrion – Fingelien 383
La petite était retournée voir Bahar. Je ne pouvais pas m’empêcher d’observer ce qu’elles faisaient. Je les entendais parler. J’ai vu que le regard de ma belle aventurière avait changé. Elle lançait des regards amoureux à Khaena. Ma petite avait compris le problème de Bahar et l’avait résolu à sa façon douce et tendre : chose dont j’étais bien incapable. Je me sentais mal.

J’étais incapable d’aider mes femelles. Je n’avais pas su voir que Kriss m’avait éloignée d’elle pour me protéger. Je n’ai jamais su apaiser la peur de Kharya pour les relations durables. Et pour Bahar, je n’ai pas su voir que sa peur de l’amour était dû à une blessure bien plus profonde que je ne l’imaginais.

Je me morfondais quand soudain j’ai entendu Bahar parler de moi. Elle disait qu’elle voulait partager avec moi sa joie d’avoir résolu ses peurs. Alors, j’ai pris le contrôle sans trop savoir comment elle allait réagir. Elle a souri quand elle m’a reconnue mais je ne savais pas bien quoi lui dire, je me sentais coupable et j’avais peur qu’elle ne veuille que de Khaena désormais. Elle m’a demandée pourquoi j’avais fui ainsi la dernière fois. Que pouvais je lui répondre, à part que je m’étais montrée une fois de plus stupide. Bahar a souri et m’a embrassée affirmant que je n’étais pas stupide.

Je me suis alors jetée sur elle comprenant qu’elle voulait toujours de moi et je l’ai prise sans attendre, avec empressement et avidité, oubliant la présence du petit bleu qui dormait à nos côtés. Plusieurs fois, nous avons mêlés nos corps. Je n’arrivais plus à me détacher d’elle. Entre chaque étreinte, nous nous cajolions, nous serrant l’une contre elle. Nous avons à peine remarqué la disparition du petit bleu qui sans doute lassé que nous l’ignorions s’était éclipsé.

En pensant au petit bleu, j’ai posé ma main sur le ventre de ma belle en disant qu’elle devrait peut-être faire attention si elle ne voulait pas avoir un petit de lui. Elle m’a regardée interdite. De toute évidence, elle avait complètement oublié la possibilité qu’elle puisse avoir un enfant d’un mâle. C’était assez drôle. Mais, elle a soudain était prise de panique. Elle disait qu’elle pourrait être enceinte que la période était propice à çà… Moi j’étais heureuse, je l’imaginais déjà avec son ventre rond et ses seins gonflés. La beauté d’une femelle enceinte m’avait toujours attirée. Mais elle avait peur : sa mère était morte en la mettant au monde. Elle parlait de faire en sorte de se séparer de la vie en elle si jamais elle était là.

J’ai tenté de la rassurer en lui affirmant que nous serions là Khaena et moi pour l’aider. Et puis, j’ai fait en sorte de lui faire peur : se séparer de la vie était aussi dangereux que de donner la vie. Et enfin, j’ai fini par lui raconter ce que j’avais tenté de faire pour me débarrasser de la vie qui était en moi alors que je fuyais les assassins qui me poursuivaient. Je voulais être désencombrer de ce fardeau qui m’empêcher de fuir normalement. Alors je martyrisais mon corps espérant que le traitement subi éliminerait la vie en moi. J’ai pris toutes sortes de plantes que je savais dangereuse pour une femelle enceinte. Mais, la petite vie s’accrochait en moi. Et j’ai accouché seule comme un animal cachée dans un fourré. J’ai regardé l’enfant. Un magnifique bébé aux cheveux blancs qui me regardait de ses yeux rouges sans un cri. C’était ma fille. Je l’ai serrée contre moi et je lui ai donné le sein. Cette petite vie dont j’avais voulu me débarrasser, je ne pouvais désormais plus m’en séparer. Pourtant, il le fallait. Les assassins s’étaient rapprochées et il la tuerai tout comme moi méprisant la jeune vie aussi surement que la mienne. J’ai abandonné ma fille auprès d’humains alors que je l’aimais déjà, pour la sauver.

Cette histoire et mes différents arguments ont eu l’air de porter leurs fruits. Mais Bahar voulait que j’écoute son ventre que j’essaie de distinguer avec mes sens aiguisés de sombre si la vie s’était installée. J’ai obéi peu convaincu de trouver grand chose étant donné le peu de temps qu’il y avait eu entre ses étreintes avec le petit bleu et maintenant. Je n’ai rien ressenti. Ça l’a rassuré et elle s’est apaisée.

Je ne quittais plus les yeux de ma belle aventurière, ne pouvant me détacher de son regard qui exprimait bien plus qu’il n’avait jamais exprimé. Et soudain elle m’a dit qu’elle m’aimait comme si il s’agissait d’une évidence. J’en suis restée bouche bée. Je lui avais tellement dit que je l’aimais sans que jamais elle ne me réponde et là c’était elle qui me le disait. Ma mine devait être comique parce que çà l’a fait rire. Je me suis ressaisie et je lui ai déclaré moi aussi ma flamme. Puis elle a dit qu’elle aimait aussi Khaena. Elle nous aimait toutes les deux. Elle n’arrêtait plus ses déclarations d’amour et je fondais irrémédiablement. Je voulais rester près d’elle toujours, ne plus la quitter.

Mais Khaena devait rejoindre son bleu et retourner combattre. Elle savait que je n’arriverai pas à quitter Bahar de moi même, alors elle a pris le contrôle. Elles se sont séparées se promettant de se revoir très vite. La douleur de la séparation m’envahissait. Je me suis enfouie pour ne pas voir Bahar s’éloigner de mes bras.