Quand je me suis réveillée, Jalindra n’était plus à mes côtés. Elle m’avait laissée un petit mot : elle était partie à Fairhaven et revenait très vite. Je l’ai attendue sur la plage. Quand elle est arrivée, elle m’a serrée dans ses bras : « Bonjour mon amour… tu me manquais. ». Je l’ai prise par la taille en goûtant ses lèvres : « Toi aussi ma belle… ».

Elle a souri : « On va essayer de ne pas être en retard hein ? ». C’était le jour de la Route de l’eau et j’avais rêvé d’y participer depuis que j’avais lu les histoires s’en rapportant dans le cube d’ambre de Kyshala. J’ai eu un sourire amusé : « Ha? Tu crois? ». J’ai commencé à lui offrir des caresses sensuelles. Elle a ajouté : « C’est ton rêve après tout… Promis, demain, je serais encore là! ». Je lui ai pris le visage pour l’embrasser sensuellement. Elle a souri : « Non, je ne dirais pas que ça ne me fait rien, ce coup-ci! De toutes façons, tu n’as rien à faire… juste à être là… ». Je l’ai, à nouveau, embrassée avec envie.

C’est alors que j’ai entendu des pas derrière moi. J’ai sursauté et Jalindra a rougi. Na Djaï’tal était là en train de nous saluer. Qu’avait-il vu ? Il restait un peu en retrait semblant se demander si il nous avait dérangé. Jalindra l’a vite compris et elle a dit en souriant : « Approche ! on ne mord pas! ». Il a demandé : « Je ne vous dérange pas, au moins ? ». Elle a secoué la tête : « Non pas de soucis! ». J’ai failli éclaté de rire.

Il avait les yeux un peu dans le vague comme souvent désormais. J’ai demandé comment il allait. Il me regardait toujours de la même manière : « Moi ? Heuu, oui, ça va… ». Il n’était pas très convaincant. Alors j’ai voulu lui annoncer la bonne nouvelle du retour d’Anyume : « Tu n’as pas croisé quelqu’un aujourd’hui? ». Il a haussé les épaules : « J’ai croisé plein de gens, si, pourquoi ? ». J’ai précisé en souriant : « Quelqu’un que tu aimes beaucoup? Et qui t’aimes beaucoup? ». Il fronçait le masque l’air un peu désarçonné. J’ai caressé le dos de Jalindra comme pour la rassurer, je me rendais compte que je n’avais même pas eu le temps de la prévenir. Devant son air, j’ai ajouté : « Quelqu’un qui est partie il y a longtemps…? ». Il avait l’air de plus en plus perdu. J’ai continué mon petit jeu de devinette : « Une fyros qui ne boit que du jus de bais au poivre… ? ». Il a écarquillé les yeux comprenant enfin : « Ho… Tu… tu l’as vue ? ». Il a soudain paru affolé. J’observais sa réaction en souriant : « Oui… elle était là où tu te tiens il y a quelques heures à peine. Elle est repartie pour te chercher. ». Na Djaï’tal a regardé autour de lui : « Tu l’as vue… ici ? ». J’ai acquiescé.

J’ai senti soudain que Jalindra se crispait. Je l’ai prise par la taille tendrement en expliquant : « Anyume est revenue. ». Elle semblait toujours aussi nouée : « J’en avais déduis ça oui… ». Je lui ai murmuré d’un air un peu contrit : « Je n’ai pas eu le temps de te le dire… ». Mais je sentais qu’elle était toujours aussi tendue. Pensait-elle que j’avais voulu lui cacher le retour d’Anyume? Je l’ai caressée doucement : « Hééé… ma belle… Qu’est ce qu’il se passe? ». Elle a répondu un peu froidement : « Ça va! Ne t’inquiète pas! On va être en retard… ».

Na Djaï’tal est soudain revenu à lui nous voyant un peu crispées : « Désolé… Je… ». Mais celle qui m’inquiétait, c’était Jalindra : le retour de mon ancienne amante la perturbait sans doute plus que ce à quoi elle s’attendait. Je me mettais à sa place et je comprenais ce sentiment trouble qui devait être le sien : l’angoisse de me perdre un peu, la jalousie de m’imaginer dans des bras autres que les siens… J’ai embrassé son front tendrement puis j’ai caressé sa joue : « Oui… allons-y! ». C’est alors que Na Djaï’tal a demandé : « Vous allez où? ». Nous lui avons expliqué que nous nous allions suivre la route de l’eau. Il a demandé si il pouvait venir avec nous. Nous avons bien sûr accepté.

Nous sommes allés à Fairhaven, où il y avait déjà un grand rassemblement d’homins, attendant la répartition des différentes équipes. Jalindra n’avait pas desserré les dents. Je ne savais pas comment la rassurer. Je lui ai pris la main en lui murmurant : « Il ne s’est rien passé avec elle tu sais… ». Elle avait la gorge nouée : « Je… si tu as envie de… je comprendrais… ». J’ai serré sa main : « Non… Je n’en ai pas eu envie… Je l’ai serrée dans mes bras et c’est tout… ». Elle a secoué la tête : « Je suis désolée… Je ne veux pas… ». Je l’ai prise contre moi et je lui ai murmuré à l’oreille : « Je t’aime… ». Elle s’est blottie dans mes bras, se dénouant enfin. Je caressais son dos tendrement : « Je n’ai pas eu envie d’elle et je lui ai parlé de toi… ». Pourtant, elle avait toujours du mal à exprimer son mal-être : « Je ne veux pas t’empêcher… ». J’ai secoué la tête : « Tu ne m’as pas empêcher à quoique ce soit… ». Elle a demandé : « Et elle… a réagi comment? ». J’ai haussé les épaules : « Elle était heureuse pour moi… Elle n’a jamais été jalouse. ». Jalindra a eu l’air embêtée pour moi: « Désolée… ». J’ai souri : « Désolée pourquoi ma belle? Je préfère ta réaction à la sienne… au moins j’ai l’impression que tu tiens à moi. ». Elle a souri : « Ce n’est pas une impression çà tu sais! ». Je lui ai caressé la joue en souriant : « Je le sais mon amour… ».

Na Djaï’tal qui était perdu dans ses pensées, a semblé émergé : « Et on va faire quoi exactement ? ». J’ai failli éclater de rire. Na Djaï’tal nous suivait apparement juste pour être à nos côtés sans même connaître les éventuels dangers. Je lui ai expliqué que nous nous rendions à Pyr et que nous risquions de croiser la route de bandits ou de maraudeurs mais çà ne l’a pas fait fuir. Sans doute, espérait-il trouver Anyume sur la route. Nous avons constitué une équipe avec Zo’ro Argh, Hann, Midolado et Lyouna. Cette dernière avait raté le départ mais elle a fini par réussir à nous rejoindre avec l’aide de Zo’ro Argh, toujours prêt à venir en aide à une jolie petite trykette.

Le convois s’est élancé. Je ne cessais de suivre Jalindra du regard : « Dans cette foule, je n’ai pas envie de te perdre… ». Elle est venue tout près de moi : « Je regarde regulierement où t’es… et puis, j’arriverais toujours à te retrouver. ». Je me suis retenue de la serrer dans mes bras en public : « Je n’ai pas l’intention de te perdre. ». Dans les lagons de la Loria, il y a une petite pause. Une tribu zoraï inconnue avait proposé son aide mais méfiant les responsables du convoi ont préféré décliner l’offre. Na Djaï’tal en a profité pour se changer et enfiler sa jolie armure de combat bleue. Je n’ai pas pu m’empêcher de le complimenter en lui murmurant : « Tu es toujours aussi beau dans cet armure! ». La sève lui ai monté au masque : « akep, ma reine! ». Puis, il a souri : « Je te trouve aussi particulièrement belle ce soir, avec cette tenue! ». Je portais ma nouvelle tenue fyros de soin que m’avait conseillée Eeri juste avant son départ. J’ai alors voulu lui faire comprendre la relation qui me liait désormais à Jalindra : « Jalindra la trouve jolie aussi! ». Mais de toutes évidences, il n’était pas dupe. Il m’a souri : « J’ai cru comprendre! ».

Nous sommes arrivés en pays matis par le sud. J’étais étonnée : passer par ici signifiait que nous allions passer tout près du camp des maraudeurs. La stratégie était osée. Les maraudeurs avaient du entendre parler de la route de l’eau et avait sans doute décidé de l’attaquer. Mais, ils avaient sans doute supposé que la caravane n’oserait jamais passer si près de leur camp. En tout cas, le roi matis Stevano était là pour aider la caravane de l’eau à traverser son pays. Nous avons commencé à traverser le labyrinthe du sud. Malheureusement, une première attaque de maraudeurs a eu lieu, sans doute des éclaireurs. Si ceux-ci avaient eu le temps de prévenir les autres, nous serions attendus à coup sûr dans le désert matis du nord. Mais il était trop tard pour faire demi-tour.

Nous sommes arrivés au nord du pays Matis sans rencontrer un seul problème. Et puis l’embuscade a eu lieu violente brutale parmi les créatures agressives et les yelks qui mourraient en rejetant leur gaz empoisonné. La troupe était désorganisée. Je ne savais plus qui suivre. Je tentais de recharger du mieux que je pouvais Jalindra. Puis, j’ai commencé à prendre des coups, j’ai fui droit devant tentant de rejoindre le gros de la troupe, traînant Lyouna derrière moi qui était blessée, elle aussi. Jalindra me criait de ne plus bouger pour pouvoir me soigner mais je voulais mettre Lyouna à l’abri des coups. Soudain, tout est redevenu plus calme l’alliance de la route de l’eau reprenait le dessus repoussant les assaillants et les poursuivant même pour récupérer les mektoubs qu’ils avaient volés.

Puis, nous avons passé le vortex qui mène au pays fyros. Plus d’attaques, à part celles des créatures agressives. A un moment donné, je suis restée en arrêt, subjuguée, devant un kirosta rouge qui venait d’être tué : « Le kirosta rouge… ». Jalindra m’a pris la main surprenant mon trouble : « Viens ma belle… ». Nous avons continué la route.

Nous sommes arrivés à Pyr sans encombre. Nous nous attendions à un accueil de la population fyros, mais il n’y avait personne. Zo’ro Argh m’a fait rire quand il a lancé faisant allusion aux attaques que nous avions subies : « C’est vrai ça… on n’est pas aussi bien accueilli que par les Matis! ». La troupe s’est dispersée. Na Djaï’tal est reparti. Je suppose à la recherche d’Anyume.

J’ai vu Jalindra bailler dormant presque debout. Je lui ai proposé d’aller dormir sous les branches de « Frère arbre » qu’elle ne connaissait pas. Arrivée près de lui, j’ai caressé son écorce : « Souvent quand j’étais seule… je venais écrire mon journal ici. ». Elle a regardé autour d’elle : « C’est un bel endroit… ». J’ai acquiescé : « Oui une vue magnifique du désert. ». Je l’ai prise par la taille en venant chercher ses lèvres. Elle a répondu tendrement à mon baiser. Puis je l’ai sentie vaciller contre moi. Elle était épuisée. J’ai posé une couverture au sol avant de la porter doucement pour l’allonger dessus. Elle a eu la force de dire d’une voix ensommeillée : « Et tes pieds çà va? Toute cette route avec les bottes… ». J’ai murmuré comme pour ne pas la réveiller en lui caressant la joue : « Ça ira ne t’inquiète pas… Tu as besoin de dormir mon amour. On verra çà demain. ». Elle a essayé de protester sans pouvoir retenir un bâillement : « Je peux… mettre de la crème. ». J’ai posé très doucement sa tête sur mon épaule : « Viens là… Tu es épuisée… ». J’ai commencé à la bercer doucement pendant qu’elle se blottissait tout contre moi en fermant les yeux. Elle a chuchoté dans un demi-sommeil : « Je t’aime. ». J’ai murmuré avant de l’embrasser très délicatement : « Moi aussi mon amour… je t’aime… ». Je l’ai regardée s’endormir avant de plonger moi aussi dans le sommeil.