Jour 12 Elouenien – Fingelien 382
J’ai vu mon père à Naralik. Kely m’avait proposé de le voir. J’étais curieuse. Jusqu’à présent, je n’avais pu l’apercevoir qu’en de brèves occasions et à chaque fois il voulait voir ma mère ce que je comprenais très bien. J’ai eu une longue discussion avec lui. Je l’ai découvert ce jour là. Il m’a parlé de lui répondant à mes questions naïves.
Il m’a expliqué les raisons de son départ de son peuple. Cela s’était fait tout à fait par hasard lors d’une de ses chasses contre des orcs. Il avait croisé un nain, un forgeron. Il avait toujours été attiré par les belles épées mais dans son peuple, il n’y avait pas de forgeron. Alors, il l’a suivi et a appris ainsi son métier en le regardant. J’avais cru un moment qu’en comprenant le départ de mon père de son peuple, je comprendrais pourquoi nos mâles quittaient le notre. Mais je n’ai pas eu ma réponse.
Je lui parlais de notre peuple de ses projets pour reconstruire Naralik, de notre faible nombre sur les îlots, des divisions qui régnaient en son sein entre les traditionalistes dures et les plus modernes. Il m’écoutait intéressé. Il était persuadé avec raison que la prêtresse de notre peuple était responsable des divisions qui y régnaient. Il a même proposé de la tuer. Je suis restée interdite un moment surprise par cette dualité en lui. Il semblait si doux et tout d’un coup, il parlait d’un meurtre comme si il s’agissait d’un bon repas. Après cette instant d’étonnement, je lui ai rappelé que sur les îlots, il était difficile de tuer ou d’assassiner un aventurier.
Mais, il a vu ma surprise. Il m’a demandé si je désapprouvais le fait qu’il ait tué la prêtresse dans le peuple de ma mère. Difficile à dire, ma culture humaine avait tendance à trouver horrible un meurtre de sang froid. Mais la culture sombre est tellement différente, emplie de violence au quotidien… Et puis, je n’avais pas subi ce qu’avait subi mon père et ma mère.
Puis, il a voulu en savoir plus sur moi. Il m’a demandé si j’avais plusieurs mâles. J’étais une nouvelle fois surprise par cette question directe mais j’y ai répondu expliquant que dans la culture de Kely, la fidélité entre mâle et femelle était très importante. Et à vrai dire, çà l’était aussi dans la culture humaine que j’avais reçue. Intriguée, j’ai demandé si lui n’était pas jaloux que ma mère ait une femelle. C’est lui qui a semblé surpris cette fois. Il n’y avait pas de raison, ma mère l’aimait et puis il n’était plus vraiment là pour elle désormais, n’étant plus qu’un esprit.
Il m’a demandé soudain si j’avais une femelle. Je suis devenue très sombre, gênée par cette question. Ça l’a fait sourire. Je commençais tout juste à m’habituer à l’idée que ma mère avait des relations charnelles avec une femelle, j’étais loin de m’imaginer ayant moi même ce genre de relation. Mais, à vrai dire, il m’arrivait d’avoir parfois des sentiments troubles pour l’Ilharess. Je supposais pourtant qu’il s’agissait des sentiments profonds que ma mère éprouvait pour elle qui débordaient parfois en moi.
Je parlais à mon père de cette difficulté parfois de discerner la limite entre nos deux esprits. Il me conseillait d’être très prudente. La folie pouvait parfois gagner les deux esprits même si dans notre cas, avec ce rituel raté de ma mère, il était difficile de prédire quoique ce soit. Et même dans un rituel « normal », comme celui de mon père et Kely, les connaissances sur le sujet n’étaient que très théoriques.
Notre discussion s’est arrêtée là ma mère voulait le voir. Je l’ai remercié. J’étais heureuse que nous ayons pris le temps de discuter ensembles. J’espère qu’il ne m’a pas trouvé trop… humaine?