Categorie: Journal de Kharya


Jour 2 d’illumen du fingelien 384.

J’ai rejoins Rana Ghar sur la terrasse. Mon humeur n’était pas aussi enjouée que la veille. Ses blessures montraient des signes d’infection. J’ai modifié mon traitement et lui préconisa du repos. Il soupira, se plaignant de l’ennui de ne pouvoir rien faire et de rester seul sur la terrasse. Je sentais ce qu’il attendait mais je ne pouvais pas m’y résoudre. J’ai essayé de le dissuader de s’attacher à moi. Mais, comme tous les mâles, il fait l’invincible au nom de ce qu’il ressent. Pourquoi n’écoutent-il jamais mes avertissements ? J’ai tout de même cédé en lui proposant de venir au dépôt de Tarsengaard pendant que je travaillais pour ne pas qu’il soit seul.

Je me suis installée près de Uelaf pour faire mes poudres de diamant. Lui s’est mit à l’autre bout du dépôt. Il continuait de m’observer. Un moment, je le vis tenir son bras. Je m’inquiéta de sa douleur mais il répondit qu’elle était supportable. J’ai repris mon travail. J’avais l’impression de le voir s’affaiblir pour rester près de moi. Cela m’a rappelé un peu ce qui était arrivé à mon tigre. Alors j’ai contacté Mulvaar pour qu’il m’aide à remettre Rana Ghar sur la bonne voie. Il grommela, ne voulant visiblement pas se déplacer pour si peu, préférant continuer l’entraînement que les réunions avec les nains lui avait empêcher de mener à bien.

Sa mauvaise volonté m’énerva. Il finit par venir alors que je le renvoyais finalement à ses affaires. Il était d’une humeur au moins égale à la mienne. Si bien qu’il réussit à faire partir en trombe notre frère du dépôt. Frère qui, d’ailleurs, avait arrêté ses grimaces douloureuses dès que Mulvaar avait fait un pas dans le dépôt.

J’étais furieuse contre Mulvaar. Comment pouvait-il a ce point être incapable de se lier d’amitié avec ses frères et obtenir leur confiance ? Moi qui voulait en faire le Valuk, je crois que j’attendrais qu’un autre mâle se distingue comme rassembleur. Rana Ghar avait mal prit la comparaison que Mulvaar avait fait entre lui et un pâle. Mulvaar n’avait pas prit la peine d’user de mots plus doux que ceux que j’avais employé pour lui expliquer mes craintes concernant notre frère.

Rana Ghar entendait se couper le bras blessé lui même pour prouver qu’il n’était pas un pâle et qu’il pourrait devenir plus puissants que tous ses frères avec un seul bras. Il était complètement fou, impossible à raisonner. J’ai laissé Mulvaar s’en charger, des joutes verbales ont fusées sur nos ondes. Puis j’ai finit par lâcher par télépathie à Rana Ghar que se couper le bras ne prouverait que son entêtement. En deux minutes il s’est calmé. Je me suis promise de ne plus faire appel à Mulvaar pour ce genre de cas.

J’étais restée d’une humeur de féran. Mulvaar était dans le même état alors je l’ai invité à me rejoindre aux bains de Naralik, même si je lui en voulais un peu pour Rana Ghar. Il s’est fait tendre pour m’apaiser, me donnant envie de lui. Nos corps extériorisèrent les tensions ressenties alors que leur union se faisait plus brutale bien que pas autant que lors de nos retrouvailles après qu’il soit redevenu lui même.

Je me suis retrouvée avec une marche d’escalier me cisaillant le dos quand nous fûmes rassasiés et d’humeur légère. Il m’a porté sur l’estrade. Nous avons plaisanté comme nous le faisons souvent. Puis, en récompense de ses missions plus ou moins sérieuses bien accomplies, je suis allé jouer avec sa virilité, le frustrant par moment. Je voulais le rendre fou d’envie mais incapable de me l’imposer. Je dois dire que je suis satisfaite de cette petite torture.

Nous avons rejoint la Chambre de Prestige. Je me suis blottie contre lui et il a passé son bras derrière moi. Je lui ai confié que je me sentais en sécurité entre ses bras avant de laisser mon esprit vagabonder en rêves.

Jour 5 d’illumen du fingelien 384.

Il y a trois mois je désespérai d’être repoussante et vieille. Mais depuis le mois dernier, des jeunes mâles se sont faits entreprenants. Morax et Rana Ghar.

Il y a deux jours, Iymril, Rhiordan et Malkael ont commencé à récolter les matériaux nécessaires aux productions de financement du Tournoi de Nécromancie. Je les ai rejoint avec Rana Ghar à qui je venais de refaire son pansement. Celui ci ne demandant qu’à être avec moi et moi ne voulant pas qu’il force trop à la mine, j’ai pensé que porter des sacs le fatiguerait moins. Nous avons bien rit, mes sœurs sont vraiment terribles quand elles sont ensembles. J’ai adoré cette récolte, le labeur semble bien moins dur avec elles.

Nous avons commencé à Trassian pour le minerai d’argent, puis nous sommes allés à Zirak pour le saphir et le rubis. Nous récoltions toutes les trois pendant que Malkael et Rana Ghar ramenaient le tout au dépôt. Dans le sous sol où se trouvent les pierres précieuses, nous avons été rejoint par Balek, venu ramasser des émeraudes. Les réflexions sur nos ondes ont fusé. Et comme Nain signifie odeur, la fin de notre travail à nécessité pour moi un tour dans les thermes de Nargraw Sud.

Morax s’est éveillé peu après, me demandant comme j’allais après que je l’eus salué. Je lui signalais que j’aillais bien, dans mon bain chaud, donnant l’endroit où j’étais pour voir s’il serait tenté de venir. Ce fut le cas et après qu’il se soit perdu, il est arrivé dans le bassin. Nous avons discuté d’abord de choses et d’autres, jusqu’à ce que je finisse par creuser la question de son attirance pour moi. J’ai joué la carte de la détermination et l’ai laissé là, dans l’eau chaude, tout seul, alors que mon instinct me poussait à au moins l’embrasser avant de partir. Je devais rentrer en Séridia pour la réunion du Détachement d’Instruction sur l’affaire Galuph.

Après la fin de la réunion, j’ai emmené Rana Ghar à Kial Kraw pour lui faire profiter des bienfaits de la source de guérison s’y trouvant. Son bras avait du mal à guérir, l’infection se propageait de façon inquiétante. Je me suis déshabillée et je l’ai invité à me rejoindre dans l’eau fraîche. Comme à son habitude il me regardait du coin de l’oeil pensant que je ne le voyais pas faire. Nous sommes resté bien plus longtemps que nécessaire dans l’eau. Nous avons beaucoup discuté sur des sujet divers, personnels ou non. La aussi, j’ai finis par attaquer le sujet de son attirance pour moi. Ne voulant pas lui donner trop d’espoir. Mais il n’en démordait pas lui non plus, même s’il n’était pas le seul mâle dans mon lit. Je suis finalement partie, lui caressant la joue en reprenant le chemin d’Idaloran. Là aussi, en temps normal, j’aurais du l’embrasser.

Peu de temps après que je me sois installée pour travailler, j’ai reçu un appel télépathique de Mulvaar. Il me demandait si j’acceptais de venir me reposer avec lui dans la Chambre de Prestige de la Dague Fardée. Bien que plutôt surprise, j’ai acceptée et je l’y ai rejoint. Il avait l’air exténué mais il voulu savoir comment s’était passé ma journée, ce que j’avais fait. Je sentais comme une pointe de jalousie alors je lui ai demandé d’emblée de poser la question qui le tracassait vraiment. Il m’avoua en effet que je le rendais jaloux et me promit de faire des efforts. Son attitude me touchait. Je l’ai embrassé et il a eu l’air rassuré. De mon côté, je lui ai fait part de ma surprise face à sa demande, lui faisant remarquer que c’était la première fois qu’il demandait à me voir ainsi. Il sembla inquiet, pensant avoir mal agit. Je l’ai rassuré en lui disant que je ne voulais pas qu’il change son comportement pour moi. Nous nous sommes serrés dans les bras l’un de l’autre et nous avons laissé le sommeil nous envahir.

Jour 12 d’illumen du fingelien 384.

Beaucoup de choses se sont passées ces derniers jours, je n’ai pas eu le temps d’écrire. Khaena est revenue comme promis quand je lui ai annoncée l’ouverture prochaine des Catacombes. Dès qu’elle est arrivée j’ai abandonné Mulvaar sans caché ma joie. Je suis allée la retrouver au Trépont. Nous avons discuté de ses découvertes autour d’un verre à la taverne. Je lui ai parlé des sombres. Et de mon tigre et des prétendants qui me tournaient autour.

Quand je lui ai dit que j’envisageai de m’Unir à Mulvaar, Killya a prit le contrôle avec un ton moqueur et une pointe d’amertume. C’était plutôt désagréable. Je pensais qu’elle serait moins froide avec moi puisque Khaena disait qu’elle allait mieux dans ses lettres. Elle a finit par rendre le corps à sa fille, voyant que je n’étais pas très enthousiaste de lui parler.

Nous sommes ensuite allé sur la terrasse de la Forge, observant de loin les derniers préparatifs. Elle m’a fait part de ses doutes et de ses craintes. J’ai eu une irrésistible envie d’elle. Elle n’attendait elle aussi que cela. Nos plaisirs sont vites venus avec ce manque l’une de l’autre que nous avions ressenties.

Nous nous sommes reposées dans les bras l’une de l’autre jusqu’à ce que je doive partie pour la seconde réunion du Détachement d’instruction sur l’affaire Galuph. La réunion fut longue, à l’image de la première. J’ai l’impression que les témoignages ne nous aident pas à identifier les coupables. Mais peut être suis-je trop impatiente.

A la fin de la réunion, Perdur à annoncer l’achèvement des travaux et l’ouverture au public. Ils ont été nombreux, de tous peuples, à se ruer vers notre terre, poussés par leur curiosité. Ils n’ont pas attendu que je leur fasse faire le tour avec les explications et certains se sont retrouvés coincés dans la prison, à la plus grande satisfaction de mes sœurs et frères. De même, beaucoup ont finit en Achéron en profanant l’autel de Lith. Malgré cela, les félicitations ont fusées. J’étais euphorique.

Les visiteurs se sont peu à peu fait plus rares, et j’en ai profité pour inviter les sombres restant encore éveillés à visiter le nouveau Temple. Ils ont été émerveillés.

Jour 13 d’illumen du fingelien 384.

Le lendemain de l’inauguration, Khaena était toujours là. Elle s’était retrouvée à Irinverron à cause de Killya qui avait croisé Ajh’Illya, la bleue de Vulgor, à la visite des Catacombes. Apparemment, elle s’était énervée contre elle et avait complètement perdu la raison voulant la tuer à tout prix. J’étais assez surprise que Killya lui en veuille encore pour avoir protéger Vulgor après qu’il m’ait agressée. Elle était tellement froide avec moi. Mais Khaena m’assura que sa mère avait encore des sentiments pour moi et qu’elle essayait sûrement de les cacher.

Ma louve était en plein doute. Lors de la visite, Malkael l’avait recontactée. Elle savait qu’entre Iymril et lui les choses semblait plus sérieuses, je lui avait parlé de la réservation qu’elle avait faite auprès de Rhiordan et moi. Elle ne savait pas si elle pouvait se permettre de le revoir. Elle ne voulait pas blesser sa sœur.

Il y avait aussi les derniers mots de Keros avant que l’artefact soit brisé. Il voulait qu’elle trouve un mâle parmi les sombres. Cela tracassait ma belle, elle n’avait plus envie de séduire ou d’être séduite. Je lui avais conseiller Morax. Elle avait passé du temps avec lui avant l’ouverture de Naralik, mais elle n’a pas pu l’inciter à franchir le pas. Elle avait aussi fuit Eryann à la visite.

Je ne voyais pas comment l’aider. Et je ne voulais pas lui promettre de m’occuper d’elle comme je l’aurait fait avant de tomber sous le charme de Mulvaar. Je suis incapable de retrouver cette relation avec elle. Il m’est même, chose très étonnante, impossible de céder aux avances de Morax et RanaGhar. Alors, j’ai pensé à l’aide de la Déesse. Elle m’avait bien sauvée du doute, de la lassitude et de la volonté de disparaître. Peut être accepterait Elle ma Ss’Fenyil sous son Conseil.

Cette perspective la terrifiait. Le passé de sa mère et de son père en ce qui concerne la religion la hante. J’ai essayé d’être rassurante et elle a accepter d’entrer en transe pour communiquer avec la Déesse. Nous sommes allées à l’ancien Temple. Le nouveau n’ayant pas encore été sacralisé, je craignais que la Déesse ne puissent entendre convenablement la requête de Khaena. Nous nous somme sinstallée, je lui ai fait manger une amanite et une essence funeste. Elle s’est sentie mal, elle n’avait pas l’habitude de ce rituel. Je lui ai fait répété les mots de prière.

Elle souffrait sous l’effet des poisons ingérés. Je ne m’inquiétait pas, c’était normal. Je l’ai maintenu au sol fermement pour qu’elle ne se blesse pas dans ses convulsions. J’ai apposé mon sang en offrande sur son front pour que la Déesse soit clémente. Et Killya est apparue, enragée, effrayée, de peu que je ne tue sa fille, et que je la tue. Elle m’a appelé mon amour. J’ai été troublée, j’ai douté, je ne savais plus si je devais mener le rituel à bien. Mais l’interrompre était risquer Sa Colère et la mort de mes femelles. Khaena a repris le dessus et m’a demandé de continuer. J’ai achevé la prière et elle est tombée profondément en transe. Je l’ai laissée aux soins des Tisseuses.

Quand je suis revenue quelques heures après, elle était frigorifiée, je l’ai prise dans mes bras et elle a essayé d’assembler ses souvenirs sur les images de la transe. Elle n’y avait ressentie que peur. Elle a vu Kely, se transformant en créature hideuse. J’avais la forme d’une araignée. Et de nombreuses araignées étaient en train de l’étouffer. Je ne sais pas encore comment interpréter sa transe. Ce n’est que la première, c’est souvent très confus, surtout pour une femelle qui n’a pas la formation de Prêtresse.

Par contre, elle avait reçu un message de Malkael en entrant dans le temple ainsi qu’a sa sortie de transe. Elle pensait que ce pouvait être un signe. Je ne l’ai pas contredit. En ce cas, il se pourrait qu’il soit le mâle qui lui conviendrait et l’aiderait à sortir de sa fuite. Restait à gérer le partage en accord avec Iymril. Elle me demanda si elle pouvait le rejoindre et j’ai accepté avec joie. Il a l’air de lui faire du bien.

Quelques minutes plus tard, Mulvaar m’a appelé pour les épées en fer qu’il était prévu que je lui forge pour faire ses gobelines. Je l’ai rejoint à Naralik. Khaena y était, assise en face de Malkael. Puis ils sont partis, au calme surement, et à la fin du jour, Khaena me contacta pleine de remords car elle venait de coucher avec lui. Je l’ai rassurée comme j’ai pu. Elle va devoir vraiment parler à Iymril, même si Malkael ne le souhaite pas.

Jour 17 d’illumen du fingelien 384.

Bastian est revenu sur les îlots après au moins un fingelien si pas deux d’absence inexpliquée. Je n’avais pas envie de lui faire la morale. Il y aurait eu le droit si je n’étais pas avec Mulvaar. Cela ne m’a pas empêchée de me précipiter à sa rencontre avec un sourire ravi. Il était à Galein’th et il y avait beaucoup de monde alors j’ai évité les effusions sentimentales. Je lui ai d’emblée proposé de visiter la nouvelle Naralik. Il a été émerveillé.

Nous en profitions pour discuter un peu de ce qui s’était passé en son absence. Mon élection de Chambellan, la disparition de Marra et Balazs et la prise de pouvoir de Llariarith. La disparition du Dispensaire en silence. Je sentais comme une hésitation entre nous. Sûrement parce que je n’arrivais pas à me rapprocher de lui, retrouver la complicité que nous avions. Mulvaar me reste en tête dès qu’un mâle qui a été ou pourrait être mon amant est seul avec moi. A la fin de la visite, il était fatigué et réclamait un bon lit, alors je l’ai ramené à la Taverne dans la Chambre de Prestige. Nous aurions pu renouer notre passion charnelle l’un de l’autre mais je me suis contentée de lui offrir un baiser avant de m’en aller prétextant des choses à faire.

Des choses à faire, je n’en avais pas vraiment. C’était surtout les relances continuelles télépathiques de Rana Ghar quémandant mon attention et ma présence qui me firent ne pas rester avec Bastian. Je suis allé rejoindre le sombre aux bains de Naralik. Je ne l’y ai d’abord pas vu. J’ai fais quelques brasses et mon pied à butté sur quelque chose. Il a alors émergé sa tête de l’eau. Il ne savais trop quoi me dire. Il avait encore cette façon de m’observer sans en avoir l’air. Je lui ai demandé un massage, qu’il a effectué un peu maladroitement, il n’en avait jamais fait. Alors, nous avons échangé de place. Puis je suis montée sur l’estrade renouer mes cheveux.

Je l’ai taquiné, aguiché par moment, nous nous cherchions. Lui n’osant pas du fait de son rang et moi hésitant à cause de mon tigre argenté. Il s’est caché sous l’eau, je l’ai rejois, chatouillé, il a répliqué, j’ai bu la tasse, nous avons recommencés. Et puis je me susi trouvée coincée contre le mur du bassin. Il a posé ses mains sur mes hanches. Je l’ai regardé, il a baissé les yeux et les a enlevé. Je les lui ai remise sur ma peau. J’avais envie de l’embrasser. J’ai hésité plusieurs minutes. Je me suis finalement ravisée en lui disant que je ne pouvais pas. Il est repartit sous l’eau alors que je me rhabillais. Il est ressortit et a grommelé des phrases dont le sens m’ont échappés. J’ai quitté la salle sans même un deshmal.

Jour 20 d’illumen du fingelien 384.

C’est agréable d’avoir enfin un dépôt à nous. Nous nous croisons tous beaucoup plus qu’avant. Le peuple est bien occupé avec la préparation du Tournoi, entre le financement et les essais de l’arène. De mon côté, je prépare le Rituel de Régénération. Il aura bientôt lieu. Le Culte va revivre comme Elle l’a exigé de moi.

Khaena est retombée dans les doutes l’envie de partir. Malkael a avoué à Iymril ce qui s’était passé avec elle. Notre jeune sœur l’a mal prit et est allé faire la leçon à Khaena, avec des mots aussi durs bien que moins froids que Fharath. J’ai encore une fois échoué à la rassurer et à la retenir. Je lui ai dit que je voulais qu’elle reste mais elle m’a répondu sèchement que je n’avais pas besoin d’elle malgré cela. Je n’ai pas su quoi répondre. Mon silence devenant preuve de la véracité de ses impressions. Je suis vraiment une amante détestable.

Le jour suivant, les Patrouilleurs vinrent inspecter les défenses des Marais de Morcraven. Les natifs Kultars avaient des avis partagés sur la nécessité de leur intervention. Certains contestataires les voyaient comme des envahisseurs. Polgarath était venue avec sa cape et son batons de Nécromancie. Elle invoqua des ours polaires pour éprouver la solidité du bois des forts. Elle reçu l’ordre de les révoquer car les natifs voyaient d’un mauvais œil l’usage de l’Art. Elle obéit à sa hiérarchie de Gilde à contre cœur.

A ma grande surprise, elle commença à me confier sa frustration par télépathie. Elle s’était tellement éloignée du peuple que j’étais persuadée qu’elle ne croyait plus que par les Patrouilleurs. Ce n’était pas le cas et elle m’affirma que le choix entre la Gilde et la Déesse était simple. Il semblerait que ce retour aux valeurs au sein des nôtres l’ait touché. Je lui ai alors dit qu’il nous faudrait nous entretenir bientôt à propos du nouveau temple et des rituels nécessaires à sa sacralisation.

Notre conversation fut écourtée par l’attaque de Nevros qui interrompit le travail d’expertise des Patrouilleurs. Les gobelins submergèrent le fort Ellion. Puis des trolls, orques et autre joyeusetés prirent les Marais. Gormeng tomba sous la lame de Nevros qui s’enorgueilla d’avori abattut un officiel. Dans ses digressions suite à cela, il alla même annoncé qu’il allait faire de moi, la Chambellan, sa concubine. Je n’en croyais pas mes oreilles. Il prétendit se mettre à ma recherche mais ce furent ses troupes qui me trouvèrent et se massèrent autour de moi jusqu’à ce que l’Acheron m’ouvre ses bras. Fier de son coup, il fit une nouvelel encoche à son sabre. Alors je lui ai lancé qu’il manquait de romantisme en ne venant pas lui même pour moi. Il a dit qu’il le ferait quand il le déciderait.

En revenant à Naralik, j’ai vu une ombre derrière moi en entrant dans le Manoir. Mon cœur s’est emballé, prit dans une terreur froide. Je n’ai pas demandé mon reste et suis allé au dépôt rapidement. Je suis repartie aux combats. J’ai croisé Vulgor à la bannière il avait invoqué des chimériens du désert qui se délectaient des troupes de Véreux. Puis Nevros a eu uen idée de « jeu » il voulait combattre en duel un champion aventurier. Il y avait un enjeu, bien sur : la place de représentant kultar. Karadak a relevé ce défi inutile.

Dalz l’exilé volontaire proposa l’arène de Naralik. En entendant cela, je me suis rendue sur place. Nevros est apparut de nulle part, derrière moi, me saluant « ma jolie ». Cette fois j’en étais sure, l’ombre devant le Manoir c’était lui. Il confirma. Je sentis mon dos se glacer d’effroi. Il pouvait m’enlever à n’importe quel moment sans que personne ne puisse l’en empêcher. J’espère sincèrement que ce n’était que provocation de sa part et qu’il n’envisage pas sérieusement de m’enchaîner comme esclave de ses envies charnelles.

Nevros se plaça dans l’arène face au Commandant Patrouilleur. Voyant son armure brillante, il décida qu’il voulait une armure aussi. Il demanda à ce qu’un aventurier lui en prête une. Dalz s’empressa de lui fournir la sienne, signant du même coup son bannissement de la plupart des territoires de Séridia. Karadak se battit vaillamment, il résista malgré ses blessures récentes mais ne parvint à toucher le féal qu’une fois ou deux. Le gobelin de Nevros, Groumph, vint piller les restes du Patrouilleur. Nevros, puisque vainqueur, se déclara Représentant Kultar. Il ordonna a ses troupes de libérer « ses » terres et nous salua, nous promettant de nous revoir au prochain Haut Conseil. Il disparut dans ce ricannement qui le caractérise.

Je n’attendis pas que chaque combattant quitte les lieux. Ma rage et ma détresse avaient besoin d’être évacuées alors je suis allée voir si le féal avait dit vrai et quadrilla les Marais jusqu’à ce que Bouh annonce la levée de l’alarme. Watarus me sollicita en télépathie poru avoir le nom de Dalz pour le passer sous la condamnation Eldoriane. Je lui confiai mon inquiétude en ce qui me concernait personnellement. Il tenta de me rassuré en me disant que c’était certainement provocation bien qu’il puisse comprendre qu’un féal tombe sous mon charme. J’ai sourit un peu à ce compliment mais mon inquiétude était toujours là.

Je suis donc allé arracher des absinthes. J’aurais eu tant besoin des bras de Mulvaar à cet instant, mais il s’était mis en méditation je ne sais où. Impossible de le contacter. Sur les ondes sombres, Morax annonçait être à la Taverne pour qui voudrait prendre un verre. Je savais que ce message m’était surtout adressé. En télépathie, RanaGhar m’invita à se détendre aux bains. J’étais encore trop énervée pour vouloir rejoindre l’un ou l’autre. Quand j’eus ma dose de maltraitance végétale, je suis allée voir à la Taverne, mais Morax était déjà parti.

J’ai donc rejoint les bains. RanaGhar était encore caché sous l’eau. Un vrai saurien. Je suis entrée dans le bassin. Alors que lui en sortit. Il s’est rhabillé. Je ne voulais pas qu’il parte alors j’ai commencé à discuter. Je lui ai dit que je ne voulais pas être seule cette nuit. Il m’a offert sa présence même s’il se savait incapable d’empêcher Nevros de m’emmener si la lubie lui en prenait. Je suis sortie de l’eau et je me suis séchée. Je l’ai enlacé dans le dos en le remerciant. Quand j’ai relâché mon étreinte il s’est tourné face à moi. Je n’ai pas résisté et j’ai goûté ses lèvres délicatement. J’ai guetté sa réaction et j’ai vu qu’il était réceptif alors j’ai continué, je l’ai déshabillé et nous nous sommes mêlés l’un à l’autre. D’abord hésitant, son instinct finit par lui montrer comment me satisfaire.

Nous nous sommes ensuite baignés à nouveau. Je lui avais avoué que Mulvaar n’apprécierai pas s’il savait ce qui s’était passé et qu’il risquait de se retrouver avec un chimérien à ses trousses. Mais je voulais dormir avec lui, je ne voulais pas passer la nuit seule, encore terrifiée à l’idée que le féal ne m’emporte. Nous sommes allé dans l’une des petites chambre de la Dague Fardée et je me suis assoupie entre ses bras.

Jour 2 d’ullitavar du fingelien 384.

Comme je l’avais senti lors du Rituel de Régénération, Khaena et Killya ont fusionné. J’ai mis de nombreux jours à me décider à aller lui parler. Je ne savais pas quoi lui dire. Je ne me sentais pas responsable de la fusion proprement dite. Comment aurais-je pu le prévoir ? Je sais que Khaena redoutait de prendre part à la Cérémonie. Je mettais cela sur le compte de la transe de l’autre fois qui avait été désagréable. Mais j’espérais tant que cela l’aide à aller mieux. Comme cela m’avait aidé quand j’étais en plein doute. J’aurais tant voulu qu’elle prenne de l’assurance et compte moins sur l’amour pour vivre.

Je ne voulais pas ce qui est arrivé. Pourtant, j’ai été incapable, face cet esprit fusionné, de tenter de renouer un lien affectif. Je ne me sentais plus capable d’être là pour la sortir de ses mal êtres. Me sentir coupable à chaque instant de ne pas être à ses côtés parce que j’ai besoin d’aller de l’avant. J’avais besoin qu’elle soit aussi indépendante que moi. Je ne voulais pas être sa seule raison de vivre car cela m’étouffe. J’ai déjà tellement de responsabilités.

J’ai besoin d’un pilier solide pour me reposer mais elle également. Je n’étais plus capable de tenir pour deux. Alors que Mulvaar m’offre cette solidité, il me secoue quand je me laisse aller à la mélancolie. Et j’en ai besoin, d’être secouée. J’aurais tant voulu qu’elle accepte mon choix d’avoir Mulvaar comme mâle. Son rejet a pesé beaucoup, je crois, dans mon éloignement. Si elle avait bien voulu écouter ce qui me plaît en lui, ce qu’il m’apporte. Comprendre enfin que je ne suis pas sa marionette. Elle sait pourtant à quel point je suis redoutable pour les mâles. Je tiens le cœur de Mulvaar entre mes mains et je peux le broyer à tout instant. Il n’est pas une menace.

Elle m’a prévenue qu’elle désapprouvait le retour du Culte et de la Haute Prêtresse. Il est vrai que Polgarath fait un retour en sévérité très brutal. Trop à mon goût. J’ai toujours été dans la construction et elle prône le chaos. Je commence à douter de mon choix de la rétablir à ce rang. Je profiterai de l’entretien préparatoire de l’Union pour lui remettre les idées en place. Je ne suis pas fanatique au point d’accepter que mon peuple souffre pour suivre une ligne spirituelle impitoyable pour eux même. Je suis leur Mère, je dois les protéger.

L’esprit fusionné de mes anciennes femelles a démissionné des fonctions qu’elle avait au sein du peuple. Elle est partie quelques jours me disant qu’elle reviendrait pour donner aux nouveaux responsables ce dont ils ont besoin se trouvant dans son dépôt.

Eryann apprit ce changement d’état. Il me contacta en pleine réunion du Détachement d’instruction. Je n’avais pas vraiment le temps et l’envie d’en parler mais il insistait devenant presque désagréable. Alors j’ai essayé de lui expliquer dans les grandes lignes. Mais il semblait vouloir plus de détails. Alors il m’a demandé à m’en reparler une fois prochaine et j’ai accepté. Il en parla à Bastian, je ne sais pas bien pourquoi, et le sinan vint m’en toucher deux mots lui aussi, surpris mais avec une pointe d’amusement. J’ai écourté là aussi la conversation, lui promettant d’en reparler plus tard.

Jour 16 d’ullitavar du fingelien 384.

L’annonce de mon union avait jeté un froid. Je m’attendais à ce genre de réaction chez certains. Mais je regrettais de voir mes prétendants sombres abandonner. Ils devaient s’imaginer n’avoir plus aucune chance de s’attirer mon attention. Il est certain que Mulvaar me comble sur tous les points. Je pourrais me passer d’avoir d’autres amants. Mais j’aime trop me savoir désirée par plusieurs. Et ce plaisir, égoïste, je le reconnais, ne peut perdurer que si je leur explique que l’Union ne me restreint pas à un seul mâle.

J’ai prétexté vouloir voir Morax pour discuter des postes d’officiels pour créer l’occasion de parler de cela. Je ne lui ai pas caché que c’était en effet juste un moyen de le voir seul à seul. Je crois qu’il a compris. J’aurais aimé aller plus loin mais un essai devait avoir lieu pour le tournoi de Nécromancie. Nous avons dû nous séparer. Je crois qu’il est allé se consoler avec la sinane, vu le sourire qu’elle lui a adressé sur les ondes ces derniers jours. Je sens une pointe de jalousie au fond de moi mais je ne peux pas le blâmer. J’espère juste qu’il ne tombera pas trop dans ses griffes comme Mulvaar et qu’elle n’arrivera pas à extraire de lui des informations devant rester entre sombres.

RanaGhar a, lui, disparut plusieurs jours suite à l’annonce. Il a finit pas revenir, froid et distant. Il a été profondément blessé, je crois. Il savait pourtant que Mulvaar était un de mes mâles. La décision d’annoncer mon Union a été faite sur le tard, nous devions attendre. Je n’ai pas eu le temps de préparer mes amants à ce changement. Ce fut brutal, j’en suis consciente. Cependant, il semble toujours s’inquiéter de mon sort et trouve quelques occasion pour me voir grâce aux invasions. Il a gagné en quelques jours une force impressionnante, abattant des cyclopes sans difficulté. J’étais surprise. Il m’a répondu que la colère qui s’était emparée de lui en était responsable. J’espère qu’il dit vrai et qu’il n’est pas allé vendre son âme à un Féal. Il est d’une présence sécurisante sur le champ de bataille. Très attentif à ma santé. Son caractère s’est durcit également. Ce n’est pas pour me déplaire, la sensibilité qu’il montrait à mon égard à toujours vouloir me regarder comme un objet précieux m’inquiétait pour son avenir.

Suite à une invasion de Tarsengaard, il est venu aux bains quand j’ai laissé mes pensées vagabonder sur les ondes elfes noires dans cette eau chaude. Malheureusement, Rhiordan est arrivée avant lui. Je n’ai pas pu discuter seul à seul. Nous avons échangé quelques conversations télépathiques. Il veut savoir ce que je trouve à Mulvaar qui justifie une Union. Je n’avais pas le temps de le lui expliquer à ce moment là. Je lui ai promis de lui en reparler. Il ne faut pas que j’attende trop. Il est susceptible, il le prendra mal s’il croit que je l’oublie.

Khaena, enfin l’esprit fusionné, est revenue de son voyage comme promis. Je suis restée distante quand elle à salué les sombres et qu’elle est venu m’escorter en invasion avec RanaGhar et Veldrin. Après la discussion que nous avions eu à son précédent départ, je ne pensais pas la voir venir me protéger. Elle agit comme une sœur gardienne, sans émotion particulière, faisant juste son devoir que ce soit pour m’empêcher de mourir ou travailler pour le peuple.

Il y a peu, elle a demandé à me voir. J’ai été surprise et curieuse alors je suis partie immédiatement. Elle était à Nukavuri. Je me suis installée en face d’elle, à un bon mètre, et nous avons engagé une discussion télépathique posée. Elle n’était plus aussi froide. Elle semblait avoir réfléchit sur ce qui s’était passé, l’avait accepté et avait apparemment pardonné. Elle m’a dit que Khaena et Killya malgré les tumultes de nos relations n’avaient aucun regrets. Elle voulait savoir s’il en était de même pour moi. J’ai répondu que je regrettais seulement le mal que j’avais fait. Elle me demanda quel mal était-ce. Alors j’ai finalement déclaré que si elle ne voyait aucun mal, alors je n’avais rien à regretter. Elle a approuvé cette dernière phrase. Je doute que cela soit vrai, je pense plutôt qu’elle essaie encore de me protéger de ma culpabilité récurrente. Elle m’a alors dit que je pouvais aller retrouver mon mâle. J’ai répliqué que rien ne pressait et je suis restée au dépôt avec elle à faire mes essences.

Nous avons continué à discuter, plaisanter même, les choses se détendaient entre nous. Puis j’ai lu un instant de désir dans ses yeux qu’elle a bien vite réprimé. Je ne veux pas qu’elle cède et que je cède, je lui ai fait assez de mal comme cela. Une nouvelle existence s’ouvre devant elle, je préfère ne pas détruire cette nouvelle chance. Je suis cela dit rassurée qu’elle ne soit plus en conflit avec moi. Elle a même offert son soutien à Mulvaar quand je lui ai apprit qu’il ne voulait pas se représenter et que la méfiance des siens concernant son intégrité lui pesait. J’aurais préféré ne pas montrer cette faiblesse de mon mâle si fier mais puisqu’il est incapable de se livrer de lui même, je devais faire quelque chose. Khaena a été touchée par cet aveu. J’espère garder cette amitié bien que je craigne que si je m’approche trop elle ne soit tentée par les souvenirs de l’amour que mes femelles avaient pour moi. Je resterai vigilante.

J’ai enfin eu le temps de discuter avec Bastian. Je lui avais promis d’expliquer ce qui était arrivé à Khaena mais il m’avait aussi questionné sur Kely à cause de son arrestation. Je lui ai expliqué tout ce qui s’était passé entre Kely, Khaena, Killya et moi. En omettant le passage sur Keros, j’avais peur de lui embrouiller les idées. Nous avons passé de longues heures à la taverne de la Cité du Port. Bastian était fatigué alors nous nous sommes quitté en nous promettant de nous revoir dès que possible malgré mon emploi du temps chargé et mon mâle jaloux. L’évocation de chimérien lui filant le train ne semblait pas vraiment à son goût.

C’est hier que j’eus l’occasion de repasser du temps avec lui. Je lui ai livré une épées longue en titane et acier. Il m’a proposé de me faire quelques fioles bombées contre ingrédients. Pendant ce temps je faisais des potions de vision, profitant que Maylen était dehors pour ramener mes cargaisons d’outranque de chez Feluin. Nous avons discuté tout en travaillant jusqu’à ce qu’il ne résiste plus à passer sa main sous ma chemise pour me caresser le bas du dos. La demande était claire et je lui ai tout de suite proposé d’aller s’isoler quand j’aurais finit d’utiliser mes outranques. Je lui ai proposé cette petite maison qu’il aimait bien dont je me souvenais.

Le sujet Kely était revenu sur le tapis et j’ai reparlé de la torture sinane insupportable avec une plume qu’il avait évoqué à la taverne la fois d’avant. J’ai insisté pour subir cette torture. Il a tout fait pour m’en dissuader, ne faisant qu’accroître mon envie d’essayer. Il m’a demandé de me déshabiller, il a fait de même. J’ai du me mettre sur le ventre, il s’est assis sur mes cuisses pour me bloquer. Et il a commencé à me chatouiller les pieds savamment avec la plume. C’était en effet insupportable. J’ai résisté longtemps, morte de rire et presque suffocante avant de concéder une demande de grâce. J’avais trop envie de lui pour perdre plus de temps avec ce petit jeu. Je doute qu’une sombre puisse avouer quoi que ce soit avec ce genre de méthode.

Il m’a relâché et retourné. Son regard s’est perdu dans le mien et il m’a prise d’un geste puissant. Il en est resté là, quelques instants, ne bougeant pas, se contentant de me serrer dans ses bras en profitant de mon odeur. Il m’avoua que c’était à cet instant qu’il se rendait compte à quel point il avait été absent longtemps. Je lui ai répondu que lui aussi m’avait manqué. Je savais qu’il avait profité de la sinane depuis son retour, j’avais réussis à lui faire avouer. Il avait eu l’air embarrassé sur le moment, cela m’a amusé. Mais quand je l’ai senti contre moi, peau à peau et désir partagé, je me suis sentie tellement plus importante et désirable qu’elle. Déjà avant sa disparition, il m’avait confié qu’il n’avait plus envie d’autre amante que moi, qu’il ne la voyait plus elle. J’étais heureuse de retrouver cette impression à cet instant. Heureuse et tellement triste qu’il ait tant tardé à revenir. J’appartenais à Mulvaar maintenant, quoi que je n’aime pas ce terme mais le lien fort qu’il y a entre mon Sombre et moi justifie son emploi. Bastian est un sinan, il ne doit jamais apprendre tous mes secrets. Je n’ai pas eu le cœur de lui faire part de ces doutes.

Sa passion nous a rapidement emporté tous les deux et nous nous sommes endormis dans les bras l’un de l’autre. Je souhaite le revoir le plus vite possible. Je sais qu’il parvient à être un amant discret, si je fais attention aussi, mon Sombre ne lui fera aucun mal.

Jour 22 d’ullitavar du fingelien 384.

Mon repos a été troublé de mauvais rêves. Véreux est venu me voir en renouvellant sa déclaration de faire de moi sa concubine. Il a dit que « C’est pour bientôt ». C’est Vulgor qui lui a dit que sa visite me ferait plaisir. Je crois qu’il va tellement souffrir lors de son interrogatoire qu’il sera incapable de pouvoir répondre si je ne retrouve pas mon calme d’ici là.

J’ai rêvé d’une cérémonie de mariage. J’étais aux côtés de Nevros devant la pierre de Narleyka, ma main droite posée sur sa main gauche, nos poignets liés par une cordelette d’argent. Le Féal Nati nous faisait face lisant un vieux grimoire. Les hordes de monstres gardaient les portes du fort aux renards pour empêcher les aventuriers d’interrompre le rituel qui me rendrait féconde à l’engeance féale. Je ne luttais pas, la menace de détruire mon peuple m’obligeant à plier à leur volonté. J’entendais les sombres se battre, périr et revenir sans relâche pour me sauver. Je sentais la douleur de Mulvaar, son désespoir, sa haine et sa rage.

Puis le rêve s’est troublé et un nouveau s’est formé. J’étais en train de donner naissance à l’enfant de Nevros. Un monstre hideux qui me déchira les entrailles. Couvert d’écailles noires comme les ténèbres, des yeux verts perçants un souffle fétide et brûlant, des ailes en peau immenses couvrant les rayonnements du soleil et des lunes. J’entendais le rire de Nevros, sa jubilation de voir son petit trésor faire ses premiers pas et se tourner vers moi pour calciner sa mère mortelle.

Je me suis réveillée en sursaut, en sueur et frissonnante. Mulvaar était là comme il l’avait promis. Je me suis blottie contre lui, respirant son odeur pour me calmer.

Jour 25 d’ullitavar du fingelien 384.

A mon réveil, après cette nuit agitée, Mulvaar a demandé à me parler de notre Union au Temple. Je l’ai rejoint directement. Je me demandais ce qu’il voulait, je redoutais un peu qu’il renonce. Pensée peut être idiote mais vu le ton hésitant de sa demande, je m’étais mise à imaginer le pire. Ce qui le tracassait était que je lui cache des choses. Il savait sa jalousie excessive et il était prêt à prendre sur lui mais il voulait savoir qui je fréquentais, il ne voulait pas que cela soit fait à son insu et que l’idée que je sois dans les bras d’un autre lui torture l’esprit en permanence. J’ai accepté de tout lui dire. Il a cependant insisté sur le fait qu’il risquait de ne pas être aussi patient si l’un de mes amants commençait à le narguer ou à se croire capable de lui disputer cette place de favori. Je l’ai rassuré en lui disant que je n’accepterai pas un tel comportement de la part d’un de mes amants et que le fautif se verrait privé de ma compagnie. Touché par cette déclaration, il n’a pas résisté à l’envie de m’embrasser et nous avons finit dans une étreinte passionnée et sanglante sous le regard de la Déesse.

Quelques heures plus tard, j’ai rejoins notre dépôt. Mulvaar était parti à ses interminables récoltes et seul alak se trouvait auprès de Kynth. Fait plutôt rare ces derniers temps. Je me suis installée derrière le comptoir en face de lui et je lui ai reparlé de la discussion que j’avais eu avec notre nouvelle sœur Seliane. Elle semble s’être attachée à lui et réciproquement. Il lui a donc avoué la malédiction qui pesait sur lui. Elle est donc venu demander mon aide pour sortir alak de la douleur et al tristesse dans lesquels cela le plongeait. J’avais déjà réfléchit à ce sujet et prier la Déesse de m’inspirer. J’avais déjà envisagé d’adopter alak, j’ai sentit que cela pouvait être l’une des clés de la levée de la malédiction.

J’ai profité d’avoir alak en face de moi pour lui expliquer sommairement le principe du rituel que j’effectuerai : une malédiction de sang ne pouvait être levée qu’en changeant de lignée, qu’il lui fallait une nouvelle mère et un nouveau père pour que le sort n’ai plus d’accroche sur lui. Il m’a demandé qui accepterait de faire cela pour lui. Je lui ai dit que je ferai de lui mon fils. Il s’est mit à baisser la tête le regard fixant le sol en me remerciant. Il avait l’air très ému. Je sentais qu’il était cependant encore tourmenté alors je l’ai autorisé à poser des questions. Il voulait savoir s’il pourrait se refuser à une femelle. J’ai essayé de mon montrer rassurante, lui disant qu’une femelle devrait obtenir ma bénédiction et que je serai très regardante sur la personnalité des prétendantes, que je ne le forcerai pas si je sentais qu’elle ne prendrait pas soin de lui. J’ai perçut un grand soulagement à ces précisions.

Puis il a demandé ce qu’il devait faire pour se préparer au rituel. Je lui ai dit qu’il devrait au préalable se Purifier à l’ancien temple en combattant les tisseuses pour recevoir leur venin pendant une heure. Il reviendrait ensuite aux Catacombes faire une offrande dans l’Autel Sacrificiel puis attendrait ma venue et celle de son futur père dans le Temple. Je l’ai quitté sur cette bonne nouvelle pour rejoindre Bastian qui devait me vendre des essences volcaniques.

Mon chasseur sinan était à Nord Thyl, plaisantant sur le fait qu’il était en train de démonter al cité naine à la pioche. Il m’a fait rire mais je lui ai dit que bien que cette activité soit plutôt intéressante selon moi, je ne mettrais pas les pieds chez les Nains. Je lui ai donc donné rendez vous à Illumen et j’ai commencé une récolte de roses en l’attendant. Il avait l’air un peu ailleurs, nous avons commercé et ej m’attendais à ce qu’il veuille s’isoler avec moi mais il restait silencieux au dépôt. Discutant avec Mulvaar par télépathie, j’ai repris la récolte quelques minutes attendant de voir si Bastian donnerait signe de réveil mais je l’entendis saluer les ondes sinanes et sombres, partant se reposer.

Cela m’arrangeait, puisque je venais de demander à Mulvaar d’être le père d’alak pour le rituel de la levée de malédiction. Il était touché et un peu perdu, je crois, de tous les changements que je lui faisais subir depuis qu’il était mon mâle. Une Union, un fils…J’avais envie de le retrouver alors je suis rentrée à Naralik. Malheureusement, Mulvaar est arrivé en même temps que Voronwe. Le représentant pâle a investit notre dépôt comme résidence quasi permanente. C’est agaçant de le voir prendre ses aises. Nous avons continué de parler à télépathie. Mulvaar cherchait un moyen de faire partir l’intrus. En plaisantant, il parla de me mordiller le cou sous son nez. Je lui répliquais que Voronwe risquait de rester pour se rincer l’oeil. Mon Sombre se ravisa un instant avant de m’avouer que cette idée l’excitait alors il mit à exécution son envie. Nous nous chamaillâmes sans gêne sur le banc mais le pâle ne réagissait pas, il avait l’air complètement ailleurs. Il finit cependant par disparaître, sûrement pour rejoindre un endroit où se reposer. Nous avons continué à travailler un peu puis j’ai voulu me promener en surface pour profiter de la fin de la nuit.

Je ne savais pas exactement où je voulais aller, nous avons errer sur nos terres jusqu’à ce que l’idée de le semer me vienne. Il arrivait rarement à suivre mon rythme de marche en invasion alors j’ai voulu le tester. Et j’ai encore gagné. Je suis allé l’attendre sur la terrasse de la forge, perchée sur le bout roche. Il a finit par me retrouver. Il est monté et m’a taquiné sur la confiance que j’avais en lui avec le vide qu’il y avait derrière moi. Cette idée nous a excité l’un l’autre et nous avons partagé un étreinte en équilibre au bord du gouffre. Par deux fois j’ai cru qu’il allait déraper et que nous allions finir de nous rompre le cou en bas de la terrasse, ce qui exacerba nos envies. Quand nous avons été rassasiés de sensations fortes, nous nous sommes rendus compte que les sentinelles s’était figé devant ce spectacle. Mulvaar les congédia rageusement alors que cela me faisait plutôt rire. Nous avosn ensuite été surpris en pleine conversation intime par une sœur cherchant le livre sur la métallurgie. J’ai alors préféré continuer la discussion dans la Chambre de Prestige.

Nous nous sommes installé confortablement reparlant de changements importants que j’apportais à mon Sombre. Nos paroles étaient tendres avec parfois ces petites pointes d’ironie que nous apprécions l’un chez l’autre et qui cassent la mièvrerie de nos attentions sentimentales. Nous ressentons la même sérénité quand nous sommes ensemble, nous nous donnons force mutuellement. De regards échangés en caresses, nous nous sommes à nouveau aimé, avec une douceur rare mais délicieuse qui nous assura un repos des plus réparateurs.

Powered by WordPress | Theme: Motion by 85ideas.