L’annonce de mon union avait jeté un froid. Je m’attendais à ce genre de réaction chez certains. Mais je regrettais de voir mes prétendants sombres abandonner. Ils devaient s’imaginer n’avoir plus aucune chance de s’attirer mon attention. Il est certain que Mulvaar me comble sur tous les points. Je pourrais me passer d’avoir d’autres amants. Mais j’aime trop me savoir désirée par plusieurs. Et ce plaisir, égoïste, je le reconnais, ne peut perdurer que si je leur explique que l’Union ne me restreint pas à un seul mâle.
J’ai prétexté vouloir voir Morax pour discuter des postes d’officiels pour créer l’occasion de parler de cela. Je ne lui ai pas caché que c’était en effet juste un moyen de le voir seul à seul. Je crois qu’il a compris. J’aurais aimé aller plus loin mais un essai devait avoir lieu pour le tournoi de Nécromancie. Nous avons dû nous séparer. Je crois qu’il est allé se consoler avec la sinane, vu le sourire qu’elle lui a adressé sur les ondes ces derniers jours. Je sens une pointe de jalousie au fond de moi mais je ne peux pas le blâmer. J’espère juste qu’il ne tombera pas trop dans ses griffes comme Mulvaar et qu’elle n’arrivera pas à extraire de lui des informations devant rester entre sombres.
RanaGhar a, lui, disparut plusieurs jours suite à l’annonce. Il a finit pas revenir, froid et distant. Il a été profondément blessé, je crois. Il savait pourtant que Mulvaar était un de mes mâles. La décision d’annoncer mon Union a été faite sur le tard, nous devions attendre. Je n’ai pas eu le temps de préparer mes amants à ce changement. Ce fut brutal, j’en suis consciente. Cependant, il semble toujours s’inquiéter de mon sort et trouve quelques occasion pour me voir grâce aux invasions. Il a gagné en quelques jours une force impressionnante, abattant des cyclopes sans difficulté. J’étais surprise. Il m’a répondu que la colère qui s’était emparée de lui en était responsable. J’espère qu’il dit vrai et qu’il n’est pas allé vendre son âme à un Féal. Il est d’une présence sécurisante sur le champ de bataille. Très attentif à ma santé. Son caractère s’est durcit également. Ce n’est pas pour me déplaire, la sensibilité qu’il montrait à mon égard à toujours vouloir me regarder comme un objet précieux m’inquiétait pour son avenir.
Suite à une invasion de Tarsengaard, il est venu aux bains quand j’ai laissé mes pensées vagabonder sur les ondes elfes noires dans cette eau chaude. Malheureusement, Rhiordan est arrivée avant lui. Je n’ai pas pu discuter seul à seul. Nous avons échangé quelques conversations télépathiques. Il veut savoir ce que je trouve à Mulvaar qui justifie une Union. Je n’avais pas le temps de le lui expliquer à ce moment là. Je lui ai promis de lui en reparler. Il ne faut pas que j’attende trop. Il est susceptible, il le prendra mal s’il croit que je l’oublie.
Khaena, enfin l’esprit fusionné, est revenue de son voyage comme promis. Je suis restée distante quand elle à salué les sombres et qu’elle est venu m’escorter en invasion avec RanaGhar et Veldrin. Après la discussion que nous avions eu à son précédent départ, je ne pensais pas la voir venir me protéger. Elle agit comme une sœur gardienne, sans émotion particulière, faisant juste son devoir que ce soit pour m’empêcher de mourir ou travailler pour le peuple.
Il y a peu, elle a demandé à me voir. J’ai été surprise et curieuse alors je suis partie immédiatement. Elle était à Nukavuri. Je me suis installée en face d’elle, à un bon mètre, et nous avons engagé une discussion télépathique posée. Elle n’était plus aussi froide. Elle semblait avoir réfléchit sur ce qui s’était passé, l’avait accepté et avait apparemment pardonné. Elle m’a dit que Khaena et Killya malgré les tumultes de nos relations n’avaient aucun regrets. Elle voulait savoir s’il en était de même pour moi. J’ai répondu que je regrettais seulement le mal que j’avais fait. Elle me demanda quel mal était-ce. Alors j’ai finalement déclaré que si elle ne voyait aucun mal, alors je n’avais rien à regretter. Elle a approuvé cette dernière phrase. Je doute que cela soit vrai, je pense plutôt qu’elle essaie encore de me protéger de ma culpabilité récurrente. Elle m’a alors dit que je pouvais aller retrouver mon mâle. J’ai répliqué que rien ne pressait et je suis restée au dépôt avec elle à faire mes essences.
Nous avons continué à discuter, plaisanter même, les choses se détendaient entre nous. Puis j’ai lu un instant de désir dans ses yeux qu’elle a bien vite réprimé. Je ne veux pas qu’elle cède et que je cède, je lui ai fait assez de mal comme cela. Une nouvelle existence s’ouvre devant elle, je préfère ne pas détruire cette nouvelle chance. Je suis cela dit rassurée qu’elle ne soit plus en conflit avec moi. Elle a même offert son soutien à Mulvaar quand je lui ai apprit qu’il ne voulait pas se représenter et que la méfiance des siens concernant son intégrité lui pesait. J’aurais préféré ne pas montrer cette faiblesse de mon mâle si fier mais puisqu’il est incapable de se livrer de lui même, je devais faire quelque chose. Khaena a été touchée par cet aveu. J’espère garder cette amitié bien que je craigne que si je m’approche trop elle ne soit tentée par les souvenirs de l’amour que mes femelles avaient pour moi. Je resterai vigilante.
J’ai enfin eu le temps de discuter avec Bastian. Je lui avais promis d’expliquer ce qui était arrivé à Khaena mais il m’avait aussi questionné sur Kely à cause de son arrestation. Je lui ai expliqué tout ce qui s’était passé entre Kely, Khaena, Killya et moi. En omettant le passage sur Keros, j’avais peur de lui embrouiller les idées. Nous avons passé de longues heures à la taverne de la Cité du Port. Bastian était fatigué alors nous nous sommes quitté en nous promettant de nous revoir dès que possible malgré mon emploi du temps chargé et mon mâle jaloux. L’évocation de chimérien lui filant le train ne semblait pas vraiment à son goût.
C’est hier que j’eus l’occasion de repasser du temps avec lui. Je lui ai livré une épées longue en titane et acier. Il m’a proposé de me faire quelques fioles bombées contre ingrédients. Pendant ce temps je faisais des potions de vision, profitant que Maylen était dehors pour ramener mes cargaisons d’outranque de chez Feluin. Nous avons discuté tout en travaillant jusqu’à ce qu’il ne résiste plus à passer sa main sous ma chemise pour me caresser le bas du dos. La demande était claire et je lui ai tout de suite proposé d’aller s’isoler quand j’aurais finit d’utiliser mes outranques. Je lui ai proposé cette petite maison qu’il aimait bien dont je me souvenais.
Le sujet Kely était revenu sur le tapis et j’ai reparlé de la torture sinane insupportable avec une plume qu’il avait évoqué à la taverne la fois d’avant. J’ai insisté pour subir cette torture. Il a tout fait pour m’en dissuader, ne faisant qu’accroître mon envie d’essayer. Il m’a demandé de me déshabiller, il a fait de même. J’ai du me mettre sur le ventre, il s’est assis sur mes cuisses pour me bloquer. Et il a commencé à me chatouiller les pieds savamment avec la plume. C’était en effet insupportable. J’ai résisté longtemps, morte de rire et presque suffocante avant de concéder une demande de grâce. J’avais trop envie de lui pour perdre plus de temps avec ce petit jeu. Je doute qu’une sombre puisse avouer quoi que ce soit avec ce genre de méthode.
Il m’a relâché et retourné. Son regard s’est perdu dans le mien et il m’a prise d’un geste puissant. Il en est resté là, quelques instants, ne bougeant pas, se contentant de me serrer dans ses bras en profitant de mon odeur. Il m’avoua que c’était à cet instant qu’il se rendait compte à quel point il avait été absent longtemps. Je lui ai répondu que lui aussi m’avait manqué. Je savais qu’il avait profité de la sinane depuis son retour, j’avais réussis à lui faire avouer. Il avait eu l’air embarrassé sur le moment, cela m’a amusé. Mais quand je l’ai senti contre moi, peau à peau et désir partagé, je me suis sentie tellement plus importante et désirable qu’elle. Déjà avant sa disparition, il m’avait confié qu’il n’avait plus envie d’autre amante que moi, qu’il ne la voyait plus elle. J’étais heureuse de retrouver cette impression à cet instant. Heureuse et tellement triste qu’il ait tant tardé à revenir. J’appartenais à Mulvaar maintenant, quoi que je n’aime pas ce terme mais le lien fort qu’il y a entre mon Sombre et moi justifie son emploi. Bastian est un sinan, il ne doit jamais apprendre tous mes secrets. Je n’ai pas eu le cœur de lui faire part de ces doutes.
Sa passion nous a rapidement emporté tous les deux et nous nous sommes endormis dans les bras l’un de l’autre. Je souhaite le revoir le plus vite possible. Je sais qu’il parvient à être un amant discret, si je fais attention aussi, mon Sombre ne lui fera aucun mal.