Categorie: Journal de Shaakya


Déménagement

Ma décision était prise : je voulais être ranger. Il me restait à l’appliquer. Mais tout d’abord, j’allais déménager à Fairhaven : vivre dans le désert ardent et croiser des légionnaires m’auraient fait plus de mal que de bien. J’ai vendu tout ce qui ne m’était plus nécessaire et fabriqué tout ce que je pouvais avec les matières premières qu’il me restait. J’ai regardé la vieille armure ranger complètement usée que les Rangers de Silan m’avait offerte. Je l’avais gardé à l’abri dans les sacoches de mon mektoub. Je ne sais pourquoi mais je n’avais jamais réussi à m’en séparer. Et cette fois encore, je n’ai pas pu…

Je suis partie à dos de mektoub pour un long voyage que je n’avais jamais fait seule… Mais, je ne pouvais demander à personne de m’accompagner, tous mes amis faisaient partis de la guilde. Au départ, je voulais juste aller vers Dyron voir comment je me débrouillais. Et puis, j’ai tellement bien réussi ce premier voyage que j’ai pris confiance : j’allais au moins aller jusqu’à Zora. Mais pour çà, il fallait s’enfoncer dans les primes racines en traversant la zone appelée « Sources interdites ». Je savais que c’était la partie la plus difficile du voyage mais il allait falloir que je m’habitue à vivre seule et c’était une expérience que je rencontrerais souvent désormais.

J’ai vérifié que mon mektoub avait tout ce qu’il lui fallait en nourriture pour la traversée et je suis repartie. La partie dangereuse du nord de Dyron a été passée sans soucis. J’avais compris au fil des expéditions avec les légions fyros, que les bords de falaise étaient plus sécurisés et je gardais les yeux grand ouverts. Et enfin, j’ai vu le vortex d’entrée dans les primes racines.

J’ai poussé un soupir de soulagement : « Jusqu’ici tout va bien! ». Je regardais avec angoisse la beauté des sources interdites sachant très bien qu’il s’y cachait des créatures capables de me briser en deux en un seul coup.

J’ai pris deux grandes inspirations et je suis repartie. J’ai réussi à atteindre le milieu des sources interdites en passant inaperçue me faufilant entre les bestioles inamicales me cachant parmi les herbivores. Et puis, un zerx m’a pris en chasse réussissant à me donner un coup. J’ai paniqué fonçant droit devant pour lui échapper. Heureusement, mon mektoub était rapide. J’ai regardé derrière moi tout en continuant à galoper. J’ai souri le zerx avait été distancé.

J’ai recommencé à regarder devant moi pour me rendre compte avec horreur que je fonçais droit devant un groupe de tyranchas… Il était trop tard pour les éviter. Je n’avais pas le choix il ne me restait plus qu’à espérer passer au travers profitant de la vitesse de mon mektoub pour leur échapper…

Mais, je saignais abondamment déjà de la blessure que m’avait infligée le zerx. Il n’a fallu qu’un seul coup pour que je tombe. Je voyais le vortex de sortie quand un voile rouge est tombé sur mes yeux… la sortie était pourtant là tout près…

J’ai demandé une résurrection aux kamis près du vortex si proche, espérant que mon mektoub avait survécu. Mais quand je suis arrivée, je n’ai pu que constater que les tyranchas en avaient fait leur déjeuner. J’ai réussi à m’approcher pour au moins récupérer les affaires qu’il y avait dans les sacoches : la hache à deux mains qu’Eeri venait de m’offrir, le bâton sucre d’orge qu’on m’avait donné pendant les fêtes d’Anlor Winn… Mon sac a rapidement été plein. J’ai regardé longuement l’armure ranger… J’allais devoir la laisser ici. Pourquoi avais je les larmes aux yeux ? Ce n’était qu’une armure… Et puis, je me suis ressaisie. Ce n’est pas parce que je laissais l’armure ici que je ne deviendrais pas ranger! Elle était de toutes façons inutilisable désormais. J’ai enterré l’armure pour que personne ne la trouve. Après tout, c’était une belle fin pour une armure de ranger que de finir dans les primes racines, si proche des kitines.

Je me suis alors téléportée à ma destination finale : Fairhaven. J’ai racheté un nouveau mektoub. Celui-ci était gris et n’avait pas les couleurs sableuses du désert. J’ai fait quelques tours avec lui, il nageait très bien, normal pour un mektoub des lacs. C’était une brave bête autant que celui que j’avais perdu. J’espère que mes erreurs dans mes futures expéditions ne lui seront pas fatales à lui aussi…

Départ des légions fyros

Pendant plusieurs jours, je n’ai pas réussi à dire à Eeri la décision que j’avais prise de quitter la légion. Les mots me restaient coincés dans la gorge. Et quand elle me proposait d’aller prendre une armure lourde dans le hall de guilde, j’esquivais, déclarant que je le ferais plus tard.

Finalement, c’est Icus qui m’a contactée télépathiquement. Il avait vu les messages de demandes d’informations sur les rangers que j’avais laissé dans le hall réservé aux neutres. J’ai été surprise sur le moment mais j’ai compris ensuite ma bévue. Je pensais être discrète en laissant mon message mais je l’avais mis dans le hall réservé aux neutres de culte et pas de civilisation.Tous les légionnaires étaient pour le moment restés neutres au niveau religieux à la demande d’Icus. Cela avait d’ailleurs fait grincer des dents : ne prendre partie pour aucune religion, c’était se couper l’accès à un certain nombre de téléporteurs. Mais la règle avait été suivie.

Icus m’a alors indiqué le nom de quelques personnes qui avaient des connaissance sur les rangers. Son attention m’a touchée. Je me sentais mal de lui cacher mes intentions de départ. J’ai fini par lui raconter que j’avais participé à la libération des terres matis. Je m’attendais à une colère noire de sa part, à une punition, voir un bannissement… Mais, il n’en a rien été. Icus a émis un son entre un grognement et un toussotement gêné. Ne le voyant pas réagir, plus que çà, j’ai fini par déclarer que j’allais quitter les légions fyros mais que je voulais rendre mon écusson à celle qui l’avait apposé sur mon armure : Eeri. Il a répondu : « C’est mieux oui! ». J’étais inquiète, il semblait si éteint par la nouvelle. Je lui ai alors demandé si il m’en voulait. Il a répondu légèrement agacé que ce n’était pas le cas. La conversation s’est éteinte d’elle même… Je ne voyais plus vraiment quoi lui dire.

Quelques jours plus tard, pourtant, j’ai pu en apprendre un peu plus sur le fond de sa pensée. Pour lui, ma décision n’était qu’une lubie utopique du à mon jeune âge. Peut-être avait il raison… peut-être que je ne serais jamais ranger et que l’idéal de fraternité entre les peuples ne pourrait jamais être atteint… Mais ce dont j’étais sûre c’est que les kitines resteraient mon principal ennemi pour avoir tué mon oncle et avoir été la cause de la disparition de Kyshala. Et, il était également sûr désormais que je n’accepterais plus de faire partie d’une guilde qui attaquent d’autres homins avec comme seule justification qu’ils font partie d’un autre peuple…

C’est le lendemain que j’ai pu parler de mon départ des légions fyros à Eeri. Je me doutais qu’Icus ne tarderait pas à lui rapporter mes paroles. Quand je lui ai dit que je voulais devenir ranger comme les rangers de Silan. J’ai senti son angoisse. Elle a cru un moment, que je voulais retourner là-bas. Je l’ai rassurée, lui affirmant que je restais à la surface mais que je quittais les légions fyros. Elle l’a assez bien pris. Elle ne m’en voulait pas de faire mes propres choix, même si ils pouvaient s’avérer être mauvais. Quand je lui ai parlé de l’étrange réaction d’Icus, déclarant en riant qu’il se ramollissait pour ne pas m’avoir punie d’avoir aider les matis. Elle est restée sérieuse : « il aime bien ses deux chauves… ». Elle m’a demandé si j’allais rejoindre une autre guilde. Mais pour l’instant, je n’avais pris aucune décision. Je savais qu’il y avait le groupe Centor qui m’avait intégrée à leur équipe lors de libération des terres matis et qui semblait rangers dans l’âme. Il y avait aussi cette guilde Hoodo qui se déclarait ouvertement ranger mais dont je n’avais vu aucun membre… Peut-être avaient ils disparu durant le deuxième grand essaim ? Notre discussion a duré jusque tard dans la nuit. Eeri était loin, je n’ai pas eu le courage de me déplacer pour rendre mon écusson ce soir là.

Quelques jours plus tard, Eeri m’a invitée à une chasse avec d’autres légionnaires. Peut-être espérait elle encore me faire rester en me montrant ce qu’il y avait de mieux parmi la guilde : la fraternité des légionnaires entre eux. Il est vrai que durant ces chasses, j’avais toujours apprécié l’esprit de corps qui y régnait. Et cette fois encore, j’ai apprécié cette entraide sans concession que tous donnaient aux autres. Mais ma décision était prise. Pourtant, je sentais que Eeri faisait durer indéfiniment la chasse pour ne pas que je lui rende mon écusson. Quand je lui en ai fait la remarque. Elle m’a souri avec un petit air faussement innocent.

Finalement, la fatigue aidant, j’ai commencé à commettre des erreurs mettant en danger les autres. Il valait mieux que j’aille dormir. Quand, j’ai dit dépitée à Eeri que ce n’était pas encore aujourd’hui que j’allais lui rendre mon écusson. Elle a finalement déclaré que je pouvais le faire maintenant mais qu’elle me laissait l’annoncer aux autres. J’ai pris deux longues inspirations, un peu angoissée à l’idée que mes frères d’armes me rejettent pour la décision que j’avais prise de quitter la guilde.

Puis j’ai commencé : « J’ai une petite annonce à faire… Je vais quitter la guilde… ». Gunbra a reniflé comme si elle retenait des larmes et Zaydan m’a demandé en plaisantant si je quittais la guilde parce que je n’avais pas digéré le dernier bébé matis. J’ai répondu sur le même ton humoristique qu’effectivement, je n’avais pas apprécié le goût. Puis j’ai continué plus séieusement : « J’ai choisi une autre voie… Je voudrais devenir Ranger. Mais je tiens à dire que j’ai beaucoup apprécié faire ce bout de chemin avec vous. ». Il y a quelques questions sur ce qu’étaient les rangers. J’ai eu peur à des réactions négatives quand j’ai affirmé que en tant que ranger je défendrais tous les homins, même les matis. Mais Zaydan a déclaré : « Comme ça nous pourront l’achever nous! ». Et Bjorka a ajouté en crachant par terre : « Je lui attacherai les mains Zaydan que tu puisse faire ton oeuvre ». Ce qui m’a fait plutôt rire.

J’ai rendu mon écusson à Eeri et j’ai fait mes adieux même si ce n’en était pas vraiment puisque je restais sur l’écorce. Bjorka a semblé inquiet pour moi : « Attention à toi Shaakya, ta nouvelle mission pourra être dangereuse, beaucoup d’homins prennent des risques. A bientôt Shaakya, hésite pas si tu as besoin de mes soins et même de ma lame ! ». Et Gunbra a ajouté : « Ou de ma retch ». Eeri m’a réaffirmé que je serais toujours la bienvenue parmi eux. Je suis partie avec un brin de nostalgie mais le coeur heureux que mes frères d’armes aient accepté mon choix.

Mélancolie

Je n’avais pas encore prévenu Ywan de mon départ des légions fyros… Pourtant, c’est à lui que j’aurais aimé le dire en premier mais il était bien trop souvent absent ou trop occupé par son forage dans les primes racines pour m’accorder son attention.

Puisque je n’arrivais pas à le croiser, j’ai fini par lui envoyé un message par izam :

« oren pyr Ywan,

Je n’ai pas réussi à te croiser depuis plusieurs jours, aussi je te le dis dans ce message que j’accroche à la patte de cet izam même si j’aurai préféré te le dire de vive voix.

Peut-être le sais tu déjà? J’ai quitté les légions fyros. Je ne me sentais plus en accord avec les idéaux de la guilde. Après de longues lectures, à droite et à gauche, et une réflexion sur moi-même et sur ce que je voulais faire de ma vie d’homine, j’ai décidé de devenir Ranger.

Icus pense que c’est une lubie dû à mon jeune âge… peut-être… Mais toujours est il que je ne peux plus accepter que notre guilde attaque sans raison une tribu matis qui ne leur a rien fait ou qui ne se déplace pas pour défendre leurs terres des kitines.

C’est peut-être un doux rêve irréalisable mais je veux défendre les homins… tous les homins contre les kitines et j’aimerai qu’un jour toutes ses dissensions entre les peuples s’apaisent.

Pour l’instant, je ne suis d’aucune guilde. Je cherche à atteindre doucement l’idéal ranger et peut-être un jour en rencontrer un.

Je serais toujours là, si tu as besoin de quoique ce soit, je reste ton amie.

Que les kamis veillent sur ta graine de vie.

Shaakya. »

Quelques heures après avoir écrit cette lettre, Eeri m’a signalé que Ywan s’était inquiété de mon absence la veille. Ça m’a donné un peu de baume au coeur de savoir qu’il pensait toujours un peu à moi. Peut-être aurais-je bientôt de ses nouvelles?

Eeri m’a finalement rejoint sans que je lui demande quoique ce soit. Elle a déclaré qu’elle allait m’aider à devenir ranger. Nous avons écumé la région zoraï pour la vider de ses bandits qui attaquaient tous les homins s’approchant un peu trop de leur camp. Cette petite excursion m’a beaucoup aidée à me faire connaître du peuple zoraï mais ce n’était pas ce qui m’importait le plus. Le plus important, c’était qu’Eeri continuait à prendre soin de moi. D’ailleurs, elle s’inquiétait souvent de savoir si j’avais trouvé une guilde correspondant à mes idéaux et elle me répétait que je serais toujours la bienvenue parmi les légionnaires.

Quelques jours plus tard, j’ai senti la présence d’Ywan. Je l’ai contacté par le chant d’Atys. Il avait bien reçu mon message et était heureux que j’ai trouvé ma voie. Lui aussi s’est inquiété de me savoir sans guilde. Il affirmait que seule, j’aurai beaucoup de mal à survivre ici… J’étais surprise : n’était il donc pas possible d’être seule sur Atys? Mais pour le moment, je voulais prendre le temps de choisir et de bien choisir, pour ne pas me tromper. J’avais tout le temps.

Il m’a avoué que lui aussi, ces derniers temps, il ne se sentait plus vraiment en accord avec les dernières décisions concernant les légionnaires au niveau du culte. Je savais qu’Ywan était plutôt proche des kamis comme l’avait toujours été les légions fyros et actuellement la guilde s’orientait plutôt vers la neutralité ce qu’il n’appréciait pas. D’autant qu’il ne pouvait plus participer aux chasses des légionnaires qui étaient devenus des combattants hyper-entraînés et que lui avait négligé son entrainement de combattant pour se concentrer sur le forage. Depuis le début, nous nous étions sentis en décalage par rapport aux autres légionnaires. Mais plus le temps passait, plus le fossé qui nous séparaient d’eux s’élargissait. Pour ma part, j’avais fini par les quitter mais Ywan restait. J’avais l’impression que c’était plus par habitude qu’autre chose.

Il m’a finalement demandé ce que je faisais de mes journées. Je lui ai raconté que je travaillais pour les différents peuples d’Atys. Je lui ai expliqué que j’allais essayer de m’occuper des bandits à l’ouest de Fairhaven. J’espérais vaguement le faire venir. Mais, il a juste affirmé que je n’aurais pas de problème à m’en débarrasser puisqu’il suffisait de sauter dans l’eau pour leur échapper. Finalement, il m’a souhaité une bonne journée, mettant fin à notre conversation assez brutalement…

Cette discussion m’a laissée dans un état assez mélancolique comme si elle m’avait ouvert les yeux sur ma relation avec Ywan. J’avais cru à un moment que quelque chose aurait pu naître entre nous, autre que de l’amitié. Mes ses trop longues absences avaient fini par nous éloigner l’un de l’autre. Je n’arrivais plus à retrouver cette symbiose que nous avions connue quand nous étions sur Silan.

J’ai fini par lancer des paroles de dépit à Eeri : « Tu as raison, il ne vaut mieux pas s’attacher… ». Je faisais allusion à une conversation que nous avions eu à la taverne de Pyr lors d’une soirée de légionnaires. Mais elle n’a pas répondu. Elle avait à ce moment là d’autres yubos à fouetter. Les légionnaires avaient depuis quelques jours des altercations violentes avec les membres de la guilde de la Sève noire qui avaient élu domicile dans le même immeuble. Les choses s’envenimaient de jour en jour…

J’ai fini par aller me saouler seule à la taverne de Fairhaven, saluant au passage quelques habitués appartenant à la tribu Talodi. Je me suis endormie sur place dans une étrange torpeur mélancolique.

La matisse des légionnaires

A mon réveil, Anyume n’était toujours pas là… j’ai commencé à m’inquiéter. Alric l’avait elle trouvée? Avait-il mis ses menaces à éxécution ? J’ai parcouru le désert à sa recherche. Mais le désert est immense… J’ai fini par retourner à Pyr espérant la trouver. J’ai regardé aux bains à tout hasard. Il n’y avait personne.
J’ai fini par retourner à la taverne de Lydix. J’allais l’attendre là… avec un peu de chance, elle y passerai réclamer son jus de baies rouges au poivre.

Je sirotais ma bière de shooki pensive quand une belle matisse m’a saluée. J’ai répondu à son salut mécaniquement toujours perdue dans mes pensées. Elle a commandé une infusion à Lydix. Je pensais à Anyume… Où pouvait elle être? La matisse a dit quelque chose et finalement est retournée au fond de la salle en grommelant quelque chose sur les fyros.

Je me rendais compte que j’avais été parfaitement impolie. Elle m’avait demandée si j’attendais quelqu’un et devant mon silence, était repartie en pestant contre les fyros et leur bavardage. Je me suis excusée en souriant : « Désolée… Vous ne me dérangez pas… j’étais juste pensive… Et vous, vous attendez quelqu’un? ». Elle a répondu : « Na mindala et vous ? ». Je ne savais pas ce que signifiait « Na mindala »… J’ai supposé que c’était le nom de quelqu’un. J’ai répondu un peu dépitée de ne pas voir Anyume : « moi?… ma prochaine bière… peut-être… ».

Elle semblait curieuse : « Et … ma présence ne vous gêne pas ? ». Je l’ai regardée un peu surprise : « Non… pourquoi me gênerait elle? vous êtes très discrète. ». Elle a alors précisée : « Je suis blanche comme la neige ! ». J’ai alors compris qu’elle faisait allusion au fait qu’elle était matis et moi fyros. J’ai répondu en souriant : « Et moi mate comme le sable des dunes… Est ce que çà doit faire de nous des ennemies? ». Je me suis approchée. Elle a souri visiblement amusée : « J’aime cette couleur mais la mienne ici n’est pas très aimée. ». Je n’ai pas osée lui dire que la couleur neige de sa peau lui allait particulièrement bien. Elle était très belle et délicate comme le sont les matis.

Elle a tapoté le sol à côté d’elle : « Je ne mord pas… ». J’ai ri en m’asseyant à ses côtés : « Si en plus les matis mordaient… ils seraient encore moins aimés! ». Nous nous sommes présentées. Elle se nommait Isyldia. J’ai demandé ce qu’elle buvait. C’était une infusion apaisante à base de plantes. J’étais surprise que Lydix serve ce genre de choses alors qu’il savait à peine servir un jus de fruit. Elle a souri : « Quand on demande gentiment et qu’on fréquente souvent les lieux on peut demander à laisser ses infusions ». Elle m’a proposée de goûter. J’ai hésité en l’observant, on m’avait souvent dit que les matis étaient des experts en poison et qu’il valait mieux éviter d’accepter quelque chose à boire ou à manger venant d’eux : « Je ne suis pas très… infusion… ». Puis, je me suis sentie stupide, au diable les à priori, elle était avant tout une homine et m’avait offert avec gentillesse de partager quelque chose avec moi. J’ai pris la tasse et j’ai bu une petite gorgée. Ce n’était pas désagréable. J’ai rendu la tasse à Isyldia.

Toujours aussi curieuse, je lui ai demandé ce qu’elle faisait à Pyr. Elle a baissé le regard : « Longue et Noire histoire… Mais je veux rester ici avec Na mindala… Pardon je parle Mateis… avec mon amour. ». Est ce que c’était un fyros ? Elle a acquiescé : « Un légionnaire même. Et ce n’est pas facile tous les jours. ». J’imaginais mal un légionnaire avec une matisse. De qui pouvait il bien s’agir? C’était Diwen. Je me souvenais de ce nom qu’Eeri avait prononcé au sujet d’une histoire avec une matisse. J’ai compris qu’il devait s’agir d’Isyldia. Je lui ai précisé alors que je connaissais bien les légionnaires pour en avoir été une. Elle aussi était curieuse : « Pourquoi ne plus en être une ? Si ce n’est pas indiscret … ». J’ai répondu en souriant : « Parce que justement, je les trouve trop… anti-matis… ». Elle s’est étouffée de rire : « Anti-Matis il a changé… Je l’ai retrouvé errant dans le désert, perdu et on s’est rapprochés ».

Elle m’a regardée en tapotant sa tasse : « Je peux vous demander quelque chose ? Pourquoi ne plus être une Légionnaire aujourd’hui ? ». J’étais étonnée qu’elle me pose à nouveau la même question. Sans doute, ma première réponse ne l’avait pas satisfaite, alors j’ai précisé : « J’ai l’espoir un jour de devenir ranger… je sais que certains pensent que c’est une lubie qui me passera…« . Je pensais à Icus et à ce qu’il m’avait dit sur la nouvelle orientation de ma vie. Puis j’ai ajouté : « Mais je garde de bons contacts avec tous les légionnaires! ».

Elle a eu un petit regard triste : « Je vous envie. Ils ne m’aiment pas beaucoup. Serae Eeri est une amie après certains me font même peur… ». Ça ne m’étonnait pas vraiment : certains étaient du genre à taper d’abord et discuter ensuite. Elle m’a regardée en acquiesçant : « Je me souviens avoir goûté de cet à priori… Une petite séance de dite « torture » quelques bleus et cicatrice rien de plus ». Je l’ai regardée effarée en me disant que j’étais heureuse de ne plus être légionnaire à cause de ce genre d’exactions qui me répugnaient. Elle a retrouvé le sourire en affirmant : « Ça n’a fait que nous rapprocher Diwen et moi. C’est loin maintenant vous savez! « . J’ai secoué la tête : comment des homins pouvaient être aussi stupides… Elle a posé sa main sur mon épaule : « Je ne suis pas aussi innocente qu’une fleur fraîchement sortie de terre non plus. ». J’ai souri : « Non les matis le sont rarement! ». Prononçant un de ces « à priori » que je reprochais aux autres. Ça l’a fait sourire.

Elle se demandait si j’attendais les légionnaires. J’ai répondu un peu tristement en pensant à Anyume : « J’espérais croiser une amie mais je crois qu’elle ne viendra plus… ». Soudain, Gunbra est arrivée en lançant un tonitruant « cal i selak » auquel j’ai répondu de façon toute aussi tonitruante. Isyldia a sursauté. Je me suis excusée de lui avoir fait peur pendant que Gunbra repartait aussi vite qu’elle était venue. Elle m’a expliquée qu’elle venait tout juste d’apprendre ce que cela signifiait : Force et gloire. C’était comme un cri de guerre ou de rassemblement pour se donner du courage. Sans doute que cela devait beaucoup plaire aux légionnaires de la voir sursauter à chaque fois, au moins ils avaient l’impression de faire peur au matis. Nous avons ri de concert.

J’ai raconté ma réaction lorsque j’avais vu pour la première fois un matis alors que j’étais encore enfant. Il avait la peau si blanche, que je l’avais cru mort comme une esprit presque transparent. Trouvait elle çà stupide? Elle m’a répondu simplement : « Non je ne trouve pas. Un enfant rêve même éveillé.. Puis elle a continué pensive : « Moi il venait de se faire avoir par… Brinn… ».

Icus est arrivé coupant court à notre conversation et s’installant près de nous. Il y a eu quelques minutes de silence. Isyldia pensait être de trop mais ce n’était pas le cas. Je me demandais juste ce qu’Icus faisait là. Puis, Gunbra et Diwen sont arrivés eux aussi. L’apparition de Diwen provoquant un beau sourire sur le visage d’Isyldia. Gunbra a demandé comment se passait ma vie de non-légionnaire. J’ai répondu amusée : « Je profite! Je n’ai pas à m’entraîner tous les jours, ni à nettoyer mon armure… ni à faire des kamipompes! ». Diwen a grogné : « La vie facile hein … ». Je n’ai pas répondu. Mais j’étais amère. Que croyait il? Que c’était facile de survivre seule ici? Ne se rendait il pas compte qu’au sein de la légion, il était protégé et mangeait tous les jours à sa faim ?

Gunbra m’a fait retrouver un peu le sourire quand elle a déclaré : « Oui mais tu ne te délectes pas à massacrer des Matis! ». J’ai répondu pourtant assez sérieusement sentant qu’Isyldia avait pu être blessée par la repartie de Gunbra : « Je n’ai jamais pris plaisir à maltraiter des homins uniquement parce qu’ils ont une peau plus blanche que la mienne. ». Gunbra a répliqué un peu obtuse comme à son habitude : « Mais ce ne sont pas des homins, ce sont des matis! ». Puis elle a regardé Isyldia : « oui bon certains ont peut-être un petit quelque chose de homins ». Isyldia l’a remerciée pour ce semblant de compliment.

J’ai fini mon verre. Je voulais m’en aller me sentant toujours blessée par la remarque de Diwen, je préférais partir pour continuer à chercher Anyume. Icus m’a retenue un instant en me demandant si j’avais participé à la réunion de la N’ASA. Je lui ai confirmé. Il voulait qu’on se retrouve à l’occasion pour en parler. J’ai accepté.

Je suis sortie en les saluant. J’ai cherché Anyume toute la nuit courant à droite et à gauche sans vraiment de stratégie. Ma recherche ressemblait plus à une fuite en avant. Qu’est ce que je fuyais? J’ai fini par me rouler en boule dans un coin trop épuisée pour continuer…

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