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Craintes et sanglots

Jour 20 Thyllion – Fingelien 383
Eryann avait fini par adopter la maison arbre que je lui avait fait découvrir. Il y dormait souvent. Cela faisait plusieurs jours que je n’étais pas venu le rejoindre. Les soins de Bahar, la chasse avec les sinans ne m’avaient pas permis de lui consacrer un peu de temps.

Et puis, je ne sais pour quelle raison, j’avais peur de notre relation naissante. Elle ressemblait tellement à ce que j’avais connu avec Kely à nos débuts. Et, il y avait cette espèce de bizarrerie en lui comme en mon bleu. Ses absences et ses rêves étranges me faisaient craindre que son esprit lui aussi allait succomber et se briser comme celui de Kely.

Je suis pourtant allé le trouver. Il ne m’en voulait pas de mes absences. Il était toujours heureux de me voir malgré tout. J’ai essayé plusieurs fois de lui expliquer mes craintes sur notre relation mais je n’arrivais jamais au bout, finissant par sangloter sur son épaule : la perte de Kely était trop récente. A chaque fois, il me consolait m’apportant le réconfort de ses bras.

Ce jour là n’a pas été différent des autres. J’étais d’autant plus troublée que Kely avait invoqué un chimérien durant la partie de chasse avec les sinans. Eryann a été doux et tendre faisant cesser mes larmes. j’ai fini la nuit entre ses bras.

Khaena, ma louve, partie II.

Quelques jours plus tard, Khaena m’a contacté. Elle semblait inquiète. Elle me dit avoir dissimulé la lettre à sa mère, elle n’était pas en état d’apprendre une telle nouvelle. Apparemment, elle s’était disputée avec sa femelle bleue du continent. Khaena s’inquiétait aussi pour moi. De ma distance avec les gens, de cette volonté de disparaître.

Peu à peu, elle a commencé à me reparler, à prendre de mes nouvelles, à essayer de me dissuader de disparaître. Elle me pardonna et s’excusa de ses actes extrêmes. Elle alla même jusqu’à m’autoriser à utiliser son mâle Kely si j’en avais envie. Elle m’offrit son amitié et davantage, si je le souhaitais. Je suis restée de marbre, acceptant les excuses tout en précisant que j’avais conscience que j’avais tout de même fauté.

Puis, elle laissa Killya lire ma lettre. Nous avons renoué le contact progressivement. J’ai commencé à sentir quelque chose s’agiter fébrilement sous l’épaisse glace qui recouvrait mon cœur. Je lui ai proposé de me rejoindre. Je ressentais le besoin d’être près d’elle. Juste être à ses côtés. Nous avons discuté un peu et je lui ai demandé de dormir avec moi sans rien lui promettre de plus. Mais quand elle a commencé à me caresser doucement le ventre, j’ai vite prit ses mains dans les miennes pour interrompre ses envies. Elle s’est résignée et nous nous sommes endormies l’une contre l’autre comme autrefois.

Dans le jours suivants, nous nous revîmes et nous allâmes aux bains de Nargraw Sud. Je lui ai proposé de lui laver le dos puis les cheveux. Nous parlions de sa femelle bleue du continent. Nommée Bahar, elle était cette fameuse première femelle de Khaena que Killya voulait lui faire goûter. Elle avait voulu connaître les sensations de l’étreinte d’un mâle et Khaena lui avait proposé la douceur de Kely. Car le Bleu savait se montrer paradoxalement aussi doux qu’il pouvait être violent.

Le problème qui en résulta fut que Kely féconda Bahar. Killya et Khaena avait visiblement accueillies la nouvelle avec joie. Contrairement aux deux parents. Bahar était terrifiée et Kely, furieux, reniait l’enfant à naître avec véhémence, ne se sentant pas concerné. Pire encore, la grossesse se passait mal. J’ai alors proposé à Killya de lui donner quelques fioles de fortifiants pour sa Bleue. C’est alors que Khaena prit le contrôle. Elle me confia ses inquiétudes à ce sujet et me remercia de l’aide que je voulais lui apporter.

Elle me proposa ensuite un massage. Je suis sortie de l’eau et je me suis installée sur le ventre sur une serviette. Elle s’enroula dans un linge sec et vint au dessus de moi pour commencer à me masser. Nous discutâmes tout du long de tout et de rien. Elle arrivait à cibler les zones les plus tendues de mon dos et à les soulager. Chaque fois, j’avais l’impression de sentir se fissurer ma prison de glace.

Quand elle eu supprimé toutes les tensions, elle me demanda si je voulais que Killya reprenne sa place. Je voyais bien qu’elle aurait aimé rester mais je devais me faire pardonner auprès de ma femelle pour toute l’indifférence dont j’avais fait preuve. J’ai donc demandé le retour de ma sombre rose. Je l’ai embrassée et nous avons décidé de finir nos retrouvailles dans une maison de Nargraw Nord.

Mon repos fut très difficile ce jour là, mes sentiments contenus si longtemps débordaient et entraient en conflit avec ma raison. La glace se reforma en partie pour me protéger de tous ces remous. Je redevins un peu distante. Killya s’en inquiéta et demanda à Khaena de m’aider.

J’eus droit à un nouveau massage. Mais cette fois, elle s’égara dans de douces caresses. Elle m’avoua  qu’il lui arrivait de se réveiller auprès de moi parfois. Je lui ai demandé de me montrer ce qu’elle faisait alors. Elle se déshabilla et se mit dans mon dos, dans la position que Killya et moi affectionnons particulièrement. Elle m’embrassa doucement la nuque. Je me suis tournée vers elle, et je lui ai offert ce qu’elle attendait de moi depuis si longtemps.

Khaena m’a très vite déclaré son amour suite au début de notre liaison. J’avais retrouvé une stabilité et la glace ne s’est depuis jamais reformée. Mais il m’était difficile de répondre à ses « Je t’aime ». Je pensais à Killya. J’avais peur qu’elle ne devienne jalouse de sa fille ou qu’elle se sente délaissée. Je ne savais pas si j’avais le droit d’aimer Khaena comme je l’aimais elle. Je n’arrivais pas à faire de choix sur laquelle des deux je voulais voir. Elles m’ont alors montré à l’inauguration de la nouvelle Naralik qu’elles pouvaient s’occuper de moi toutes les deux à la fois.

J’ai lutté contre l’apparition de cet amour. J’ai essayé de pousser Khaena à rester dans les bras de son nouveau mâle, le pâle Eryann. Malheureusement, il n’était pas celui qui pouvait lui convenir. Il se révéla déstabiliser par les sentiments qu’il découvrait pour elle. Il ne pouvait pas devenir le pilier sur lequel elle pourrait se reposer quand elle allait mal. Alors que moi, j’avais ces connaissances et cette force qui lui permettait de garder courage et de reprendre pied.

Khaena, ma louve, partie III.

Il y a peu, Khaena est repartie voir sa femelle bleue. Elle m’avait envoyé une lettre pour me prévenir de ce départ précipité et qu’elle ne savait pas si elle reviendrait. Elle n’avait pas eu l’occasion de me le dire en face. Il est vrai que j’avais été très occupée les jours précédents mais je suis persuadée qu’elle a cru que je me désintéressais d’elle car j’avais passé du temps avec Balazs quand il réapparut sur les îlots. Elle devait penser qu’il était mon amant. Ce qui n’a jamais été le cas, ce mâle semblait incapable de tenter quoi que ce soit dans ce sens. Je ne suis pourtant pas une femelle si farouche.

J’ai répondu à la lettre de Khaena en espérant qu’elle lui parvienne. Ce fut apparemment le cas. Je l’ai attendu à Trépont pendant plusieurs jours, guettant les navires. J’étais exténuée et je me suis assoupie. Khaena me réveilla en sursaut. Elle était revenue parce qu’elle avait été émue de ma lettre mais aussi parce qu’un rêve la tracassait.

Lors de son séjour auprès de Bahar, elle avait reçu un message dans son sommeil comme quand Kely était tombé dans la crevasse de Saonar Kraw. Elle l’attribuait à Keros qui se trouvait maintenant dans la progéniture de Bahar et Kely. La Bleue était au plus mal. Khaena avait l’intuition qu’il y avait deux enfants et qu’ils étaient en danger eux aussi.

Elle m’expliqua le rêve. Il y avait une bulle au dessus d’un oasis. Elle contenait deux araignées aux pattes entremêlées. L’une bleue, endormie, l’autre noire, souffrante. J’en conclu que Keros avait essayé d’obtenir un corps pour lui seul et laisser celui de l’autre enfant seul aussi. Mais cela n’avait apparemment pas fonctionné totalement. J’ai repensé à l’artefact que Kely et moi étions allé  chercher dans les montagnes de Glakhmor. J’ai proposé à Khaena de l’accompagner sur le continent afin de voir comment nous pourrions l’utiliser pour aider son père.

Nous sommes parties toutes les deux par le prochain bateau. J’ai ausculté Bahar et j’ai utilisé le lien entre Khaena et Keros pour savoir comment utiliser l’artefact. Avec une incantation, nous avons pu l’activer et finir le rituel de Keros. Bahar s’en fut apaisée et reprit des couleurs. J’ai laissé Khaena profiter d’être avec elle, ne me sentant pas à ma place. J’ai préféré aller visiter la ville.

Nous sommes revenues sur les îlots et j’ai été assaillie de travail. Je n’ai pas pu m’occuper de mes femelles. Je me rends compte que j’oublie de plus en plus de parler à Killya et qu’elle n’essaie pas de me contacter plus. Est-elle fâchée ? Souffre t-elle de mon attitude ? Khaena m’en aurait avertie si cela avait été le cas.

Killya s’est amusée avec le représentant Mulvaar. Elle l’appelle « petit chat ». Il semblerait que depuis qu’il a acquis ce pouvoir, ce soit un mâle qui s’octroie quelques écarts. Il est des plus intéressés par la représentante sinane, Llariarith. Cela n’a pas l’air de déranger Killya, elle en est plutôt amusée. Mais comme moi, elle lui préconise la prudence.

Khaena a revu Eryann depuis notre retour du continent. Mais je sens le malaise de ma louve quand je la questionne sur le sujet. Le changement radical d’attitude de Kely l’a traumatisée. J’ai l’impression qu’elle n’arrive plus à faire confiance aux mâles. Elle souffre et je ne peux pas être là en permanence. Je me sens impuissante et j’ai horreur de cela. J’ai parfois envie de prendre en main Eryann pour en faire un mâle parfait pour elle. Kely est perdu, il n’y a aucun espoir que tout redevienne comme avant.

Quand j’ai enfin pu me libérer du temps, j’ai entraîné ma louve aux bains de Naralik. Elle m’avait promis un massage mais je n’ai pas voulu la laisser languir. Je savais qu’elle avait besoin de moi et j’avais envie de la combler. J’ai été douce et sensuelle. J’ai senti son plaisir s’accroître à chacun de mes gestes. Je me suis rendue compte à quel point j’étais heureuse d’être là, à ses côtés, comme elle était belle.

Mon cœur s’est débarrassé de mes dernières craintes et je lui ai murmuré à l’oreille que je l’aimais. Je ne lui l’avais jamais dit. Elle a été surprise et touchée. Son corps a réagit immédiatement en l’emmenant loin dans l’extase. Elle pleurait aussi. De joie et de soulagement. Je l’ai cajolée et elle m’a rendu mes caresses.

Nous sommes allées sur la terrasse de la forge pour regarder les étoiles. Elle me confia que sa mère humaine disait que les étoiles était les gens disparus qui ont été aimés. Je lui ai donné la version de mon clan a ce sujet. Les étoiles étaient les enfants de Noctys, la Déesse de la Nuit. Elles sont les Esprits Gardiens qui permettent de rappeler les âmes des morts pour les sorts de Nécromancie.

Elle semblait intéressée d’en savoir plus sur les divinités sombres. Je lui ai alors dit que j’étais née sous le signe de la Lune, Khala. Mon prénom avait été choisit selon ce critère. Elle répondit tristement qu’elle ne savait pas sous quel signe elle était née. Je lui ai donc donné tous les noms des dieux mineurs de mon clan.

Elle s’est redressée en entant Fenryos, le Loup. Sûrement à cause du surnom que je lui avais trouvé lors de notre seconde étreinte. Je l’avais cette fois là encouragée à utiliser son instinct plutôt que d’essayer de copier maladroitement les gestes qu’elle m’avait vu faire. Elle m’avait ensuite dit que sa mère adoptive la surnommait sa petite louve. Il était fort probable qu’elle soit du signe du loup. J’ai essayé de lui trouver un nom qui lui correspondrait. Ss’Fenyil me parut adapté. Il pouvait se traduire par Jolie fille du Loup. Ssinss, beauté, Fenryos, le Loup, et Dalharil, fille. Elle a voulu me donner un nom qui signifierait Magnifique Panthère Sombre. Après réflexion, j’ai décidé d’en faire Shaa’enySs. Shaala, la panthère, Norhen, noir et Ssinss, beauté. Elle a adoré les deux noms. Nous nous appelons de cette façon depuis.

Apaisées

Jour 5 Archeno – Fingelien 384
Aujourd’hui, je suis juste restée aux côtés de Kharya à travailler. Nous parlions très peu, appréciant juste d’être près l’une de l’autre. Eryann est venu à un moment donné s’installant près de nous en silence. J’ai apprécié sa réserve. Il ne m’a fait aucun reproche pour mes absences. Il n’a rien réclamé. Il semblait juste content d’être près de moi.

La fatigue est venue. J’ai indiqué à ma Shaa’enys que je voulais aller dormir. J’ai apprécié qu’elle tienne à me suivre. Elle me laissait le choix du lieu. J’ai réfléchi. Il y avait la tente de Galein’th Aseyis près du jardin mais ce lieu était bien trop chargé en émotion pour moi : c’était l’endroit où nous dormions le plus souvent ensemble avec Kely. Il y avait aussi la maison d’Illumen où Kharya et moi, nous avions pris l’habitude de dormir parfois. Mais je voulais voir les étoiles avec ma sombre ce soir.

Je lui ai donc proposé d’aller à Starenlith au bord de l’eau près du feu. J’ai déposé des peaux au sol. Cet endroit me rappelait la soirée que j’avais passé avec Kely. C’est étrange en relisant mon journal, je me rendais compte que cela s’était passé il y a tout juste un fingélien… C’est jour là, je crois que j’ai compris mon attirance pour les femelles en général et pour Kharya en particulier. Je n’aurais jamais osé imaginer à l’époque devenir son amante.

Et un fingélien plus tard, j’étais là entre ses bras, près de ce même feu à regarder les étoiles avec elle. J’étais heureuse.

Chasse aux yétis

Jour 13 Archeno – Fingelien 384
Kharya m’a saluée par télépathie aujourd’hui. Je lui ai répondu sans savoir vraiment si je pouvais m’inviter auprès d’elle ou non. J’ai finalement décidé de la laisser me proposer, ne voulant pas l’importuner par ma présence qu’elle ne semblait pas souhaiter ces derniers temps. Pourtant, elle me manquait terriblement.

Au bout de longues minutes, j’ai fini par briser le silence qui s’était installé entre nous en lui demandait si elle comptait me dévoiler les raisons de sa dernière colère. Elle a fini par me répondre qu’il s’agissait d’une discussion avec Mulvaar qui l’avait profondément agacée. Je n’ai pas insisté. Elle n’avait de toutes évidences pas envie d’en dire plus. J’ai préféré la laisser tranquille.

C’est à ce moment là qu’Eryann m’a contactée. Il était en train de combattre une invasion de gobelins à Illumen. Il m’a à nouveau demandé à quoi ressemblait l’arbre d’Éternité dont je lui avais parlé. Dans son rêve, il m’avait vu en train de mourir au pied d’un arbre qui ressemblait à celui qui se trouvait au sommet du mont Kilaran à Starenlith. Je lui avait dit quelques jours auparavant que l’arbre de Starenlith ressemblait à l’arbre d’Éternité de Trassian. Je lui ai proposé d’aller le voir. C’était l’occasion puisque Kharya ne semblait pas décidée à me voire aujourd’hui.

Mais Kharya m’a soudain demandé où elle pourrait me rejoindre. Je lui ai proposé de venir avec Eryann et moi à Trassian mais elle a décliné l’offre préférant nous laisser seuls tous les deux. J’ai tenté de lui dire qu’elle serait toujours ma priorité face à Eryann mais cela ne l’a pas fait changer d’avis.

J’avais donc donné rendez vous à Eryann à Trassian. Il était toujours en train de combattre les gobelins à Illumen. En passant par Iscarlith, je me suis rendu compte que des animaux étaient particulièrement agressifs : une invasion des landes étaient en cours.

Kharya est arrivée à ce moment là. Apparemment la pointe d’Egratia était elle aussi sous le feu d’une attaque. J’ai dit à Eryann de ne pas bouger d’où il était : Irilion était bien trop dangereuse aujourd’hui pour son niveau de combat. Heureusement, il était toujours en Séridia. Nous avons donc préféré reporter notre excursion pour Trassian à une autre fois.

Kharya m’a proposé de la suivre pour débarrasser la pointe d’Egratia des créatures d’invasion. Il y en avait très peu. Un troll avait été éliminé par un nain blond Gardien de la Tradition : HaraldClaxNar. Un orgre en armure a été éliminé par ma Shaa’enyss. Il n’y avait plus rien.

Nous sommes donc retournés à Iscarlith avec le nain pour tomber nez à nez sur un Yéti. Heureusement que le nain était là, il l’a attaqué mais était sur le point de succomber sous les coups. Je savais que les Gardiens de la Tradition réprouvaient la magie et j’ai hésité à lui lancer un sort de soin. Mais il était en tellement mauvaise posture que je l’ai soigné. Il a fini par abattre la créature. Je me suis ensuite excusée d’avoir dû le faire mais il ne semblait pas fâché. Il m’a même remercié de façon assez bourrue à la manière naine.

Nous avons ensuite tenté d’éliminer les yétis. Le nain se bourrait de potions pour démultiplier ses compétences de combat. Mais ils nous arrivaient à Kharya et à moi de devoir tout de même le soigner par magie. Il ne grognait pas trop semblant apprécier finalement que deux femelles prennent ainsi soin de lui.

Finalement quand Kargorm est arrivé, il a pris les choses en main. On reconnaissait celui qui avait pris l’habitude de commander chez les patrouilleurs. HaraldClaxNar s’est éclipsé et nous avons suivi l’ancien Chambellan. Il n’avait quand à lui aucune répugnance à utiliser la magie et il avait beaucoup moins de difficulté à éliminer les Yétis, jusqu’à ce que nous tombions sur un Yéti géant. Il était immense… J’ai bien cru que Kargorm allait tomber sous ses coups mais il nous a juste dit très calmement qu’il fallait que nous reculions pour éviter de devenir les nouvelles proies de la créature gigantesque lorsqu’il se serait désengagé.

Il ne pouvait l’éliminer seul. Il a donc rappelé mes anciens compagnons d’armes à la rescousse : Aura et Polgarath. Dalz, un de nos frères sombres peu recommandable est également venu. Avec nos différents talents de magie, de combats et de nécromancie, sous les ordres de Kargorm, nous avons fini par tuer le yéti géant et libérer complètement Iscarlith. Nous avons partagé le butin trouvé sur lui. J’ai laissé ma part à Kharya pour le peuple et Polgarath a fait de même.

Ma Shaa’enyss a ensuite cherché un petit coin douillet pour que nous passions la nuit. Nous avons trouvé une petite maison non loin du dépôt. J’ai tenté de faire parler ma sombre de sa colère mais elle restait évasive. Elle disait que tout allait bien alors que je sentais qu’elle me cachait quelque chose. Je n’ai une fois de plus pas insisté mais je me sentais mal de ne pas savoir aider ma femelle. Elle a du sentir mon mal-être puisqu’elle m’a serrée dans ses bras en me cajolant jusqu’à ce que je m’endorme.

Brassa

Jour 3 Elfist – Fingelien 384
Kharya m’a avoué que Mulvaar était en train de devenir un peu plus qu’un amant… Ça m’a glacée que pouvait elle trouver à ce mâle bourré d’ambition et manipulateur? J’ai du mal à comprendre. Sans doute que je ne connais que la façade qu’il veut bien montrer en public. Je suppose qu’il doit avoir des qualités puisque ma Shaa’enyss le trouve à son goût. J’ai conseillé à ma sombre d’en parler à ma mère même si je me doute qu’elle le soupçonne déjà : elle a une sorte d’instinct pour çà.

J’ai du la laisser. Je n’avais pas vu Eryann depuis des jours et je lui avais promi de lui montrer l’arbre de l’éternité de Trassian. Il ne connaissait pas le chemin pour y parvenir. J’ai du lui montrer quelques secrets pour nous retrouver dans les souterrains de la ville. Arrivés devant l’arbre, il est resté interdit. De toute évidence, c’était celui de son rêve. Nous nous sommes allongés sur le sol et il m’a demandé d’écouter.

J’entendais un drôle de bruissements souterrains qui ressemblaient au mot « brassa » que ne cessait d’entendre Eryann dans ses rêves.
Mon elfe blond s’est soudain relevé. Il se souvenait : Brassa était le nom de l’humaine qui était morte dans ses bras au pied d’un arbre et qui avait provoqué son bannissement de son peuple. Il disait qu’il était en train de lui parler…

La situation me paraissait tellement étrange que je n’en ai parlé à Kharya. Elle disait qu’il imaginait peut-être tout çà mais que de tout évidence il en avait besoin pour se sentir mieux. J’ai donc laissé Eryann continuer son monologue. Il me retransmettait parfois les réponses de Brassa. L’humaine le rassurait : mère nature l’avait rappelée à elle et la protégeait. Il ne fallait plus qu’il s’en veuille pour ce qu’il s’était passé, que c’était son peuple qui avait fait les mauvais choix et non lui. Puis, elle est partie.

Eryann semblait aller mieux débarrassé d’un poids. Je l’ai ramené à Trassian dans un des igloos. Je savais qu’avec son sens de l’orientation mon elfe blond aurait du mal à trouver la sortie. J’ai contacté Kharya pour savoir si elle me voulait à ses côtés pour la nuit mais elle était avec Mulvaar. J’ai essayé de prendre la nouvelle à la légère en lui disant que Mulvaar pourrait jouer au docteur avec elle pour lui passer du baume sur ces blessures. Mais elle semblait plutôt agacée par la tournure que prenait sa conversation avec le sombre. Je lui ai proposé de me rejoindre à Trassian ou de la rejoindre mais elle a préféré rester avec Mulvaar.

Je me suis endormie cette nuit là entre les bras tendres d’Eryann.

Seule

Jour 7 Elfist – Fingelien 384
Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas aussi sentie seule qu’aujourd’hui… Kharya était encore avec Mulvaar. Elle disait qu’elle faisait en sorte qu’il retrouve son instinct de sombre parce que la sinane Llariarith l’avait amolli.
J’ai un peu parlé avec Malkael mais il ne semblait pas décidé à me voir… Quand à Eryann, il dormait…

Je n’ai fait que récolter toute la journée sans parler à personne… Ma Shaa’enyss me manquait… J’angoissais à l’idée qu’elle finisse par passer tout son temps avec Mulvaar… Mais je savais qu’elle avait besoin de cette liberté pour se sentir bien.

Je me suis endormie recroquevillée dans un coin près de mon lieu de récolte.

Visite d’Irilion avec Eryann et oubli

Jour 11 Elfist – Fingelien 384
Kharya était une nouvelle fois avec Mulvaar… Il fallait que je m’habitue à ses absences. Et pour ne pas qu’elle se sente trop coupable, il valait mieux que je ne lui dise pas que j’avais passé mes dernières journées sans elle, seule… J’ai proposé à Eryann de visiter Irilion. Il a paru enthousiasmé.

Je lui ai proposé le même trajet que celui que j’avais fait avec mes soeurs et frères sombres mais avec quelques petites variantes plus intimes : comme la grande plage d’Idaloran par exemple. Nous y avons pris un bain sensuel. J’ai cru un moment que notre visite allait s’arrêter là et que nous allions nous étreindre sur le sable. Mais mon mâle blond avait l’esprit d’aventure aujourd’hui et il a voulu continuer.

Nous avons visité Kial Kraw puis Nivros Um. Nous n’avons pas été plus loin. J’étais fatiguée. J’ai entraîné Eryann au bord de l’eau près de l’endroit où j’avais passé ma première nuit avec Kely… Je me rendais compte qu’il était temps de faire mon deuil de Kely. Apporter d’autres souvenirs de cet endroit comme j’en avais apporter d’autres à ceux de la plage d’Idaloran, faisait partie de ce deuil que je commençais. Je me suis donc endormie entre les bras de mon elfe blond pour oublier mon bleu.

Départ

Jour 12 Fingel – Fingelien 384
J’avais beau faire mon possible pour accepter les absences de Kharya, je souffrais à chaque fois. J’ai tenté de la rejoindre par un prétexte futile : lui donner des essences curatives pour le peuple. Mais, elle m’a répondu que ce n’était pas la peine qu’elles étaient destinées à être vendues. J’ai baissé la tête comprenant qu’elle ne souhaitait pas me présence encore une fois.

Eryann est arrivé à ce moment là. J’avais encore de la douleur dans les yeux. Il m’a ouvert ses bras. Je m’y suis blottie. Je me sentais perdue… Puis, j’ai entendu Kharya. Elle faisait un discours sur les ondes sombres. La Déesse lui avait parlé : les sombres devait retrouver leur identité et ne plus se soumettre face aux insultes… Les sombres devaient raviver le Culte de Lith. L’évidence m’est apparue : je n’avais plus ma place. Les sombres allaient redevenir ce qu’ils étaient à mon arrivée : durs et froids.

Ma décision était prise : je devais partir et quitter les îlots. L’oppression qui m’étreignait s’est envolée. J’ai retrouvé Eryann sur l’île des oubliés. Je l’ai conduit sur la petite île déserte. Je savais que j’allais lui faire mal. Je lui ai expliqué pourquoi je devais partir. Il a accepté même si les larmes ont coulé sur son beau visage. Il voulait savoir quand j’allais partir. A vrai dire, je voulais partir vite avant de changer d’avis.

J’ai écouté les ondes. Kharya était occupée par une invasion et Mulvaar semblait être redevenu lui même. Elle ne serait pas seule. Je n’ai pas osée lui demander de venir me dire au revoir. Mon départ en aurait été beaucoup plus difficile.

Eryann voulait me voir partir. Un bateau attendait à Trépont. Mon elfe blond m’a fait promettre trois choses avant de partir : prendre soin des bébés et de Bahar, lui donner des nouvelles et surtout de revenir. Je savais que j’aurais du mal à ne pas revenir pour les travaux de Naralik. Alors, j’ai promis même si je n’étais pas sûre de rester ensuite.

Eryann a chanté une chanson triste et pleine d’émotion qui ont failli m’arracher les larmes que je retenais. Lui ne les a pas retenu. Je les ai embrassé tendrement. J’ai embarqué sur le bateau. J’ai retenu mes larmes jusqu’au bout pour ne pas qu’il les voit. Il m’a montrée la lune. J’avais la gorge trop nouée pour lui répondre. J’ai acquiescé d’un signe de tête. Le bateau s’est éloignée : j’ai regardé les îlots disparaître dans la brume. J’ai enfin laissé couler mes larmes…

La lettre d’Eryann

Jour 17 Fingel – Fingelien 384
Mon elfe blond souffre de mon absence. Il m’a envoyé une lettre émouvante qui m’ont arrachée des larmes.

« Plage nord du Trépont, 15 fingel 384,

Mon Isil,

Je m’étais juré de ne pas t’écrire tout de suite, mais je n’y arrive pas. J’ai essayé de dormir, mais je n’y arrive pas non plus. Le Sommeil me fuit. Je ne peux m’empêcher de regarder la Lune, ne cessant de prier isil de te protéger.
J’ai bien annoncé ton départ à Kharya comme tu me l’as demandé. Elle a paru triste. Elle a dit qu’elle s’en voulait parce qu’elle n’était pas ce que tu attendais d’elle, mais j’ai vu dans ses yeux qu’elle m’en voulais aussi. Je ne sais pas pourquoi. Sans doute parce que c’est moi qui lui ait annoncé. Bah…

Ton absence me pèse déjà. La peur de te perdre me pèse déjà. [quelques traces de larmes semblent être tombées à cet endroit] Au moins, quand tu es dans les îlots, je sais que tu es là, je sens ta présence. Ici c’est comme s’il me manquait une part de moi même. Le fait de voir les autres n’arrange rien. tous ces idiots qui n’ont cesse de défendre leur propres intérêts au lieu de penser que nous séparer est justement le but de ce maudit pays. Comme je te comprend. Fuir les brimades continuelles contre son peuple, fuir les embûches, retrouver une vie simple, s’occuper des gens qu’on aime. Mais mon destin n’est pas celui là. Bien que je n’aie pas l’étoffe d’un héros, je suis voué à rester ici, à combattre les Landes avec mes tristes moyens, à supporter l’opportunisme malsain de certains et le racisme d’autres.

Peut-être devrais-je m’isoler encore plus quelques jours. Je crois que cela me fera du bien.

N’oublie pas tes promesses, surtout la troisième.

Calo Anar ar Isil na ven (puissent Anar et Isil briller sur ta route).

tye mélan (je t’aime)

PS : Je remettrai cette lettre au Capitaine du Prochain bateau avec un beau tas de Lumens pour qu’il s’arrange pour te faire parvenir la lettre. »

J’ai tenté de lui envoyer une lettre pleine d’espoir pour ne pas qu’il s’inquiète trop.

« Mon tendre Anar,

Je suis bien arrivée. Le voyage s’est déroulé sans encombre. Bahar et les bébés se portent à merveille. Je ne pense pas rester auprès d’eux. Je crois que Bahar aime trop sa vie de célibataire pour me supporter au quotidien.

Je vais repartir. J’ai entendu parler d’une contrée lointaine appelée Bordeciel. J’y verrais peut-être un dragon, une créature qui ressemblerait aux étranges statues que l’on trouve dans les îlots.

Kharya m’a écrit, elle aussi. Elle m’a assurée que j’avais ma place parmi les sombres mais j’en doutes toujours. Elle dit que je suis un maillon essentiel du peuple : la seule qui sait rassembler les anciens et les nouveaux. Je ne crois pas être la seule capable faire çà. Elle trouvera je pense parmi ceux que j’ai accueilli, des elfes noirs tout aussi capables que moi.

Pardonne moi Anar, de ne pas avoir su recevoir tout l’amour que tu me donnais. Depuis Kely, j’ai peur de me brûler à nouveau. Tu lui ressembles tellement par certains côtés que s’en est troublant. J’ai peur que les landes emportent ton esprit comme elles ont emportées celui de Kely.

Je n’oublie pas ma troisième promesse. Je reviendrais.

Ton Isil. »

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