Jour 10 Elfist – Fingelien 383
J’ai envoyé une missive à Kharya. J’avais peur qu’elle pense que j’étais pour quelque chose dans la décision de la petite de ne plus la voir. Je lui ai expliqué tout çà dans un mot bref que j’écrivais pendant que la petite dormait. Je ne voulais pas braquer ma fille en me jetant dans les bras de Kharya. Surtout que je la sentais capable de me résister désormais et de n’avoir aucun remords à m’empêcher de voir ma femelle.
Mais, ce jour là je n’ai pas pu résisté… j’ai contacté Kharya par télépathie pendant que la petite dormait. Elle est venue toute suite. Nous nous sommes isolées dans un igloo, nous serrant l’une contre l’autre. Je tentais de lui expliquer ce qu’il se passait avec la petite. Nous chuchotions pour ne pas la réveiller comme si nous faisions quelque chose de mal. Je détestais çà : être obligée de me cacher pour voir ma femelle. Je me sentais prisonnière. Ma belle a fini par s’endormir dans mes bras, épuisée par son expédition et peut-être par des nuits d’insomnies provoquées par notre séparation forcée.
Alors qu’elle était encore endormie entre mes bras, j’ai senti les premiers frémissements de l’esprit de la petite qui se réveillait. Je suis sortie laissant ma belle endormie. Je voulais stopper cette situation que je trouvais grotesque. Je ne voulais plus me cacher pour voir Kharya.
J’ai conduit la petite près de la douce espérant qu’elle parviendrait à la convaincre. Et malgré la réticence de ma fille, elle a réussi presque sans mal à lui faire accepter que je ne méritais pas d’être punie moi aussi pour une chose dont je n’étais pas responsable. La petite m’a laissée prendre le contrôle. J’ai rejoint ma belle.
Nous nous sommes rendues à Irrisadith dans la maison de roses. Je l’ai prise dans mes bras. Elle tremblait : l’angoisse qu’elle avait eu de ne plus pouvoir me voir était en train de se libérer. J’osais à peine la toucher la sachant blessée. Mais, elle s’est déshabillée devant moi empressée. Je l’ai embrassée avidement la portant jusqu’au lit.
La peur de lui faire mal était toujours là mais l’envie de la prendre était trop fort et son regard ne faisait que m’encourager. Je l’ai prise lui donnant le plaisir que tout son corps réclamait.
Quand elle a été libérée, j’ai regardé le bandage de son sein. Il commençait à s’imprégner de sang. Je m’en voulais, je me sentais stupide d’avoir provoquer ainsi la réouverture de sa blessure. J’ai serré les poings plantant mes ongles dans la paume de mes mains. Ma belle se rendant compte de mon état, m’a serrée contre elle me cajolant. Je me suis calmée petit à petit.
Puis, je l’ai soignée avec toute la délicatesse dont j’étais capable, effleurant la blessure du bout de mes doigts pour y déposer un onguent. J’ai reposé ensuite des bandages propres.
Je l’ai prise dans mes bras, la caressant pendant qu’elle me murmurait que notre séparation lui avait parue tellement longue. Ça avait été le cas pour moi aussi, j’avais eu peur qu’elle m’oublie. Elle m’a répondu d’une voix ensommeillée : « Je ne peux pas t’oublier, mon amour… ».
Je suis restée sans voix pendant plusieurs secondes. Plusieurs fois auparavant, j’avais été sur le point de l’appeler moi aussi « mon amour » mais les mots n’ont jamais réussi à s’échapper de mes lèvres. J’avais eu peur qu’elle les trouve trop mièvres… Et là, c’est elle qui me les disait, sans fioriture, simplement. Mon coeur s’est mis à battre à la chamade pendant que je lui répondais : « moi non plus mon amour… ».
Je n’ai pas dormi cette nuit là… Incapable de calmer l’emballement de mon coeur que ma sombre avait provoqué. Je suis partie quelques minutes de la chambre et je suis revenue les bras chargés de roses noires. Je les ai parsemées parmi les roses rouges déjà présentes sur la tête de lit. Je savais que ma belle comprendrait l’allusion aux petits noms que nous nous donnions parfois : elle était ma rose rouge et j’étais sa rose sombre.