Categorie: Journal d’Eryann


Jour 24

28 illumen 384, Arbre, Val d’Alganiel.
J’ai été longtemps absent, je n’aurais pas du. Le temps passe trop vite ici. Soyez maudites, Landes stupides!

Pourtant tout avait bien commencé. Isil était revenue, nous nous étions retrouvés. Elle m’avait montré l’art de la Nécromancie, m’avait expliqué.  Mais alors que ce matin j’ai voulu la contacter, une autre voix m’a répondu disant que Khaena et Killya étaient mortes. La chose qui m’a répondu prétend être la fusion des deux esprits. J’ai alors contacté Kharya : événement se serait produit lors de la sacralisation du temple de Lith. Quel a été le rituel, je n’en sais rien. Malgré tout le respect que je dois à Kharya, c’en est trop. À force de tenir ceux qui tiennent à elle ou qui l’appellent à l’aide comme des cobayes, elle finira par tuer tous les aventuriers. Elle prétend que en m’endurcissant, je ferais peut-être revenir Khaena. Mais puis-je prendre cette responsabilité. Kharya me dit qu’elle ne pourra s’occuper de Khaena ou Killya si elle le demandent… Je sais que Khaena avait des problèmes avec la matriarche, qu’elle se sentait parfois délaissée. La personne qu’elle est devenue peut-être est-elle plus heureuse. Je n’en sais rien.  Je dois discuter avec Kharya.

Le Sinan Bastian m’a croisé alors que j’étais en pleine discussion télépathique avec Kharya. Il s’est inquiété de me voir ainsi inquiet. Je lui ai raconté toute l’histoire. Cela m’a fait du bien, je ne sais pas pourquoi j’ai fait cela mais cela m’a fait du bien. Nos avons bu un pichet de vin Sinan à la Cité du Port. Je suis rentré dans mon Arbre.

Puissent Isil Et Anar éclairer ma réflexion.

Jour 25

18 nuona fingelien 38, Bâteau vers le continent.

J’ai finalement pris ma décision. J’ai discuté avec Kharya. Nous avons beaucoup parlé. Elle m’a raconté ce que la nouvelle Khaena lui avait dit et avait fait : elle avait quitté toute fonction chez les sombre, avait quitté tous ceux pour qui Killya  et Khaena n’était pas en accord. Comme moi, comme Kharya et comme Bahar. Selon la nouvelle sombre, elle était en paix. Je devais donc me résoudre à cette terrible conclusion : Isil avait disparu, Killya aussi. C’était une nouvelle personne. Et, si elle était en paix, pourquoi tenter de faire revenir la situation antérieure. J’ai cru déceler dans les paroles de la Matriarche (que j’ai surnommée Amya – la Mère) une réelle tristesse bien qu’elle ne l’eut pas avoué.

Lorsqu’elle a parlé de Bahar, je me suis revu dans le neige du Trépont, promettant à Isil que je prendrais soin de Bahar et des enfants. Il fallait que j’y aille. C’était la dernière chose que je pouvais faire pour la mémoire d’Isil. Avec les conseils de Kharya, je suis parti. Le bateau navigue sur la mer qui est étrangement calme, comme si la Nature voulait que je quitte les Îlots. J’ai laissé « mon » Arbre à Kharya, lui disant qu’elle pouvait s’y rendre si elle voulait profiter de son calme.

J’ai aussi écrit une dernière lettre à Isil, Killya et à celle qu’elles étaient devenues :

Khaena (ou quelque soit le nom que vous prenez aujourd’hui),

Je ne comprendrai jamais ce qui est arrivé et je doute que quiconque le puisse un jour. J’ai parlé à Kharya. Elle m’a expliqué. J’ai compris. Vous m’avez menti. Isil n’est pas morte. Elle a juste fusionné avec Killya. C’est mieux, au moins elles, au moins vous serez heureuse. Je vous souhaite que vous trouver ce que vous cherchez. N’oubliez tout de même pas ce que Khaena et Killya vous ont donné : la douceur de la fille et la passion de la mère.

Je vous transmets les quelques lignes que j’écris pour l’ancienne Khaena. Je sais qu’elle n’est plus nulle part, mais j’ai besoin de lui écrire certaines chose que je n’ai jamais pu lui dire.

Puissent Isil et Anar éclairer votre route de jour comme de nuit.

Namarie,


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Mon Isil,

Je suis désolé. Désolé de ne pas t’avoir retenu, de ne pas avoir été ce que j’aurais pu être. J’aurais voulu pouvoir te donner plus, être plus à ton écoute, comprendre ce que tu voulais. Sans doute n’était ce pas mon Chemin. Si cela avait été possible, j’aurai été fier de quitter le Landes, main dans la main avec toi, que nous nous trouvions une belle maison, que nous fondions famille, que nous oubliions toute cette violence. J’ai raté l’occasion d’être définitivement en paix. Je porterai donc ce fardeau, condamné à vie à la violence, au sang et à la souffrance.

Merci Isil, merci de m’avoir fait découvrir tant de choses. De m’avoir ouvert les yeux sur ce qui était vraiment important : profiter de ce que la Vie nous donne, en jouir comme si nous devions la perdre l’instant d’après. Tu as été la plus belle découverte de toute ma longue vie d’elfe. Jamais je n’en aurai d’autre, je n’en suis pas capable. J’ai appris que celle que tu est devenue a quitté Bahar. Je sais que tu n’aurais jamais fait ça. Je dois tenir la promesse que je t’ai faite. J’ai pris le bateau sur les conseils de Dame Kharya. Je retrouverai Bahar et resterai quelques jours sur le continent. C’est la dernière chose que je puisse faire pour toi. Je garderai l’anneau. Jamais je ne t’oublierai. Les Landes sont remplies de toi.

Tye mélan.

Namarie,



Jour 26

Maison de Bahar, Jour 26 nuona 384

Je suis finalement arrivé chez Bahar. La mer a été clame, mais je n’ai pas le pied marin. J’ai été malade de bout en bout du trajet. Éreinté après ces heures passée sur la mer, j’étais tellement affaibli que je ne suis pris les pieds dans un cordage qui traînait sur le ponton. J’ai fini à l’eau sous les rires des marins qui n’avaient pas arrêté de me se rire de moi durant le trajet. Je suis remonté et j’ai erré sur le port, la carte de Kharya était complètement mouillée, impossible de me diriger.Je suis rentré dans la première boutique que j’ai trouvé. C’était un magasin de livres et de cartes du continent. C’était le magasin de Bahar. Je ne sais si c’est le hasard qui a conduit mes pas ou si Isil m’a guidé.
Quoi qu’il en soit, nous avons discuté longtemps. J’ai vu les enfants, Kéros et Shael. La bleue m’a expliqué que le garçon était en fait le mari de Killya et père de Khaena dont l’esprit s’était implanté dans le bébé à naître. Que Kharya et Khaena avaient sauvé les enfants. Bahar m’avoua aussi avoir peur pour le futur du petit : elle redoutait un peu les pouvoirs de nécromant de l’ancien Kéros. Je me rends compte que Khaena m’a caché une partie de l’histoire. Je doute que ce soit volontaire.
Elle m’a demandé des nouvelles de Isil. Je n’ai pu que lui annoncer l’affreuse vérité. Elle n »a semblé qu’à peine surprise, j’appris plus tard que la nouvelle Khaena avait envoyé une lettre à la Bleue. Elle m’a aussi demandé de nouvelles du père des enfants. Je me suis excusé des mauvaises nouvelles à venir et lui ai expliqué que celui qu’il était devenu s’était voué au mal et était même accusé de meurtre. Je n’ai pu retenir ma tristesse devant toutes ces tristes informations. Elle me questionna aussi sur mes motivations à venir la voir, je lui ai expliqué ma promesse à Khaena. Elle essaya de me rassurer. Avant d’aller rejoindre les petits qui dormaient déjà elle m’a donné une clé. Selon elle, c’était la clé de la maison voisine, que Khaena avait acheté. Elle me dit que je pouvais rester ici dormir ou allez à côté. Je ne me sentais pas le courage d’affronter une nuit seul dans la maison de Khaena. Je m’assis dans un coin de la pièce et méditai. Mais je me réveilai vite : l’air ne portait pas à la méditation. Je pris mon journal et écris. Je vais écrire une lettre à Kharya.

Jour 27

Je suis revenu. Mon errance a assez duré. Tout a une fin, même les plus belles des choses. Ne restent que les vivants. Les disparus le sont, même si leur mémoire perdure.

Je ne sais combien de temps est passé depuis la dernière fois que j’ai écrit dans ce journal, impossible de dire ce que j’ai fait durant ce temps. J’ai erré de mon arbre du Val ou dépôt de Pierre Blanche, ne disant mot, passant les journée assis là sur le lit, là sur la chaise. J’étais invisible aux autres et à moi même.

Mais aujourd’hui, je suis revenu à la conscience. J’étais au dépôt de Pierre-Blanche. C’est une Licorne qui m’a tiré de mon hébétement. Elle semblait plus agité que les autres fois. semblant même comprendre ce que je lui disais. Je l’ai suivie quelques instant puis l’ai perdue de vue. J’en ai parlé sur les ondes elfiques dont je venais de retrouver le chemin et Swan m’a répondu que c’était son amie et que cela lui arrivait parfois qu’elle lui réponde aussi. L’elfette est venu la chercher à Pierre-blanche. Elle semblait réellement communiquer avec elle.
Apparemment dans mon absence, une des Divinités Sinanes avait surgi du Temple du Val et semé la pagaille à Pierre-Blanche. Elfes, Eldorians et Kultars voulaient que Adramalech (la divinité) disparaisse alors que les Sinans et leurs alliés Sombres prétendaient qu’ils avaient droit aussi à leur religion. La licorne n’a pas supporté qu’un monstre pareil entache de sang SA terre. Elle nous a demandé de venir avec elle. Elle a combattu le géant et l’a renvoyé dans le temple. La Doge Llariarith a pris cette attaque de l’animal comme une manipulation de Swan (qui était la seule à pouvoir vraiment communiquer avec la licorne), alors que des négociations entre Sinans et Eldorians était en cours (il y a un blocus Sinan à la cité du Port, apparemment). Après le combat, j’ai essayé de comprendre ce qu’il s’était passé en parlant avec Llaririth. Elle m’a semblé blessée de cet affront à ses croyances. Je la comprend. Mais je préfère suivre la Licorne qu’une créature géante, à moitié visible et dont les mains sont tachées de sang.

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