18 nuona fingelien 38, Bâteau vers le continent.
J’ai finalement pris ma décision. J’ai discuté avec Kharya. Nous avons beaucoup parlé. Elle m’a raconté ce que la nouvelle Khaena lui avait dit et avait fait : elle avait quitté toute fonction chez les sombre, avait quitté tous ceux pour qui Killya et Khaena n’était pas en accord. Comme moi, comme Kharya et comme Bahar. Selon la nouvelle sombre, elle était en paix. Je devais donc me résoudre à cette terrible conclusion : Isil avait disparu, Killya aussi. C’était une nouvelle personne. Et, si elle était en paix, pourquoi tenter de faire revenir la situation antérieure. J’ai cru déceler dans les paroles de la Matriarche (que j’ai surnommée Amya – la Mère) une réelle tristesse bien qu’elle ne l’eut pas avoué.
Lorsqu’elle a parlé de Bahar, je me suis revu dans le neige du Trépont, promettant à Isil que je prendrais soin de Bahar et des enfants. Il fallait que j’y aille. C’était la dernière chose que je pouvais faire pour la mémoire d’Isil. Avec les conseils de Kharya, je suis parti. Le bateau navigue sur la mer qui est étrangement calme, comme si la Nature voulait que je quitte les Îlots. J’ai laissé « mon » Arbre à Kharya, lui disant qu’elle pouvait s’y rendre si elle voulait profiter de son calme.
J’ai aussi écrit une dernière lettre à Isil, Killya et à celle qu’elles étaient devenues :
Khaena (ou quelque soit le nom que vous prenez aujourd’hui),
Je ne comprendrai jamais ce qui est arrivé et je doute que quiconque le puisse un jour. J’ai parlé à Kharya. Elle m’a expliqué. J’ai compris. Vous m’avez menti. Isil n’est pas morte. Elle a juste fusionné avec Killya. C’est mieux, au moins elles, au moins vous serez heureuse. Je vous souhaite que vous trouver ce que vous cherchez. N’oubliez tout de même pas ce que Khaena et Killya vous ont donné : la douceur de la fille et la passion de la mère.
Je vous transmets les quelques lignes que j’écris pour l’ancienne Khaena. Je sais qu’elle n’est plus nulle part, mais j’ai besoin de lui écrire certaines chose que je n’ai jamais pu lui dire.
Puissent Isil et Anar éclairer votre route de jour comme de nuit.
Namarie,

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Mon Isil,
Je suis désolé. Désolé de ne pas t’avoir retenu, de ne pas avoir été ce que j’aurais pu être. J’aurais voulu pouvoir te donner plus, être plus à ton écoute, comprendre ce que tu voulais. Sans doute n’était ce pas mon Chemin. Si cela avait été possible, j’aurai été fier de quitter le Landes, main dans la main avec toi, que nous nous trouvions une belle maison, que nous fondions famille, que nous oubliions toute cette violence. J’ai raté l’occasion d’être définitivement en paix. Je porterai donc ce fardeau, condamné à vie à la violence, au sang et à la souffrance.
Merci Isil, merci de m’avoir fait découvrir tant de choses. De m’avoir ouvert les yeux sur ce qui était vraiment important : profiter de ce que la Vie nous donne, en jouir comme si nous devions la perdre l’instant d’après. Tu as été la plus belle découverte de toute ma longue vie d’elfe. Jamais je n’en aurai d’autre, je n’en suis pas capable. J’ai appris que celle que tu est devenue a quitté Bahar. Je sais que tu n’aurais jamais fait ça. Je dois tenir la promesse que je t’ai faite. J’ai pris le bateau sur les conseils de Dame Kharya. Je retrouverai Bahar et resterai quelques jours sur le continent. C’est la dernière chose que je puisse faire pour toi. Je garderai l’anneau. Jamais je ne t’oublierai. Les Landes sont remplies de toi.
Tye mélan.
Namarie,
