Tag Archive: Bahar


Naissances de Keros et Shael

Jour 22 Elfist – Fingelien 384
Quand nous sommes arrivées dans la maison de Jadiane, celle-ci était terriblement inquiète : Bahar avait le visage et les membres gonflés, et elle perdait parfois la vue par intermittence. Kharya a tout de suite compris qu’il fallait que les bébés naissent rapidement sinon nous risquions de les perdre tous les trois.
Il fallait provoquer l’accouchement d’une façon ou d’une autre. Je connaissais une plante qui pouvait provoquer des contractions mais je n’en avais pas sur moi et il fallait faire vite.

Kharya a alors décidé de faire sortir les bébés par une entaille qu’elle allait pratiquer sur le ventre de Bahar. Nous l’avons endormie. Elle était de toutes façons très faible. Le premier bébé a été sorti, c’était un mâle, bleu sombre. Il ne criait pas… Nous avons eu peur, je lui ai tapé sur les fesses et il a fini par hoqueter et a poussé un petit cri. Je l’ai mis dans les bras de Jadiane. Le deuxième bébé arrivait : c’était une femelle bleue comme sa mère. La petite s’est mise à crier tout de suite! Elle était pleine de vie. Elle a tété avidement le doigt que je lui tendais.

Kharya a recousu le ventre de Bahar. Jadiane s’est soudain inquiétée le petit mâle semblait ne pas aller bien. J’ai échangé de bébé avec Jadiane, prenant le petit bleu sombre dans mes bras. J’ai toute suite senti le lien des esprits qui se reformait. Le petit mâle était Keros. Je ne sais pas très bien pourquoi ni comment mais il a commencé à se sentir mieux dans mes bras.

Bahar s’est réveillée et a réclamé ses enfants. Malgré sa fatigue, elle semblait aller mieux et son visage s’illuminait de bonheur. Elle a remercié Kharya pour les soins qu’elle lui avait donné. Ma Shaa’enyss s’est alors éloignée : elle voulait nous laisser en famille… Je n’ai pas cru à ce qu’elle disait, je me doutais qu’elle voulait rejoindre Mulvaar au plus vite et puis peut-être aussi la vue de ses bébés était douloureuse pour elle qui avait laissé son fils auprès de son père.

Bahar trouvait que je me débrouillais bien avec les bébés. Elle disait que j’allais être leur maman à eux aussi. J’ai refusé ce terme : ils n’avaient qu’une mère et c’était elle pas moi. J’étais tout au plus une tante qui viendrait les voir de temps en temps. Mais Bahar a insisté : elle disait comme Kharya d’ailleurs que nous l’avions conçu ensemble et quand elle avait été dans les bras de Kely, ce n’était pas lui qu’elle regardait mais moi. Je n’ai pas osé la contredire mais je me sentais mal… Les souvenirs des temps heureux où j’étais avec Kely me submergeaient. Je me rendais compte de l’horrible perte que j’avais subie.

Bahar voulait que nous donnions un nom ensemble aux bébés. Pour le mâle, çà ne pouvait être que Keros. Pour la femelle, nous avons fini par nous accorder sur Shael. Je ne sais si c’est un nom bleu ou sombre.

Bahar a voulu voir ma mère… Ça c’est plutôt mal passé. J’ai du consoler ma bleue. Elle était mortifiée par l’attitude de ma mère qui n’avait montré aucun sentiment à la vue des bébés : ni joie, ni peine… J’ai serré ma bleue entre mes bras la cajolant et la berçant. Je savais que çà n’avait rien à voir avec elle : ma mère était brisée.

Bahar s’est endormie contre moi. Mais moi, je me sentais mal, de plus en plus mal. Je ne sais pas pourquoi…

Chose insignifiante

Jour 22 Elfist – Fingelien 384
Bahar voulait me voir… Ne peuvent elles pas me laisser tranquille, ces femelles!!!
Elle m’a tendue ses lèvres mais j’ai vu les deux morpions qu’elle avait engendré… Je les ai regardé. Il y avait un mâle bleu sombre comme son père. Ça devait être Keros. Ça ne m’a fait ni chaud ni froid.
C’était ce truc Keros maintenant ? cette petite chose insignifiante? Ça ne donnait pas envie…

Bahar m’a regardée éberluée. De toute évidence, mon attitude lui déplaisait. Je l’ai laissé avec la petite. Je ne voyais pas pourquoi je devrais justifier mon attitude…

Protection et fuite

Jour 24 Elfist – Fingelien 384
J’ai passé quelques jours auprès de Bahar. Mais je n’avais qu’une idée fuir… La voir ne faisait que me rappeler douloureusement la disparition de Kely. Mais je ne pouvais partir sans m’assurer que Vulgor n’essaierai pas de se venger sur eux. J’ai demandé à Bahar si je pouvais entrer en contact avec Keros : j’avais la petite statuette de jade. Mais elle était inquiète comme toutes les mères pourraient l’être : Keros n’était qu’un bébé. Je lui ai rappelé que son corps était celui d’un nouveau né mais pas son esprit.

Elle m’a finalement laissé faire. J’ai contacté l’esprit de mon père. Il m’a prévenu qu’il n’avait pas beaucoup de temps que le corps était trop faible. Je lui ai expliqué qu’il fallait trouver un moyen pour empêcher Vulgor de lui faire de mal à lui, à Shael et à Bahar. Il m’a alors expliqué que je devais briser la statuette de jade en trois morceaux et faire un pendentif pour eux trois. Vulgor ne pourra approcher : la douleur serait trop forte à supporter. Je me rendais compte que si je cassais la statuette, je ne pourrais plus le contacter. Il a répondu qu’il me contacterai dés que ce serait possible.

Il a ensuite dit autre chose :« Oublie le! Il ne peut être un mâle pour toi. ». J’ai répondu résignée que personne n’était fait pour moi… Il affirmait le contraire. Il disait que je devais chercher parmi les sombres. Est ce que Malkael était celui-là ? Il disait que çà ne pouvait qu’être un sombre : lui ou un autre. Un qui me comprendrait… J’étais dubitative. Je savais que la plupart des sombres me trouvait trop étrange.

Puis il s’est endormi sans force. J’ai confectionné les trois pendentifs. J’en ai passé un au cou de Bahar et un sur le poignet des bébés, en expliquant leur rôle à ma bleue. Elle m’a dit qu’elle allait retourner vivre chez elle, qu’elle ne voulait pas vivre au quotidien avec Jadiane. Elle était comme Kharya… incapable de se contenter d’une seule amante, évitant de se lier entièrement à quelqu’un. Si elle avait seulement dit qu’elle me voulait à ses côtés, je serais restée : j’aurais quitté les îlots pour ne plus y revenir… Mais elle n’a rien dit de tel. Alors, j’ai fui. Je lui ai dit que je devais partir prétextant, je ne sais quel devoir… Elle a réclamé que je l’embrasse avant que je m’éloigne. J’ai déposé un baiser tendre sur ses lèvres en me disant que c’était peut-être le dernier…

Maintenant que je repense à tout çà… Je me rends compte qu’aucun des amants que j’avais ou avais eu, n’avait pas été attiré d’abord par ma mère. Kharya et Bahar avait été les amantes de ma mère bien avant d’être les miennes. Eryann et Malkael avaient été séduits d’abord par ma mère avant que je ne tombe dans leur bras. Même pour Kely… Je suis persuadée que ce sont les esprits de Keros et Killya qui nous ont rapprochés irrésistiblement…

Si ma mère disparaît que vais je devenir? Serais je condamnée à être seule ? Bahar avait montré de l’inquiétude sur ce qu’il pourrait m’arriver. J’avais été rassurante mais maintenant… je ne sais plus quoi penser…

Jour 21

13 fingel 384, plage nord du Trépont.

Elle a fini par partir. Je n’ai pas eu le courage de la retenir.

Lorsque je me suis réveillé hier, j’ai tout de suite appelé Isil. Cela faisait plusieurs jours que je m’inquiétais pour elle et je devais lui parler. Elle m’a répondu d’un air perdu. Je la rejoignis à Trassian, au gisement d’argent. je la pris dans mes bras. Elle avait l’air éteint de quelqu’un qui ne se sens plus à sa place là ou il est. Elle me proposa que nous allions à lle des oubliés. J’essayai de la faire rire en lui disant que j’avais oublié le chemin, mais elle ne fit que sourire faiblement.Je me perdis en route et Isil ne répondait pas à mes appels télépathiques. Je dus demander de l’aide à Dame Kharya. Elle m’indiqua le chemin et je retrouvai Khaena. Nous arrivâmes sur une île déserte avec pour seul végétation, 3 palmiers Il faisait étrangement chaud, mais il était impossible de dire ou nous étions. Encore une beauté magique des landes.

Mon Isil semblait aller un peu mieux là. Mais je savais qu’elle me cachait quelque chose. Je lui demandai de me raconter ce qui n’allait pas. Elle en vint directement au fait : elle ne se sentait plus chez elle sur les îlots. Elle avait besoin de quitter les tensions, entre les nain et les sombres, besoin de reprendre une vie normale : s’occuper de Bahar et des bébés. Car la bleue de ma sombre avait accouchée de deux jumeaux. Les enfants et la maman se portaient bien. Comme je comprenait Isil…  Nombreuses fois, j’avais voulu fuir les Ilôts, loin de cette violence. Me trouver un coin tranquille en bordure de foret. Ne plus rien faire que de profiter de la Nature. Mais où aller?Je la regardai, les larmes me montant aux yeux. Qu’allais-je devenir sans Elle? Elle me dit qu’elle n’avait pas le courage d’annoncer son départ à Kharya et elle me demanda si je voulais bien lui annoncer. J’acquiesçai.

Elle voulait partir au plus tôt. Je lui fis promettre trois choses. La première était de bien s’occuper des enfants, de leur parler des autres peuples, de leur dire qu’ils n’étaient pas si différents d’eux. La deuxième chose que je lui fis promettre c’était de m’écrire le plus souvent possible. Je ne résisterais pas sans nouvelles d’Elle. Déjà lorsqu’elle absentait une semaine, j’avais eu des problèmes… La troisième c’était de revenir. Elle me promit qu’elle serait de retour pour la fin des travaux de Naralik. Mais il y avait quel que chose dans le ton de la phrase qui me faisait penser qu’elle ne resterait pas après. Nous verrons bien. Si elle est plus heureuse Là bas qu’ici, je ne peux que la laisser partir. Je la serrai dans mes bras. Elle me demanda si je voulais dormir ici. je lui répondis que je voulais assister à son départ. Nous rentrâmes donc au Trépont, là où tout commence et là où tout finit…

Le bateau attendait. Le ciel étai magnifique et isil brillait de toute sa splendeur.; comme pour saluer celle qui était sous sa protection. C’était une magnifique nuit. Au moins le voyage serait facile… Je la serrai dans les bras, elle m’embrassa une dernière fois. J’entonnai une vieille chanson venue de je ne sais où et pleurai à la fin de celle-ci. Isil semblait touchée par mon chant et des larmes lui vinrent elle aussi. Elle se retenait de ne pas pleurer, fière jusqu’au bout, mais je savais que lorsque le bateau se serait assez éloignée, elle laisserait couler les larmes. Elle monta sur le bateau et les voilages calquèrent. Les navire s’ébranla et déjà elle s’éloignait. Je lui montrai la lune en souriant, les yeux mouillés et elle me répondait d’un hochement de tête. Je la saluai de mon chapeau. Déjà elle était loin. Je montai sur la tour du Trépont, mais je l’avais perdue de vue déjà. Je redescendis sur la plage et pleurai comme rarement je l’avais fait auparavant. Je serai là quand elle reviendra, a la me place, scrutant l’horizon en quête d’une voile blanche dans la brume de la Grande Mer.

Je séchai mes larmes. Il fallait prévenir Dame Kharya. Je le contactai par télépathie. Elle était en plein combat contres les créatures des Landes, mais elle vint aussi tôt sans doute ma voix avait elle trahi la situation. Nous nous assîmes à la taverne du Nain Joyeux. Je ne savais par où commencer. Je lui annonçai de but en blanc. Elle soupira tristement. Elle me dit qu’elle s’en voulait. Qu’elle n’était pas ce que Khaena attendait. Que chaque fois qu’elle n’était pas là, mon Isil déprimait. Je lui servit un verre de vin. Elle n’y toucha quasiment pas. Si j’étais triste d’avoir laissé partir Khaena, je l’étais encore plus de voir Dame Kharya dans ce état. Nous discûtames plusieurs minutes. Elle était rassurée de savoir Khaena chez Bahar. Moi aussi. Au moins elle serait bien là bas. Je lui dis aussi que si jamais elle ne se sentais pas bien, elle pouvait m’en parler. Elle sourit, me répondant qu’elle n’avait pas l’habitude de se confier, mais qu’elle me remerciait. Elle s’en alla et je retournai voir le lever du jour. Seul.

Puissent tous les Dieux des Landes veiller sur Isil.

Lettres et glace

Jour 9 Ullitavar – Fingelien 384
Durant le voyage, je repensais aux lettres brutales et dénuées de sentiments que j’avais envoyées à Iymril et Bahar en quittant les îlots. Je me souvenais d’une phrase maladroite que j’avais écrite à Iymril en parlant de Malkael : « Vous avez su profiter d’une période difficile pour Khaena pour attirer son attention. ». Je me rendais compte à quel point cette phrase pouvait être mal interprétée. J’espérais qu’il n’en était rien mais je n’avais eu aucune réponse d’Iymril.

D’ailleurs, je n’avais eu aucune réponse non plus à la lettre que j’avais envoyée à Bahar :
« Bahar,

Je crois que vous avez le droit de savoir que Khaena et Killya n’existent plus. Leurs esprits ont fusionnés en un seul. Je suis le résultat de cette fusion.

Je ferais en sorte que vous ne manquiez de rien comme l’aurait souhaité Khaena et Killya.

La chose qui remplace Khaena et Killya. »
Je ne sais ce qu’a pensé Bahar de cette lettre… Je suppose qu’elle a été mortifiée.

Étrangement, j’avais l’impression que mon attitude glaciale avait été semblable à celle qu’avait Fharath. Est ce que la sombre si dure et si froide avait cette façon d’être pour se protéger? Est ce qu’elle caparaçonnait son coeur ainsi pour ne pas souffrir? Possible… Mais à vrai dire, je ne voyais pas bien comment je pourrais le vérifier. Il faudrait déjà que j’arrive à l’approcher sans qu’elle me repousse. Mais je n’étais pas sûre d’avoir envie de ce genre de confrontation même si je n’étais plus aussi vulnérable que la Khaena d’avant…

J’étais bientôt arrivée. J’attendais le bateau. Je regardais au loin espérant distinguer les îlots. Qu’allais je retrouver là bas? Est ce que j’aurais envie de rester cette fois?

Jour 25

18 nuona fingelien 38, Bâteau vers le continent.

J’ai finalement pris ma décision. J’ai discuté avec Kharya. Nous avons beaucoup parlé. Elle m’a raconté ce que la nouvelle Khaena lui avait dit et avait fait : elle avait quitté toute fonction chez les sombre, avait quitté tous ceux pour qui Killya  et Khaena n’était pas en accord. Comme moi, comme Kharya et comme Bahar. Selon la nouvelle sombre, elle était en paix. Je devais donc me résoudre à cette terrible conclusion : Isil avait disparu, Killya aussi. C’était une nouvelle personne. Et, si elle était en paix, pourquoi tenter de faire revenir la situation antérieure. J’ai cru déceler dans les paroles de la Matriarche (que j’ai surnommée Amya – la Mère) une réelle tristesse bien qu’elle ne l’eut pas avoué.

Lorsqu’elle a parlé de Bahar, je me suis revu dans le neige du Trépont, promettant à Isil que je prendrais soin de Bahar et des enfants. Il fallait que j’y aille. C’était la dernière chose que je pouvais faire pour la mémoire d’Isil. Avec les conseils de Kharya, je suis parti. Le bateau navigue sur la mer qui est étrangement calme, comme si la Nature voulait que je quitte les Îlots. J’ai laissé « mon » Arbre à Kharya, lui disant qu’elle pouvait s’y rendre si elle voulait profiter de son calme.

J’ai aussi écrit une dernière lettre à Isil, Killya et à celle qu’elles étaient devenues :

Khaena (ou quelque soit le nom que vous prenez aujourd’hui),

Je ne comprendrai jamais ce qui est arrivé et je doute que quiconque le puisse un jour. J’ai parlé à Kharya. Elle m’a expliqué. J’ai compris. Vous m’avez menti. Isil n’est pas morte. Elle a juste fusionné avec Killya. C’est mieux, au moins elles, au moins vous serez heureuse. Je vous souhaite que vous trouver ce que vous cherchez. N’oubliez tout de même pas ce que Khaena et Killya vous ont donné : la douceur de la fille et la passion de la mère.

Je vous transmets les quelques lignes que j’écris pour l’ancienne Khaena. Je sais qu’elle n’est plus nulle part, mais j’ai besoin de lui écrire certaines chose que je n’ai jamais pu lui dire.

Puissent Isil et Anar éclairer votre route de jour comme de nuit.

Namarie,


—————

Mon Isil,

Je suis désolé. Désolé de ne pas t’avoir retenu, de ne pas avoir été ce que j’aurais pu être. J’aurais voulu pouvoir te donner plus, être plus à ton écoute, comprendre ce que tu voulais. Sans doute n’était ce pas mon Chemin. Si cela avait été possible, j’aurai été fier de quitter le Landes, main dans la main avec toi, que nous nous trouvions une belle maison, que nous fondions famille, que nous oubliions toute cette violence. J’ai raté l’occasion d’être définitivement en paix. Je porterai donc ce fardeau, condamné à vie à la violence, au sang et à la souffrance.

Merci Isil, merci de m’avoir fait découvrir tant de choses. De m’avoir ouvert les yeux sur ce qui était vraiment important : profiter de ce que la Vie nous donne, en jouir comme si nous devions la perdre l’instant d’après. Tu as été la plus belle découverte de toute ma longue vie d’elfe. Jamais je n’en aurai d’autre, je n’en suis pas capable. J’ai appris que celle que tu est devenue a quitté Bahar. Je sais que tu n’aurais jamais fait ça. Je dois tenir la promesse que je t’ai faite. J’ai pris le bateau sur les conseils de Dame Kharya. Je retrouverai Bahar et resterai quelques jours sur le continent. C’est la dernière chose que je puisse faire pour toi. Je garderai l’anneau. Jamais je ne t’oublierai. Les Landes sont remplies de toi.

Tye mélan.

Namarie,



La dernière lettre d’Eryann

Jour 20 Nuona – Fingelien 384
J’ai reçu une nouvelle lettre. Cette fois, elle venait d’Eryann. Je ne l’avais pas revu depuis que les esprits de Khaena et Killya avaient fusionnés. J’avais juste eu une brève conversation avec lui où je ne l’avais pas ménagé. J’étais à ce moment là encore dans un état de colère froide avec un coeur entouré d’une gangue de glace.

Je crois que sa lettre était une sorte de lettre d’adieu. Il a tenu à en écrire une partie destinée à son « Isil ». Sans doute, espérait il la réveiller en moi? Mais çà n’a pas été le cas… J’ai quand même essayé de lui répondre.

« Eryann,

La Khaena que vous avez connu n’existe plus… Je ne vous ai pas menti… Je suis ce mélange des deux.

Quand à Bahar, je ne l’ai pas abandonnée. J’ai fait en sorte qu’elle ne manque de rien. Je lui ai même écrit une lettre. Mais, elle n’a jamais répondu. Je suppose qu’elle s’est fait une raison et qu’elle préfère garder l’image de celles qu’elle avait aimées et ne pas rencontrer la « chose » que je suis devenue.

Quand à votre lettre à Khaena, vous n’avez rien à regretter. Son coeur était tellement accaparé par son amour pour Kharya qu’elle n’arrivait plus à vous offrir ce que vous méritiez. Kharya a préféré Mulvaar et n’a pas fait un seul geste pour tenter de la sauver ou de les sauver pour séparer les deux esprits fusionnés…

Comme quoi, à quoi bon aimer puisque vous finissez par être abandonnée par ceux que vous aimez le plus au monde : Kely, Kharya, Bahar… Auriez vous été le prochain? Peut-être que les landes sont ainsi et qu’elles finissent par tout corrompre même l’amour.

Voilà pourquoi, je préfère quitter les îlots et découvrir un autre monde. J’y ai rencontré quelqu’un avec qui j’espère vivre ce que je n’ai pu vivre ici.

Je reviens parfois pour certaines de mes jeunes soeurs mais il me reste un goût amer et je n’arrive pas à y rester très longtemps.

Que Fenryos, le dieu loup des égarés et des oubliés veille sur vous.

Celle qui n’est plus ni Khaena, ni Killya. »

Je me rends compte que ma lettre était bien sombre… Parfois, j’ai des regrets : je m’en veux d’avoir abandonné mon peuple. Mais à vrai dire, est ce que je suis encore capable de lui apporter quelque chose? J’ai l’impression d’avoir tout donné pour au final tout perdre…
Je n’ai plus l’envie ni la force de continuer.

Sans doute qu’avec le temps, les blessures s’effaceront et que l’envie reviendra…

Jour 26

Maison de Bahar, Jour 26 nuona 384

Je suis finalement arrivé chez Bahar. La mer a été clame, mais je n’ai pas le pied marin. J’ai été malade de bout en bout du trajet. Éreinté après ces heures passée sur la mer, j’étais tellement affaibli que je ne suis pris les pieds dans un cordage qui traînait sur le ponton. J’ai fini à l’eau sous les rires des marins qui n’avaient pas arrêté de me se rire de moi durant le trajet. Je suis remonté et j’ai erré sur le port, la carte de Kharya était complètement mouillée, impossible de me diriger.Je suis rentré dans la première boutique que j’ai trouvé. C’était un magasin de livres et de cartes du continent. C’était le magasin de Bahar. Je ne sais si c’est le hasard qui a conduit mes pas ou si Isil m’a guidé.
Quoi qu’il en soit, nous avons discuté longtemps. J’ai vu les enfants, Kéros et Shael. La bleue m’a expliqué que le garçon était en fait le mari de Killya et père de Khaena dont l’esprit s’était implanté dans le bébé à naître. Que Kharya et Khaena avaient sauvé les enfants. Bahar m’avoua aussi avoir peur pour le futur du petit : elle redoutait un peu les pouvoirs de nécromant de l’ancien Kéros. Je me rends compte que Khaena m’a caché une partie de l’histoire. Je doute que ce soit volontaire.
Elle m’a demandé des nouvelles de Isil. Je n’ai pu que lui annoncer l’affreuse vérité. Elle n »a semblé qu’à peine surprise, j’appris plus tard que la nouvelle Khaena avait envoyé une lettre à la Bleue. Elle m’a aussi demandé de nouvelles du père des enfants. Je me suis excusé des mauvaises nouvelles à venir et lui ai expliqué que celui qu’il était devenu s’était voué au mal et était même accusé de meurtre. Je n’ai pu retenir ma tristesse devant toutes ces tristes informations. Elle me questionna aussi sur mes motivations à venir la voir, je lui ai expliqué ma promesse à Khaena. Elle essaya de me rassurer. Avant d’aller rejoindre les petits qui dormaient déjà elle m’a donné une clé. Selon elle, c’était la clé de la maison voisine, que Khaena avait acheté. Elle me dit que je pouvais rester ici dormir ou allez à côté. Je ne me sentais pas le courage d’affronter une nuit seul dans la maison de Khaena. Je m’assis dans un coin de la pièce et méditai. Mais je me réveilai vite : l’air ne portait pas à la méditation. Je pris mon journal et écris. Je vais écrire une lettre à Kharya.

Powered by WordPress | Theme: Motion by 85ideas.