Tag Archive: Keros


Nouvelle perte

Jour 28 Fingel – Fingelien 382
J’étais morte… encore une fois… du moins, je le croyais… Tout était noir… j’étais seule… et personne ne répondait à mes appels… Je ne sais pas combien de temps, je suis restée ainsi. J’avais l’impression que cela faisait une éternité…
Et puis, j’ai entendu un son mais je n’arrivais pas à rejoindre le corps de Khaena. J’ai senti le corps trembler puis se convulser. Je me disais que je n’y arriverais pas. Puis, j’ai soudain entendu mon mâle Keros crier mon nom et dans un dernier effort, j’ai réussi à prendre le contrôle comme avant.

Le petit bleu était en face de moi. Il avait voulu me « réveiller » pour savoir ce qu’il s’était passé avec la prêtresse… Je lui ai donc expliqué qu’il avait en lui l’esprit de Keros mon mâle mais il refusait de l’entendre. Alors j’ai laissé la petite reprendre le contrôle dépitée.
Le petit bleu était agité et soudain il a commencé à dire que ce qu’il vivait avec Khaena n’était rien que c’était moi et Keros qui les avait réunis pour nous retrouver à travers eux… Que nous avions eu un plan… La petite ne comprennait pas ce qu’il racontait. Il faut dire qu’il était complétement à côté de la plaque. Et soudain, il a secoué Khaena dans tous les sens en lui demandant si elle l’aimait vraiment. J’ai sentie la blessure se ré-ouvrir mais la petite ne disait rien comprenant que le petit bleu avait un peu perdu les pédales. Puis, elle s’est évanouie sous la douleur. Le bleu a enfin repris ses esprits et s’est mis à la soigner.

A son réveil, il lui a reproché d’avoir voulu trop en faire et de ne pas l’avoir écouté comme si c’était elle qui était responsable de la réouverture de la blessure. Mon sang s’est mis à bouillir et je lui ai sauté à la gorge furieuse! Il m’a cru folle. Il avait oublié ce qu’il se venait de se passer comme si son esprit refuser de l’admettre.

Je ne savais pas trop quoi faire. J’ai soudain posé mon front sur le front du petit bleu en recherchant l’esprit de Keros. Je l’ai trouvé. Il m’a parlé. Il m’a dit qu’il fallait que je l’aide à faire comprendre au petit bleu ce qu’il s’était passé pour lui faire retrouver ses facultés. Ensemble avec Keros, comme si la mort ne nous avait pas séparés, retrouvant notre complicité et notre compréhension d’avant, nous avons montré au petit bleu qu’il n’était pas responsable de ce qu’il avait fait. Puis j’ai senti l’esprit de Keros m’échapper. Je l’ai supplié de rester près de moi mais il a toujours été bien plus responsable et raisonnable que moi. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas.

Je me suis effondrée pendant que le petit bleu reprenait conscience. Je pleurais encore une fois la perte de mon mâle. Le petit bleu a tenté de me consoler en me disant qu’il ferait tout pour me rendre Keros, qu’il s’entrainerai comme jamais à la nécromancie pour découvrir le moyen de me le rendre. Je ne croyais pas que c’était possible. J’ai essuyé rageusement mes larmes détestant montrer ainsi mes faiblesses surtout à un mâle. Puis, j’ai laissé à nouveau la petite reprendre le contrôle.

Ils sont retournés en Séridia à Trépont. Ils y ont retrouvé la douce. Elle a voulu me voir, alors je suis sortie. Elle voulait savoir comment j’allais. Je ne savais pas trop quoi répondre… comme si je ne ressentais plus rien. D’habitude à chaque fois que je la voyais, mon coeur battait la chamade mais là… rien… j’ai essayé de plaisanter un peu mais sans conviction. Elle a vérifié ce qu’avait fait le petit bleu. C’était apparemment n’importe quoi. Elle a du me réouvrir la blessure et recoudre à nouveau la plaie. Je ne crois pas avoir émis un son même si la douleur était horrible. Je tenais la main de la bleue, la serrant plus fort quand l’aiguille me transpercer la peau. Quand tout a été fini, j’ai vu que la douce était très pâle. Je l’ai pris dans mes bras tentant de la réconforter. Elle s’est sentie mieux continuant de parler avec moi. J’ai tenté de lui avouer ce que j’avais fait mais elle disait que ce n’était pas le moment, qu’il fallait que je me soigne avant. Je me suis finalement endormie sur ces genoux.

A mon réveil, le petit bleu était aussi en train de dormir sur les genoux de la douce. Je l’ai regardé. D’habitude, j’aurais sentie la jalousie me prendre, refusant de partager la douce avec quelqu’un d’autre mais une fois de plus, çà ne m’a rien fait. Il a fini par se réveiller lui aussi et la douce a du partir. Je ne l’ai pas retenue sur le moment. Mais soudain, une sorte de panique m’a prise. Je lui ai envoyé par télépathie que j’avais besoin d’elle, que je voulais rester près d’elle. Elle a répondu que je n’étais pas la seule dont elle devait « s’occuper » et qu’elle aussi avait besoin de dormir. Elle m’a racontée qu’elle ne dormait pas bien que ses rêves étaient aussi peuplés de cauchemars. Je me suis sentie stupide et égoïste. Je lui ai dit que si elle voulait, je pouvais essayer d’appaiser ses cauchemars, comme elle appaisait les miens en dormant près d’elle. Elle a répondu qu’il faudrait qu’on essaye quand j’irais mieux. Avant, mon coeur aurait bondi de joie à cette idée mais je n’ai pas réagi, comme si j’étais éteinte.

J’ai laissé ma fille reprendre le contrôle et je me suis à nouveau enfouie.

Kely et Keros

Jour 28 Fingel – Fingelien 382
Kely m’a avoué que l’esprit de Keros mon père était en lui. Je n’ai pas vraiment réagi à cette nouvelle comme si je m’y attendais. Tout s’expliquait soudain. Kely avait les même goûts que mon père : la nécromancie, la forge. Les rêves de l’araignée était en fait des messages que mon père me passait.

J’ai accepté le meurtre de la prêtresse sans joie ni dégoût comme si une page était tournée : les assassinats de mes parents étaient vengés.
Il faut maintenant avancer avec cette nouvelle donnée. Savoir que l’esprit de mon père est présent près de celui-ci de Kely ne me fait pas peur au contraire. J’ai l’impression d’être protégée et qu’il protégera aussi Kely. Je me sens rassurée.

Je crois qu’il n’y a que ma mère qui va mal. Mais, je ne sais pas comment faire pour lui redonner le goût de la vie. La flamme de la passion qui l’animait semble éteinte. Même Ajh’illya n’a pas réussi à la rallumer. Et ma mère ne cherche même pas à retrouver l’Ilharess. Elle reste enfouie en moi.
J’espère que ce n’est qu’un passage et qu’elle réussira à surmonter tout çà.

Unions et esprit étranger

Jour 10 Illumen – Fingelien 382
Kely n’allait pas très bien. Il disait qu’il avait des cauchemars. Il est vrai que se rendre compte qu’un esprit étranger est présent dans votre corps, est particulièrement perturbant. Je savais ce qu’il vivait. Je l’avais vécu. Il avait peur d’être un jour complètement submergé par l’esprit de mon père. Ce sont des cauchemars que j’avais souvent fait moi aussi.
Alors, j’ai tenté de le rassurer en lui parlant de ce que je savais de mon père. Pour moi, il n’était pas mauvais : ma mère n’aimait pas ce genre de personne. La preuve, elle aimait beaucoup Illy. Je lui ai ensuite parlé de mon rêve. Celui où une araignée que je prenais pour Lith m’était apparue et m’avait parlé de construire ma propre union. Je lui ai parlé des 3 épreuves. Et j’ai ensuite ajouté qu’il faudrait que nous fassions également une union bleue.

Je crois que çà a fait du bien à Kely de savoir tout çà. Il a semblé mieux mais je pense qu’il a besoin d’apprendre à connaître l’esprit de mon père. Mais ce n’est pas facile. L’esprit de mon père n’est pas aussi présent que celui de ma mère en moi. Il est beaucoup plus discret. Je lui ai proposé de demander à ma mère. Elle avait réussi à prendre contact avec lui mais elle y est arrivée sans doute parce que leurs esprits étaient liés. Sans doute, qu’il y arrivera mais il faudra du temps.

Contacter Keros

Jour 10 Illumen – Fingelien 382
Le petit bleu voulait contacter Keros et ne savait pas comment faire. Ça m’a agacée. J’ai pris le contrôle pour lui expliquer comment j’avais fait en posant mon front sur le sien. Mais il disait qu’il n’y arrivait pas. Il disait qu’il fallait que quelqu’un pose son front sur le sien pour y parvenir. J’ai répliqué qu’il n’en avait pas besoin puisque lui était directement en contact avec l’esprit de Keros.
La vérité… c’est que j’aurai pu l’aider je pense mais j’avais peur de me retrouver à nouveau au contact de l’esprit de mon mâle et surtout peur de la douleur que le sentiment de le perdre allait provoquer quand il devrait partir.
Je me suis ré-enfouie très vite.

L’appel de Keros

Jour 6 Ullitavar – Fingelien 382
Alors que je venais de déposer une rose noire près de la douce et que je tentais de m’endormir en laissant la place à la petite, j’ai entendu quelqu’un m’appeler.
C’était le petit bleu et en même temps ce n’était pas lui… j’ai reconnu le regard de Keros… Des images se sont formées dans ma tête. Je reconnaissais la silhouette de mon mâle dans son habit blanc. J’ai tendu une main tremblante vers lui. J’ai senti une sensation de chaleur comme si je lui touchait vraiment la joue. Mon coeur s’est réchauffé sans que je comprenne comment c’était possible. Je savais juste que Keros tentait de me soulager de la douleur qui était la mienne depuis plusieurs jours.

Il disait qu’il était là pour me prévenir. Mais soudain, le corps s’est mis à trembler comme si une lutte intérieure le secouait. J’ai demandé de quoi il devait me prévenir. Le corps était secoué de spasmes. Mais il a réussi à dire qu’il ne fallait pas que je disparaisse et que si çà arrivait Khaena en mourrait… Puis, la lutte a cessé. Le petit bleu a pris le contrôle. Je me suis enfouie.

Les pensées tourbillonnaient en moi… Comment Keros avait il su que l’idée de disparaître me traversait à nouveau l’esprit ? Comment avait il pu réussir à me transmettre un peu de chaleur ? Et comment pouvait il savoir ce qu’il affirmait?
J’étais à nouveau plus perdue que jamais et personne à qui me raccrocher… Kharya n’était plus vraiment là et la douce m’ignorait depuis plusieurs jours. Le petit bleu me détestait. Et ma petite souffrait déjà bien assez des sentiments douloureux que je lui transmettais sans le vouloir.

Je me suis rarement sentie aussi seule. La dernière fois, c’était quand j’ai fui mon peuple avec la petite dans mon ventre. Mais là au moins, j’avais un but : tout faire pour qu’elle puisse vivre. Cette fois, je ne voyais plus où aller et je ne pouvais même plus espérer disparaître… J’étais comme un animal pris au fond d’un piège cherchant une sortie qu’il ne pouvait atteindre.

Furie attachante

Jour 8 Ullitavar – Fingelien 382
La petite m’avait conduit jusqu’à Nargraw sud. Elle disait que çà me ferait du bien d’extérioriser mes tensions internes en combattant quelques fauves. Elle avait raison. Je me détendais un peu même si ma douleur intérieure était toujours là.

J’ai soudain entendu le petit bleu appeler la petite. Je lui ai dit que c’était moi aux commandes. Il a été surpris mais il n’a pas grogné. Il s’est même inquiété de ma santé. Il m’a surpris. Il semblait vraiment intéressé par mon état. Je me suis demandé si c’était parce qu’il s’inquiétait pour la petite mais il a répondu qu’il n’en était rien. Il m’a même traité de « furie attachante ».

Il m’a demandé de lui parler de Keros. Il voulait apprendre à le connaître, savoir qui il était… J’ai tenté de lui dire ce que je savais de mon mâle. Je voulais surtout le rassurer en lui faisant comprendre à quel point mon mâle était doux, tendre et réfléchit. Je ne sais pas vraiment si çà va l’aider à accepter.

Je dois dire que parler avec lui m’a fait du bien. il ne doit pas me détester tant que çà finalement…

Douleur et explications

Jour 12 Ullitavar – Fingelien 382
La douce m’a contactée. J’ai proposé de venir la voir mais elle a répondu que nous nous étions déjà trop vu ces derniers temps… J’ai compris toute suite ce que çà voulait dire. J’ai caparaçonné mon coeur pour ne pas que la pointe de glace qu’elle m’envoyait m’atteigne. Je ne ressentais plus rien.
Alors je lui ai demandé ses raisons. Elle disait qu’elle voulait que j’avance et que je cesse d’entretenir de faux espoirs avec elle. Une image a commencé à se superposer. Je l’imaginais comme une des prêtresses de mon école me faisant la leçon.

Je lui ai répondu que je n’allais pas avancer et que j’allais m’éteindre à petit feu. Et là, je me suis rendue compte de l’abîme d’incompréhension qui existait entre nous. Elle me reprochait de vouloir la culpabiliser alors que j’étais incapable de telles arrières pensées… Je revoyais le visage d’une prêtresse qui me reprochait de ne pas être une vraie sombre. J’essayais d’expliquer à la douce que quand on est perdue et qu’on ne sait plus quel chemin prendre, on finit par mourir.

Elle avait une fausse image de moi. Elle croyais continuellement que je jouais alors que ce n’était pas le cas. Elle disait que mes sentiments étaient réels mais que je ne savais pas les exprimer. Elle me reprochait la façon dont je lui avait offert les roses… Je revoyais la prêtresse qui me traitait de sombre stupide qui ne savait rien faire…

Et soudain, Kharya m’a appelée alors que çà faisait des jours qu’elle ne me parlait plus. Elle était froide et distante. Elle me rappelait Kriss qui venait me soustraire à la cruelle punition que certaines prêtresses prenaient plaisir à me donner. Kriss détestait être obligée de faire çà car elle remettait en cause l’autorité des prêtresses et provoquait des tensions au sein du peuple. Mais elle le faisait car elle savait que certaines étaient capable de tuer leurs élèves sous les coups et qu’elle avait promis de me protéger à ma mère. J’ai coupé court à la discussion stérile que j’avais avec la douce qui cette fois était aussi dure que de la glace.
Je savais que plus jamais je ne verrais en elle celle qui m’avait séduite. J’aurais toujours l’image des prêtresses donneuses de leçon qui m’avaient blessée cruellement à de nombreuses reprises.

J’ai donc rejoint Kharya. Pourtant, je sentais que ce qu’elle allait me dire n’allait pas me plaire. J’étais persuadée qu’elle allait me quitter. Mais, j’y suis allée comme un animal va à l’abattoir, sans espoir, mon coeur toujours caparaçonné .
Étrangement, ma belle sombre était douce. Elle disait qu’elle sentait qu’on s’éloignait l’une de l’autre. Elle n’osait plus me contacter, parce qu’elle avait l’impression de me déranger. Il est vrai que je n’avais pas été des plus aimables ces derniers temps. Mais à vrai dire, je n’étais aimable avec personne… Elle disait qu’elle savait qu’elle n’était pas capable de m’apporter ce que je voulais, que j’avais besoin de quelqu’un qui soit tout le temps là pour moi, qu’elle était trop indépendante et ne pouvait pas changer. Elle a ajouté qu’elle ne voulait plus faire de promesses qu’elle ne pourrait pas tenir.

Je lui ai demandé si çà signifiait qu’elle ne voulait plus me voir. Elle ne savait pas mais elle voulait être franche. Je me rendais compte que je lui en demandais trop, bien plus qu’elle n’était capable de me donner. J’ai essayé de plaisanter : « Voilà ce que c’est d’être une sombre élevée par sa mère… après on a besoin d’affection tout le temps… ». Mais elle n’a pas réagit. J’attendais la sentence mais elle ne venait pas. Alors, j’ai tenté de la provoquer en lui demandant ce que nous devions faire maintenant. Elle n’en savait rien. Et j’ai vu son regard. Ma belle était aussi perdue que moi… Elle m’a terriblement émue. Je me suis approchée d’elle en lui disant que j’étais désolée d’être aussi dépendante et j’ai goûté ses lèvres tendrement. Elle a répondu au baiser.

J’ai voulu l’entraîner sur le lit pour la serrer dans mes bras mais elle a refusé : ce n’était pas raisonnable de continuer alors que nous ne trouvions pas chez l’autre ce que nous recherchions. Je me suis soudain rendue compte que je ne lui convenais pas autant que je le pensais. Elle a ajouté que d’ici un mois je recommencerai à souffrir et qu’elle inventera de fausses excuses pour ne pas que je me vexe quand elle voulait être seule. Et elle ne voulait plus mentir et surtout pas à moi. Je lui ai répondu que j’avais compris une chose ces derniers temps : je préférais qu’elle me dise quand elle voulait être seule et je préférais çà plutôt que d’être à côté d’elle et la sentir absente. C’est pour cette raison que je ne la contactais plus parce que je sentais qu’elle n’osait plus me dire non et que je savais que quand c’est elle qui me contactait, elle était disponible pour moi. Elle a semblé se détendre un peu. Elle se sentait coupable et incapable de changer. Je l’ai prise dans mes bras et je l’ai cajolée tendrement en lui disant que moi non plus je n’arrivais pas à changer. Elle s’est blottie contre mon cou.

Elle m’a avouée être partagée entre le soulagement et l’inquiétude. Elle avait peur que tout recommence, qu’à nouveau le gouffre s’agrandisse entre nous. A vrai dire, moi même, je n’étais sûre de rien mais elle avait été franche avec moi, il fallait que je le sois avec elle. Je lui ai parlé de la douce, dont j’étais tombée amoureuse mais que c’était désormais fini. Je lui ai expliqué que j’avais eu besoin de combler un vide et qu’elle avait été là pour moi alors qu’elle, ma femelle, s’éloignait de moi. J’ai ajouté que la douce avait été une des raisons qui faisaient que je ne savais plus où aller.

Je lui ai avoué avoir voulu disparaître et que Keros mon mâle m’était apparu. Il m’avait prévenue que je ne pouvais disparaître sans faire disparaître Khaena. Je lui ai expliqué à quel point çà me faisait mal de sentir la présence de Keros et de ne pouvoir le toucher. Elle a répondu que c’était compliqué mais tout était compliqué avec moi en ce moment.

Et cette fois, c’est elle qui m’a entraîné sur le lit. Elle m’a demandé si j’avais des choses à clarifier avec elle. Je lui ai posé la question qui me brûlait les lèvres. Pourquoi ne m’avait elle pas rejoint dans la hutte à Morcraven ? Elle a répondu qu’elle ne savait pas où j’étais partie. Je lui avais dit pourtant… Elle n’avait pas fait attention. J’ai demandé si elle avait rejoint son mâle sinan mais il n’en était rien. J’ai senti soudain que la chape de plomb qui oppressait mon coeur depuis ce jour, se levait enfin et me libérait. Je me suis effondrée en sanglot devant ma belle. Elle m’a pris dans ses bras et m’a bercée doucement. J’avais eu tellement mal à cause d’une incompréhension… Elle m’a embrassée le front tendrement en expliquant que c’était pour cette raison qu’elle voulait de la franchise entre nous. J’ai souri en lui répliquant qu’il était difficile pour des sombres d’être franches. Elle a fait un petit sourire en coin en demandant si c’était le cas pour des dégénérées! Je me suis redressée en souriant. Elle n’était pas une dégénérée contrairement à moi. Elle m’a regardé en fronçant les sourcils. Elle n’aimait pas que je dise çà. Je me suis soudain jetée sur elle pour l’embrasser avec passion. Elle s’est laissé emporter par ma ferveur.

Puis, je l’ai regardée subjuguée… Je l’ai allongée près de moi, je me suis installée contre son dos en l’enveloppant de mes bras. Je lui ai embrassé la nuque en lui disant qu’elle m’avait manqué. Elle m’a murmuré qu’elle avait vraiment cru me perdre. Quand à moi, je m’étais crue perdue et j’avais cru l’avoir perdue. Elle m’a embrassée chaque main en me disant qu’elle était là. Je me suis endormie contre elle, apaisée.

Pouvoir ou coopération

20 Ullitavar 382

Mes cauchemars s’estompent. J’avais la sensation de maîtriser la situation. Mais j’ai senti un moment que je m’enfonçais dans le sol. Aspiré par un tourbillon. Il prenait ma place. J’ai lutté, une bataille d’esprit peut être aussi douloureuse qu’un combat physique. On ne le pense pas, on ne peut tellement pas l’imaginer d’ailleurs. J’ai gagné et pourtant je sais depuis le début que son esprit est plus fort que le mien. Sinon je ne serais ni forgeron, et encore moins nécromant. Cela dit je ne serais plus vivant non plus … Il s’est comme retiré. Pourquoi cet essai que j’ai vécu comme une tentative de prise de pouvoir ?

J’ai réfléchi. Khaena et encore plus Killya parle de Keros comme d’un elfe sage, à les écouter il serait de nature humaine. J’ai sollicité Killya, je ne sais plus pourquoi c’était elle qui était avec moi plutôt que Khaena. Je voulais en savoir plus sur Keros, je lui ai demandé de me parler de lui. J’ai vu qu’elle était émue, peinée aussi. Je devinais bien qu’il lui manquait. Si je ne voyais plus Khaena, je ressentirai la même chose. Elle m’a parlé de lui, pas très longtemps, j’aurais aimé qu’elle m’en dise plus, mais elle n’est pas douée Killya pour exprimer les ressentis, les sentiments.

Killya a dû vivre une période assez difficile. J’ai peu vu Khaena pendant une période. J’ai mis à profit pour me rendre au temple de la terre, non pour discuter avec le prêtre, j’étais bien loin de pouvoir lui parler de tout cela. Mais j’avais besoin d’un endroit propice à la méditation et à la réflexion.

Les jours sont passés assez vite. J’ai senti la présence de Keros. J’essayais d’affiner ce lien qui nous unissait. Il m’a offert la connaissance du rituel. Je sais comment il est arrivé là. Je sais aussi que tant que je resterais ici, dans les Landes, il ne pourra pas en repartir. Que la seule solution pour lui est que j’engendre une progéniture. J’ai vu l’étendue de son pouvoir. J’ai su alors que sans pour autant me faire disparaitre, il pouvait me neutraliser complètement. Il ne l’a pas fait, pourquoi ?

Je discernais que le pouvoir ne l’intéressait pas. Pour lui c’était une aventure qui ne prenait tout son sens que dans la coopération qui pouvait naitre de deux esprits. Défi d’autant plus grand que les deux esprits étaient de race différente. J’avais l’impression qu’il répondait à toutes mes interrogations non formulées. A celle qui me taraudait le plus, ma rencontre avec Khaena, il sut rappeler le souvenir que Killya elle même ne savait plus qui elle était quand j’ai rencontré Khaena. Donc il n’y était pour rien, il ne se doutait d’ailleurs même pas que Killya était morte. Le hasard fait parfois bien les choses.

Toutes ses questions si longtemps sans réponse.

Et la dernière, celle qui intéressait Killya et certainement Keros lui-même. Etait-il possible de lui offrir plus qu’une coopération d’esprit ? Ce n’était pas sans risque, j’ai senti son désarroi, partagé entre l’envie de pouvoir toucher Killya, lui parler et le risque qu’il me faisait prendre. Mais c’était possible, il fallait s’entourer de précaution, mais il ne savait pas encore lesquelles et moi encore moins.

La réponse est venue d’elle même quelques jours après, alors que nous combattions ensemble Khaena et moi dans les catacombes de Naralik. Il y avait un autel, encore utilisé apparemment. Khaena m’apprit que c’était un ancien temple ici. J’ai senti la présence de Keros muée d’une énergie particulière. Nous étions proches, presque à ne former qu’un. Un début d’idée germait dans nos esprits. Khaena y pensait aussi, je le voyais dans ses yeux. Nous avons combattu encore un moment puis je me suis senti prêt.

Au dépôt de Morcraven, nous nous sommes équipés en tentant de tout prévoir : surtout des potions anti-poison, mais toutes les autres potions évidemment faisaient parties de notre paquetage. Des essences aussi. Moi de mon côté j’ai pris ce qu’il fallait pour pratiquer l’art de Keros. J’ai vu la panique sur le visage de Khaena l’espace d’un instant. Fermement je lui ai dit que j’avais besoin d’elle. Elle s’est reprise, puis nous nous sommes dirigés vers le temple de Lith, celui de tarsengaard, là où je n’étais plus tout à fait moi-même quand j’y allais.

Notre intuition fut la bonne, cela a fonctionné. Je n’en garde aucun souvenir si ce n’est un grand froid corporel et une lassitude importante. Quand j’ai pu enfin me lever et marcher j’avais encore terriblement froid, j’ai émis le souhait de me rendre au campement pour me baigner dans l’oasis tiède. Les bains de Nargraw sud auraient été parfaits, mais ils étaient trop loin. Nous sommes donc allés au campement et Khaena voulait quelques fruits frais. Je l’accompagnais au jardin, nous avancions doucement, et là … oui, pourquoi n’y avais-je pas pensé ! La magie du jardin de Galein’th Aseyis. Je m’y suis installé et j’ai récupéré toutes mes forces en une demi-journée.

J’avais réussi, j’étais un peu grisé de ce pouvoir sur la vie et la mort.

Rencontre avec mon père

Jour 20 Ullitavar – Fingelien 382
Nous avons enfin pu passer un peu de temps ensemble Kely et moi. Ma mère semble s’être réconciliée avec l’Ilharess et semble avoir abandonnée l’idée de séduire Illy.

Nous avons passés de doux moments à l’écart des autres : entre câlins, entrainements et travail. Une drôle de chose s’est passée à Naralik près de l’ancien temple. Kely est tombé en arrêt devant une statue ailée. Il semblait ailleurs. J’ai dû l’appeler à plusieurs reprises pour le faire revenir à la réalité. Kely m’a expliqué qu’il avait ressenti plus intensément Keros en ce lieu. J’ai alors pensé à aller au temple de Lith. L’énergie qui se dégageait de ce lieu étrange pourrait peut-être l’aider à mieux accepter l’esprit de mon père.

Nous nous sommes préparés. J’étais soudain terrifiée d’avoir fait cette proposition à Kely. Le dernier épisode que nous y avons vécu avait été douloureux pour nous deux. La panique commençait à me gagner quand Kely est intervenu : il avait besoin de moi. J’ai accumulé les potions et les essences de toutes sortes. Je voulais être prête cette fois-ci et pas prise au dépourvu.
Nous nous sommes donc rendus sur place. Kely s’est approché de l’autel. Il a ressenti le besoin d’invoquer. Les léopards ont commencé à envahir le temple.

Puis soudain, Kely s’est levé mais son regard n’était pas le même. Il s’est mis à rire. Il a exprimé sa joie : « il a réussi!!! ». J’ai compris que j’avais en face de moi, mon père. Kely avait réussi à lui laisser la place. Il m’a regardée. D’après lui, je ressemblais beaucoup à ma mère. Puis, il m’a légèrement agacée. Il disait que Kely était lent. Je n’ai pas apprécié qu’il parle ainsi de mon mâle et je l’ai défendu. Ça a fait sourire mon père. Il disait que ce n’était qu’un bleu. Ce n’était pas « un » bleu mais « mon » bleu. Il a répliqué qu’il ne m’appartenait pas encore, car il n’avait passé aucune épreuve. J’étais presque en colère : un union ne changerait rien à ce que nous ressentions l’un pour l’autre. Il était mon mâle et moi sa femelle. Il a répondu qu’une femelle sombre n’appartenait à personne. Je l’ai regardé avec défi : je n’étais pas une femelle comme les autres. Il a ri. C’était évident que je n’étais pas une femelle comme les autres car je l’aurais depuis longtemps fait taire si çà avait été le cas. Son rire m’a vexée.

Après, je ne me souviens plus. Ma mère a pris le contrôle. Quand j’ai repris conscience, j’étais nue à côté de Kely. Je me suis doutée que ma mère et mon père s’étaient retrouvés très intimement. Mais Kely n’était pas très bien et avait froid. Nous avons réussi à rejoindre Galein’th Aseyis, Kely s’est installé sous l’arbre fruitier et s’est endormi.

Retrouvailles avec Keros

Jour 20 Ullitavar – Fingelien 382
Mon mâle était là au temple de Lith. Je l’ai entendu parler à la petite. Il la taquinait un peu et elle s’est laissée prendre au piège. C’était amusant de les voir ainsi tous les deux, j’hésitais à intervenir. Mais quand, il a montré un petit signe de faiblesse. J’ai eu peur qu’il disparaisse et j’ai pris le contrôle.

Je l’ai embrassé avidement. Puis, je lui ai demandé de me pardonner. Il a sourit : une femelle sombre ne demandait jamais pardon. J’ai grogné: il fallait qu’il laisse tomber toutes ces fadaises de sombres. Il fallait que je lui dise ce qui me rongeait le coeur depuis tant d’années. C’était de ma faute si il était mort. Mais pour lui, il n’y avait rien à pardonner, je n’étais pas responsable : celle qui l’avait fait tuer était la prêtresse. Mais pour moi, si je n’avais pas joué stupidement avec elle, jamais elle n’aurait cherché à m’atteindre à travers lui. Mais tout était réglé désormais, il avait tué la prêtresse.

Après cette discussion, nous nous sommes jetés l’un sur l’autre. Nos corps se sont retrouvés comme si ils ne s’étaient jamais quittés. Notre complicité était intacte. Mais, Keros a du céder la place. Le corps du petit bleu ne tenait plus et commençait à faiblir. Je l’ai embrassé une dernière fois. Et, son regard a disparu. Je me suis éclipsée moi aussi cédant la place à Khaena.

Je ne sais quand je pourrais le revoir… Il me manque déjà…

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