Jour 28 Fingel – Fingelien 382
J’étais morte… encore une fois… du moins, je le croyais… Tout était noir… j’étais seule… et personne ne répondait à mes appels… Je ne sais pas combien de temps, je suis restée ainsi. J’avais l’impression que cela faisait une éternité…
Et puis, j’ai entendu un son mais je n’arrivais pas à rejoindre le corps de Khaena. J’ai senti le corps trembler puis se convulser. Je me disais que je n’y arriverais pas. Puis, j’ai soudain entendu mon mâle Keros crier mon nom et dans un dernier effort, j’ai réussi à prendre le contrôle comme avant.
Le petit bleu était en face de moi. Il avait voulu me « réveiller » pour savoir ce qu’il s’était passé avec la prêtresse… Je lui ai donc expliqué qu’il avait en lui l’esprit de Keros mon mâle mais il refusait de l’entendre. Alors j’ai laissé la petite reprendre le contrôle dépitée.
Le petit bleu était agité et soudain il a commencé à dire que ce qu’il vivait avec Khaena n’était rien que c’était moi et Keros qui les avait réunis pour nous retrouver à travers eux… Que nous avions eu un plan… La petite ne comprennait pas ce qu’il racontait. Il faut dire qu’il était complétement à côté de la plaque. Et soudain, il a secoué Khaena dans tous les sens en lui demandant si elle l’aimait vraiment. J’ai sentie la blessure se ré-ouvrir mais la petite ne disait rien comprenant que le petit bleu avait un peu perdu les pédales. Puis, elle s’est évanouie sous la douleur. Le bleu a enfin repris ses esprits et s’est mis à la soigner.
A son réveil, il lui a reproché d’avoir voulu trop en faire et de ne pas l’avoir écouté comme si c’était elle qui était responsable de la réouverture de la blessure. Mon sang s’est mis à bouillir et je lui ai sauté à la gorge furieuse! Il m’a cru folle. Il avait oublié ce qu’il se venait de se passer comme si son esprit refuser de l’admettre.
Je ne savais pas trop quoi faire. J’ai soudain posé mon front sur le front du petit bleu en recherchant l’esprit de Keros. Je l’ai trouvé. Il m’a parlé. Il m’a dit qu’il fallait que je l’aide à faire comprendre au petit bleu ce qu’il s’était passé pour lui faire retrouver ses facultés. Ensemble avec Keros, comme si la mort ne nous avait pas séparés, retrouvant notre complicité et notre compréhension d’avant, nous avons montré au petit bleu qu’il n’était pas responsable de ce qu’il avait fait. Puis j’ai senti l’esprit de Keros m’échapper. Je l’ai supplié de rester près de moi mais il a toujours été bien plus responsable et raisonnable que moi. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas.
Je me suis effondrée pendant que le petit bleu reprenait conscience. Je pleurais encore une fois la perte de mon mâle. Le petit bleu a tenté de me consoler en me disant qu’il ferait tout pour me rendre Keros, qu’il s’entrainerai comme jamais à la nécromancie pour découvrir le moyen de me le rendre. Je ne croyais pas que c’était possible. J’ai essuyé rageusement mes larmes détestant montrer ainsi mes faiblesses surtout à un mâle. Puis, j’ai laissé à nouveau la petite reprendre le contrôle.
Ils sont retournés en Séridia à Trépont. Ils y ont retrouvé la douce. Elle a voulu me voir, alors je suis sortie. Elle voulait savoir comment j’allais. Je ne savais pas trop quoi répondre… comme si je ne ressentais plus rien. D’habitude à chaque fois que je la voyais, mon coeur battait la chamade mais là… rien… j’ai essayé de plaisanter un peu mais sans conviction. Elle a vérifié ce qu’avait fait le petit bleu. C’était apparemment n’importe quoi. Elle a du me réouvrir la blessure et recoudre à nouveau la plaie. Je ne crois pas avoir émis un son même si la douleur était horrible. Je tenais la main de la bleue, la serrant plus fort quand l’aiguille me transpercer la peau. Quand tout a été fini, j’ai vu que la douce était très pâle. Je l’ai pris dans mes bras tentant de la réconforter. Elle s’est sentie mieux continuant de parler avec moi. J’ai tenté de lui avouer ce que j’avais fait mais elle disait que ce n’était pas le moment, qu’il fallait que je me soigne avant. Je me suis finalement endormie sur ces genoux.
A mon réveil, le petit bleu était aussi en train de dormir sur les genoux de la douce. Je l’ai regardé. D’habitude, j’aurais sentie la jalousie me prendre, refusant de partager la douce avec quelqu’un d’autre mais une fois de plus, çà ne m’a rien fait. Il a fini par se réveiller lui aussi et la douce a du partir. Je ne l’ai pas retenue sur le moment. Mais soudain, une sorte de panique m’a prise. Je lui ai envoyé par télépathie que j’avais besoin d’elle, que je voulais rester près d’elle. Elle a répondu que je n’étais pas la seule dont elle devait « s’occuper » et qu’elle aussi avait besoin de dormir. Elle m’a racontée qu’elle ne dormait pas bien que ses rêves étaient aussi peuplés de cauchemars. Je me suis sentie stupide et égoïste. Je lui ai dit que si elle voulait, je pouvais essayer d’appaiser ses cauchemars, comme elle appaisait les miens en dormant près d’elle. Elle a répondu qu’il faudrait qu’on essaye quand j’irais mieux. Avant, mon coeur aurait bondi de joie à cette idée mais je n’ai pas réagi, comme si j’étais éteinte.
J’ai laissé ma fille reprendre le contrôle et je me suis à nouveau enfouie.