Jour 24 Nuona – Fingelien 384
Shaael avait pris une décision : elle allait se perfectionner en magie. Puisque désormais, je partageais ses aventures ainsi que le chien Meeko. Il fallait qu’elle puisse nous soigner. Il y avait une académie de magie à Fortdhiver. Mais, elle n’y était jamais encore allée. C’était l’occasion pour nous de partir une nouvelle fois en expédition pour découvrir une nouvelle contrée.

La route a été plutôt calme parsemée de chasse aux loups, aux élans et aux chevreuils. Nous sommes arrivées en vue de Fortdhiver, malheureusement la route était barrée par deux énormes ours blancs… Nous avons préférés les éviter, nous avons bien fait : nous avons vu peu de temps après un des ours mettre en pièce un garde de Fortdhiver.

Je m’attendais à voir une belle grande ville auréolée par l’académie de magie mais c’était une ville à l’abandon parsemée de ruines. Nous l’avons traversée rapidement pour rejoindre l’entrée de l’académie. Mais, pour pouvoir entrer, il fallait réussir un test. Malheureusement, Shaael ne s’était jamais vraiment entraînée à la magie et son niveau était trop bas pour réussir le test… Elle était profondément déçue. J’essayais de réconforter ma femelle chat. J’étais sûre qu’elle n’aurait aucun mal à atteindre le niveau nécessaire.

Nous sommes retournée dans la ville. Le jarl était assez antipathique. Il affirmait que sa ville était dans cet état à cause de l’académie. Nous n’avons pas cherché à en savoir plus. Shaael était toujours d’humeur maussade. Je me suis souvenue d’une invitation qu’un messager était venu nous apporter pour visiter un musée à Aubétoile. La ville n’était pas très loin de Fortdhiver.

Une nouvelle fois nous sommes reparties sur les routes. Enfin… les chemins enneigés plutôt. Nous avons fini par rattraper un petit groupe : trois gardes impériaux qui entouraient un prisonnier sombrage aux mains liées. En Bordeciel, une guerre larvée envenimait la vie des habitants. Les sombrages étaient des rebelles qui se dressaient contre le pouvoir impérial. Ils reprochaient à l’empire de ne pas respecter leur culte de Thalos et leurs traditions nordiques. Pour l’instant, Shaael n’avait pris partie pour aucun des deux camps. Elle considérait que çà ne la concernait pas… Et à vrai dire, j’étais assez d’accord avec elle. La plupart des nordiques étaient racistes, détestant tout ce qui n’était pas nordiques. Quand aux impériaux, j’avais été profondément choquée en arrivant à Solitude d’assister à la décapitation d’un homme qui avait juste aider un sombrage à s’enfuir. Shaael m’avait raconté à cette occasion qu’à son arrivée dans la région : elle avait failli elle aussi être victime sans aucune véritable raison de cette justice sommaire des impériaux.

Nous avons donc préféré rester en retrait de ce petit groupe, jusqu’à ce qu’un ours blanc les attaque. Le prisonnier sombrage avec ses mains liées, n’a rien pu faire et est tombé rapidement après un violent coup de griffe de l’ours. Shaael a tenté de leur venir en aide en tirant de loin avec son arc. Meeko s’est lui aussi lancé dans la bataille. L’ours est finalement tombé mais ni les impériaux, ni le sombrage n’avaient survécu… Les ours blancs étaient donc des créatures redoutables qu’il faudrait éviter.

Nous avons continuer notre route gravissant toujours plus haut la montagne. Une tempête de neige nous a surprises… On ne voyait plus rien. Shaael me tenait fermement par la main pour ne pas que nous nous perdions de vue. Des loups des glaces nous ont attaqués alors que nous ne les avions mêmes pas vus. Heureusement, Meeko s’était jeté sur eux avant même que nous ne nous rendions compte que nous étions leur proie. Les loups ont finalement succombé sous nos coups. Nous avons continué espérant trouver un passage dans la montagne. Mais nous tournions en rond tellement la visibilité était mauvaise. L’inquiétude nous gagnait alors que le froid nous engourdissait petit à petit.

Finalement, nous avons choisi de changer de direction. Plutôt que d’essayer de franchir la montagne, nous allions essayer de rejoindre le bord de mer au nord. Il devait bien y avoir un passage au bord de l’eau. C’était la bonne décision : le blizzard s’est calmé et la visibilité est redevenue normale. Malheureusement, les créatures que nous avons aperçues à ce moment là ne nous faisaient craindre le pire : des trolls des glaces, des smilodons, des ours blancs, des mammouths… Il nous a fallu ruser, nous cacher pour passer sans nous faire attaquer.

Mais à force de surveiller les créatures pour ne pas nous faire voir, Shaael est tombée dans une crevasse m’entraînant à sa suite. Heureusement, ce n’était pas très haut mais Meeko a refusé de nous suivre pleurant au dessus de nous et n’osant pas descendre. Nous étions dans l’incapacité de remonter. Ma femelle chat a grogné contre le chien idiot qui finirait bien par nous retrouver. Nous avons continué mais j’étais morte d’inquiétude. J’espérais que Meeko ne croiserait aucune des créatures que nous avions cherché à éviter.

En longeant la crevasse, nous avons fini par atteindre le bord de mer. Il y avait des horkers : de sortes de mammifères marins avec de grandes canines marchant sur leur nageoires avant. Je n’avais encore jamais vu ce genre d’animal avant. Nous savions par contre que leur viande était délicieuse. C’était l’occasion pour nous de nous remettre en chasse. Nous n’avons eu aucun mal à tuer ses créatures bien trop lentes sur terre pour nous atteindre. Je suppose que dans l’eau, elles sont beaucoup plus dangereuses…

Nous étions arrivées en vu d’Aubétoile quand Meeko est arrivé la langue pendante et épuisé mais heureux de nous retrouver. Je l’ai caressé, câliné autant que je pouvais, sans doute aussi heureuse que lui. Quand à Shaael même si elle n’a eu aucun geste d’affection vers le chien, j’ai cru distinguer un petit sourire soulagé de le voir revenu avec nous.

Nous étions arrivés tous les trois sains et saufs à Aubétoile. Qu’allions nous découvrir?

Jour 25 Elavrion – Fingelien 384
Alors que j’étais assise dans le lit de Blancherive n’arrivant pas à dormir, j’ai vu Shaael dans l’encadrement de la porte. Elle portait une magnifique combinaison de cuir noir et rouge. Depuis combien de temps était elle là? Je ne l’avais pas entendu arriver. Elle m’a souri. Elle semblait heureuse de me voir. Mais moi, j’étais furieuse. Je n’ai pas dit un mot la regardant froidement. Elle est venu s’asseoir près de moi. Et j’ai explosé.

Qu’est ce qu’elle croyait? Qu’elle pouvait disparaître comme çà et revenir sans rien dire, sans explication? Elle a été un peu surprise par ma virulence mais je crois qu’elle a reconnu mon côté Killya dans cette réaction exacerbée. Elle m’a caressée la joue pour m’apaiser : « Que veux tu savoir? ». Je voulais tout savoir, comprendre pourquoi elle était partie sans moi, pourquoi ce mot qui ne me disait rien de l’endroit où elle était, pourquoi elle réapparaissait soudain en trouvant çà tout à fait normal… Elle m’a répondu calmement.

Elle suppose que nous avions été droguées la nuit où elle a disparu. Quand elle s’est réveillée, elle était dans une petite maison en bois poussièreuse. Une femme la regardait d’un air narquois perchée sur une étagère. Elle portait une combinaison en cuir noir et rouge, la même que celle qu’elle portait maintenant. L’humaine lui a finalement parlé de ce qu’elle avait fait à Faillaise. Shaael s’est arrêtée un instant dans son récit. Elle hésitait à me raconter la suite, se demandant comment j’allais réagir. Elle a soupiré puis a continué.

Shaael m’a avoué avoir tué la responsable d’un orphelinat à la demande d’un gamin. Je l’ai regardée avec des yeux effarés. Ma femelle chat me fixait sans ciller : « Cette bonne femme le méritait! Moi aussi, j’ai vécu dans un orphelinat… ». Comme si cela suffisait comme explication… Apparemment, la « bonne femme » maltraitait les enfants et Shaael l’avait tuée exauçant le souhait du gamin et celui de tous les autres gamins de l’orphelinat. La confrérie noire dont faisait partie la femme en cuir avait su pour le meurtre. C’était une guilde d’assassins et Shaael les intéressait. La femme en cuir, s’appelait Astrid et voulait tester ses capacités à tuer. Elle lui a montré trois personnes au fond de la pièce avec des sacs sur la tête. D’après Astrid, l’une d’elles était un vrai contrat que devait remplir la confrérie noire. Shaeel devait deviner de laquelle il s’agissait et la tuer. Elle a interrogé les trois personnes. Il y avait un homme, un kajitt et une femme. La plus désagréable était la femme mais elle lui a dit avoir six enfants. L’hommes était terrorisé et ne comprenait pas ce qu’il faisait là. Le kajitt lui ne semblait pas étonné d’être là : c’était un receleur et beaucoup de monde lui en voulait. C’est celui que Shaael a choisi de tuer sans se poser plus de questions.

Astrid a souri. Shaael lui a demandé si c’était la bonne personne. Mais l’humaine lui a répondu que çà n’avait aucune importance : elle avait juste voulu savoir si elle était capable de tuer si on lui demandait de le faire. Elle lui a indiqué l’endroit où se trouvait le sanctuaire de la Confrérie noire. Elle devait se rendre là bas si elle voulait en être. Shaael y est allé. Astrid lui a offert la combinaison de cuir noir et rouge que tout membre de la guilde se devait d’avoir. Elle a rencontré les autres membres et a obtenu ses premiers contrats.

Elle est revenue ensuite ici à Blancherive pour me retrouver. Je la fixais : mon côté Khaena était horrifiée mais mon côté Killya était fascinée par ce côté sombre et violent. Mon regard devait être assez indéfinissable. Ma femelle chat ne savait plus comment elle devait réagir… Après quelques minutes de silence, j’ai attrapé son visage et je l’ai embrassé passionnément. Ça m’était égale après tout. Le plus important, c’est qu’elle était là près de moi et puis elle était incroyablement attirante dans cette combinaison de cuir rouge et noire. Nos corps se sont entremêlés avec la passion et l’avidité du manque. Nous nous sommes finalement endormies l’une contre l’autre, épuisées par nos ébats torrides.