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Jour 1.

Jour 16 du félinien du fingelien 383

Je fais cette première vraie entrée dans mon journal, assis sur les fourrures du jardin du Manoir Haut-Elfe. Cet endroit, déjà magnifique auparavant revet aujourd’hui une couleur encore plus belle.

Dans l’introduction je disais que les choses changent. Voici le moment venu d’expliquer pourquoi et comment les Landes sont devenues plus qu’un lieu de transit pour moi.

C’était il y a presque une semaine maintenant, lors de l’invasion de Naralik et du Marais de Morcraven. Les peaux vertes commençaient à se multiplier de plus en plus dans les domaines Kultar et je pressentais que le dépôt allait se faire attaquer sous peu. Vu mes moyens, je me contentais en fait de me faire le plus menaçant possible espérant faire fuir les gobelin et leurs femmes qui passaient par là, devant à trois reprise tuer les créatures qui s’approchaient de trop. Une de mes cousines (c’est ainsi que les Hauts-Elfes appellent leurs semblables sombres), Khaena que j’avais déjà rencontré à plusieurs reprises (lors d’une réunion du Dispensaire et lors du banquet Galduro-Nain) est arrivée. J’avais beau savoir qu’elle était d’un niveau bien supérieur à moi, je ne pus empercher de m’inquiéter pour elle. Mon inquiétude fût de courte durée puisque bientôt ce furent des hordes de gobelins qui nous assaillirent par vagues successives et il fut décidé d’évacuer Kel-Emen vers Pierre Blanche, à proximité de l’entrée en Morcraven. Je tentai de prendre part à l’évacuation, mais, à moitié du chemin, tombai sur un chef Gobelin, qui m’envoya d’une pichenette en Archéron. De nouveau, je m’inquiétait pour la sombre, bien loin de remarquer que j’avais égaré dans ma descente vers les Enfers mon heaume de cuivre que j’avais acheté après de nombreuses semaines de travail sur des Essences Volcaniques. Khaena semblait contente que je m’inquiète ainsi de son sort. Elle me confia alors qu’elle avait failli me rejoindre de peu sans l’intervention d’un aventurier Kultar menant les miliciens.

Lorsque je revins en Pierre-Blanche, je retrouvai mes compagnons qui avaient procédé à l’évacuation de Kel-Emen, juste sous la Bannière vers les Marais. Agacé par la perte du casque (je m’en étais enfin aperçu) j’en fis part aux autres aventuriers et Khaena m’offrit de lui prêter un de ses heaumes en acier. N’ayant jamais enfilé une telle armure, je lui demandai comment cela m’allait ce à quoi elle répondit “Il te va bien, c’est juste dommage quel ‘on ne voit plus tes beaux cheveux blonds”. Je ne pus m’émécher de rougir et essayai de balbutier quelques mots, ce qui eut pour résultat de sortir une phrase aussi claire que celle d’un chef gobelin commandant ses troupes. Sans doute amusé par ma maladresse, la sombre rit et Atwenas, jamais à court de bons mots, parfois tranchants me lâcha un “Alors Eryann, on se fait draguer par une cousine?”

La journée se termina alors je je passais mon temps à aider les combattants, les soignant (au passage, j’ai appris de nouveau sorts de soin, plus puissants) si besoin, continuant à discuter par télépathie avec Khaena qui se battait de l’autre coté de la bannière. Ce qui m’a le plus étonné c’est quelle aussi s’inquiétait pour moi. Aucun depuis mon arrivée sur les Landes ne s’était inquiété de moi. Peut-être Atwenas avait il raison… Elle revint plus tard. Je lui dis que je l’admirais de pouvoir se battre de la sorte, moi qui ne pouvais qu’à peine tuer les gobelins uns à uns. Elle me proposa avec un sourire que nous nous entraînions tous les deux au combat. Chose que j’acceptai avant de m’endormir dans une méditation sans songes.

Deux jours plus tard, lorsque j’émergeai, Khaena me demanda en pensée si j’étais là et si je voulais aller m’entraîner maintenant. Je lui répondit avec plaisir et nous nous donnâmes rendrez-vous à l’arène de Starenlith, la seule que je connaisse en fait. Chemin faisant, je croisai une sentinelle, qui, des étoiles dans les yeux, me suivit, me demandant de lui enseigner comment être aussi fort. Je lui répondit que Loril, notre bailli, ne serai pas content que la garde quitte son poste, et que je n’étais pas du tout apte à lui enseigner quoi que ce soit, vu que c’était moi qui allait prendre des cours aujourd’hui. Il persévéra à me suivre de loin. Pas très discrets ces Sentinelles. Il faudra que j’en parle aux autres Hauts-Elfes. J’arrivai et vis Khaena, ses cheveux blancs flottants dans l’air tiède du désert. Je n’avais jamais vu quiconque de cet angle. Je l’avertis qu’il ne faudrait pas me frapper trop fort, parce que lors d’un précédent entraînement avec mes frères, je fus envoyé par deux fois en Archéron, des mains trop fortes de Voronwe et Louméa. Elle me rassura en souriant doucement en me disant qu’elle ne voulait pas me faire de mal, approchant plus près qu’une simple combattante. Un ange passa et nous nous mîmes au travail. Je voyais bien qu’elle retenais ses coup et frappais dans ma garde, laissant ouvert la sienne afin que je puisse toucher au but moi aussi. Malgré cela, elle me mit tout de même à terre, et lorsque je reviens d’entre les morts, elle semblait être vraiment désolée, ce à quoi je répondis que j’étais habitué. Nous continuâmes encore quelques minutes.

Tous deux fatigué par tant de débauche de forces, sous le soleil cuisant du Désert, nous décidâmes de nous rendre dans une taverne et elle me mena à la cité du Port “Cette taverne est plus petite, on sera plus tranquille” argumenta-elle.

Arrivés là bas, elle commanda deux verre de vin Sinan et nous trinquâmes, à je ne sais quoi, d’ailleurs. Nous discutâmes de tout et de rien, elle me demandant depuis combien de temps j’étais là, moi la fixant de l’autre côté de la table. Je pris ma chaise et me rapprochai d’elle, ne voulant pas que le Tavernier n’écoute notre conversation. Elle me fixa de ses yeux rougeoyant comme des volcaniques et me dis “Je ne veux pas te faire de mal, joli Elfe aux cheveux Blonds”. J’avais du mal à croire ce que j’entendais, mais ces mots étaient des plus délicieux à mes oreilles. Je restai immobile, elle me pris le visage dans ses mains et déposa un baiser sur mes lèvres. La suite se noie dans un mélange d’images et de sensations. Je me rappelle juste de quelques détails : elle me parlant de sa mère que j’avais du croiser au banquet Galduro-nain : elle était en elle, prenant parfois le pouvoir sur la vraie Khaena. Je me revois aussi lui répondre “Ce n’est rien, tant que tu es là pour moi” à sa phrase m’avertissant qu’il était dans les habitudes Sombres d’avoir “plusieurs mâles” comme elle dit. Le dernier souvenir que j’ai est qu’elle me raconte qu’elle a hérité de la couleur de cheveux de sa mère qu’un de ses amants disait “couleur de lune”. Je décidai alors qu’elle serait Isil pour moi, nom donné à la Lune chez les Eldars. Nous nous séparâmes et je retournai à ma récolte de souffre entamée quelques jours plus tôt.

La fin du pourquoi et du comment je suis ici, se passe il y a deux jours. J’étais toujours à mon souffre, dans la Caverne de Thyl-dûr, et je revenais vers le Village des Bleus me décharger. J’étais comme d’habitude couvert de poussières de souffre et j’avertis les autres aventuriers présents au dépot de ne pas utiliser d’essences volcanique sans quoi nous allions exploser et je remarquai Khaena, discutant avec un Bleu à l’air gentil et attentif, qu’elle me présenta comme “son mâle, Kely”. Je ne pus m’empêcher de partir d’un four rire nerveux tant la situation me semblait incongrue. Ils me saluèrent tous deux, et ils s’en allèrent, Khaena me promettant de revenir seule plus tard. Je repris ma récolte. Elle revint quelques heures après. Je lui proposai de visiter le Manoir elfique où je me trouve actuellement,dont elle découvrit le jardin avec ravissement et nous nous assîmes à l’endroit exact où j’écris ces mots. Dans la discussion, elle me demanda si “J’avais connu des femelles”. Je fus un peu étonné de cette question, et je lui répondis que la seule femme que j’avais vraiment touchée était cette humaine dont la tentative de sauvetage m’avait valu l’exil en ces terres (je lui avait déjà raconté l’histoire en détails dans une lettre ). Dans un sourire coquin, elle me demanda si j’étais prêts à prendre des leçons sur certaines choses, ce à quoi je répondis que j’étais prêt à tout pour la connaissance. Elle entreprit alors de me faire réviser ce qu’elle appela la première leçon. Du contenu de celle là ni de prochaines, je ne dirai rien, je préfère garder certaines choses pour nous seuls. Quelque minutes plus tard, dans le plus simple appareil, je lui demandai, intéressé si elle avait eu beaucoup d’autres mâles ce à quoi elle me répondit avec détails. Combien elle avait souffert pour les autres, combien elle avait déjà aimé! J’étais, et je suis toujours, fier qu’elle m’ait choisi. Je ne pus retenir des larmes, larmes qui n’avaient plus coulé depuis cette funeste nuit qui m’avait vu exilé du domaine Sylvain. Enfin, j’avais trouvé une raison autre que le sang pour rester ici : j’avais mon Isil, mon point d’attache dans ces Landes qui tournent parfois trop vite. Elle semblait étonnée de voir un mâle pleurer de la sorte. Elle me pris dans ses bras et, me consolant doucement, me demanda comment on appelait le Soleil. Je lui répondis que le mot le plus courrant était Anar. Elle me fixa dans le blanc des yeux et me dis « Si je suis ton Isil, alors tu seras mon Anar, mon bel elfe aux cheveux du soleil”. Puis elle m’embrassa de plus belle. Elle recommença son enseignement, de ses mains et de sa bouche, me surmontant même à la fin. Je lui promis que la prochaine fois, ce serait à moi d’appliquer ce quelle venait de m’apprendre. Mais notre tendre échange fut interrompu par les pas d’un aventurier. Nous nous rhabillâmes en vitesse, puis sortîmes du Manoir où nous éclatâmes tous deux d’un rire un peu nerveux. Je méditai près de l’entrée et elle alla vaquer à ses occupations.

Je crois que je vais fermer le journal pour l’instant. Je viens d’avoir une idée de surprise pour elle, mais cela va me demander plusieurs jours voire semaines de travail.

Puissent les Tavars veiller sur elle.

Jour 8

25 mundia 383, Arbre, Val d’Alganiel.

C’est la seconde fois que j’écris dans cet arbre. Il est confortable. Bien plus que la chambre à l’auberge de Starenlith. Pourquoi n’y ais-je pas pensé plutôt. Soit. Je suis resté ici, car, fatigué par ce qui s’est passé il y a deux jours,  j’ai dormi jusque maintenant.

Khaena était en conseil matriarcal et nous discutions par télépathie. Heureusement, il n’ pas duré et nous nous retrouvâmes rapidement près de Raven. Elle m’appris que Kharya avait accepté de venir me voir. Elle me glissa aussi, un peu anxieuse que c’était avec elle qu’elle avait passé la nuit il y a quelques jours. Elle avait l’air inquiète de ma réaction. Je lui répondis que c’était bien, que cela ne me dérangeait pas. A dire vrai, je préfère qu’elle passe du temps avec elle qu’avec un ou une illustre inconnue. Elle a paru soulagée. La Matriarche est arrivée et nous nous sommes rendus tous trois dans cet arbre. Nous avons un peu parlé puis Kharya a préparé une de ses potions et me l’a injecté avec une aiguille. C’était angoissant. Heureusement que Isil était là. Cette potion était censé me refaire plonger dans l’état dans lequel j’étais pendant que je m’attaquais aux gargouilles du Kastel. Apparemment ça a plutôt marché puisque à mon réveil, Khaena me regardait avec inquiétude.

Selon la Matriarche, j’aurais découvert en une fois les sentiments liés à l’amour suite à ma rencontre avec Khaena. Aussi bien les heureux que les moins heureux. Je dois, m’a dit Kharya, tâcher de me rappeler ces sentiments pendant ma méditation et les partager avec Isil. Ma Sombre Lune a paru troublée, doutant qu’elle soit la bonne personne à qui me confier. La Matriarche lui a assuré que c’était elle la seule qui pourrait m’aider. Je me suis endormi sur le lit, bercé par le bruit de la sève qui remontait dans le tronc de l’Arbre. Juste avant de sombrer dans les songes, j’ai entendu Kharya appeler Isil “Ma louve” et les voir partir toutes deux. Je souris en me disant qu’elle serait en sécurité.

Je me réveillai en sursaut. J’avais mon épée de bronze en main. J’étais assis sur le lit. Il me fallut quelques instants pour réaliser où j’étais. Je me rappelle maintenant ce que j’ai rêvé : j’ai revécu ma transe avec les deux sombres. J’en tendu la voix de Kharya me demander si je l’entendais. Je me levai vivement, je devais “les” détruire. Tous. “Ils” voulaient sa mort. Je sens l’air frais du dehors puis une poigne ferme mais douce qui m’attrape le poignet. Loin, j’entends la voix de la Matriarche qui me demande de me calmer, elle me demande où je suis, je répond que c’est un Château avec des Gargouilles. Je veux partir, je dois “les” tuer. Mais elle me dit que Isil est là. Ce nom me dit quelque chose. Puis j’entends cette voix, bien plus forte et bien plus présente que celle de la Matriarche. C’est comme si cette voix, parlait directement à mon âme, comme si elle arrivait à parler à ce qui me touche le plus. Cette voix me dit “Je suis là Anar”. Soudain, alors que j’étais dans l’obscurité totale, une lumière se fit. Une lumière blanche comme une nuit de pleine Lune. C’était tellement reposant.  Kharya me demanda de me souvenir des sensations. Je devais tuer, tuer pour protéger Isil, la protéger des Landes car elles voulaient la tuer, me la retirer. Je devais la protéger, coûte que coûte. Je voulus me dégager  pour partir combattre, mais encore, une fois Isil me parla de sa voix si douce. Je revins à moi face à Khaena, juste devant l’arbre-maison. Mon rêve se finit à cet instant.

Il faudra que j’en parle à Khaena, comme l’a dit la Matriarche.

J’espère que tout va bien pour elle.

Jour 10

22 kamarien 383, Arbre, Val d’Alganiel.

J’ai peur. Ce rêve-ci n’est même plus étrange, il me fait peur. Je me fais peur.

Cela commence toujours par la même chose. Je suis à nouveau Gardien du Domaine Sylvain. Toujours dans cet arbre. Je vois arriver une humaine qui chante entre les arbres. Me soldats sont prêts à supprimer l’intruse. Mais elle m’intrigue. Bref, je ne réagis pas et un des miens lui décoche une flèche en plein cœur. Je descend essayer de sauve la femme qui agonise en bas et lorsque je la retourne, je me rend compte que ce n’est pas l’humaine mais bien ma Khaena dont la vie quitte le corps. Elle me regarde de ses yeux larmoyants de douleur et a juste le temps de dire “Anar” avant de pousser son dernier souffre. Je lève les yeux vers le ciel, cherchant Isil [= la Lune] des yeux et elle n’est pas là, pourtant, elle était pleine le jour avant. Je regarde ensuite l’arbre et je vois que c’est l’Arbre de La Sagesse de Starenlith mais qu’il n’est plus que bois mort. Soudain, j’entends un pas derrière moi. C’est le soldat qui a lancé la flèche. Mais ce n’est pas un elfe, c’est cet abject personnage, le Véreux, à qui j’ai déjà été confronté à une occasion sur les Îlots (ou plutôt, je le reconnais comme tel). Il me regarde en souriant d’un air mauvais. Je me jette sur lui, mais il éclate de rire et me réduit en un tas de cendres.

Lorsque je me suis réveillé, j’étais debout, l’épée en main en plein milieu du Val. Et puis à nouveau cette sensation. le Manque comme dirait Dame Kharya. J’ai l’impression que mon esprit est embrumé par une brume de sang. Je sens que cela recommence. Comme une voix qui vient du plus profond de moi. Je n’arrive pas encore à l’entendre mais je sens que ce qu’elle dit n’est pas bon. Pas du tout. Suis-je entrain de devenir fou, comme l’avait prédit la Matriarche? Et Isil qui n’est pas là. A qui vais-je bien pouvoir parler de cela? Dois-je m’adresser à Dame Kharya? C’est sans doute la personne la mieux placée pour m’aider si Isil ne reviens pas très vite… La traversée est parait-il si mouvementée. Vais-je à nouveau me retrouver seul, errant sans point d’attache au sein des Landes? Ne suis-je destiné qu’à perdre tout ce qui m’est cher?

Anar et Isil, éclairez ma route à travers ces sombres contrées.

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