Categorie: Parchemins oubliés de Draïa


Eskrok, mon écarlate.

Eskrok était un Eldorian charmant, qui s’est approché de moi progressivement. Je me doutais bien qu’il envisageait de devenir mon amant. Oscarhamel était absent souvent. J’avais Nalekh bien sur, mais qui ne me montrait pas réellement de tendresse. Eskrok était attentionné et en cela, il comblait mes manques affectifs.

Je ne m’étais pas tant cachée de cette relation et elle ne semblait pas poser de soucis pour les elfes noirs, sauf pour la jalousie de Nalekh. Os’ a été blessé quand il l’a appris mais m’a vite pardonné sachant qu’il n’était pas là pour moi. Je passais beaucoup de temps avec lui, nous nous disputions souvent car il avait parfois des attitudes envers moi qui m’énervaient. Cela ne durait pas longtemps et nous nous réconcilions bien vite.

C’était un amant performant, insatiable et de fait, coureur de femelle. J’avais beaucoup d’affection pour lui, je pense l’avoir même aimé, sans pour autant qu’il parvienne à remplacer Oscarhamel. Il m’a rendu jalouse à cause d’une femme bleue Volesprit. Celle-ci était éprise de lui, et lui ne semblait pas savoir laquelle de nous deux choisir. Le bleue le rendait doux alors qu’avec moi, je sentais une force obscure s’emparer de lui, faisant ses yeux prendre un éclat rouge vif, d’où le surnom que je lui donnais : mon écarlate.

Quelques temps avant que je n’apprenne sa relation avec Volesprit, j’avais, à je ne sais plus quelle occasion, sûrement une blessure grave, insuffler de mon sang à Eskrok. Il était en quelque sorte lié à moi, si bien que j’avais en fin de compte un avantage sur le bleue. L’Eldorian revenait plus facilement vers moi que vers elle. Elle était jalouse aussi et me considérait comme un danger pour lui à cause de la violence qui bouillait parfois dans ses veines à mes côtés. Elle voulait le sauver de moi et l’attirer à elle. Pour ce faire, elle utilisa un rituel bleu mêlant magie du chant et tatouage. Elle pensait avoir réussit mais une résonance de ce tatouage apparut également sur moi, au dessus du coeur. Je pense que c’est a cause du sang que j’avais donné à Eskrok. Il représente une bleusienne mêlée à des entrelacs de symboles tribaux. Cependant, il ne me fallut pas longtemps pour que l’enchantement qu’il avait subit ne cède et qu’il revienne dans mes bras.

Ce conflit entre femelles avait duré des mois. Elle m’avait envoyé des poèmes de menace et je lui répondais par missive tout aussi peu aimable mais avec des phrases à double sens. Cela m’amusait beaucoup. Je n’étais plus vraiment jalouse. A ce moment là, elle m’intéressait même plus que l’Edorian. Une rivale douée. J’ai regretté quand elle a abandonné la partie après l’échec du rituel.

Eskrok faisait des projets pour nous, il voulait lui aussi devenir forgeron et travaillait ce métier plus que moi. J’étais bonne alchimiste aussi voulait il que nous ouvrions notre forge tous les deux. Je n’ai jamais accepté. Il faut dire que cette proposition arrivait à la fin de notre relation, je devais repartir accoucher pour le continent et j’avais rencontré un sinan que je comptais mettre dans mon lit, Magazran.

Peu avant mon départ, Eskrok me raconta des bribes de son passé, me demandant de l’écrire pour lui. Il n’eut pas le temps de tout me dire à ce moment là. Mon affection pour lui me fit choisir son prénom d’origine pour mon fils : Arahda. Mon écarlate pensait me raconter le reste des événements de son passé à mon retour, mais il devint de moins en moins présent, ce qui me fit aller de plus en plus vers le Sinan. Et Eskrok disparu.

La présence physique

J’ai cru qu’il était retourné au temple de la terre. Il n’en était rien. Pourtant je me sentais lié à lui plus que d’habitude. J’avais la sensation de voir avec mes yeux, de me mouvoir avec mes jambes … c’était étrange. Nous parlions comme si nous étions côte à côte, un dialogue muet, ce n’était pas de la télépathie. J’étais lui et il était moi. C’était la première fois que la fusion était à ce point avancée entre nos deux esprits, à tel point que j’avais des sensations physiques.
Le lieu y était pour quelque chose c’était évident, mais sans l’acceptation du petit bleu cela n’aurait jamais pu avoir lieu. Il commençait à me donner sa confiance, nous allions pouvoir faire de grande chose tous les deux. Pour entériner cette confiance j’ai lu les dernières interrogations qu’il avait et j’y ai apporté une réponse.

  • L’avais-je manipulé pour retrouver Killya ? Non.
  • Que voulais-je faire de lui ? Cohabiter.
  • Pouvait-il me donner plus qu’une présence d’esprit ?

J’ai hésité à lui dire la vérité, j’avais maintenant acquis la certitude que c’était possible, mais cela était dangereux autant pour lui que pour moi d’ailleurs. Il est parfois tellement tête brûlée, l’immortalité fait parfois oublier que l’état vivant peut être parfois proche de la mort voire pire. Et je ne me fierais pas tant que ça aux Landes. J’ai vu dans la mémoire du petit bleu tous ces aventuriers qu’il a connus et qui ont pourtant disparus. Morts ? Vivants ? On ne sait pas. Aucunes informations.
Mais nous ne formions tellement qu’un qu’il a vu la réponse. Il va falloir que je maitrise un peu mieux mon esprit maintenant qu’il accepte ma présence. Je l’ai laissé faire parce que j’avais aussi envie. Pouvoir voir Killya, la prendre dans mes bras, me lier à elle retrouver notre complicité.
Killya … j’avais passé les trois épreuves, je lui appartenais désormais.

Il était décidé. Etrange comme il peut avoir des certitudes un jour et douter autant le lendemain. Il a prévu ce qu’il lui semblait nécessaire pour provoquer notre lien physique. Je n’avais pas besoin de le lui dire, il savait. Il a chargé Khaena de pourvoir à toutes éventualités de malaise. Des potions, des essences, de quoi le couvrir et je ne sais quoi encore. Je commençais à devenir fébrile, comme un jeune puceaux qui rejoint la couche d’une femelle pour la première fois.

J’allais revoir Killya.

Puis il a préféré aller au temple de Lith, celui de Tarsengaard. Il pensait que ce dernier serait plus propice. Moi je pense qu’à Naralik ça aurait été parfait. Les catacombes sont peut être moins chargées d’énergie mystique, mais nous aurions été sur la terre des elfes noirs. A peine le pied posé sur le sol du temple et déjà nos esprits fusionnaient. L’idée du petit bleu était de nous entourer de l’énergie de l’art ultime. Plus il invoquait, plus je prenais forme en lui. Il n’a pas eu peur, il est allé jusqu’au bout.

J’ai pu sentir le froid du temple sur ma peau. Sentir, l’air remplir mes poumons et en sortir sous la forme d’une vapeur chaude. Toutes ces sensations que je ne pensais pas pouvoir ressentir un jour. Nous avions beaucoup avancé dans ce rituel, mais peu pouvait nous en parler une fois qu’ils l’avaient fait et pour cause. Nous en avions conclu à l’époque qu’il n’était pas possible de pouvoir prendre corps. Mais en voyant Killya et Khaena j’ai revu ma position. Et la nous approchions du but.

Ma fille Khaena se tenait devant moi, elle ne semblait pas rassurée plus que ça. J’ai souris puis je l’ai taquinée un peu sur son bleu. C’était marrant de voir comment elle prenait sa défense. Alors que je sentais déjà les forces du petit bleu diminuer, Killya, sans prévenir, à pris le contrôle et s’est jetée sur moi, m’embrassant et m’embrasant par la même occasion. Elle a voulu dire des choses, je l’ai laissé parlé, parce qu’on ne coupe pas une femelle mais je n’attendais qu’une seule chose. Je la voulais, je voulais ne faire qu’un avec elle et je sentais les forces du corps s’amenuiser. Je pense que Killya l’a senti. Elle a finalement arrêté de parler pour s’occuper de nous deux. Elle m’a emmené rapidement à la jouissance, je me suis senti partir alors qu’elle arrivait à la sienne.

C’était déjà fini.
J’étais frustré. Pourtant c’était déjà énorme d’avoir réussi cela.

L’arbre de l’éternité

Le petit bleu m’a donné son corps une nouvelle fois. Je ne le savais pas, je n’arrive plus à lire son esprit et j’ai l’impression par contre que lui arrive à lire dans le mien.

J’étais dans un environnement plutôt froid, avec un immense arbre. Je ne reconnaissais pas du tout un temple, et encore moins un temple dédié à Lith. Je n’ai pas eu le loisir de réfléchir plus longtemps, Killya s’est jetée sur moi. Nous nous sommes liés avec l’ardeur de nos premiers rapports. Nous avons parlé aussi beaucoup. Elle souffre de sa relation avec sa femelle. Je ne sais pas comment l’aider.

C’est endroit est étrange, il parait que c’est cet arbre qui rend possible l’immortalité des aventuriers ici. En tous les cas il m’a permit de passer énormément de temps avec Killya sans signe de faiblesse de la part du corps du petit bleu et sans volonté de celui-ci à revenir. J’arrive toujours pas à comprendre ce qui s’est passé. Il est passé rapidement d’un refus absolu de mon existence à me laisser une place et pendant un long moment en plus.

J’espère que j’ai apporté un peu de réconfort à ma femelle …

Rien

Depuis l’arbre de l’éternité, je n’ai plus de nouvelle.

Je ne vois plus rien.

Je n’entends plus rien.

Je ne ressens plus rien.

Que se passe t-il ?

MageInvok de Norhen Dagha.

MageInvok a son arrivée était un mâle discret. Je ne sais pas comment ma fille en est venue à s’attacher à lui. Quoi qu’il en soit, il était très travailleur. Ils avaient même ouvert une boutiques tous les deux à Naralik. Je n’avais aucun argument contre lui mais j’étais malgré tout réticente à ce que ma fille s’unisse à lui. Je dois bien avouer que pour n’importe quel mâle j’aurais tenté de la décourager.

Polgarath dirigea le rituel d’Union, en tant que Haute Pretresse. Moi, j’étais là pour m’assurer qu’il se montre digne d’Ange_noir. Tout commenca à Illumen par une chasse à l’ours. Il devait ramener trois cœurs frais. Avec du mal, il accomplit sa tache. Il n’était pas encore un bon guerrier. Cependant, j’avoue a cette époque avoir été surprise qu’il puisse achever un seul de ces plantigrades.

Sa seconde épreuve était d’affronter le champion désignée par Ange_noir. Elle avait choisit le meilleur frère de l’époque, Tosh. Bien évidemment MageInvok succomba. Mais il s’était vaillamment battu, ne reculant pas devant la fin qui l’attendait. Honteux, il se présenta devant moi en revenant de l’Acheron, toujours déterminé à devenir le mâle de ma fille. J’ai toujours été trop tendre avec Ange_noir, si bien que je l’ai autorisé à continuer le rituel, en lui faisant promettre sur l’essence vitale enrichie symbolique dont il me fit présent, qu’il défierait Tosh plus tard pour confirmer qu’il méritait bien de s’unir à la Dalharess du peuple. Il faut dire que prétendre venir à bout de Tosh était un défi que je savais dès le début bien trop hardu.

Il ne restait plus qu’une épreuve. Polgarath avait choisit la chapelle dans les Catacombes de Naralik. Je ne sais si ce sont les Landes qui voyaient d’un mauvais œil ce rituel ou si Lith elle même voulait mettre à l’épreuve les deux amants, mais le chemin pour atteindre cette salle fut parsemé de hordes d’orques de toutes sortes. J’ai du me réfugier dans la cave à émeraude en attendant une escorte pour pouvoir rejoindre la chapelle. Ces attaques passées, le rituel pu s’achever normalement.

Cette dernière épreuve était celle de nécromancie. MageInvok devait se montrer digne des talents de nécromant qu’il revendiquait. Il parvient à créer un léopard des neiges superbe. Il valide ainsi la dernière épreuve. Polgarath peut ainsi achever le rituel à l’aide des invocations de Tosh. Ange_noir et MageInvok mélangent leurs sangs, unis dans l’éternité. MageInvok devient dès lors un Norhen Dagha. En présent, je lui offris un bouclier en titane, symbolisant le rempart protecteur qu’il devra toujours être entre ma fille et ses ennemis.

MageInvok n’a jamais affronté Tosh par la suite. Mais il s’est montré digne de ma fille et de notre Maison. Il a toujours été attentifs aux désirs de ma fille et du peuple. Travaillant sans relâche pour l’un et l’autre. Fidèle en toute circonstance. Je ne regrette pas qu’il soit devenu mon fils. Je l’ai honnoré du titre de Valuk quand le besoin d’un bras droit se fit sentir. Il y avait peu de femelles à l’époque, il y avait donc la place pour un mâle dirigeant.

Il s’est acquitté de sa tache jusqu’à ce qu’il disparaisse avec ma fille pendant plusieurs fingeliens. A son retour, il a repris sa place et ne m’a pas déçue. Mais sa légitimité fut maintes fois remise en cause car de nouvelles femelles étaient arrivées, plus dures, plus traditionnalistes. Il s’est accroché au mieux qu’il a pu. Toujours en suivant l’étiquette, courbant l’échine, restant poli malgré leurs railleries et insultes. Il a finit par craquer, malheureusement, quand Fharath osa lui attribuer une relation charnelle avec une sinane. Il la gifla. Bien que je comprenais son geste et que j’étais outrée par l’attitude de cette sœur, MageInvok ne pouvait plus rester Valuk. Aucune matriarche ne pouvait laisser passer cet acte sans appliquer de sanction si elle ne veut pas voir se lever contre elle toutes ses sœurs. Depuis que son titre lui a été retiré, MageInvok est de moins en moins présent parmi nous. Je sens sa présence mais il ne communique que rarement.

Comme il est difficile de concilier ses sentiments et son devoir…

Ilharess

Le bleu m’a donné de nouveau quelques instants. Cet emmurement commence à me peser, d’autant plus que je ne le comprends pas. J’étais encore face à l’arbre de l’éternité, je sentais une présence derrière moi. Je savais que c’était Killya. Quand je me suis retourné, je l’ai vu avec une autre femelle à ses côtés. En regardant Killya j’ai rapidement compris qu’il s’agissait de sa femelle. Je me demandais ce qu’il se passait pour qu’elle soit là. Je me suis incliné et je me suis assis face à elles comme l’Ilharess me le proposait.

L’Ilharess semblait tendue alors que Killya plutôt calme et fière de me présenter sa femelle. Je voyais dans son attitude et ses gestes tout l’amour qu’elle avait pour cette sombre. Ca m’a rassuré d’une part de constater que tout allait bien de nouveau entres elles et de savoir qu’une personne pouvait s’occuper d’elle. J’étais son mâle mais réduit à plus que de l’impuissance depuis quelques temps. Je n’arrivais même plus à interférer dans les rêves. Je ne voyais plus vraiment ce que je pouvais apporter à Killya.

En discutant un peu du bleu j’appris que Killya et lui avait de nouveau mêlés leur corps. J’ai ris, mais cela ne semblait pas convenir à la matriarche, je n’ai pas bien compris pourquoi, ce n’était qu’un mâle, bleu de surcroit, étrange. Cela convenait bien à Killya, elle y trouvait son compte voire presque un équilibre. J’ai souris, me demandant combien d’autres bras elle aimerait avoir pour que l’équilibre soit parfait.

L’Ilharess semblait trouver aussi que cette situation n’était pas encore très équilibrée. Alors que Killya redoublait d’attention pour elle en ayant des gestes tendre, je voyais la matriarche fermée, imperméable à un quelconque sentiment. Elle ne parlait pas beaucoup. Malgré sa position et la mienne, je me suis permis de lui demander ce qu’elle voulait savoir de moi. Elle n’avait pas de question précise, j’ai compris au fur et à mesure qu’elle cherchait plutôt à comprendre qu’elle était sa place dans cette situation qu’elle trouve particulière. Et j’ai cru comprendre aussi qu’il lui était difficile de voir Killya dans les bras du bleu, non par jalousie mais moralement, c’était le mâle de Khaena, la fille de Killya. Il est étrange de constater les différences qui existent au sein même d’un peuple. Il suffit de quelques distances géographiques pour que les moeurs soient différentes.

Si j’avais un quelconque pouvoir sur le bleu, je pourrais sûrement y mettre un terme, mais serait-ce rendre service à Killya, voire même à la matriarche et à leur relation à toutes deux ? Killya a besoin de tellement d’affection.

Je me permettais de poser des questions à la matriarche pour essayer de comprendre. Finalement j’ai été surpris d’entendre que l’élément perturbateur c’était moi. En même temps la solution m’apparaissait simple. J’ai rappelé à la matriarche ma position de mâle d’une part et d’autre part d’esprit sans préciser plus, ça me semblait suffisant pour lever le flou.

Elle semblait réfléchir. Je n’ai rien rajouté, le temps fera son oeuvre. Je leur ai demandé ensuite de me laisser. J’aurais aimé passé un peu de temps avec Killya, mais il me semblait important de confirmer par les actes, ce que je venais de dire. Killya devait rester avec sa femelle. Et puis je voulais profiter de cet instant pour essayer moi aussi de reprendre un peu de place dans ce corps qui réduisait mon espace spirituel.

L’Ilharess avant de partir m’a offert des bagues, Killya m’expliquait qu’elle avait eu les mêmes et qu’elles permettaient de se téléporter ici à Trassian depuis n’importe quel endroit de Séridia ou d’Irilion. J’ai accepté les présents comme une preuve d’acceptation de ma place aussi auprès de Killya. Je me suis senti reconnu comme le mâle de Killya et comme un membre de son clan. Même si je n’étais qu’un esprit, je n’étais plus apatride.

Evidemment au moment de partir, Killya m’a embrassé avec fougue comme à son habitude. Je l’ai sermonnée, lui disant qu’elle n’avait aucune considération pour l’Ilharess. Après la discussion que nous venions d’avoir !

Femelle indomptable.

Elles sont parties, apparemment dans un endroit chaud. Comme j’aimerai pouvoir moi aussi découvrir ces contrées.

A peine parties, je sentais que le bleu reprenait le contrôle, j’ai essayé de garder une parcelle d’espace, mais j’ai senti de nouveau l’obscurité m’envahir.

De nouveau plus rien.

Quazar, ‘zar’ssin.

J’ai rencontré Quazar lors de la seconde disparition de Magazran. Je pensais qu’il était un nouvel arrivant mais apparemment il était dans l’ombre et le silence depuis un certains temps déjà. Je me suis intéressée à lui. C’est au cours d’un marché organisé par la Confrérie d’Illumen dans la cité de Pierre Blanche que notre relation a réellement débutée.

Nous faisions le tour des étals, de nombreux aventuriers s’étaient déplacés. Je me suis arrêtée à celui d’un bijoutier. Je crois qu’il s’agissait du pâle Zurin. Il nous montra un médaillon en argent gravé d’une araignée. Quazar, voyant mon intérêt pour cet ouvrage finement travaillé, l’acheta et me l’offrit. Appréciant beaucoup ce présent, je l’ai entraîné à la taverne la plus proche, nous sommes monté dans une chambre et je l’ai remercié à ma manière. Il est rare que je sois aussi directe mais il faut croire que l’absence de Magazran déréglait mes principes.

Nous étions devenus amants depuis ce jour. Il était mon ‘zar’ssin et j’étais sa ‘rya’ssin. Nous passions beaucoup de temps ensemble à discuter de lui, son passé, ce qu’il avait perdu et ce qu’il comptait retrouver. J’avais envie de l’aider à redevenir le grand guerrier qu’il avait été avant d’être dépossédé de ses moyens sur les îlots. Je lui fournissais ce qu’il voulait quand il le demandait. Je le soutenais moralement, l’encourageais.

En retour, il s’est beaucoup investit dans le peuple quelque peu fragilisé par le départ des plus anciens de mes sœurs et frères. Il a impulsé le retour à la réflexion sur la rénovation de Naralik. Pour mener à bien sa mission, il me demanda de lui donner un titre de Lig’Ylith pour avoir suffisamment de légitimité pour conduire le projet. Il traça des plans ambitieux et magnifiques et organisa des séances de travail en commun pour le financement.

Je commençais à peine à me rendre compte de l’ambition dévorante dont il souffrait. Ce sont les réflexions de certains sombres qui me fit réaliser mon erreur, notamment celles acerbes d’Elzeberith. Elle me reprochait de l’avoir promu juste parce qu’il était mon amant. Je m’en défendais mais avec le recul, finalement, j’ai cédé à sa demande alors qu’il n’avait pas encore fait ses preuves comme les autres Lig’Ylith. Et je lui ai laissé trop de marge de manœuvre, j’avais trop confiance en lui.

Mon manque de discernement ne tarda pas à porter ses mauvais fruits. Quazar était un sombre obstiné, voulant toujours avoir raison. Ses plans posaient problème au service d’architectes du Palais mais il ne voulait vraisemblablement pas écouter leurs critiques. Si bien qu’il me fallut l’écarter du projet sous peine de voir réduit à néant nos espoirs de reconstruction.

La fierté du sombre en prit un coup, il n’a jamais supporté d’être écarté comme un déchet. Il est vrai que je n’ai pas pris des pincettes mais j’étais furieuse. Il s’est exilé de lui même disparaissant pendant longtemps. Nul besoin de préciser que notre relation était terminée dès lors que je l’avais dessaisit du projet.

J’ai attendu espérant qu’il se calme et qu’il prenne conscience des risques qu’il nous avait fait prendre. Mais il ne revint que plein de rancœur avec l’envie de me voir tomber en bas de mon trône. De nombreuses rumeurs couraient sur sa volonté de former un groupe de rebelles au sein des Elfes Noirs pour arriver à ses fins et prendre le pouvoir pour lui même. Soit les rumeurs étaient infondées, soit il n’acquit jamais la puissance nécessaire, car je suis toujours en place sans qu’il ne m’aie jamais inquiétée de près ou de loin. Constatant qu’il ne changeait pas de position, je pris la décision de lui ôter tous ses titres et responsabilités au sein du peuple. Il n’a pas été bannit car les rumeurs n’ont pas été avérées par des preuves.

Il me sembla pourtant s’être calmé en entrant dans la Confrérie d’Illumen. Il retrouvait un nouveau groupe pour se plaindre de moi et vanter ses mérites d’antant. Il eut la chance que la Gilde marchande traverse une crise dans ses instances dirigeante. Il accéda au rang de Maître. Il avait enfin du « pouvoir ». En tant que tel, il se permit de m’inviter dans leur bâtiment de Gilde pour demander mon autorisation de prendre des guerriers sombres comme gardes de la Confrérie. Je l’ai fais argumenter encore et encore, juste pour l’agacer et le voir perdre le contrôle devant moi. Il resta courtois malgré tout, comme s’il était un sombre solitaire mais respectueux de sa Matriarche et des traditions.

Quelques mois plus tard, il fut remplacé à la tête de la Gilde par VinceHood et n’arbora plus leur insigne. Je me suis toujours demandée s’il avait été jeté dehors pour ses décisions aberrantes pour une Gilde de marchands ou s’il était parti vexé de se faire encore rabaisser par sa nouvelle famille.

Les quelques mois qui suivirent, il s’engagea chez les Patrouilleurs. Il se fit plus discret. Bien qu’il ne ratait pas une occasion de se mettre en avant lors d’invasions, même s’il ne pouvait y participer car trop faible, ou quand les Natifs demandait de l’aide.

Cela fait maintenant plusieurs mois que je n’entends plus parler de lui. Je ne le regrette pas. Je regrette juste de m’être laissée séduire si facilement, d’avoir eu si peu de recul. J’ai appris une bonne leçon grâce à lui. Ne jamais laisser un amant croire qu’il devient mon second parce qu’il est dans mon lit, ne jamais laisser croire aux sombres que cela peut être le cas. Les enseignements que j’ai reçu dans mon enfance prennent leur sens maintenant. Je regrette de ne pas avoir davantage cru en mes tutrices dans le clan Norhen Dagha. Depuis cette histoire pénible, je ne prends plus d’amants officiels, j’évite d’en prendre chez les sombres, je garde le flou sur mes relations privées. Je n’en reçois pas moins de critiques mais la hiérarchie reste en place.

Du jour où j’ai rencontré Quazar au jour de son départ, il ne redevint jamais le grand guerrier invincible dont il me parla à l’époque. Il n’était même toujours pas aussi fort que moi. Il avait besoin d’être admiré, mais comme il n’était pas capable de ses ambitions, il ne vivait que dans le passé mettant en avant un temps révolu qui ne reviendrai jamais. Les Landes mettent à l’épreuve. Il a échoué.

Argonn, l’assassin.

Dans les quelques mois troubles après les problèmes causés par Quazar, un Sinan a la réputation plus que maléfique refit son apparition sur les îlots. Il s’agissait d’Argonn, l’assassin du héros kultar Morumi, défunt époux de la vieille et regrettée gardienne de la Magie Atekel. Je dois bien avouer qu’une telle aura, un tel charisme ne pouvait garder mon intérêt loin de lui. Il m’attirait un peu comme son illustre frère Sinan Grenouille à une époque.

Je l’ai approché progressivement, profitant de quelques dîners en tête à tête, entamant des discussions avec certains doubles sens tout en posant sur lui un regard des plus charmeurs. Il fallut tout de même du temps pour qu’il cède à mes avances. La première tentative a bien faillit être la seule et unique car il disparut du jour au lendemain sans prévenir.

Il revint au bout de quelques mois comme si de rien n’était. J’étais quelque peu contrariée, mais tenant à le mettre dans mon lit, j’ai laissé de côté ma fierté. Un dîner plus tard, il tomba dans ma toile. Un plaisir malheureusement éphémère puisqu’il repartit pour le continent, sans depuis revenir.

Un périple dans les montagnes

Ils ont laissé ce qui était Khaena ou Killya dans la prison de Dra Synn avec tout ce qu’il fallait pour se nourrir et boire, puis ils sont partis à la recherche du temple dont leur avait parlé Khaena. Ils ont eu le sentiment de perdre une journée précieuse sans le trouver. Les indices récoltés dans le livre étaient vraiment imprécis, partir dans une montagne comme ça était des plus hasardeux.
Après un moment d’hésitation ils ont décidé de tenter leur chance auprès de moi, ils pensaient que peut être je pourrais sentir, ressentir quelque chose au sujet de l’artefact.
Ils sont allés à l’arbre de l’éternité en silence, le bleu s’est installé confortablement sur le sol avec une peau et il a laissé sa place.
Je me suis retrouvé face à la matriarche une nouvelle fois. Je ne disais rien, l’énergie du lieu est effectivement particulière pour moi mais je n’en savais pas plus. Devant mon silence elle a proposé de me droguer, comme le font les prêtresses. J’ai accepté, je ferais tout pour que ma femelle et ma progéniture puissent vivre en symbiose et non plus en fusion.
Elle s’est approché de moi avec son aiguille, me la plantant dans la tête à l’arrière de l’oreille. J’ai senti le froid m’envelopper et mon esprit s’est mis à voyager. Le corps du bleu s’éloignait, je le savais sans défense, mais je faisais confiance à l’Ilharess pour savoir quoi faire pour le maintenir en vie.
J’ai suivi la source de l’énergie qui me permettait d’être plus présent particulièrement dans ce lieu. Plus exactement les sources, car il y avait l’arbre indéniablement, mais pas que lui. j’ai vu des montagnes, une ville labyrinthique et une mare avec des essences qui virevoltaient au dessus. La dernière vision que j’ai eu, fut trois pics absolument identiques dont celui du milieu qui était lumineux.
Puis un trou noir.
Quand je me suis réveillé, le corps était incroyablement froid. L’ilharess se trouvait contre moi, elle avait tenté de maintenir le corps à température en donnant sa propre chaleur directement.
C’était déroutant de voir la femelle de ma femelle nue contre moi.
J’ai émis un son pour signifier que j’étais de nouveau la. Elle s’est rassise, me couvrant puis se rhabillant.
Je lui ai raconté mes visions puis j’ai laissé le bleu revenir.

Je les ai suivi tout le long de leur périple. Le bleu avait du mal à se remettre de la drogue, il était dans l’incapacité de cloisonner comme il pouvait le faire de temps en temps. Ensemble ils discutaient des visions que j’avais eu. Ils en sont mutuellement arrivés à penser qu’il s’agissait des montagnes entre Trassian et Glakmor. La cité labyrinthique leur rappelant Dra Synn et la mare avec les essences, représentait justement une mare qui se trouvait de l’autre côté, ainsi que la guilde des alchimistes.
En regardant les montagnes ils purent reconnaitre les 3 pics, pas si ressemblant que ça mais ça semblait être le chemin à suivre.
Ils décidèrent donc de partir vers ces pics, visant celui du milieu et se mirent en marchent sans plus tarder.

Au fur et à mesure qu’ils montaient dans la montagnes, le vent se levait, froid et mordant. Puis il s’est mis à neiger. Les flocons durs semblaient les attaquer. Le corps du bleu ne se réchauffait pas. Chaque soir, ils trouvaient heureusement un endroit protégé qui leur permettait de prendre un peu de repos et de faire un feu. Malgré cela le froid gagnait de plus en plus le bleu.
Au bout de cinq jours de marche, la tempête commença à faiblir. Le ciel se dégageait, et ils purent constater qu’ils avaient énormément déviés de leur trajectoire d’origine, s’éloignant de leur objectif plutôt que s’en approchant.
J’ai senti le bleu partir dans une colère froide. Il s’est mis à reprocher à Kharya son manque de lucidité, lui rejetant la faute sur la situation de Khaena et Killya. Il a commencé à la molester. Ils se sont battus. Je n’arrivais à rien sur son esprit.

L’Ilharess n’avait pas subit autant d’épreuves que le bleu, elle réussit à le mettre à terre avec rage. Le surplombant ainsi, elle s’arrêta se rendant compte de l’absurde de la situation. Elle relâcha sa prise. Le bleu en profita pour retourner la situation à son avantage, il la fixa le regard chargé de désir. Elle ne disait rien, ni n’entreprit de le dissuader, peut être en avait-elle envie aussi. Ils défirent leur vêtement et s’unir dans une étreinte violente et brêve.

Sans rien dire, ils réajustèrent leurs vêtements et reprirent la route. Le ciel dégagé leur permettait maintenant d’être sûrs d’arriver au pic du milieu sans encombre.

En arrivant au temple, ils purent constater que ce dernier était en ruine. En s’avançant, ils n’avaient pas fait attention à une présence. Cette dernière s’est jetée sur Kharya. Le bleu s’est interposé entre les deux, se prenant un coup violent sur la jambe. Un craquement suivi d’un cri et le bleu était à terre.
C’était un Yéti, assez jeune. Il s’apprêtait à s’acharner sur le bleu mais la matriarche utilisa son bâton pour lui déstabiliser les pattes. Elle criait au bleu d’allumer une torche. Le yéti agacé par la sombre brisa le bâton. Elle tenta une nouvelle attaque avec une dague empoisonnée. Le yéti grogna et recula. La matriarche accouru aux cotés du bleu pour l’aider à allumer la torche. Elle l’agita ensuite devant le monstre qui, étourdit par le poison, prit la fuite.

La matriarche retourna auprès du bleu pour le soigner. Il était plutôt amoché avec une fracture du fémur. Elle incanta d’abord un sort de soin pour stopper l’hémorragie, finit de déchirer le pantalon avant de réduire la fracture du mieux qu’elle pu et de le recoudre. Elle alla chercher les restes de son bâton pour en faire une atèle et maintenir les morceaux de l’os en place. Ainsi stabilisé, elle le traîna à l’abri de la neige dans les ruines. Dans l’endroit le plus sec qu’elle pu trouver, elle fit prendre un feu et installa leur campement de fortune. Elle ôta les vêtements trempés du bleu et l’installa sur sa peau de léopard. Les premiers soins semblaient avoir apaisé légèrement les douleurs du bleu mais la matriarche n’en avait pas l’air satisfaite. Elle déchira sa cape blanche pour faire des bandes, nettoya la plaie suturée et appliqua une pommade. Le bleu la regardait faire sans rien dire. La douleur l’étreignait mais la douceur des mains qui le soignait ne semblait pas laisser le corps indifférent. La matriarche parut amusée de cette réaction qu’il ne pouvait ni cacher ni contrôler. Elle enroula fermement la cuisse dans une bande avant de le recouvrir de sa propre peau de léopard pour le garder au chaud. Elle s’assit au feu qu’elle attisa pour leur griller le peu de viande qui leur restait.

Le bleu se réveilla à l’aube le lendemain. La matriarche n’était plus là mais le feu dégageait encore de la chaleur. Elle revint une bonne demi heure après fatiguée et contrariée. Elle avait inspecté les ruines et les alentours toute la nuit mais aucun passage ne permettait de pénétrer plus loin. Par dépit, elle demanda au bleu si je pouvais ressentir l’artefact et l’aider à trouver où chercher. Je savais qu’il était risqué pour lui de retenter l’expérience, le corps était si faible. Il le savait aussi ou peut être avait il sentit ma crainte. Pourtant, il accepta. Par le même processus qu’à l’arbre, la transe m’a élevé et permis de voir où déblayer les ruines. Une nouvelle fois, j’ai repris conscience du corps du bleu avec la matriarche blottie contre lui pour lutter contre le froid. Je n’ai pas essayé de l’écarter car elle était épuisée et nos deux corps avaient besoin de chaleur et de repos.

Après de longues heures, la matriarche se réveilla. Elle s’habilla rapidement. Elle fit l’inventaire des sacs. Les vivres allaient bientôt manquer. La mine grave, elle réfléchissait. Elle annonça au bleu qu’elle le renvoyait à son campement avec l’une des bagues qu’elle avait emmené. Elle changea le pansement, lui improvisa un pantalon avec une fourrure de léopard et l’aida à s’habiller. Il l’arrêta avant qu’elle ne lui enfile la bague pour lui donner les potions de force qu’il avait prit à leur départ en expédition.

WandraLL, mon mystérieux.

WandraLL était un jeune sombre turbulent. Les premiers temps de son arrivée, il n’avait de cese de semer le chaos pour son plus grand amusement. Malheureusement pour lui, j’ai toujours veillé à ce que les sombres restent discrets dans leurs exactions. Il y a eu des avertissements plus ou moins menaçant qui furent insuffisants. Je l’ai donc punis à cette époque dans les catacombes de Naralik. Je l’ai attaché face contre une grille, torse nu et je l’ai torturé à la dague pour qu’il apprenne qu’on ne joue pas avec ma très longue patience. Il se calma quelques temps. Mais il trouva finalement le moyen de commettre un acte que je dû me résoudre à condamner publiquement malgré ma répugnance à léser un des miens pour son instinct. WandraLL fut bannit après avoir trahie une pâle, Loumea, qui le considérait comme un ami fidèle.

Il se passa de longs mois avant que WandraLL ne se rendent compte de son erreur et ne commence à la regretter. Il revint donc me voir et demander ma clémence pour sa réintégration. Je la lui ai accordée en échange d’une période de mise à l’épreuve. Je n’ai pas eu à me plaindre de son attitude quasi exemplaire par la suite. Il avait même réussit à se faire pardonner par cette pâle.

Notre relation intime commença dans les thermes de Nagraw Sud. Encore une fois, je ne me souviens plus des raisons pour lesquelles je l’y avais fait convoquer. Peut être avais-je seulement envie d’un massage pour me délasser. Il était apeuré, impressionné par ma présence comme le sont souvent les jeunes sombres, d’autant plus, je pense, qu’il savait a quel point je pouvais être redoutable quand j’étais contrariée. Il craignait de mal faire et de me déplaire mais ses mains s’en sortirent plutôt bien sur mon dos. Pour le mettre en confiance, j’ai essayer de lancer la conversation sur des banalités, puis sur lui, ce qu’il faisait en ce moment, et finalement s’il avait une femelle en vue. Pour toutes les questions personnelles, il répondait dans le vague et n’en révélait pas plus malgré mon insistance. Tout ce mystère mêlé de crainte et combiné à cette eau tiède et savoureuse qui déclenche toujours en moi des envies exacerba mon instinct de chasseuse de mâle. Le massage que je lui rendis après qu’il eu terminé se transforma en caresses irrésistibles et nous nous sommes étreints avec fougue. A ce moment là, il n’était encore qu’un jouet.

Nous nous sommes revus régulièrement. J’essayais a chaque fois de percer les secrets qu’il refusait de révéler sans pour autant le menacer ou lui ordonner de parler. J’ai toujours aimé les mâles mystérieux qui me font languir et me laisse être dévorée de curiosité. Grâce à cela, j’en appris plus sur cette pâle a qui il était attaché. Il disait qu’elle était une sœur mais je le soupçonnais de ressentir d’avantage pour elle et qu’il s’en était convaincu parce qu’elle avait déjà un fiancé. J’étais un peu jalouse et je craignais qu’il ne se confie à elle. Une pâle. Pourrait-il me trahir ? Cette jalousie me mena a accroître mon influence sur lui, pour essayer de la lui faire oublier. Par simple égo ? A cette époque, j’aurais sûrement dit oui. Savoir que mes amants vont voir ailleurs est un échec personnel. Mais à force de le savoir en si bonne entente avec elle, alors qu’avec moi, il retenait ses confidences, me blessait le cœur sans que je veuille l’admettre. Il ne devait être qu’un jouet. Je ne voulais plus de relation sérieuse.

Il fallait pourtant que je me rende à l’évidence. Nos moments intimes étaient de plus en plus tendres et je me sentais apaisée contre lui. Je lui parlais sans retenue de mes craintes et il écoutait, me rassurait. Et quand il a osé révéler ses sentiments pour moi, j’ai pris le fuite. Il ne comprit pas pourquoi, me chercha partout, me demanda des explications. J’étais paniquée mais je le laissai me rejoindre à Illumen. Je lui ai alors parlé de mes expériences passées, que chaque mâle auquel j’avais tenu avait disparu. Que je pensais être maudite, et que s’il m’aimait, il finirait comme tous les autres. Comme LeBarBaR quelques mois avant, il fit le brave en disant que cela ne lui arriverait jamais et qu’il serait toujours là pour moi. Je lui répliquais qu’il n’était pas le seul à m’avoir fait cette promesse. Mais il maintint fermement qu’il ne disparaîtrait pas. C’était la première fois que je le voyais si déterminé. Et je me suis laissée rassurer.

Nous avons filé ensuite une relation parfaitement épanouie sans pour autant l’exposer aux yeux des tous. J’avais toujours en tête la désastreuse période Quazar. WandraLL prenait de l’assurance dans le peuple et obtint le titre d’Ac’Ylith pour ses actes et fut pardonné par les pâles avec le soutien de Loumea. Mais vint le moment où mon instinct de séductrice fut réveillé par un sinan entreprenant, Bastian. J’ai réussis à cacher cet amant à WandraLL quelques temps. Mais il n’était pas dupe et se rendit compte que quelque chose n’allait pas. Il était devenu jaloux et suspicieux, m’interrogeant sur ce que j’avais fais, avec qui j’étais mais sans parvenir à me faire parler. Un jour, je le vis porter une nouvelle tenue magnifique qu’il avait fait faire soit disant par le natif teinturier de Tarsengaard. Je trouvais ce travail trop finement ouvragé pour les grosses pattes du Galdurs. Mystérieusement, il était tout sourires et son air interrogateur sur mes actes n’était plus là. Une hypothèse se forma dans mon esprit et il fallait que je la vérifie. Je suis donc allée au dépôt de la Cité du Port, espérant y trouver la sinane aventurière réputée pour ses bons soins à la gente masculine. En discutant de tout et de rien, elle en vint à me montrer ses carnets de croquis pour les commandes vestimentaires qui lui étaient passées. Le style était reconnaissable. Pour ne pas éveiller les soupçons de la sinane, je lui demandais de me faire une tenue sur mesure. J’étais maintenant sure que WandraLL avait fait faire sa tenue par elle et qu’il en avait profité pour faire appel à ses autres talents. Je bouillais intérieurement. Cependant, je me suis retenue d’écorcher Llariarith ou d’aller punir mon mâle. Je savais bien que j’étais la cause de cet écart. Je l’avais mérité.

A partir de ce jour, WandraLL devint de moins en moins présent, de plus en plus distant. J’essayais de le récupérer mais il était trop tard. Je m’en voulais sans pouvoir pour autant abandonner mon amant sinan et pire encore augmentant mon harem. Peut être parce que je sentais la fin de notre relation venir. Ce fut Nevros qui porta indirectement le coup de grâce à notre couple. Il avait attaqué la Cité du Port et clamait qu’il ne mettrait fin à l’invasion que si des Aventuriers lui vendait des objets intéressants. WandraLL se dévoua pour sauver les natifs de nos alliés et vendit discrètement sa dague de lumière. L’attaque cessa mais fut remplacée par une offensive sur Naralik. Nevros alla même jusqu’à me narguer par télépathie en me disant que je devais cet assaut à l’un des miens. Une fois les troups ennemies abattues, WandraLL m’avoua cette vente. J’étais folle de rage mais je me suis contentée d’être froide avec lui.

J’ai dans les jours suivant réunit le Conseil Matriarcal et exposé le cas de WandraLL pour déterminer quelle punition lui asséner pour vente au Véreux ayant entraîné une attaque sur notre terre. Le Conseil s’accorda que cette affaire ne serait pas diffusée en dehors des personnes présentes et qu’une sanction discrète serait préférable pour l’image du peuple. Je savais déjà laquelle. J’ai convoqué WandraLL dans les catacombes, à l’endroit même où je l’avais punis pour la première fois. Je lui ai expliqué la raison de sa présence ici. Il a explosé de colère quand il a su que je n’avais pas gardé le secret sur sa confidence de vente. J’ai eu beau lui argumenter qu’un tel acte ne pouvait rester impunis, il en voulait rien entendre et commença à partir. Je l’ai rattrapé et l’ai habilement mis face contre terre. J’ai immédiatement déchiré sa chemise et d’un geste habile lui ai planté une aiguille dans le nerf sortant de la onzième vertèbre. D’un ton froid et cérémonieux, j’ai dit que cette douleur serait brève mais le marquerait dans l’âme. Dès que j’eus finis de triturer le nerf, je me suis levée et j’ai quitté les lieux sans me retourner pour qu’il ne puisse pas voir mes larmes. Je ne pense pas qu’il aurait pu comprendre le dilemme qui m’agitait entre mon devoir et mon amour pour lui. Bien entendu, il ne me parla pas pendant des semaines.

Cela ne fit qu’accroître ma culpabilité. Je pensais qu’il comprendrait ma décision vu les faits. Mais quand nous avons repris contact, ce n’était pas la punition qui l’avait blessé dans son cœur. C’était que je me sois permise d’en parler au Conseil sans l’avertir, alors qu’il était persuadé que je lui avais promis de le garder pour moi. Je n’avais rien promis. Cependant, il est vrai que j’aurais dû l’avertir avant d’en parler. Je ne voulais pas me passer de lui alors j’ai ravalé ma fierté. J’ai présenté des excuses et lui ai dit qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de moi pour qu’il me pardonne. Il a accepté de me voir. Il m’a fait m’agenouiller devant lui. J’ai serré les mâchoires mais j’ai obéis. Il m’a fait promettre de ne plus jamais parler de ses confidences à autrui. J’ai promis. Il m’a invité à me relever mais j’ai vu dans ses yeux que ses sentiments pour moi n’étaient plus les mêmes. Il n’était plus en colère. Il n’était plus amoureux. Il a quitté les îlots de plus en plus fréquemment et de plus en plus longtemps. Je n’ai plus de nouvelles.

Je suis une Veuve Noire, ma Malédiction a une fois encore dévoré un mâle qui s’était approché de trop près du cœur de ma toile.

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