Jour 24 Thyllion – Fingelien 383
C’est à la taverne de Naralik que j’ai retrouvé Kharya. Elle était en train de faire quelques potions profitant de la présence du responsable du dépôt sinan. Je l’ai embrassé tendrement heureuse de la trouver là.
Quelques jours auparavant, elle m’avait demandé ce que je voulais faire me voyant malheureuse. J’avais envie d’elle, d’être contre son corps, de sentir ses mains sur moi. Mais j’avais peur qu’à trop montrer le désir et le besoin que j’avais d’elle, elle prenne peur. Alors, je lui avais proposé un massage. Elle semblait heureuse de cette proposition se doutant de ce qu’il se cachait derrière. Nous étions en route pour notre salle de peuple quand elle a été appelée par la palais en urgence. Elle a du me laisser. J’ai finalement rejoint Eryann ce soir là.
Mais aujourd’hui, elle était là. Son sourire illuminait son visage et réchauffait mon coeur. Je n’osais lui re-proposer le massage que je n’avais pas pu lui faire la dernière fois. Alors, j’ai repris de quoi faire des potions pour profiter de sa présence en travaillant près d’elle. Elle m’a demandé ce que je faisais, elle semblait s’ennuyer. Quand je lui en ai fait la remarque, elle m’a affirmé que ce n’était pas le cas : elle ne s’ennuyait jamais quand j’étais près d’elle. Ces paroles ont eu le don de faire bondir mon coeur dans ma poitrine. Pourtant, comme Kharya n’avait pu profiter de ma mère depuis longtemps, je lui ai proposé de passer la soirée avec elle. Ma mère, avec sa passion fougueuse, savait offrir des moments de plaisirs intenses à sa femelle.
Ma sombre a repoussé cette idée : elle voulait le massage que je lui avais proposé. Une nouvelle fois, mon coeur a bondi : Kharya voulait passer sa soirée avec moi… Je me suis sentie soudain un peu dépassée : je n’étais pas sûre de pouvoir être à la hauteur de l’amante que pouvait être ma mère… Mais cela faisait des jours que je la désirais sans oser assouvir mes envies.
Elle m’a conduite aux bains. Je la suivais le coeur battant la chamade. Elle s’est rapidement dénudée et s’est jetée dans l’eau enthousiaste et toujours aussi souriante. Je l’ai suivi sous l’eau. Elle m’a fait rire en faisant des bulles. J’ai du me relever pour ne pas avaler l’eau qui avait envahi ma bouche suite à mon fou rire. Elle s’est relevée, elle aussi s’approchant de moi. Elle semblait heureuse de me voir sourire.
Comment lui dire que c’était sa joyeuse humeur qui me rendait heureuse? Elle m’a enlacée. Je me suis perdue dans ses yeux améthystes : le désir gonflait en moi. Mais, elle avait dit qu’elle voulait un massage. J’ai essayé de me reprendre. Puis j’ai lu dans ses yeux qu’elle aussi me désirait pendant qu’elle me repoussait doucement sur la petite estrade au dessus de l’eau. Elle m’a allongée en m’embrassant, effleurant mon corps tremblant de désir inassouvi. Elle avait à peine commencé à me toucher que je poussais déjà des cris de plaisir. Et quand elle a murmuré à mon oreille « je t’aime Khaena« , l’extase a explosé en moi tandis que des larmes d’émotion coulaient le long de mes joues. Elle m’embrassait tendrement en essuyant mes larmes.
Je l’aimais tellement… Je suis doucement passée au dessus d’elle, effleurant sa peau des mes lèvres, lui expliquant en même temps que je n’osais pas parfois lui réclamer de caresses : ma mère était déjà si exigeante avec elle. Kharya ne voulait pas que je me tracasse pour çà. Mais, je me tracassais forcément puisque je l’aimais et que je voulais son bonheur… Elle a tenté de me répondre mais mes caresses devenaient plus insistantes et plus précises. Elle a commencé à succomber au plaisir que je lui offrais. Je suis remontée le long de son corps pour lui murmurer à l’oreille que moi aussi je l’aimais, tandis qu’elle était emportée par les vagues de plaisirs. Ses yeux étaient embués par le plaisir et les miens devaient avoir la même expression. Elle a dit que mes massages étaient fantastiques. J’ai souri les siens l’étaient tout autant.
Je me suis blottie dans ses bras qui me serraient contre elle. Je me délectais de son odeur épicée. Nous étions bien. Nous sommes restées ainsi de longues minutes, silencieuses profitant juste du plaisir d’être ensembles l’une contre l’autre. Je voulais la rendre heureuse, la voir toujours sourire comme aujourd’hui.
Puis, j’ai voulu savoir ce qu’elle n’avait pas réussi à me dire pendant que je la caressais. En fait, elle ne voulait pas que son bonheur soit au dépend du mien. J’ai souri : et si mon bonheur était de voir le sien ? Mais elle s’inquiétait : elle avait peur que ses indisponibilités de Chambellane me fasse souffrir. Pourtant, elle ne devait pas s’inquiéter : j’étais tellement heureuse de la serrer dans mes bras quand elle revenait. Mais elle ne pouvait s’en empêcher : elle m’aimait. Moi aussi, je l’aimais. Nous nous sommes embrassée tendrement. Et si le bonheur s’était de se contenter de ce qu’on avait ? Elle a trouvé que j’avais réponse à tout cette nuit. J’ai posé mon front sur le sien pendant qu’elle soupirait de bonheur.
Elle voulait que nous allions regarder les étoiles sur la terrasse de la forge. Je l’ai suivi profitant de l’odeur de la nuit de Naralik. Arrivées, là haut j’ai préparé de petits coussins pour mettre sous nos têtes : un en peau de panthère pour elle et une en peau de loup pour moi. Nous nous sommes allongées sur le dos les yeux vers les étoiles, les mains liées par nos doigts entrecroisés. Elle avait pour habitude de regarder seule les étoiles quand elle avait besoin de sérénité. Mais là, elle se sentait déjà sereine et voulait partager ce moment avec moi. Je l’ai remerciée avec une voix vibrante d’émotion.
Je lui ai alors raconté ce que disait ma mère adoptive sur les étoiles : c’était les esprits de ceux qui nous avions aimé et qui avaient disparu. Dans son clan, les étoiles étaient les enfants de Noctys, la Désse de la Nuit. Elle m’a alors parlé de tous les dieux qui faisaient partie de la culture de son clan. Je l’écoutais fascinée. J’étais très intéressée par le dieu loup : Fenryos. Étais je une fille de Fenryos ? Kharya a souri : peut-être que je l’étais… Elle a continué ainsi parlant des différents dieux dont elle se souvenait.
J’étais heureuse qu’elle me fasse découvrir ainsi un pan de la culture sombre que j’ignorais. Ma mère n’avait jamais aimé la religion. Ma belle sombre avait elle aussi du mal à garder la foi, trop souvent trompée par les mensonges des prêtresses qui en usaient pour assurer leur pouvoir. J’ai alors posé ma main sur son coeur : la religion était ici et pas dans ses messagers. Ma mère avait du lutter contre les gens du village où nous vivions pour pouvoir me garder. Elle avait été mise à l’écart pour çà. Mais elle avait la foi : elle savait dans son coeur que ce qu’elle faisait été juste et c’est ce qui importait. Elle déclarait souvent qu’il valait mieux être un loup intelligent et solitaire qu’un mouton qui suit le troupeau. Même si parfois, le loup souffrait de solitude et de ne pas être aimé.
Kharya aimait cette façon de voir. Elle disait que j’avais désormais trouvé ma meute. Elle a alors décidé de me donner un nom sous le signe du loup. Je serais Ss’Fenyil : la jolie fille du Loup. Je trouvais çà beau, prononçant à plusieurs reprise ce nom qu’elle m’avait donné. Et elle ? quel nom allais je lui donner? Comment disait on magnifique panthère sombre? Elle serait donc Shaa’enySs : Shaala pour la panthère, en pour Norhen, noire et le Ss de Ssinnss
Ces mots se susurraient à l’oreille comme des mots d’amour. J’aimais ma Shaa’enySs et elle aimait sa Ss’Fenyil. Nous nous sommes embrassées tendrement. Nous ne voulions pas dormir ailleurs qu’ici : nous étions heureuses. Je nous ai recouvertes de peaux de panthères et de loups mélangées. J’ai posé ma tête sur son épaule. Elle a replié un bras protecteur autour de moi pendant que son autre main me caressait doucement les cheveux. J’ai du m’endormir un sourire aux lèvres, bercée par les battements de son coeur.