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Malaise, cérémonie et rupture

Jour 26 Archeno – Fingelien 385
Après ma nuit avec Yloken, je me suis réveillée avec la nausée… J’avais l’impression d’être sale d’avoir accepté que ce mâle s’occupe ainsi de moi alors qu’il n’y avait aucun sentiment entre nous. J’avais l’impression d’avoir profité de mon statut d’Ul’Jaliless même si je ne l’avais jamais encouragé à me faire quoique ce soit. Je savais qu’il avait fait çà avec un sentiment de devoir et je trouvais çà dégradant pour lui et pour moi. Sans doute les femelles sombres n’avaient pas ce genre de scrupules mais moi, je n’arrivais pas à me faire à l’idée qu’un mâle puisse être traité ainsi… J’ai tenté de reprendre mes activités habituelles de récolte intensive en essayant d’oublier cet incident.

La représentante eldorianne Suliane et la doge sinane Llariarith ont toutes deux répondu à ma lettre de proposition d’aide. Suliane m’a assurée que le natif blessé avait été pris en charge par son peuple mais elle m’a toutefois remerciée pour ma proposition qui était « tout à mon honneur ». Llariarith m’a indiquée qu’elle avait transmis ma lettre à son bailli en me précisant qu’on n’allait sans doute pas me demander grand chose à part peut-être d’aider à la garde des enfants d’un des natifs mort dans le temple. Je verrais bien…

J’avais promis à Kharya que j’allais me rendre à la cérémonie de bouclier du peuple. Quand j’avais accepté, je savais que ce serait une épreuve pour moi d’y participer en présence de Kharya : la savoir à côté de moi sans pouvoir la toucher, la voir heureuse sans moi… Mais avec ce qu’il s’était passé avec Yloken, cela devenait une torture, je ne voulais pas croiser le regard de ce mâle.

Je suis arrivée à la dernière minute encouragée par Iymril qui était à mes côtés pendant ma récolte de fer. Elle n’a pas voulu venir restant à l’écart comme toujours. Je suis entrée dans la salle du peuple sans un mot, j’ai salué Kharya de façon très cérémonieuse, en m’inclinant et l’appelant Ilharess. Je ne savais plus où poser mon regard : d’un côté, il y avait Kharya, de l’autre Yloken et en face de moi Elzeberith que je détestais… J’ai fini par regarder le sol devant moi.

Heureusement ma soeur Darkmon était là près de moi, sa présence a toujours été un réconfort. La cérémonie a commencé. Antelas s’est présenté : ses attitudes de jeune mâle agressif et guerrier était amusante mais il ressemblait tellement à tous les autres…

Yloken, quand à lui, a captivé la salle. Son métier attirait l’attention même si il n’est pas entré dans les détails. Elzeberith a cherché à le mettre en défaut en lui demandant pourquoi lui, un servant si obéissant, avait quitté son clan. Avec l’accord de Kharya, il a raconté son histoire. Son Ilharess de l’époque l’avait chargé d’une mission. Il devait séduire la matriarche d’un clan rival du sien et la tuer. Si il était pris, il ne devait rien dire et « disparaître » afin qu’on ne fasse jamais le rapprochement avec le clan qui avait commandité l’exécution.

Il a exécuté l’ordre de son Ilharess mais s’est fait prendre. Il a été emprisonné et torturé. Un jour, il a eu l’occasion de s’enfuir mais cela lui a semblé trop facile. Apparemment, on l’avait laissé s’échapper. Ses tortionnaires ne l’avaient fait que pour qu’il les mène à son ancien clan. Alors, comme son Ilharess, lui avait ordonné, il a disparu et est arrivé sur les îlots.

Encore une fois, Elzeberith a tenté de le déstabiliser en lui faisant remarquer qu’il était toujours dévoué à sa première Ilharess puisqu’il était ici. Il a répondu simplement que c’était la vérité mais que celle-ci ne pouvait plus lui donner d’ordre et que désormais, il se mettait au service de l’Ilharess des îlots. Il a dit çà en mettant un genou à terre. Elzeberith s’est enfin tu. Kharya s’est levée et lui a remis son bouclier. Elle semblait satisfaite de l’avoir à son service.

Durant une partie de la cérémonie, j’ai discuté avec Darkmon qui avait semblé remarquer mon trouble face à Yloken. Je lui ai raconté ce qu’il s’était passé et de mon sentiment de malaise. Elle a été compréhensive et douce comme toujours affirmant que je ne devais garder que les bons souvenirs que m’avaient offerts ce mâle. Je lui ai expliqué aussi que je m’étais coupé des ondes sombres mais elle n’a prononcé aucun jugement. Elle a juste dit qu’elle avait effectivement remarqué mon silence. Je lui ai avoué qu’elle était une des rares personnes dont j’appréciais la compagnie en ce moment et je lui ai proposé de lier nos esprits afin que nous sachions à tout moment quand l’une et l’autre étions réveillées. Elle a accepté.

Après une vague discussion sur l’incident du temple de Pierre-Blanche, la cérémonie a pris fin. J’ai voulu suivre Darkmon jusqu’au dépôt et rester près d’elle mais Kharya m’a retenue. Nous étions seules dans la salle. J’étais mal à l’aise. Que me voulait elle? Elle m’a remerciée d’être venue. Elle m’a avoué avoir cru que j’allais tourner les talons quand j’apercevrais Elzeberith. A vrai dire, je n’en avais rien à faire de la prêtresse. Je la méprisais autant qu’elle me méprisait. Elle n’avais jamais rien fait de bon pour son peuple à part y semer la zizanie et provoquer les autres peuples. Ce n’est pas elle que je fuyais…

Kharya a compris alors que celle que je fuyais c’était elle. J’ai préféré alors lui avouer ce que je tentais de lui cacher jusqu’à présent : je l’aimais toujours autant et je n’arrivais pas à me débarrasser des sentiments que j’avais pour elle. Elle a alors déclaré calmement qu’elle éprouvait une grande amitié pour moi et qu’elle était heureuse de me savoir là mais qu’elle ne pourrait pas revenir en arrière.

Ma réaction m’a surprise moi même. J’ai eu la brutalité que pouvait avoir parfois Killya. J’ai déclaré d’un ton acerbe en quittant la salle: « alors amuse toi bien avec ton mâle et oublie moi ». A peine sortie, la douleur m’a emportée : les larmes coulaient le long de mon visage… La douce Khaena est revenue essayant de s’expliquer par télépathie : « Je suis désolée, je souffre trop en ta présence… Je souffre trop quand tu me parles ». J’ai ajouté que j’avais failli partir la dernière fois que nous nous étions parlés. Elle n’a rien répondu, sans doute surprise et attristée par ma réaction exacerbée.

J’ai essuyé mes larmes en arrivant au dépôt pour que personne ne me voit pleurer comme une sombre trop « humaine ». Darkmon a remarqué tout de suite que quelque chose n’allait pas. J’ai tenté de lui expliquer avec une voix hachée par la douleur en préparant mon sac pour partir en Irilion. Je ne pouvais pas rester… Naralik était devenue comme Galein’th Aseyis : un lieu que je fuirais désormais car lié à une personne que j’avais aimé follement.

Darkmon m’a fait promettre de l’appeler dés que j’en aurais besoin. Je lui ai promis et je me suis enfuie, loin à Trassian retrouvant un froid glacial engourdissant.

Le procès de Kely

Jour 6 Elfist – Fingelien 385
J’ai assisté au procès de Kely plus par curiosité que par pitié. Il était accusé du meurtre d’un natif bleu Galuph. Les preuves accumulées menaient à lui et il avait été emprisonné. A vrai dire, j’étais persuadée que celui qu’il était devenu était tout à fait capable de commettre cet assassinat.

J’ai écouté l’accusation. Mais les « preuves » me semblaient bien maigres. Il y avait une pièce de tissu bleu retrouvée dans la main de Galuph qui correspondait avec une veste échangée par Kely d’après le vendeur galdur. Il disait le reconnaître à cause de sa couleur si étrange pour un bleu. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser que ce n’était pas une preuve. Il m’était arrivée de nombreuse fois de confondre le représentant actuel des bleus Conkois avec Kely. Il y avait aussi sa fuite qui le condamnait. Et puis des soit-disant aveux qu’il aurait prononcés mais drogué et sous la torture…

Puis çà a été à Kely d’assurer sa défense. Il avait le droit d’appeler les témoins qu’il souhaitait. Il a commencé par affirmer qu’il était incapable d’un tel acte et que je pouvais en attester. J’ai relevé la tête surprise. Puis, il a ajouté d’un ton mielleux que j’ai détesté : « nous avons partagé tant de choses… ». J’ai vu des sourires parmi l’assemblée… Kharya s’est retournée vers moi surprise et m’a demandée si je voulais plaider en faveur de l’accusé. Je ne l’ai pas regardé et j’ai déclaré que j’allais le faire puisque Kely le souhaitait.

J’ai alors raconté que nous avions été amants et que nous avions même envisagés de nous unir, qu’il était un être doux et bon. Mais qu’un jour, mes instincts de sombre avaient repris le dessus et que je l’avais trompé. Plus rien n’avait été comme avant ensuite… Il était ensuite parti dans un temple pendant plusieurs mois et à son retour il était différent, son regard avait changé. Il a même affirmé plusieurs fois s’appeler Vulgor comme son père. J’ai ensuite ajouté quelque chose auquel Kely ne devait pas s’attendre : il avait frappé et violé une femelle qui m’était chère. Il s’agissait de Kharya mais je n’ai pas dit son nom.

J’ai senti que Kely tentait de tirer sur ma cape pour m’empêcher de parler mais le garde à ses côtés l’a frappé pour le stopper. Kharya a fait en sorte, elle aussi d’écourter mon témoignage sur cet incident. Je suppose qu’elle ne s’attendait pas non plus à ce que j’en parle et ne voulait sans doute pas que cette affaire soit révélée. Pourtant, j’étais prête à avouer le meurtre que j’avais perpétré pour la venger à Zirak sans jamais révéler son nom. J’ai juste eu le temps d’ajouter que Kely était sans doute encore là mais qu’il avait perdu l’esprit et qu’il n’était plus responsable de ses actes. Je suis repartie m’asseoir.

J’ai à peine écouté la suite. Darkmon qui était près de moi, m’a demandé des détails sur Kely et sur ce que j’avais vécu avec lui. Elle semblait trouver étrange qu’il ait autant changé après ce passage dans le temple. Elle s’interrogeait également sur le fait que les interrogateurs ne lui avait pas demandé qui était ses complices… Interrogation qu’a reprise d’ailleurs un des échevins présents.

Conkois semblait étonné de ma remarque sur le regard de Kely qui avait changé. Le galdur vendeur de vestes avait dit la même chose que moi.

Llariarith a demandé à Kely, si ce n’était pas lui qui avait commis le crime ce qu’il faisait pendant ce temps là. Celui-ci a eu des réponses assez floues, déclarant qu’il avait récolté tout le temps mais il n’était pas sûr que les responsables des dépôts par lesquels ils étaient passés se souviennent de lui…

Le procès a été suspendu, suite à l’heure tardive et de l’incapacité des échevins à se mettre d’accord. Ils se réuniront pour délibérer à nouveau.

J’ai quitté le tribunal sans un mot ni un regard à Kharya ou à Kely. Je me remémorais les faits qui nous avaient amené à en arriver là… Pourquoi avais je trompé Kely alors que notre amour était tellement beau ? Pourquoi avais je provoqué cette fracture entre nous qui ne s’est plus jamais résorbée?

Pourquoi avais je fini par tomber dans les bras de Kharya alors qu’elle était une sombre avec de multiples amants et que je n’étais q’une parmi les autres? Pourquoi avais je torturé et envoyé Kely dans le styx pour la venger? Qu’avait elle fait pour Khaena et Killya quand leurs esprits avaient fusionné? Rien… elle n’avait rien fait… Elle était restée indifférente à ce qu’il arrivait. Alors que toutes deux se seraient damner pour elle. Comment avais je pu délaisser tous mes autres amants pour elle? Pourquoi avais je laissé Shaael à Bordeciel pour la rejoindre et m’occuper de son peuple en son absence ?

Pourquoi tous ces mauvais choix… ?

La cérémonie funèbre sinane

Jour 12 Elfist – Fingelien 385
J’ai contacté la doge sinane Llariarith pour savoir ce qu’il en était des propositions que j’avais faites pour aider les familles en deuil du peuple sinan. Elle m’avait parlé d’aider à la garde des jeunes enfants d’un des défunts : Gaiden.

J’ai retrouvé Nivi sa veuve au village à l’est de la cité du port. Elle m’a présentée ses deux enfants Lusio et Lyri agés de 10 et 6 ans. Lyri ne semblait pas vraiment se rendre compte qu’elle ne reverrait plus son père. Lusio faisait le fanfaron mais ses traits tirés montraient qu’il ne dormait sans doute pas beaucoup. J’ai parlé avec eux. Lusio disait vouloir devenir un « grand guerrier ». J’ai déclaré qu’il était fier comme un vrai sombre.

Je lui ai demandé si il faisait de la nécromancie mais apparemment, chez les sinans, l’art nécromantique était réservé à des élites. J’ai alors commencé à raconter que quand j’étais enfant, je faisais de la nécromancie sur les insectes et les petits animaux. Les enfants étaient curieux. Ils voulaient tout savoir de mon histoire. J’ai commencé à conter mon histoire pendant que Nivi s’éclipsait discrètement pour prier au temple.

J’ai raconté avec des mots d’enfants l’amour et l’union de Killya et Keros, la fuite de ma mère pour échapper aux assassins et comment elle m’avait déposer sur le pas de la porte d’une maison humaine pour me sauver. Lusio écoutait avec attention. Lyri s’est endormie après quelques minutes. Darkmon qui s’inquiétait de mon silence, m’a rejoint pour écouter la fin de l’histoire.

Soudain, Lusio a enfin exprimé son inquiétude profonde. Qu’allaient ils devenir sa soeur et lui si sa mère mourrait comme son père? J’ai vu Darkmon baisser la tête. J’ai fait mon possible pour le rassurer : mes deux parents étaient morts et quelqu’un avait pris soin de moi. Il y aurait toujours quelqu’un pour prendre soin d’eux. Mais surtout, il était très peu probable que sa mère rejoigne son père : les aventuriers la protégeront et la doge également. Il a ajouté fièrement : « et moi aussi! ». Sa mère est arrivée à ce moment là. Elle était fière de lui. Elle semblait soulagée d’avoir eu un instant pour elle.

Nous sommes reparties avec Darkmon. Cette dernière a proposé que nous restions ensemble pour discuter. J’étais intriguée pourquoi souhaitait elle ma présence? Était-elle attirée par moi ? Je lui ai proposé d’aller voir le lever de soleil à Trépont. Elle a accepté me déclarant qu’elle aimait beaucoup elle aussi regarder les couchers et les levers de soleil.

Elle voulait que je lui parle de moi et de Kely. J’ai raconté comment Kely et moi nous étions unis et comment j’avais tout brisé en le trompant avec Malkael. Comment nous avions essayé de recoller les morceaux… Comment il m’avait trompé avec Kharya alors qu’il savait que j’avais des sentiments troubles pour elle… Comment il m’a aidé à accepter mon attirance pour les femelles en m’accompagnant pour rencontrer Bahar… Comment il l’a mise enceinte… Sa réaction violente quand il a appris qu’il allait devenir père… Comment il a petit à petit changé devenant plus colérique, plus violent… Comment il m’a presque violée ou plutôt celle qui était Killya… Comment il n’a plus jamais voulu me revoir après çà, sans doute trop brisé par ce qu’il avait fait… Comment il a disparu pendant des mois… Comment Kharya et moi, nous sommes devenues amantes… Comment quand Kely est revenu sans être vraiment lui même, Kharya m’a réconfortée… Comment nous nous sommes aimées passionnément… Comment elle a finit par me délaisser pour Bastian et Mulvaar… Comment j’ai tout accepté, ne voulant que son bonheur… et comment elle m’a laissé sombrer sans me rattraper… Comment j’ai essayé de garder une relation amicale avec elle mais qui était tellement douloureuse que j’ai fini par trancher ces derniers liens avec elle…

Darkmon écoutait. Puis elle a dit que j’étais arrivée à un point de rupture de moi même et qu’il fallait que je tire de la force de ma souffrance. J’avais tellement à découvrir encore… Je n’étais pas convaincue mais Darkmon a ajouté qu’il fallait laisser « le temps au temps ».

Je l’ai regardée sentant un frémissement de mon coeur pour elle… Je me demandais pourquoi elle restait si proche, s’inquiétant continuellement de moi. Je n’osais poser directement la question de savoir si je l’attirais. Alors, j’ai demandé de façon plus vague si elle avait déjà connu l’amour avec une femelle. Elle a répondu très doucement qu’elle n’avait jamais connu d’attachement avec qui que ce soit. Elle n’en avait pas le droit : s’attacher à quelqu’un était le condamner à disparaître.

Elle m’a raconté difficilement son histoire. Elle ne connaissait pas ses parent. Elle avait été placé dans un endroit qu’on pourrait appeler un « orphelinat » où se trouvaient tous les enfants sans parent. Il n’y avait aucun amour, aucune chaleur. On leur jetait parfois de la nourriture. Chacun devait se débrouiller pour survivre. Un jour, alors qu’elle devait avoir une vingtaine de fingéliens, on l’a sortie de cette cave.

Un vieille femme lui a annoncé qu’elle avait été choisie pour devenir le réceptacle. Jusqu’à qu’elle ait atteint ses soixante-dix fingéliens, elle a été « dressée » : chaque jour elle devait acquérir un nouvel enseignement qui était accompagné par une punition. Elle a alors compris que ce qu’on lui apprenait, n’était pas pour elle mais pour « l’entité » qui allait prendre son corps. Elle avait de plus en plus de mal à raconter son histoire. Elle a juste réussi à dire que son premier amour avait été tué de ses propres mains ou plutôt par l’entité qui était en elle. Cela ressemblait étrangement à ce que j’avais vécu avec Khaena et Killya : deux esprits dans un même corps.

Puis nous avons entendu la doge qui appelait ce qui le souhaitait à assister à la cérémonie honorant les sinans défunts. J’y ai retrouvé Nivi et ses deux enfants, essayant de les soutenir du mieux que je le pouvais. Puis nous avons rejoint la taverne pour boire un verre en l’honneur des disparus. J’ai refusé de m’asseoir à la table de Voronwe que j’estimais responsable du terrible accident qui avait coûté la vie aux sinans. Sa façon continuelle de vouloir envenimé les choses entre les peuples, avait amené les eldorians et les nains à le suivre dans une résolution agressive d’un conflit qui aurait pu être résolu de façon beaucoup plus sereine si il n’avait pas été là.

Je trouvais toutefois sa présence courageuse, jusqu’à ce qu’on son agressivité naturelle reprenne le dessus quand il a traité la Doge Llariarith de « serveuse ». J’ai failli me rendre à sa table pour le jeter dehors mais Llariarith m’a demandé par télépathie de rester calme pour ce jour réservé aux défunts. Puis, elle a ajouté que rien ne serait oublié ni pardonné. C’est alors que le Bailli sinan Bais a sorti une dague de sa ceinture pour la poser violemment sur la table dans un claquement sinistre. Il s’est ensuite éloigné. Tout le monde a alors remarqué les symboles de mort sur la lame.

Voronwe est enfin parti. La soirée a suivi son cours. Darkmon et moi avons fini nos verres. Elle a proposé que nous nous trouvions un abri pour la nuit. Une nouvelle fois j’ai été surprise de sa proposition. Voulait elle que nous passions la nuit ensemble? Nous avons trouvé une petite maison en bois au nord de la cité du port. Il y avait deux lits ce qui a semblé surprendre Darkmon. Je me suis demandée un bref instant si elle voulait que nous dormions dans le même lit… Puis, après qu’elle se soit installé dans un des lits, je me suis sagement installée dans l’autre.

Elle a sorti une couverture en peau d’ours polaire en me racontant qu’un aventurier lui avait offert à son arrivée. Elle a ajouté que quand on vivait seule, on avait tendance à se raccrocher à de petites choses. Je me suis étonnée : elle vivait seule? et son mâle Deskhart ? Elle affirmait qu’ils n’étaient pas si proche tous les deux et qu’il était des plus furtifs ces derniers temps. Elle a ajouté qu’elle aimait partager ses découvertes et ses difficultés mais qu’il n’était pas souvent là. J’ai osé un : « moi je veux bien partager avec vous Darkmon… ».

Elle m’a regardée gravement : « Oui moi aussi, mais je ne suis pas sûre de savoir ce que vous attendez et surtout je ne sais pas si je pourrais vous l’offrir. ». Elle n’avait pas besoin d’en dire plus, j’avais compris le sous-entendu. Pourtant, elle a préféré ajouter : « Pour l’instant je peux vous offrir la plus sincère des amitiés… je ne peux rien vous promettre de plus. ». Je me suis installée moi aussi pour la nuit me recouvrant de ma couverture de peaux de loups. Je l’ai remercié d’avoir été franche avec moi et je lui ai souhaité une bonne nuit. Mais, le sommeil ne venait pas et pour Darkmon non plus apparemment.

Elle s’est redressée en disant que nous avions l’air stupide comme çà : « Ce n’est pas parce que je ne peux pas répondre à vos désirs que je ne vous considère plus comme importante à mes yeux ». Puis, elle a ajouté que mine de rien elle tenait encore à son mâle si furtif. J’ai tenté de la rassurer. Deskhart était un mâle qui méritait le respect et je comprenais tout à fait qu’elle puisse l’aimer. Elle a déclaré qu’elle comprenais l’amour dans tous ses contextes et qu’elle ne voyait aucun mal. J’ai fini sa phrase : « mais vous n’aimerez jamais une femelle… ». Elle m’a surprise en répondant qu’elle ne savait pas. Elle a ajouté que j’étais celle avec qui elle se sentait le mieux parmi les sombres. Mais elle ne voulait pas que cela devienne trop pénible pour moi de la côtoyer en sachant qu’elle n’avait pas d’amour pour moi. Je n’ai rien répondu.

Je lui ai souhaité une nouvelle fois une bonne nuit. Je l’ai vu se recouvrir entièrement de sa couverture. Je me suis endormie d’un sommeil sans rêve.

Visite au prisonnier

Jour 6 Fingel – Fingelien 385
Depuis son procès, je n’arrêtais pas de penser à Kely. Les souvenirs remontaient par vague aidés par Darkmon qui cherchait à mieux me connaître. Je songeais de plus en plus à quitter les îlots mais avant, je voulais être sûre que celui qui avait été Kely avait définitivement disparu.

J’ai payé les gardes de la prison grassement pour qu’ils me laissent le voir quelques instants. Quand je suis entrée, j’ai senti l’effroi de Khaena en moi. Le lieu était sale recouvert de poussières. Des instruments de torture traînaient un peu partout. Il y avait une table avec aux quatre coins des anneaux pour retenir les mains et les pieds. Elle était tachée de sang. Un peu plus loin, une espèce de cercueil dont l’intérieur était couvert de piques pointues. Je ne préférais pas imaginer comment cet outil était utilisé. L’humour à l’ironie cinglante de Killya est venu à mon secours, humour que Kely n’avait jamais vraiment compris. Pourtant il cachait en général la même émotion et le même malaise que pouvaient avoir Khaena.

J’ai donc fait comme si je visitais le nouvel intérieur de Kely en lui faisant remarquer que l’endroit était particulièrement sale. En passant devant le cercueil aux piques, je lui ai demandé si il dormait dedans. Il n’a pas trouvé çà drôle indiquant que « ma matriarche » avait beaucoup apprécié cette partie de l’interrogatoire. A vrai dire, çà ne m’étonnait pas d’elle. Elle avait toujours eu ce goût pour la violence et la torture. C’est sans doute pour çà qu’elle m’avait délaissée. J’étais incapable de lui apporter ce genre de satisfaction au contraire de Mulvaar.

En découvrant, une bougie dans une assiette, je lui ai demandé si c’était bon à manger. Il a répondu que sa femelle lui apportait des repas chauds à manger. J’ai compris qu’il s’agissait d’Ajhillya. Je me suis moquée en déclarant qu’elle lui apportait donc des bougies à manger… Puis j’ai continué, il y avait les squelettes d’anciens prisonniers au milieu de la pièce. Je lui ai fait remarquer que ses « petits amis » ne devaient pas être très causant.

J’ai fini par réclamer un verre. Il a grogné déclarant que ce n’était pas une taverne ici. Pourtant, la décoration aurait bien plu aux membres de mon peuple à mon avis. Il a fini par accéder à ma requête retrouvant dans le tas de charbon, une petite bouteille qu’il avait cachée. Il a affirmé que c’était le cadeau d’une kultare qui avait succombé à son charme qui lui avait apportée. J’y ai goûté : c’était très bon.

Puis il a sortie une bouteille de bière cette fois. Il l’a levé bien haut en déclarant : « à mon innocence ». J’ai répliqué qu’il était peut-être innocent mais que ses explications étaient des plus floues. J’ai donc préféré trinquer « à la vérité ». Il a riposté en affirmant qu’il n’était on ne peut plus clair. J’ai préféré en rire en affirmant qu’il était plutôt sombre pour un bleu. Étrangement, nous avons ri de concert.

Il a alors planté son regard dans le mien en me tapotant la tête : « Alors il n’y a plus qu’une seule âme là dedans ? ». J’ai fait le même geste sur sa tête : « Là aussi? ». Il a acquiescé en ajoutant : « qu’une personne sans âme… » . Nous sommes restés silencieux quelques instants et puis j’ai fini par lui demander qui il était. Il était Vulgor mais ils étaient peu à la croire… Malheureusement, moi je le croyais… Kely était donc bien mort et n’existait plus… J’ai baissé la tête soudain submergée par des larmes de douleur. Vulgor n’avait pas l’air de comprendre : il était là lui, bien vivant et cent fois mieux que lui! J’ai répondu par la négative : personne ne sera mieux que lui. Il semblait dubitatif : « pas même certaines femelles? ». Il pensait à Kharya. J’avais cru un moment qu’elle était mieux que Kely mais elle ne savait pas aimer et ne saurait jamais.

Vulgor a eu un petit sourire ironique : « il faut essayer avant de dire jamais ». J’ai compris son allusion sournoise. Il voulait faire de moi son amante. Il pensait je suppose que je pourrais le confondre avec Kely… J’ai redressé la tête l’air sombre et glacial : « surement pas avec vous ». Je me suis dirigée vers la porte en le remerciant pour le verre. Il a levé le sien en disant : « De rien. Mais quand je veux, je ne demande pas. Je prends. ». J’ai compris la menace voilée. Et j’ai rétorqué d’un ton aussi menaçant que le sien : « Je le sais! Mais n’oubliez pas que Killya est toujours en moi. Elle peut recommencer ce qu’elle vous a déjà fait. ». Puis, j’ai ajouté avec le ton ironique du début de la conversation : « et faites le ménage ici, c’est vraiement trop sale! ». J’ai entendu son rire pendant que je quittais la pièce.

Kely était bien mort, il ne restait que l’esprit de Vulgor… J’ai appris quelques jours plus tard que le verdict était rendu : Kely était reconnu coupable du meurtre de Galuph. Il allait purger une peine de prison jusqu’à sa mort. Comme tous les aventuriers, étant immortel, il ne sortirait jamais de prison…

Il était temps que je passe à autre chose… J’ai fait en sorte de finir les récoltes et les essences que m’avaient demandé Alak pour le peuple sombre. J’avais pris ma décision. Il fallait que je retrouve Shaael ou du moins partir à la découverte d’autres lieux, voir autre chose… Ici, je tournais en rond, il fallait que j’avance.

Le clan sombre de Draïa

Les jours passaient et je restais le plus discret possible. J’ai croisé pour la première fois une sombre à Illumen. Elle était fière, le regard glacial. J’ai préféré m’éloigner dans un premier temps mais j’aimais sa façon d’être. Elle ne m’a pas vu. J’ai appris plus tard qu’il s’agissait de Fharath, une Jaliless du clan sombre des îlots qui s’était volontairement mis à l’écart de son peuple.

Je commençais à apprécier cette liberté que je n’avais jamais connue jusqu’à lors. J’étais libre de me lever et de me coucher à l’heure que je voulais. Mon emploi du temps n’était dicté par personne. J’allais où bon me semblait. Personne ne me frappait pour un oui ou pour un non.

Mais, un jour à Galein’th Aseyis, je n’ai pas pu échapper aux regards de deux femelles sombres. La rousse s’est présentée : « Je m’appelle Kharya de Norhen Dagha, je suis la Matriarche des Elfes Noirs qui vivent sur les îlots centraux des Landes. ». Avec ma veine, j’étais tombé sur la matriarche et une de ses jaliless, Darkmon. Comment pouvais je me présenter? Je ne suis pas sûr qu’elles auraient aimé que je dise : « Echk, je suis Yloken et j’ai tué mon Ilharess! ». J’ai souri intérieurement en pensant à cette répartie. J’ai préféré une présentation plus neutre : « Je suis Yloken… d’aucune maison ». Darkmon a alors répliqué en souriant : « De la notre si vous le souhaitez! ». Et l’Ilharess a ajouté : « Le clan de Draïa est ouvert à tous les sombres qui veulent en faire partie. ».

Elles m’ont ensuite proposé un « paquetage » qui m’aiderait à survivre sur place. Je dois dire que je n’avais pas très envie d’accepter comme si cela devait me lier à ce clan. Mais, je n’avais jamais appris à dire non à une femelle sombre. Et quand Darkmon m’a proposé de m’asseoir avec elles. J’ai obéi par réflexe. Je montrais un visage avenant comme un servant sait si bien le faire mais au fond de moi, je voulais fuir sentant que j’étais en train de perdre ma liberté nouvellement gagnée.

Darkmon m’a ensuite proposé de découvrir Naralik, les terres du peuple sombre sur les îlots. Encore une fois, je n’ai pas osé refuser me laissant conduire aux travers de la région. J’observais Darkmon, elle ressemblait à la sombre que j’avais croisée au port : Khaena. La même chevelure blanche comme les neiges, le même regard douloureux et puis cette gentillesse si peu commune chez les femelles sombres. La visite s’est terminée, elle m’a proposé de parler sur les ondes du peuple. Je ne me sentais pas prêt, j’ai prétexté la fatigue pour échapper à cette suggestion.

De nouvelles journées ont passées, je fuyais toujours le clan. Mais, la Jaliless Darkmon ne m’avait pas oublié, tentant de m’intégrer à son peuple. Elle a finalement réussi à me faire participer à un entrainement commun avec d’autres nouveaux. J’ai fait bonne figure. Je ne me débrouillais pas si mal. Le mâle Alak a même douté de mon arrivée récente dans les îlots. J’ai appris plus tard qu’il était le fils adoptif de l’Ilharess et représentant du peuple sombre.

Je trouvais étonnant qu’un mâle puisse avoir un tel poste même si ce n’était qu’une façade pour les autres peuples, l’Ilharess dirigeant toujours en sous-main. Je trouvais ses manières des plus cavalières avec l’Ilharess parfois. Mais ce n’était rien à côté de Mulvaar, son amant. Celui-ci la tutoyait en public. Chose inimaginable dans mon peuple…

Je ne me sentais pas bien parmi eux comme anormal. Certaines femelles se moquaient d’ailleurs de ma façon d’être, trop soumise. La prêtresse Elzeberith ne cessait de me dénigrer sur ma façon de m’incliner à chaque apparition d’une femelle, affirmant que je pouvais en profiter pour leurs essuyer les bottes… Qu’est ce que je faisais de si incongru ? On m’avait toujours appris à faire ainsi…

Je crois que le pire jour a été celui où une dispute a éclaté au sujet de la religion et de Lith en l’absence de l’Ilharess… Mon peuple avait été écrasé par l’obscurantisme et le fanatisme de certaines prêtresses pendant un temps. La seule bonne chose qu’avait fait l’Ilharess que j’avais tuée, avait été de décapiter au sens propre comme au figuré le culte de Lith. Elle avait fait tuer la plupart des prêtresses qui avait pris leurs aises en profitant de la faiblesse et de la vieillesse de la matriarche précédente.

En entendant cette dispute, j’avais l’impression de retrouver cette ambiance malsaine portée par quelques intégristes. Evidemment, Mulvaar, Alak et la fille de la haute-prêtresse Seliane était dans ce clan. J’avais envie de vomir, ce clan était dirigé par la famille de l’Ilharess et celle de la haute prêtresse, tous des fanatiques. Déclarant, que ceux qui ne croyait pas en Lith, n’était pas de vrais sombres…

J’ai commencé à tuer des araignées, celles qu’ils appelaient les « filles de Lith »… C’était risible de voir comme ils nous menaçaient du fouet, moi et d’autres, pour ne pas croire à ce qu’ils croyaient… Certains sont venus à mon secoure en me prévenant discrètement que je ne pouvais pas tuer des araignées à Naralik : Iymril, DarkCat, Rhiordan et Darkmon. Ceux-ci semblaient plus ouverts mais n’avaient pas vraiment de pouvoir au sein du peuple à part Darkmon, une jaliless bien isolée…

Bien sûr Alak, comme le bon fils à sa maman, a rapporté l’incident à l’Ilharess. J’ai eu droit à un sermon, dont je n’avais rien à faire. A vrai dire, je m’attendais plutôt à des coups de fouet qui ne sont pas venus. L’Ilharess semblait moins stupide que le reste de sa famille. Je crois qu’elle tentait d’apaiser les tensions en évitant des punitions trop dures. Mais, j’étais habitué au fouet. Pour notre clan, ce n’était qu’une petite punition…

Plus les jours passaient, moins j’avais envie de rester. Était il déjà temps de quitter les îlots?

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