Jour 25 Elfist – Fingelien 384
Malkael m’avait parlé de Fharath, il y a quelques jours. J’avais été surprise d’apprendre qu’elle s’était éloignée du peuple parce qu’elle s’était sentie dénigrée par les sombres. Je me demandais pourquoi et à quelle occasion, elle avait eu cette impression. Si ce malentendu pouvait être dissipé, peut-être que la fière sombre qu’elle était reviendrait parmi nous et qu’avec sa force de caractère, elle pourrait devenir la future Ilharess qui pourrait remplacer Kharya.
En effet, j’avais beau retourner le problème dans tous les sens : je savais que je n’étais pas celle qu’il fallait pour les sombres. Je n’avais pas assez d’autorité et de goût pour la politique pour être une Ilharess qui saurait mener le peuple. Même si Fharath était, elle aussi, peu attirée par la politique, elle était respectée, fière, dure avec les autres et avec elle même, avec une autorité naturelle et un sens de la répartie que je n’avais pas. Je savais qu’elle pourrait être une grande Ilharess si elle le voulait.
J’ai donc engagé la conversation télépathiquement avec elle. Je savais par avance que la conversation serait glaciale et je m’y étais préparée mais je ne pensais pas en ressortir aussi blessée.
J’ai commencé par essayer de savoir ce qui avait provoqué son départ. Apparemment, il y avait eu un incident sur une proposition de travail en commun qu’elle avait faite pour fabriquer des bagues de Naralik. Je n’avais aucun souvenir de çà… Il y avait eu aussi des accusations sur des prétendues ventes à Véreux. Je me doutais que MageInvok devait être à l’origine de ces moqueries et de ces accusations douteuses. Elle et lui étaient constamment à couteaux tirés à l’époque. J’ai essayé de lui préciser que celui-ci n’était plus là. Elle le savait déjà et affirmait que c’était une bonne chose pour le peuple.
Malgré les continuelles piques qu’elle me lançait à chacune de mes phrases, j’ai tenté d’orienter la conversation sur celle qui devrait succéder à l’Ilharess. Elle semblait être très courant de tout ce qui se passait dans le peuple parce qu’elle n’a pas paru surprise à cette annonce. Elle a même ajouté que çà la désolait que je sois la successeure presque désignée de l’Ilharess. Je suis restée un instant interdite. La pique m’avait fait mal cette fois mais je n’ai pas bronché préférant affirmer que çà me désolait tout autant qu’elle et que justement, elle était surement plus apte que moi pour prendre cette place.
Une fois de plus, elle m’a attaquée frontalement. Je fuyais mes responsabilités en me déchargeant sur elle. Ce n’était pas tout à fait faux mais à vrai dire, je ne faisais que penser à mon peuple. Elle a martelé que le peuple sombre était mort et que j’en étais responsable. Je suis restée interdite. Fharath me méprisait. Elle détestait ce que je représentais. Je n’étais pas grand chose de plus pour elle que les inférieurs : Voronwe, le représentant haut-elfe, était bien plus sombre que je ne le serais jamais…
Une boule s’est formée dans ma gorge. Je n’arrivais plus à parler ou difficilement. Malkael qui était à mes côtés a remarqué mon trouble et m’a conseillé de cesser la conversation. J’ai tenté de le faire une première fois, elle a sauté sur l’occasion pour me rabaisser à nouveau en disant que je fuyais une fois de plus, qu’une vrai sombre face à ce genre d’attaques aurait répliqué et « mordu »… Mais à quoi bon continuer une conversation qui n’en était pas une et qui ne servait à Fharath qu’à déverser son fiel sur moi ?
Je crois que j’ai perdu ce jour là tout le respect que j’avais pour elle mais j’ai aussi perdu beaucoup plus : le peu de confiance que j’avais acquis en m’occupant de mon peuple venait d’être détruit par les quelques agressions acerbes d’une autre sombre. Je savais désormais que jamais je ne pourrais être Ilharess…