Après notre première nuit, Killya ne tarda pas à me contacter par télépathie. Elle semblait vouloir continuer à me voir et j’en étais ravie. Quand que je pu me libérer, je lui proposai de me rejoindre. Nous avons discuté un peu. J’ai parlé de moi, de Oscarhamel et de mon fils. Elle m’a enlacé doucement comme pour me réconforter. C’était agréable. Nous sommes ensuite allé dans la maison de Naralik où nous étions quelques jours avant. Je me suis alors montrée entreprenante. Elle sembla soudain prise d’hésitation. Je ne compris pas pourquoi sur le moment et j’essayai alors de la rassurer. J’y réussis et elle se laissa aller à mes caresses. Je l’attirai vers le lit. Je voulais lui rendre ce qu’elle m’avait offert en mettant en pratique ce que j’avais appris. Je réussis apparemment à lui donner autant de plaisir qu’elle m’en avait donné.
Avec la façon dont nous nous étions rencontrée et notre penchant mutuel pour les plaisirs charnels, je pensais que notre relation serait simple et sans implication vraiment sérieuse. Que nous serions indépendante l’une de l’autre. Mais je me rendais compte bien vite qu’elle ne l’envisageait pas ainsi. J’eus le droit bien vite à des réprimandes sur ma distance et le fait que je ne donne pas spontanément de nouvelles. Je n’avais jamais agit ainsi avec mes amants. J’allais les voir quand ils me sollicitaient si j’en avais le temps. J’ai essayé de la rassurer en lui faisant part qu’avec sa situation particulière, deux esprits dans un seul corps, je ne savais pas quand je pouvais la contacter. Je ne voulais pas tomber sur Khaena. Elle sembla accepter mes explications et me pardonna. Les choses allèrent même plus loin et elle m’avoua son amour. J’ai été surprise, je ne m’attendais pas à ce que cela arrive si vite, ni même que cela puisse arriver. J’ai senti en moi s’éveiller une chaleur au niveau du cœur et sans hésiter je lui ai répondu que je l’aimais.
Nous avons alors passé plus de temps ensemble, j’ai délaissé mes amants. Nous nous sommes confiés l’une à l’autre. Notre enfance, nos expériences avant les îlots mais aussi au début des îlots. Nos blessures et nos joies. Tout allait bien. Nous découvrions nos ressemblances.
Notre bonheur a cependant été régulièrement émaillé de crises, j’avais du mal à rester la femelle présente qu’elle exigeait. J’avais l’impression de ne plus avoir de temps à moi. Chaque moment sans travail devait lui être dédié, voir même je devais laisser mon travail de côté pour être avec elle. Et surtout pour finir dans un lit avec elle. Elle ne voulait pas que nous travaillons, elle avait horreur de cela. Les balades se passaient avec moi courant devant et elle ne faisant que me regarder et attendre le moment de faire un câlin. De même les entraînements se finissaient rapidement avec une séance de détente sensuelle. Les confidences et les mal êtres se terminaient par un réconfort charnel. Je ne voyais qu’elle et je me sentais étouffée. A chaque réconciliation, je finissais par m’éloigner de nouveau et elle m’en voulait à chaque fois.
La première crise fut résolue à la Cité du Port. J’avais eu, après plusieurs mois de silence, l’intention de la quitter de façon officielle. Mais cela ne s’est pas passé comme je m’y attendais. Nous avons discuté, expliqué nos ressentis, nos différents. Nous avons alors réussit à mieux comprendre ce qui n’allait pas entre nous. Nous croyions mutuellement que seules nos parties de jambes en l’air nous intéressaient chez l’autre et nous voulions autre chose que ce type de relation. Je lui ai demandé que nous ne nous cachions plus les choses. Que ce soit nos problèmes comme les amants que nous avions chacune. Je me suis promise de ne plus être jalouse. Nous nous sommes réconciliées sur l’oreiller.
Avec ces bonnes bases, notre relation s’est prolongé sous le signe de l’amour. Avec les absences de Bastian et de Meynaf, la rupture avec Toucan, elle était ma seule amante et je n’en cherchais pas vraiment d’autre. J’étais comblée avec Killya. Elle était tellement amoureuse, que notre relation entrait en conflit avec celle entre Khaena et son bleu. J’avais l’impression qu’elle forçait de plus en plus sa fille a lui laisser le contrôle pour être avec moi. Cela me gênait un peu. Je ne voulais pas causer de problèmes à Khaena, que je considérai de plus en plus comme ma fille depuis que j’étais avec Killya. Il m’arrivait donc de frustrer les envies de Killya au nom de la vie personnelle de sa fille.
La seconde grosse crise arriva quand la situation compliquée qu’impliquait un corps pour deux esprits se transforma en quatre esprits pour deux corps. Killya avait jadis trouvé la mort de la main d’assassins d’une Haute Prêtresse influente de son clan. La traque avait été longue et Killya aurait pu s’en sortir si un événement particulier ne l’avait pas ralentie : elle découvrit qu’elle était en enceinte. Elle mit au monde la petite Khaena dans des conditions difficiles, risquant à tout moment d’être surprise par les assassins. Elle savait qu’elle ne pourrait leur échapper plus longtemps et décida de confier son enfant au Destin en la déposant sur le pas de la porte d’une maison humaine. Se refusant cependant à l’abandonner complètement, elle procéda au rituel qui enferma son esprit dans le corps de sa fille.
La raison de cette traque était la mort de son mâle, Keros, à qui elle devait être unie. Il avait été tué lors d’une des épreuves de leur Union, celle du Duel. Les deux combattants devaient s’arrêter au premier sang versé mais le concurrent sembla avoir reçu des ordres contraires de la Haute Prêtresse. Killya fut traumatisée par cette trahison et entra dans une rage folle avant de prendre la fuite. Elle pensait avoir perdu son mâle à jamais. Mais en nécromant de talent qu’il était, il avait procédé à une incantation qui lui permit de lier son âme à une jeune vie venant au monde à l’instant de la mort de son corps. Le Destin voulu que ce corps soit celui d’un bleu, le père de Kely. Plus tard, Keros incita la conception du petit bleu et s’installa en lui pour continuer à survivre.
C’est lors d’un retour dans son clan, qu’il fut évident que Kely n’était pas seul. La Haute Prêtresse responsable des morts de Killya et Keros fut sauvagement assassinée. Ma sombre découvrit le petit bleu, comme elle le surnomme, couvert de sang avec un instant un regard différent du sien avant qu’il ne redevienne lui même et soit traumatisé par la scène qu’il découvrait. Elle lui ordonna de fuir, de regagner les îlots. De son côté, elle fit son possible pour ralentir les gardes lancés à ses trousses, ses anciens équipiers. Ce fut douloureux pour elle psychologiquement. Elle n’aurait pas survécue si elle n’avait pu grâce à Khaena retrouver l’immortalité des îlots à temps.
Quand je pu revoir Killya, elle m’expliqua ce qui était arrivé et la présence de Keros dans le corps du bleu. Je sentis mon cœur se glacer. Elle avait retrouvé son mâle qu’elle croyait avoir perdu définitivement. Elle avait retrouvé son amour. Qu’allait-elle faire de moi ? Si Oscarhamel revenait sur les îlots, comment réagirais-je ? Elle était épuisée par ce voyage aussi n’avais-je pas voulu trop lui montrer mon trouble. J’espérais la voir aller mieux quelques jours plus tard, mais elle restait comme éteinte. Elle ne semblait pas avoir envie de me voir. J’ai fais quelques tentatives pour lui redonner le sourire mais face à mes échecs, j’ai pensé qu’elle ne voulait plus de moi parce que son mâle était revenu d’entre les morts. Alors je me suis éloignée, encore une fois.
Il nous fallut quelques mois pour renouer le contact. Elle m’affirma qu’elle m’aimait toujours, que le retour de son mâle ne changeait rien à cela. Que si elle avait été distante, c’était parce qu’elle avait eu besoin de temps pour réaliser. Mais moi, je ne pensais plus avoir ma place entre leurs quatre âmes si liées, je me sentais un élément étranger. Elle tentait de me convaincre du contraire mais sans réel succès.
Killya retrouva son entrain habituel après nos retrouvailles et voulu de nouveau passer du temps avec moi. Je lui proposai dans les jours suivants de chasser les fauves de Nargraw Sud ensemble. Nous fûmes séparés, chacune traquant sa proie. Quand je voulu retrouver la trace de ma belle, je constatai qu’elle ne cherchait pas les mêmes que moi. Je la vis chevauchant avec ardeur le corps du bleu Kely. Je suis restée figée un instant avant de lâcher je ne sais plus quelle phrase froidement et de repartir pour Nukavuri. J’étais folle de rage. Elle m’avait réclamé de passer du temps avec moi et elle allait prendre du plaisir avec le mâle de sa fille dès que j’avais le dos tourné. Je n’ai pas voulu entendre ses arguments.
Le temps a adoucit mon humeur et en quelques jours les choses reprirent leur cours. J’ai alors demandé à rencontrer Keros. Pourtant, je ne savais pas bien quoi lui dire. Je voulais me faire une idée de lui, voir ce que mon instinct m’indiquait. Cette rencontre me rassura un peu, c’était un sombre respectueux et qui ne semblait pas jaloux.
La crise majeure suivante vint à cause de l’homme bleu. Elle faillit être la dernière.