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Trompée

Jour 8 Archeno – Fingelien 383
Le sommeil de ma mère était peuplé d’horribles cauchemars. Elle se sentait mal. Je sentais sa douleur. Je voulais qu’elle ne soufre plus. J’ai cherché des souvenirs en elle qui auraient pu provoquer cet état afin de trouver un moyen de l’apaiser. Je n’aurais pas dû faire çà… Ce que j’y ai vu m’a terriblement blessée.

J’ai d’abord vu quelques souvenirs du banquet. Kely qui regardait l’Ilharess semblant la trouver attirante et l’Ilharess qui faisait de même. J’ai aussi découvert qu’elle me trouvait « insipide ». Je suis restée un instant interdite. Cette opinion de moi qu’avait donné l’Ilharess à ma mère m’a fait énormément de mal. J’avais espéré… je m’imaginais parfois en secret me retrouver entre ses bras. Je comprenais que ce ne serait jamais le cas. J’ai préféré enfouir çà loin au fond de moi plutôt que d’ajouter ma souffrance à celle de ma mère.

J’ai continué à chercher. Et l’horreur m’est apparue… Kely avait couché avec l’Ilharess… Je me sentais triplement trompée : parce que l’Ilharess m’avait promis de ne pas toucher à mon mâle, parce que Kely avait pris une autre femelle que moi et surtout parce que celle qu’il avait choisit était celle à qui je lui avais avoué avoir des sentiments troubles. Les souvenirs continuaient à arriver malgré moi : Kely avait demandé à ma mère de ne rien me dire… Il voulait me mentir me cacher la vérité.

Où était celui que j’avais connu? Où était celui qui avait exigé de moi que je n’ai que lui comme mâle? Celui pour qui j’avais accepté la fidélité que sa culture exigeait, quittant brutalement mon amant Malkael alors que je l’aimais toujours ? Où était celui à qui je disais tout et qui me disait tous? Où était celui avec qui je voulais m’unir?

Un grand froid m’envahie. Je ne crois plus en rien : ceux en qui j’avais le plus confiance m’ont trahie. Tout mon avenir avec Kely n’existe plus… Il y avait un avant… Je ne vois pas l’après… Je veux disparaître, ne plus souffrir. Je vais m’enfouir dans l’esprit de ma mère et lui laisser ce corps…

Baisers

J’étais sorti de l’infirmerie, les combats étaient terminés et j’avais des livres à terminer, mes glyphes n’étant toujours pas au point. J’avais décidé d’étudier à Galein cette fois-ci. J’utilisai le passage pour me rendre à la bibliothèque de la citadelle souterraine, et je rencontrai alors les représentants bleus et elfes noire, c’est-à-dire Kely et Kharya, qui dissertait d’un sujet qui avait l’air fort sérieux. Je les avais déjà croisés, notamment au banquet qui avait eu lieu lors de l’anniversaire de l’alliance Galduro-naine mais jamais je ne leur avais adressé la parole, par peur d’ennuyer des aventuriers aussi connus. J’étais encore enhardi par mes exploits au combat, et j’osai  les féliciter pour la bravoure avec laquelle ils avaient défendu Séridia. Mais, je ne restai guère plus longtemps, par peur de les déranger. Et puis j’avais encore mon livre à terminer.

En ressortant, je croisai à nouveau Kharya et Kely, cette fois-ci accompagnés d’une elfe noire que j’avais déjà croisé, mais je ne me souvenais pas quand ni où. La discussion avait l’air tout aussi sérieuse : je quittais la salle au moment ou les deux sombres s’embrassaient. Etrange image.

Je m’installais au campement de Galein, j’avais envie de travailler mes glyphes à l’air libre. Je restais là un long moment, à travailler en compagnie d’aventuriers que je ne connaissais pas.

Je commençais à m’endormir, quand je reçus un étrange message par télépathie. Kharya la matriarche sombre avait besoin de moi. Intrigué, je rangeais vivement mon matériel d’alchimiste, et je retournais à la taverne du campement bleu, chez Gaïlshja. J’avais à peine salué les présents que la matriarche sombre se jeta sur moi pour m’embrasser. Surpris, ne m’attendant pas du tout à cela, je reculai immédiatement, ne sachant comment réagir. Cependant, les trois convives attablés étaient connus dans tous Séridia et je n’osai pas quitter la salle, eux me demandant de m’assoir à leurs côtés. J’allai m’installer près du bleu kely, et j’attrapais une bière, tout en réfléchissant au baiser que venait de me donner Kharya.. Pourquoi moi, et pourquoi aujourd’hui ? J’avais brièvement entendu parler de la matriarche elfe chez les nains, et je l’imaginais plus à passer ses soirées à torturer de jeunes nains capturés à Trépont qu’à jouer aux cartes avec moi… Je n’imaginais alors pas la soirée que j’allais passer.

Kely m’initia vite au jeu auxquels ils avaient l’habitude de jouer. Le concept était assez simple, il fallait lancer des pièces dans des gobelets disposés sur un plateau de bronze et obtenir le score le plus élevé. J’avais quelques lumens en poche et pouvait les perdre sans grande tristesse, c’était de l’or de farfadet. Nous commençâmes à jouer, et, alors que je gagnai, j’appris la teneur du gain. Cette fois ce fût l’elfe noire Khaena, mais qui se faisait appeler Killya, qui m’embrassa.

S’ensuit une soirée mouvementée, ou, emporté par les vapeurs d’alcool je me laissais entrainer par les rires des deux elfes et l’humour du bleu kely. L’assemblée se quitta alors que la plupart d’entre nous était dénudé plus que de raison, de quoi me donner à refléchir pour les prochains jours, d’autant plus qu’emporté par l’ambiance, je promis à Kharya de la revoir, et non pour parler politique.

Le lendemain, me réveillant comateux, je retrouvai dans une de mes poches une note griffonnée la veille au comptoir « se renseigner sur les mœurs des femmes sombres »…

Bahar, ma première femelle

Jour 28 Illumen – Fingelien 383
Mon père et ma mère savaient que j’étais troublée par les femelles et je savais qu’ils trouvaient çà étrange. Pour eux, rien n’était plus normale qu’une femelle elfe noire apprécie les autres femelles. Mais, ils savaient aussi à quel point la culture humaine pouvait être rigide en ce qui concernait les relations charnelles et que c’était cette culture que j’avais eu en héritage. Ils voulaient m’aider pas pour me rendre plus elfe noire mais parce qu’il voyait que j’en souffrais. Ils avaient donc eu l’idée d’aller sur le continent pour me mettre dans les bras d’une femelle. Je trouvais çà amusant et touchant mais je me voyais mal accepter de passer une nuit avec une femelle que je connaissais à peine. Je les ai pourtant laissé faire. De toutes façons, les îlots étaient plutôt source de tension en ce moment…

Et là, je me retrouvais devant une bleue très belle et très souriante. Il s’agissait de Bahar. Ma mère m’avait expliquée qu’elle avait eu une liaison courte et passionnée avec elle. La retrouver ici, était inespéré. Je sentais le trouble de ma mère… Elle était profondément amoureuse. Et à vrai dire, je comprenais pourquoi… Bahar illuminait les lieux par sa simple présence.

Pourtant, j’étais légèrement sur la défensive. J’avais l’impression qu’on me forçait la main à faire quelque chose auquel je n’étais pas préparée. Ma mère avait commandé du vin de groseilles pour nous deux. Je regardais le verre en me demandant si il fallait que je le boive pour me détendre un peu ou éviter de le faire pour avoir toute ma tête. Bahar a décidé pour nous deux, affirmant qu’il valait mieux être en état et ne pas boire d’alcool. Elle voulait être sûre que j’étais d’accord avant de tenter quoique ce soit. Cette simple demande a eu tendance à me rassurer et quand elle m’a pris les mains pour me conduire chez elle, je l’ai suivi sans résistance.

Arrivées dans son salon, elle m’a prise par la taille. J’ai frissonné à ce contact. Je lui ai demandé pourquoi elle faisait çà pendant qu’elle allumait un feu dans sa cheminée. Elle s’est doucement moquée en répondant que c’était pour avoir plus chaud. J’ai essayé de lui faire comprendre ce que je voulais dire mais je me suis rendu compte qu’elle plaisantait. Elle a répondu en souriant qu’elle le faisait parce qu’elle aimait les femmes et me trouvait belle. C’était suffisant pour elle. J’étais surprise : elle n’avait pas de sentiments pour moi… Elle a ri : est ce que je n’avais jamais eu de relations charnelles sans sentiments? Je me suis sentie anormale parce que ce n’était pas le cas…

Puis, elle est revenue près de moi. Elle m’a demandé si je voulais que mon mâle soit présent… Je suis restée un instant interdite, sans bien savoir quoi répondre. Je savais que sa présence pourrait me rassurer mais je connaissais sa jalousie et j’avais peur qu’il n’apprécie pas que quelqu’un d’autre que lui me touche. Et à vrai dire, je ne voulais pas gâcher cette première fois à cause des humeurs de mon mâle. Je lui ai donc dit que je ne préférais pas.

Puis, elle a approché ses lèvres des miennes. J’ai eu un mouvement de recul, pour m’approcher aussi vite que je m’étais écartée. Elle a goûté mes lèvres. Son baiser était doux et sensuel puis il est devenu soudain plus intime. Elle a commencé à passer sa main sous ma tunique. J’ai frémi sous la caresse. Elle a ensuite pris ma main pour la passer sous la sienne. Sa peau était douce et chaude… Je me rendais compte que j’appréciais ce contact. Je me suis écartée légèrement pour la regarder. Ses yeux étaient chargés de désir.

Elle m’a attirée sur les coussins. Je l’ai suivi hypnotisée. Elle a enlevée sa tunique sensuellement puis a pris ma main pour la poser sur son sein. Je n’ai pas osé reculer : ma main était tremblante. J’ai vu la pointe du sein de Bahar s’ériger sous mes caresses maladroites. Je me suis sentie gênée de provoquer çà et j’ai retirée ma main en baissant la tête. Elle m’a soulevée le menton tendrement en me répétant que nous n’étions pas obligées même si elle avait envie de moi.

J’ai soudain perdu pied laissant échapper le désir que j’avais d’elle. Je l’ai embrassé fiévreusement caressant son corps. Elle aussi est devenue enfiévrée. Elle m’a déshabillée habilement, habituée à ce genre de situation. Quand à moi, je me sentais désemparée ne sachant que faire de son corps de femelle. Mais, elle maîtrisait parfaitement la situation.

Ses caresses sont devenues intimes, je tremblais, je suffoquais comme une vierge effarouchée. Le plaisir a été immense… totale… comme j’en avais rarement ressenti, sans doute démultiplié pour avoir osé l’interdit. J’ai soudain éclaté en sanglot. Elle m’a serrée contre elle tendrement. J’ai fini par m’arrêter de pleurer.

Je me suis tournée vers elle. Je l’ai embrassée. Elle a voulu m’arrêter me disant que je n’étais pas obligée si je n’en avais pas envie. J’en avais envie : je voulais lui rendre ce qu’elle m’avait offert et découvrir son corps de femelle… Elle a souri me laissant faire. Je tentais maladroitement de reproduire les gestes qu’elle avait eu pour moi. Elle me conseillait avec des paroles douces et rassurantes. Mes gestes maladroits devenaient plus assurés, tandis que ses paroles s’éteignaient pour se transformer en gémissements de plaisir.

Elle est finalement retombée après avoir succombé à mes caresses. Je me suis blottie contre elle. Elle m’a avouée avoir rarement connu un tel plaisir. Je ne la croyais pas vraiment pensant qu’elle continuait à tenter de me rassurer. Mais, elle semblait sérieuse. Puis, elle a eu un petit sourire en ajoutant qu’elle devrait plus souvent prendre de jeunes femelles dans son lit. J’ai ri avec elle.

Elle m’a demandé ensuite si je comptais rester pour la nuit. J’ai répondu que j’en avais envie mais j’avais peur qu’elle me le refuse. Elle avait affirmé à ma mère qu’en général ses amantes ne dormaient pas chez elle. Et qui étais je pour elle à par une amante de passage? Mais elle a déclaré que je pouvais rester. Je me sentais bien et heureuse. Je me suis endormie entre ses bras tendres.

Bastian, mon chasseur.

J’avais rejoins le Dispensaire créé par un Kultar mais bien vite le petit groupe de départ avait éclaté et j’avais pris les rênes par défaut. J’ai relancé des recrutements et c’est à cette occasion qu’à commencé mon idylle avec Bastian.

Je l’avais rencontré pour la première fois lors d’un conflit qu’il avait eu avec un sombre, Karaz. La raison de cette dispute n’est plus très claire dans mon esprit mais il me semble que Bastian avait fait des réflexions peu aimables à propos de la vieille Atekel et Karaz en voulant faire du zèle en public était allé le menacer. Je me suis rendue sur place, amusée par cette situation. Le sinan était peu connu et disparu ensuite pendant plusieurs mois.

A son retour, j’avais de nouveau échangé quelques mots avec lui. Parlant de tout et de rien d’abord, puis lui donnant quelques conseils sur l’entraînement à la magie. J’ai du finir par lui parler du Dispensaire et il eu l’air intéressé. Il a voulu en savoir plus et m’invita a la taverne de la Cité du Port pour parler tranquillement.

J’ai commencé mon discours de recrutement habituel mais je voyais bien que mes mots seuls n’étaient pas son plus grand centre d’intérêt. Il me faisait du charme et je me suis dis que, finalement, cet entretien n’avait peut être été pour lui qu’un prétexte pour m’approcher davantage. Je l’ai laissé m’embrasser. C’était délicieux.

Comme souvent, j’ai cédé assez vite à mes pulsions malgré le mâle qui partageait déjà mon lit et mon cœur. Bastian avait quelque chose de différent, une sorte d’aura qui me fascinait. Quand ses mains se posaient sur ma taille, je sentais des frissons de désir m’envahir. Il fut direct dès le début de notre relation. Il ne voulait rien de sérieux, aucun attachement affectif, juste passer du bon temps avec une jolie dame. Je n’étais pas contre, mais je savais que j’avais tendance à être possessive. Je ne lui en ai rien dit, pour le garder dans ma toile. C’était un amant fantastique.

Cependant, nous ne partagions pas uniquement des étreintes. Nous avions pris l’habitude d’explorer Irilion. Je n’ai jamais été une grande exploratrice, cette activité m’ennuyant bien vite seule. Mais à deux c’est différent. Il était amusant de le voir fouiller tous les meubles et embarquer discrètement les quelques lumens qu’il pouvait y trouver. Il appréciait aussi ces petites ballades car il arrivait que je lui raconte certains faits historiques s’y étant déroulés. Il m’écoutait fasciné par ma mémoire.

A part les menus larcins, il aimait chasser, ce qui lui valut de ma part le surnom de chasseur. Il pratiquait aussi le métier de récolteur et faisait un peu de nécromancie. Il avait par contre un défaut : il était avare. Terriblement proche de ses lumens. C’était amusant de l’entendre se plaindre des prix et d’en reporter la faute sur les kultars systématiquement. Il était bien tombé avec moi, je lui offrais assez souvent ce qu’il voulait acquérir. Il savait très bien comment me remercier, et je n’avais jamais a payer mes matières premières.

Les promenades en Irilion étaient l’occasion de trouver de beaux lieux pour nos rendez vous discrets. Et à force de passer du temps ensemble, son attitude à mon égard changea sensiblement. Nos baisers et nos étreintes avaient toujours été passionnées, enflammées par un désir mutuel intense. Mais un soir, il m’embrassa avec plus de tendresse. Je n’ai rien fait remarquer, me disant que je me faisais sûrement des idées. J’ai attendu d’autres signes plus concrets.

C’est une réunion du Dispensaire qui me donna l’occasion de confirmer son attachement à moi. Nous étions en train d’explorer Arius. Meynaf appela les membres sur les ondes télépathiques. Nous n’avions jamais affiché notre relation devant qui que ce soit, même devant eux. J’avais prévu ce jour là de lui offrir une cape rouge. Il en cherchait une mais, comme souvent, en trouvait le prix trop élevé. Je lui ai demandé de fermer les yeux. Je lui ai mis la cape sur les épaules. Quand il a vu l’étoffe, il n’en revenait pas. Il m’embrassa avidement et me demanda à ce que nous ne répondions pas au Capitaine. J’ai refusé, par devoir. Il m’a dit que j’étais bien cruelle avec lui. Avec un sourire mutin, je l’ai défié en lui disant que j’étais capable d’être plus cruelle encore. Il avait le goût du jeu, et demandait à voir.

Nous avons rejoint la taverne d’Idaloran avec quelques minutes d’intervalle. Meynaf, Atwenas, Bagnar et Eryann étaient déjà arrivés. Il ne restait qu’une place à la table où ils s’étaient assis. Au culot, j’ai demandé au Capitaine de m’asseoir sur ses genoux. A ma grande et agréable surprise, il a accepté. Meynaf avait été mon amant plusieurs fingeliens plus tôt mais il avait depuis refusé mes avances. Bastian regardait mon petit manège et je n’hésitais pas à avoir des sous entendus assez évidant avec l’elfe. Cela faisait jaser l’assemblée et m’amusait autant que lui. Le sinan, lui, était amer. Comme jaloux, sans vouloir l’avouer. Il me fit remarquer par télépathie qu’en effet je pouvais être bien plus cruelle. J’étais ravie, j’avais remportée mon pari. Mais plus encore, je savais maintenant qu’il s’était pris les pieds dans ma toile. Mon égo adorait le savoir à ma merci.

Nous avions une relation sereine. Aucune de dispute. Il cachait toujours son attachement si bien que ma frayeur face aux sentiment était apaisée. Je pensais pouvoir ne pas m’attacher. Un leurre. Cela faisait déjà un moment que ce n’était plus seulement la passion de nos corps qui nous réunissait. Pourtant, cela ne m’a pas empêché d’entretenir à cette période de nombreuses relations parallèles. Il y avait déjà WandraLL, puis vint Meynaf suite à cette comédie dans la taverne. Ensuite toucan. Et Killya. Mais Bastian avait toujours une place particulière. Je pouvais abandonner n’importe lequel de mes amants pour lui. Surtout depuis qu’il avait finit par m’avouer ses sentiments pour moi.

Cela arriva suite à une invasion de la Cité du Port. Nous nous étions déployés lui et moi en tant que phalange du Dispensaire. Il s’était pris un coup mortel mais la plaie n’arrivait pas à cicatriser à la sortie de l’Achéron. Les combats finis, je l’ai entraîné à la taverne dans une chambre de l’étage pour le recoudre. Comme je savais que ce serait douloureux, j’avais prévu de nombreuses bouteilles de vin à lui faire boire. Il grommela de devoir boire en si peu de temps cette boisson qu’il préférait apprécier à petite dose avec un rituel bien précis pour en révéler tous les arômes.

Une fois bien saoul, je l’ai fais allonger et j’ai commencer à exercer mes talents de guérisseuse. Ce fut malgré tout douloureux. Mais une fois fini, il commença a parler. Beaucoup. Sa langue se délia et il m’a dit qu’il m’aimait. Et qu’il savait que je l’aimais aussi. Je suis restée figée un instant réalisant ce que j’avais voulu me cacher à moi-même. Je l’ai endormi doucement, il avait besoin de repos avec cette blessure. Je l’ai veillé, assise sur une chaise à côté. Il fit des cauchemars en délirant a propos de Kultars et de choses qu’il hurlait n’avoir pas commises. Il s’est réveillé en sursaut et je suis venue le rassurer. Quand il a repris ses esprits, il s’est rendu compte qu’il en avait trop dit la veille. Il m’a regardé un peu gêné. S’excusant de son état déplorable. Il n’aimait pas abuser d’alcool quand il était en plaisante compagnie. Je lui ai répondu des banalités. Il voyait bien que j’étais malgré tout un peu troublée. Je lui ai ordonné de garder le lit quelques jours.

Durant cette convalescence, je suis restée distante. Cela a finit par l’agacer et il est venu me demander la raison de ce silence et de la froideur de mon accueil quand il venait me parler. N’arrivant à rien avec moi, il a quitté les îlots, me laissant une lettre pour m’en avertir laissant planer le doute sur son retour. Il disait avoir besoin de faire le point. Je m’en suis voulu d’être aussi stupide mais j’avais peur. L’amour n’est pas fait pour moi, il détruit ceux qui m’approchent.

A mon grand soulagement, il est revenu au bout d’une dizaine de jours. Je n’ai pas hésité et je l’ai rejoins immédiatement, lui sautant dans les bras. J’ai oublié ma retenue, oublié mes frayeurs. Je me suis réfugiée contre lui en disant a quel point il m’avait manqué et a quel point j’avais regretté. Je lui ai fais part des inquiétudes qui m’avaient poussées à le rejeter. Il m’a rassurée et les choses ont repris leur cours.

Je n’avais pas pour autant mis fin à mes autres relations. Je ne le cachais pas à Bastian, restant même toujours aussi séductrice vis à vis de Meynaf en sa présence. Mais mon chasseur l’acceptait, me disant lui même que s’il croisait une belle femme, il n’était pas impossible qu’il aille plus loin que de simples compliments. Cependant, il préférait ignorer le nom de mes amants. Tout comme il gardait pour lui ceux de ses conquêtes. Mais j’étais moins disponible pour lui, ma femelle prenant de plus en plus d’importance et réclamant bien plus d’attention que tous les amants que j’avais eu jusque là.

Mais arriva ce qui arrive toujours. Des absences répétées de plus en plus longues. La première fois que cela arriva, à son retour, je me suis une nouvelle fois précipitée à sa rencontre. Nous avons exploré Thelinor brièvement, jusqu’à ce que je ne tienne plus et profite de la visite d’une maison pour le pousser vers le lit. Quand nous en eûmes terminé, je lui ai demandé s’il serait d’accord pour partager un lit à trois avec une autre femelle. D’abord surpris, il a ensuite été séduit par l’idée. Il s’inquiéta cependant du fait de toujours pouvoir me voir seul à seul et ne pas avoir à me partager à chaque moment intime. Il voulait aussi rencontrer la femelle en question et faire connaissance avant d’envisager d’aller plus loin.

Je lui ai donc parlé de Killya et de la particularité de sa situation. Il fut plutôt désappointé mais essaya de comprendre. Ma femelle n’avait pas non plus l’air contre quand je lui en ai parlé sur le moment. Pourtant, quand ils se croisèrent en ma présence pour la première fois, l’air devint glacial. Il faut dire que je venais d’avoir une discussion difficile avec ma femelle concernant mon passé d’apprentie en salle de torture. Elle toisa le sinan, le saluant à peine. Bastian n’a pas voulu s’imposer plus longtemps. Je me suis dis que je pouvais faire une croix sur ce fantasme de mettre mes deux favoris dans le même lit.

Cela ne fit pas rester mon chasseur bien longtemps. Il m’avait promis de revenir vite et qu’il resterait plus longtemps la prochaine fois. Mais il ne revint qu’une journée par ci par là. Jusqu’à ne plus réapparaître du tout. Etait-ce dû à la souffrance de ne pas me voir consacrée qu’à lui ?

Une aventure particulière

20 d’ullitavar du fingelien 383

Je rentre d’un séjour hors des îlots. Nous y étions partis avec Killya pensant trouver une femelle pour Khaena qui malgré nos retrouvailles restait mélancolique. Killya l’était tout autant suite à une vengeance que Khaena avait fait subir à Kharya rendant cette dernière distante envers Killya.

La situation semblait des plus compliquée. Je n’avais pas revu Kharya et suite à ce qu’elle venait de subir, je devenais une personne à éviter absolument. Dans sa vengeance, Khaena a refait naitre le fantôme de la première matriarche des îlots qui avait provoqué l’anéantissement du peuple elfe noir. Il n’en fallait pas plus à Kharya pour prendre ses distances à tout ce qui touche Khaena. Killya et moi en faisions les frais. Pour moi ce n’est pas important même si j’avais caressé l’espoir d’une relation comme je cherchais avec Kharya. Killya était touchée au plus profond de son être. Donc l’idée de Keros de mettre Khaena dans les bras d’une femelle était une occasion pour voir autre chose et ce changer les idées.

Après une traversée toujours aussi tumultueuse, nous avons débarqué sur le port. Nous ne connaissions ni l’un ni l’autre plus que ça la ville portuaire, à chaque fois que j’avais quitté les îlots j’avais quitté le port directement sans passer par la ville. Nous nous y dirigeâmes vers ce qui nous semblait être le centre de la ville. Le flux des badauds nous renseignait. Nous marchions dans une ruelle, je cherchais une taverne, ça me semblait être un bon début pour notre recherche.

Nous étions en vu d’une taverne et avant de l’atteindre Killya s’est arrêtée devant une enseigne qui comportait le mot « Bahar ». Elle semblait énervée d’un coup, elle parlait en se dirigeant vers le magasin. Je n’ai pas tout saisi, mais apparemment elle avait rencontré une bleu du même nom, une ancienne aventure, j’étais étonné, elle n’en avait jamais parlé. En entrant dans le magasin j’ai été saisi, non pas parce que Killya s’est jetée sur elle et l’embrassait déjà sans retenue, mais parce que la bleue ressemblait à Feydreyah. Je n’arrivais plus à parler. Killya m’a congédié rapidement, me présentant à peine. Je suis parti, abasourdi par la vision que je venais d’avoir et tous les souvenirs qui remontaient.

J’ai rejoins la taverne la plus proche, j’y ai pris une chambre et je me suis m’y à attendre Killya ou Khaena. Les jours sont passés nombreux, je passais mon temps à jouer avec les uns perdant pas mal de lumens et à boire avec les autres, déclamant des vers d’un goût parfois douteux.

Cela faisait déjà plusieurs jours qui étaient passé quand une femme vêtue richement est entrée dans la taverne. Son allure dépareillait avec l’endroit. Elle s’est installée au bar en scrutant chaque personne de la pièce. Certains hommes gloussaient comme des femelles, cherchant à attirer son attention. J’étais dans un tel état de décrépitude que je n’ai, pour ma part, rien tenté du tout. Il y avait plusieurs jours que je ne m’étais pas changé et je devais sentir à mille lieux. Pourtant ses yeux se sont posés sur moi de façon insistante. Elle s’est approchée et s’est assise à ma table demandant aux autres de nous laisser tranquille. J’ai vu mes compagnons de jeu s’éclipser sans demander leur reste. Cette femme savait se faire obéir. Elle commençait à m’intriguer. Elle m’a regardé un long moment en silence, j’avais la désagréable impression qu’elle arrivait à lire en moi comme dans un livre ouvert. Nous n’avions échangé aucun mot, par le regard elle m’a invité à la suivre. Je l’ai fait.

Sa maison était à la mesure de son allure, c’était impressionnant de richesse. Des pièces immenses, je n’avais jamais vu ça. Nous avions à peine posé un pied à terre qu’une foultitude de servants et servantes s’empressait de la servir. Elle a donné quelques ordres à deux femmes qui m’ont embarqué dans une pièce avec un bassin moussant immense, on pouvait presque y nager. Je devinais qu’elle préférait me revoir sous un meilleur jour. Les deux servantes me lavaient donc, et je me laissais faire avec bonheur. Elles m’ont habillé avec des vêtements que je n’avais jamais vu, je n’aurais pas porté ces derniers dans la rue à la vue de tous, ils étaient des plus suggestifs. Puis elles m’ont emmené dans une autre pièce, celle ci comportait un lit, assez grand, pourvu de chaines attachées à la tête et au pied du lit ainsi qu’une table avec deux verres et une bouteille de vin.

Je n’ai pas eu à attendre longtemps, la sinane est arrivée, elle s’était changée, elle portait des vêtements tout aussi évocateurs que les miens. Elle a servi les verres, m’en a tendu un puis a commencé à boire le sien. Nous ne disions toujours rien, l’atmosphère se chargeait en énergie érotique.

Elle fut enfin la première à répondre à mes attentes si particulières.

J’ai passé quelques jours chez elle, je ne saurais dire combien de temps, mais je me suis entendu la supplier de me laisser partir. Ce qu’elle a fait dès la première supplique.

Elle m’a fait reconduire à la taverne épuisé et le corps entaillé de plaies superficielles. J’y ai dormi plusieurs jours d’affilé. En me réveillant je suis allé voir au magasin de Bahar. Khaena ou Killya dormait et Bahar ne connaissait pas leurs intentions sur un éventuel départ.

J’ai pris le bateau pour retourner en Séridia, triste à l’idée que peut être Khaena ne souhaitait plus revenir.

Une deuxième rupture pour ma mère

Jour 26 Nuona – Fingelien 383
J’ai revu Bahar… une nouvelle fois, je n’ai pas pu lui résister, irrésistiblement attirée par celle qui m’a fait découvrir un plaisir que je me croyais interdit.
Elle m’a parlé de Kely. Elle n’a jamais connu d’homme. Elle m’a demandé si je voudrais le partager. Même si sa demande m’a surprise au premier abord, j’ai accepté à condition qu’il soit d’accord. Mais elle semblait inquiète : est ce qu’il était doux ? Kely était parfois brutal mais il savait être extrêmement doux et tendre. Elle a finalement renoncé à cette idée, sans doute la peur de l’inconnu…

J’ai à nouveau laissé le contrôle à ma mère. Mais, elle me semblait étrange comme perdue. Je sentais que le fait que sa femelle bleue n’arrive pas à lui déclarer les sentiments, qu’elle avait pour elle, la perturbait. Sa rupture avec Kharya et son éloignement de Bahar, la faisait souffrir continuellement. Ma mère avait besoin d’être aimée et d’entendre dire qu’on l’aimait pour être rassurée. Et d’un autre côté, je sentais que Bahar avait besoin de temps pour oser lui témoigner son amour, je sentais une fêlure en elle qu’elle cachait profondément.

J’aurai du essayer de rassurer ma mère, la faire patienter… Mais sa colère a été soudaine et brutale. Bahar était tétanisée par la violence dont elle faisait preuve même si elle ne la dirigeait que contre les objets qui étaient sur son passage. Puis, elle s’est effondrée en pleurs, se recroquevillant sur elle même…

Bahar ne savait pas comment réagir. J’ai vu sa réaction face à cette violence. Je me suis demandée si cette fêlure que je sentais en elle, n’était pas dû à des violences dont elle aurait subies enfant. Elle avait un peu parlé à ma mère de l’absence d’amour qui avait caractérisé son enfance et du manque que cela avait provoqué. Elle ne voulait plus connaître ce manque et préférais ne s’attacher à personne.

Elle a fini par poser sa main sur l’épaule de ma mère, en lui disant qu’elle ne pouvait pas lui apporter ce qu’elle recherchait pour le moment. Celle-ci l’a bien sûr très mal pris, incapable d’entendre ce qu’il se cachait derrière cette affirmation : il fallait juste un peu de patience… Elle a juste entendu que Bahar ne l’aimait pas. Elle est partie fuyant celle qui provoquait autant de douleur en elle.

Depuis, nous sommes sur les îlots… Elle passe son temps à s’entraîner sans discontinuer. Mes mains et mon corps sont couvert d’ecchymoses et de blessures. Elle ne mange plus et refuse de m’écouter. Notre corps souffre de sa douleur morale. Heureusement, Kely n’est pas là pour voir çà, parti plusieurs jours méditer dans son temple. Il aurait été mort d’inquiétude. Je tente de maintenir notre corps à flot, en le nourrissant et en soignant les blessures dés qu’elle me laisse le contrôle.

J’espère que sa rage ne durera pas trop longtemps, j’ai du mal à écrire dans mon journal tellement mes mains me font mal…

Une lettre pour ma mère

Jour 28 Nuona – Fingelien 383
La rage de ma mère dure toujours… Je ne sais plus quoi faire je suis épuisée. Je ne sais pas comment elle peut encore tenir debout… la rage sans doute…

Le coursier a amené une lettre de Kharya adressée à ma mère… Heureusement, j’étais éveillée à ce moment là pour la réceptionner. J’ai préféré la cacher pour le moment. J’ai peur qu’elle ne sombre un peu plus si elle la lisait maintenant.
La voici :

« Killya,

Quelque chose en moi s’est brisé quand j’ai entendu la dernière menace proférée par Khaena lors de sa vengeance. Celles qu’elle avait faites précédemment n’avaient eu aucun effet, pas même celle portant sur Oscarhamel et mon fils.

Sur le moment j’étais furieuse de ma faiblesse, mon orgueil s’est réveillé et je l’ai laissé me submerger. J’ai pensé que c’était passager, que c’était une blessure et qu’elle se refermerait après quelques jours d’isolement. Je me suis calmée. Mais après un mois, je me rends compte que rien ne revient comme c’était avant. Je me sens vide mais je n’en soufre pas. Je n’ai plus envie d’avoir ni femelle ni mâle même juste pour le plaisir du corps. Je n’ai plus envie de rire ou de sourire.

Tu as probablement raison dans ton analyse de mon incapacité sentimentale. Je n’arrive pas à m’ouvrir totalement à quelqu’un. Plus le temps passe, moins j’arrive à accorder une confiance totale en qui que ce soit.

Les seuls à qui j’ai pu m’ouvrir étaient des mâles dont l’aplomb et la sagesse faisaient d’eux des rocs inébranlables auxquels je pouvais me raccrocher en cas de doute. Ceux là, je les regrette.

Tous ceux qui étaient eux mêmes la proie de doutes et que j’ai voulu faire avancer semblaient préférer rester faibles devant moi pour être cajolés. Ceux là, je m’en veux d’avoir échoué et précipité leur perte.

Puisque seule, je ne fais pas de ravages, autant le rester. Je suis épuisée. Mon cœur est sec et ne peut plus rien offrir. Je veux finir ce à quoi je me suis engagée pour le peuple et ensuite disparaître.

Kharya. »

Je n’aurais pas du lire cette lettre sans doute mais je voulais protéger ma mère de toutes mauvaises nouvelles. Et celle-là en était une. Je me rendais compte à quel point j’avais blessé Kharya sans vraiment le vouloir, au point qu’elle veuille « disparaître ».

J’ai prétexté devoir lui remettre les derniers éléments du devis de Naralik pour la rencontrer. Je suis restée debout tout le temps de notre conversation. Je préférais qu’elle ne voit pas avec quelles difficultés, je m’asseyais avec mon corps meurtri. Heureusement quand je lui ai tendu le sac, elle n’a pas vu mes mains tremblantes et bleuies par les coups reçus et surtout donnés par ma mère.

Je lui ai expliqué que j’avais lu sa lettre et que je ne préférais pas que ma mère la lise sur le moment, sans donner plus d’explications. Elle n’a pas manifesté de désapprobation, affirmant même que j’étais la plus susceptible de savoir ce qui était le mieux pour ma mère.

Je me suis ensuite excusée pour l’avoir blessée plus que je ne l’avais voulu. Elle restait calme déclarant qu’elle n’avait pas été blessée mais qu’elle avait changé… Moi aussi, elle m’avait changée : j’avais l’impression d’avoir grandi.

Elle a ajouté qu’il ne fallait pas que je m’en veuille pour ce qu’il s’était passé. Que ma mère et elle avaient une vision trop éloignée de la vie pour qu’elles restent ensembles. Elle affirmait qu’elles auraient de toutes façons fini par se séparer. Et puis, ma mère avait déjà trouvé quelqu’un pour la remplacer…

Je suis restée un instant silencieuse ne sachant si je devais lui dire dans quel état se trouvait ma mère après sa rupture avec Bahar… Je lui ai finalement appris que ma mère s’était déjà disputée avec sa nouvelle femelle, sans en dire plus. Kharya n’a pas exprimé grande chose à cette nouvelle à part une légère surprise.

J’ai préféré écourter la conversation. Je ne tenais plus qu’à peine debout. Je ne voulais pas qu’elle prenne pitié de moi alors qu’elle était elle même si mal. Je l’ai quitté en déclarant que j’arrêtais de l’ennuyer. Elle m’a souhaitée un deshmal en ajoutant que je ne l’ennuyais pas.

Je n’ai pas bougé sur le moment, ne sachant si il s’agissait d’une invitation à rester près d’elle ou non. Après un instant d’hésitation, je suis partie pour ne pas qu’elle soupçonne mon état et qu’elle s’inquiète inutilement comme elle l’aurait fait pour tout membre blessé de son peuple.

Je suis repartie sur l’île des oubliés, où le froid glacial a tendance à anesthésier la douleur.

Douleur et solitude

Jour 4 Elavrion – Fingelien 383
Les jours passent et ma mère continue son oeuvre de destruction. Mais, je sens que sa rage baisse petit à petit. J’ai de plus en plus le contrôle mais je suis épuisée…
Mon corps n’est plus que douleur.

Je me rends compte de la solitude dans laquelle je suis désormais. J’ai envoyé une lettre, il y a plusieurs jours à Bahar mais elle ne répond pas… Je ne sais même pas si elle l’a reçue : les liaisons avec le continent étant si chaotiques…

J’espère que Kely reviendra vite.

Une lettre d’adieu ?

Jour 12 Félinien – Fingelien 383
Kely m’a écrit une lettre :

« Ma Thya,

Je n’ai sûrement plus le droit de t’appeler ainsi après mon geste, mais je ne vois pas comment t’appeler autrement.
J’ai levé la main sur toi, l’éternité des Landes ne sera jamais assez longue pour que je puisse me le pardonner.
Je n’ai aucune excuse.
Drakalch a réveillé une grande colère que je n’arrive pas à éteindre.
Elle m’étouffe.
Tu n’as sûrement plus envie de me voir et je le comprends. Je ne suis plus en mesure de t’apporter la douceur que tu aimes. Ca me meurtri, mais ma raison me rassure en pensant que Bahar, Malkael et Eryann y pourvoiront. Tu es bien entourée.

Tu pourras rassurer Killya, son mâle n’a pas disparu, je suis persuadé que si Bahar est enceinte alors Keros est avec elle. Tu t’occuperas de l’enfant, son père est Keros et non moi.
Il en était ainsi pour moi, je n’ai jamais vu dans Vulgor mon père, alors que le départ de Keros me rend orphelin au plus profond de moi.
Comment vais-je m’en sortir sans lui ?

Je ne sais pas comment finir cette lettre. Te dire adieu m’est insupportable. Te dire au revoir sous entendrait que je pense pouvoir me représenter devant toi, ce qui est impossible après ce que je viens de faire.

Je vais oser t’écrire que je t’aime et finir ainsi.

Kely »

J’ai tenté de le rejoindre. Je lui ai assuré que je ne lui en voulais pas pour la gifle puisque je l’avais moi même giflé. Mais, il ne voulait pas. Il disait qu’il était trop dangereux de venir le voir, qu’il avait cette colère en lui comme après une séance de nécromancie sauf que cette fois-ci elle durait.
Je lui ai proposé de voir ma mère. Elle savait comment répondre à son besoin de brutalité. Il ne voulait pas mais j’ai laissé faire ma mère. Elle est partie le retrouver je crois.

Jour 4

26 félinien 383, Jardins du Divin Fringel, Taarsengaard.

Encore une fois, elle dort sur mon épaule, encore une fois, elle semble en paix.

J’ai enfin fait connaissance de sa mère. Je l’ai appelé Isil et c’est une autre voix qui m’a répondu « C’est le blondinet de la petite ? ». Charmante présentation…. Elle me proposa de boire une verre à Illumen, ce que j’acceptai.

Comme prévu, elle portait ce cuir Sinan donc Khaena m’avait parlé. Il met admirablement bien les formes de Khaena en valeur par ailleurs. J’avoue que j’ai du me retenir de la serrer contre moi, avant de me rappeler que ce n’était pas mon Isil mais sa mère.

Je savais que la discussion n’allait pas être une partie de plaisirs, mais finalement je pense que j’ai réussi ce premier test avec brio. Elle a un caractère bien plus sombre et plus « sauvage » que Khaena mais sous cette carapace, j’ai pu ressentir les mêmes blessures, les mêmes cicatrices. Nous bûmes deux bouteilles d’outranque à même le goulot tout en discutant. Enfin, moi essayant de discuter, elle me rabaissant sans cesse « T’es un intello », « On ne peux même pas jouer avec un puceau ». Malgré cela, elle a semblé troublée lorsque je lui ai parlé des blessures qui ne se soignent pas avec de la magie. Elle m’a répondu que ça l’étonnerait que je puisse aider une folle, ce à quoi j’ai répliqué que le fou ne l’était que dans le regard des autres. Un ange est passé, puis elle m’a demandé si je voulais « voir la petite ». Je crois que j’ai marqué un point. Nous verrons bien.

Khaena est revenue. Nous nous sommes étreints puis avons un peu discuté de tout et de rien. Coïncidence ou non, c’est à ce moment que Kelly me contacta par télépathie. « Que ressens tu pour Khaena ? » me demanda-il. Je lui répondis que je voulais prendre soin d’elle, de ses proches, que je ne voulais pas qu’elle soufre dusses-je faire l’impossible. Il a semblé soulagé et a dit « Tant mieux, je peux partir tranquille » J’ai essayé de le retenir autant que j’ai pu, lui disant que s’il partait nous en souffririons Khaena et moi. Il me rassura « Je ne pas pas pour de bon. J’ai besoin de m’isoler, et peut-être que quand je reviendrai, je pourrai à nouveau donner ». Je lui souhaitai bonne route et lui promis de prendre soin de notre belle Sombre.

Un événement des plus bizarres se produit en plus. Je me fie au témoignage de Khaena parce que je n’en ai aucun souvenir. D’après elle, j’aurais dit une phrase ressemblant à « Des nuages arrivent par l’Est. Mais Anar veillera sur Isil pour que sa lumière resplendisse toujours et quand les nuages partiront, le bleu du ciel reviendra ». J’ai peut-être une idée sur ce qu’il s’est passé, il faudra que je regarde dans la Bibliothèque du Manoir elfique.

Nous sommes partis aux jardins du Palais du Divin Fingel, non sans que Khaena ait payé pour les bouteilles, une peu dépitée. Je m’étais déjà rendu là à plusieurs reprises, lors de mes explorations (c’est plus joli que égarements) dans le Palais et avais visité ce magnifique endroit, mais à l’époque , je n’avais que mon ombre comme compagne… Khaena me fit visiter le temple de Lith, déesse araignée dont les Sombres sont les fervents admirateurs. Nous avons marché dans un grotte ou des centaines d’araignées géantes (bien plus encore que nulle part ailleurs) vivent et se reproduisent sous l’œil attentif de leur mère. C’est un bel endroit. Il invite à la réflexion, je trouve. Que sont des araignées ? Sont-ce des monstres ou sont-ce des êtres qui naissent, vivent et meurent, comme nous tous ?

Nous remontâmes puis Isil me proposa un bain dans une vasque que je n’avais jamais vu avant. Nous nous assîmes puis elle me savonna et entrepris ce qu’elle appela un massage. Jamais je n’avais ressenti un si grand relâchement depuis mon arrivée sur les îlots. Ses mains parcouraient mon dos et mes épaules, chassant toutes les tensions que s’étaient accumulé depuis les mois que j’étais arrivé ici. J’essayai de faire de même avec elle, elle eut l’air d’apprécier. Le message fini, je descendis les mains plus bas. Elle fis de même, nous donnant mutuellement du plaisir. Elle se retourna et vint sur moi. C’était délectable, comme chaque fois. Nous sortîmes du bain et nous étendîmes tous deux nus, laissant le Soleil chauffer notre peau. Elle s’endormit, blottie contre moi, moi lui caressant les cheveux.

Puissions-nous ne jamais nous perdre.

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